« Quand je suis parti étudier à Paris, à l'âge de 20 ans, je m'en fichais de la Bretagne. Quand je suis revenu, je ne pensais plus qu'à elle »
Ce petit livre est effectivement bref, incisif et remet les idées en place face aux multiples débats qui pourraient diviser les bretons.
Hep Brezhoneg, Breizh ebet, mais « Saen le galo, poen de Bertaeyn » - Sans langue bretonne, pas de Bretagne. Sans gallo, pas de Bretagne non plus.
A travers ses connaissances et son histoire personnelle, il s'est intéressé aux problématiques des minorités nationales dans le monde. Ce qu'offre ce manifeste, c'est bien une direction commune à tous les bretons. Avec force et raison, il est capable de faire un état des lieux de la situation, de nous rappeler la magie qui nous réunit tous autour d'un objectif commun et de proposer des solutions pour l'avenir !
C'est un homme qui parle avec ses tripes, avec honnêteté et la raison. Et j'aime les hommes de cette trempe.
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La langue n’est pas un autocollant « A l’aise Breizh », un pull marin qu’on achète l’été à Saint-Malo pour se donner le genre Kerauson. La langue nécessite un long apprentissage et un rapport avec les anciens pour saisir l’esprit de la langue. La langue, dans un monde ou l’éphémère et l’immédiateté sont la règle, est le signe d’un investissement profond. On peut devenir musulman récitant une profession de foi d’une phrase, renouer avec la foi catholique en assistant à une messe de temps en temps, mais apprendre et pratiquer une langue demande beaucoup plus que ça.
Une grande partie de l’ouvrage s’emploie à dessiner une clarification idéologique : comment légitimer le gallo face à la langue française dominante et face à une langue bretonne mieux assumée que le gallo ? Le sociolinguiste Joshua Fishman a expliqué en 1991 dans livre Reversing Language Shift (Inverser la substitution linguistique), que toute communauté culturelle qui veut revivifier sa langue a besoin dès le départ, de mettre au point une idéologie claire et nette en faveur de ladite langue.
Ce que l’exemple de l’hébreu enseigne est qu’aucune langue n’est condamnée à l’extinction si une poignée de locuteurs, voire un seul locuteur (exemple de Ben Yehuda), décide du contraire. Il n’existe pas de sens de l’histoire en matière de langue, il n’existe qu’une seule loi : la loi de Darwin. La loi du plus fort, du plus résilient et du plus performant en matière d’adaptation. Et ce darwinisme linguistique est terrible.
L’époque actuelle, en Occident, est celle de la mièvrerie, du « choix multiple » et de la demi-mesure. Or, en matière de langues minoritaires, je le répète, ce sont les radicaux qui ont toujours fait avancer l’Histoire. Les « modérés » et « raisonnables » participent, généralement à l’enterrement des langues minoritaires qu’ils défendent. Un enterrement de première classe, mais un enterrement quand même.
Chacun peut donc s’acheter un triskel, appeler son fils Maël et même porter des plaques « 22 » au fin fond de la Sarthe si ça l’amuse. Des festoù-noz sont organisés jusqu’en Haute-Savoie de nos jours. Mais alors, qu’est-ce qui distingue réellement un Breton d’un Basque, d’un Occitan ou d’un ressortissant des Deux-Sèvres alors ? La langue !
Discours de Fabien Lecuyer (Collectif l'Andon dou Galo) pendant la Manifestation du 18 juin 2011 à Nantes pour la réunification de la Bretagne, revendiquant le retour de la Loire-Atlantique en Bretagne, sa région historique.