Comment faire une chronique à la hauteur de ce livre ? C'est la question que je me pose depuis que j'ai refermé ce livre et quitté les Censes Perdues.
Je pourrais vous parler de ce livre pendant des heures, tant il est beau, tant il m'a marqué. Mais je vais essayer de condenser et surtout de vous parler de la beauté de l'histoire sans vous révéler tous ses petits secrets.
Il y a beaucoup de personnages dans ce livre, je m'attarderais un peu moins sur Capucine et Adrien, dont je vous avais déjà parlé. Je peux juste vous dire qu'un événement les concernant, principalement Capucine, m'a brisé le coeur. Je l'ai à nouveau trouvé très forte, elle se relève encore des épreuves que le destin met sur sa route.
Il y a aussi Jean, nous avions découvert un bout de son passé dans l'histoire de
la toute petite reine. Il est toujours là, fidèle au poste sur son banc en hauteur. Tantôt observateur, tantôt confident, un lien indéniable avec le passé de ces terres. J'ai adoré le fait qu'il soit à nouveau très présent dans l'histoire, pas envahissant, juste là, présent, à veiller sur les terres et sur les jeunes de la grange des Censes Perdues.
Puis, il y a les âmes perdues qui viennent se reconstruire dans ce coin perdu des Vosges…
Rémy, jeune homme sensible qui a un jour commis l'irréparable. Depuis, il se bat pour s'en sortir, cette proposition de venir à la grange est pour une lui une aubaine. Il va retrouver ce sentiment de liberté au milieu des bois et du silence. Son passé le rattrape souvent, mais il est là pour avancer, il va se lancer corps et âme dans les travaux de la ferme, aider Adrien autant qu'il peut. Mais surtout, il va se sentir le devoir de protéger Clémence, cette jeune femme recroquevillée sur elle qui a peur de tout. Un homme patient, à l'écoute, parfois avec le syndrome du super-héros. C'est un personnage que j'ai beaucoup apprécié, il m'a touché par sa gentillesse, par sa force et par sa bienveillance.
Clémence, jeune fille de 18 ans que la vie a bousculée depuis son plus jeune âge. Elle a connu la violence, la mort puis l'hôpital. Elle va être complètement perdue en arrivant à la grange, mais il y a tellement de bienveillance autour d'elle, que petit à petit, elle va s'ouvrir aux autres. Mais surtout, elle va se révéler, se trouver de multiples passions, un amour pour les animaux, la nature, les plantes. Elle va s'épanouir complètement et prendre confiance en elle à la grange. C'est elle qui m'a le plus touché, son côté chétif, ses souvenirs qui la hantent, ses habitudes qu'elle a du mal à laisser derrière elle.
Et il y a Karine, une belle femme de 45 ans, qui aime se sentir belle, se sentir femme, être regardée. Elle a besoin de ça pour se sentir bien, avoir les regards sur elle, une légère dose de frivolité pour cacher ses démons intérieurs. Elle était prof d'histoire quand son corps l'a lâché à force de supporter bien des choses. Pourtant, elle reste passionnée d'histoire, d'archéologie, ce qui va la conduire à faire de drôle de découvertes durant son séjour. Elle a besoin de reprendre pied, de se libérer du poids de ce qui l'a conduite en thérapie, elle veut retrouver le chemin vers les élèves qu'elle aime tant. C'est malheureusement ce personnage qui m'a le moins touché, je n'ai pas eu autant d'empathie que pour les autres. Pourtant, elle aussi est une battante, une bosseuse, mais il m'a manqué quelque chose pour m'attacher pleinement à elle. Peut-être son côté frivole et désinvolte avec une dépendance affective envers les hommes qui m'ont un peu laissé de marbre. Mais elle a bien sûr, son rôle à jouer dans cette histoire, un rôle primordial même.
Tous ces personnages ont un point commun, ils sont à un stade leurs vies où ils ont besoin de se retrouver, de se reconstruire pour repartir sur de bonnes bases. Ils vont tous prendre plaisir à participer à la vie de la ferme, s'occuper des animaux, du potager, des terres…
Ce livre est énormément basé sur la nature, ce que j'ai adoré. Déjà, l'auteure y parle beaucoup de ce qui a été construit par Capucine et Adrien. Cette ferme qu'ils souhaiteraient autosuffisante, l'importance de la nature.
C'est ça qu'
Agnès Ledig a voulu nous partager, les bienfaits de la nature, sur le moral, les émotions, la santé. Tout ce que la nature nous apporte, la beauté, la dureté parfois, quand l'orage arrive un peu plus tôt que prévues. J'ai eu l'impression d'y être, de voir la couleur des fleurs, de sentir la terre dans mes mains, d'entendre les oiseaux dans le silence, de sentir l'odeur du foin fraîchement coupé.
Il y a d'autres sujets abordés bien sûr, comme la violence, principalement sur les femmes, la reconstruction, la dépendance affective, les peurs que l'on peut surmonter. Tous les personnages de ce livre ont connu la violence d'une façon ou d'une autre, c'est leur point commun, ce qui les unit.
Il y a aussi plusieurs passages sur la Seconde Guerre mondiale que j'ai trouvés vraiment intéressants et bien amené. Ce sont les anciens du village qui en parle le mieux, ils racontent, la résistance, les Nisei et leur histoire, j'ai appris beaucoup de choses au cours de ce livre.
J'ai particulièrement aimé l'histoire de la sorcière, cette sage-femme qui aidait les femmes, grâce aux plantes qu'elle connaissait par coeur. Je suis fasciné par tout ce qui touche aux plantes, à leurs vertus, alors j'ai été ravie d'en découvrir un peu plus dans cette lecture, j'ai encore plus envie de peaufiner le sujet.
La plume de l'auteure est toujours aussi poétique, on se perd dans la beauté de l'écriture, dans les émotions qu'elle dégage, dans la douceur dans laquelle elle nous enveloppe.
Agnès Ledig a ce petit quelque chose en plus, inexplicable, qui vous envoûte, qui vous donne envie de parcourir la nature, d'en prendre soin et de la chérir tout en vous entraînant dans une valse d'émotions.
Ce livre est une merveille, une bulle de bonheur, une plongée dans la nature vosgienne. Des personnages abîmés par la vie qui vont se reconstruire grâce aux bienfaits de la nature. Ce livre est une ode à la nature, à sa beauté, à ce qu'elle apporte, mais aussi une ode à la vie.
Lien :
https://rowenabookine.com/20..