"La fin d'un amour sent toujours la charogne."
Quand je tente de leur expliquer d'où tu es parti, quel a été ton cheminement, ils n'écoutent pas. J'aurai ce problème avec les instituteurs, l'entourage immédiat ou les gens qui te voient de temps à autre. Ce sera plus fatigant de devoir affronter les autres que toi-même. Entre les psychiatres dont je me suis toujours méfiée et les autres qui ne reconnaissent une maladie que si elle est sanctionnée, dramatisée par un traitement médical ou un séjour à l'hôpital, je ne me suis pas sentie découragée, au contraire j'ai trouvé stimulant de marcher contre tous, hors des sentiers battus, certaine, absolument certaine de gagner. J'ai toujours puisé mes forces dans l'adversité.
Le vide, dans mes paumes, le manque, l’absence sont si cruels qu’une pierre en pleurerait.
Pour apprendre à aimer et tenter de guérir un enfant autiste, c'est beaucoup plus simple de l'imaginer comme un Petit Prince. J'apprendrai ton langage. J'entrerai dans ton silence.
Enfants qui puisez et m'épuisez, comment ai-je pu vous mettre au monde ? De quelle moelle vous ai-je nourris pour que vous trouviez la force de courir, de rire, de rêver ?
Pour moi, un enfant autiste, je l'ai appris en entrant dans ton univers, c'est un peu le Petit Prince de Saint-Exupèry. Un Petit Prince qui habite une autre planète et qui lorsqu'il se met à parler pose souvent des questions sur la mort. Peut-être pose-t-il les vraies questions.
Tu n’es sensible à aucun baiser, à aucune parole. En quelques secondes tout bascule vers l’horreur. Durant ces quatre années, il en sera ainsi. Comme après un cyclone, il me faudra sans trêve reconstruire….M’occuper de toi m’a modifiée profondément. J’ai l’impression d’avoir été incarcérée."
"Aujourd'hui, les histoires les plus surprenantes nous arrivent par le petit écran, ce sont les reporters et les journalistes les vrais romanciers de cette fin de siècle."
Je ne parlerai ici que de notre relation à tous les deux....Je n'exclus personne. Mais le jour où j'ai compris que tu étais enfermé dans cette folie muette qu'est l'autisme, j'ai aussi compris que ce serait à moi de t'en tirer
Je ne te laisse jamais construire ta tour infernale. Je ne te laisse jamais t'y enfermer. J'en sape la base immédiatement. Je n'ai pas lu d'ouvrages sur l'autisme. Mon instinct me dit NON. Je sens leurs auteurs pessimistes. Défaitistes. Je ne veux pas qu'ils entament ma belle foi. Ma rage de vaincre. Je ne veux pas que tu sois un cas parmi d'autres, car pour moi tu es UNIQUE.