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EAN : 9782742756407
157 pages
Actes Sud (17/08/2005)
3.78/5   179 notes
Résumé :
Femme déchirée, femme déchaînée, la narratrice de ce livre est, avec toute sa passion, un écrivain qui tente de raconter l'histoire de Blanche, une éblouissante cantatrice que la mort ronge vivante. Mais elle est d'abord la mère de Sylvestre, l'enfant autiste qu'elle veut à tout prix faire accéder à la vie et au monde des autres. Or le petit prince cannibale en ce combat dévore les phrases, les mots de la mère écrivain. Et dès lors c'est un véritable duo concertant ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (46) Voir plus Ajouter une critique
3,78

sur 179 notes
Encore une petite merveille des doigts de la romancière Françoise Lefèvre. Je ne me lasse pas. Je me délecte de sa plume. Je savoure chacune de ses lignes. C'est beau. C'est fort. C'est vrai.

C'est vrai car c'est la maman qui écrit ici un pan de l'histoire de son petit prince cannibale. Atteint d'autisme, Jean vit dans son monde et en revient pour devenir un enfant ordinaire. Mais dans son monde, lorsqu'il écoute de longues heures l'eau dégouliner des tuyaux, qu'il hurle quand on l'appelle Jean exigeant un autre prénom ou qu'il se bouche les oreilles et hurle à la vue d'un ballon, c'est un cataclysme pour la maman, elle se fait vampirisée, mangée par les cris et les regards mauvais des gens qui jugent. La maman fait preuve d'une patience digne des plus grands moines. Une patience qui m'a subjuguée et impressionnée tout le long. Évidemment cette patience trouve sa source dans l'amour car ce récit déborde d'amour et de tendresse.
On parcourt durant 153 pages les pensées de la maman, ses réflexions sur la grossesse, la naissance, l'enfance, la société inadaptée pour la différence.
Le tout avec un flux d'émotions permanent, une légèreté poétique sur la lourdeur des difficultés. Car l'amour toujours lui, fait déplacer des montagnes, donne toutes les réponses aux doutes, rend possible l'impossible et démontre qu'un enfant quel qu'il soit n'est autre qu'un petit prince dont le principal besoin est l'Amour.
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Suite à ma lecture du témoignage du fils, trente ans après être sorti de l'autisme, j'ai décidé de voir la vie d'un autre côté et de lire le poignant témoignage de la mère.
C'est ainsi que j'ai découvert cet ouvrage, emprunté, tout comme le premier d'ailleurs, à la médiathèque dans laquelle je suis inscrite. Pourquoi cette soudaine fascination pour l'autisme ? Je n'en ai pas la moindre idée. Peut-être tout simplement parce que c'est une sorte de monde imaginaire ou alors est-ce la différence par rapport aux autres qui m'a intriguée, moi, ancienne enfant blessée qui me suis toujours sentie exclue ?

Bref, je suppose que mes centes d'intérêt ne vous intéressent guère et que ce qui vous importe, vous, lecteurs, est ce que j'ai pensé de cet ouvrage. Eh bien, je dirais que c'est tout simplement superbe; J'admire le combat de cette femme qui s'est battue aux côtés de son enfant autiste, différent des autres donc incompris, voire même souvent rejeté par la société. Un enfant blessé, meurtri par la vie qui ne vit que dans son monde, dont seule sa mère va, au fur et à mesure de son long combat, réussir à obtenir les clés.
Une femme écrivain qui plus est et mère de trois autres enfants, dont le père est absent et qui doit donc assumer seule la lourde charge que représente Jean Sylvestre à lui seul. Un enfant qui la ronge de l'intérieur, qui lui pompe toute son énergie et que pourtant, elle n'abandonnera jamais...

Le récit poignant, et véridique qui plus est, d'une maman on ne peut plus aimante. Une lecture dont on ne sort pas indemne, je vous le garantit et vous mets en garde mais que je ne peux que vous recommander !
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« L'amour d'une mère pour son enfant ne connaît ni loi, ni pitié, ni limite. Il pourrait anéantir impitoyablement tout ce qui se trouve en travers de son chemin. » a écrit Agatha Christie dans Rendez-vous avec le mort.
La reine du crime a bien raison : l'amour maternel est le plus puissant qui soit. Personnellement, je serais prête à me battre bec et ongles pour mes enfants. Comme une lionne.
Question combat, Françoise Lefèvre en connait un rayon.
Maman d'un petit garçon autiste, elle a tout fait pour rentrer dans son monde, pour communiquer avec lui, pour le faire sortir de sa coquille.
Elle a toujours refusé les étiquettes, les préjugés, les avis définitifs qui condamnent Sylvestre. Elle s'est toujours dit qu'elle réussirait, qu'elle n'avait pas d'autre choix : elle devait réussir.

L'autisme est un handicap doublement terrible. Tout d'abord parce que la communication est le fondement des relations humaines. Mais surtout parce que c'est un handicap invisible.
L'autisme ne se « voit » pas, bien qu'il soit bien présent, bien envahissant.
Un handicap physique ou un handicap mental visible induisent, si ce n'est de la compassion, sans doute une certaine compréhension chez les personnes que l'on croise.
Avec l'autisme, il n'en est rien et Françoise Lefèvre nous fait très bien comprendre ce à quoi elle se heurte quotidiennement.
Le regard des autres est difficile à soutenir ; les reproches sont difficiles à entendre.
Une scène m'a particulièrement frappée, elle se déroule dans un supermarché. Sylvestre agit d'une façon qui perturbe le train-train habituel des clients présents dans le magasin. Mais ce qu'ils prennent pour un caprice n'en est pas un, ce n'est qu'un événement "classique" dans la vie de Sylvestre, une manifestation banale d'une peur non exprimée, non exprimable pour lui.
La maman qui a tant de fois vécu ce genre de situation subit en silence les regards désapprobateurs et les réflexions déplacées. Elle s'efforce d'abréger le pénible épisode, mais ne dit rien. À quoi bon ? "Personne ne comprend, même quand j'explique."
Quel terrible constat ! Sylvestre n'est pas le seul a être enfermé : par rapport au monde extérieur, sa maman est enfermée avec lui dans une terrible solitude.

Le Petit Prince cannibale est un très beau titre.
Tous les enfants sont des cannibales qui dévorent leur mère : physiquement lors de l'allaitement, mentalement car la mère pense constamment à son enfant, matériellement parce qu'il passe avant tout, et socialement lorsqu'elle renonce pour lui à certaines choses ou certaines personnes.
Oui, tous les enfants sont cannibales, mais Sylvestre l'est plus que les autres. Beaucoup plus.
À travers son roman, Françoise Lefèvre raconte son combat permanent pour son fils. Elle le fait avec beaucoup de simplicité, elle ne cherche pas à se glorifier : Sylvestre est son Petit Prince, c'est tout.
J'ai une grande admiration devant les trésors d'imagination déployés par une mère prête à tout essayer pour que son fils fasse une toute petite chose minuscule et totalement banale chez les enfants "normaux".
J'ai une grande admiration devant la patience infinie, l'acharnement, la persévérance dont fait preuve cette mère, faisant et refaisant inlassablement les mêmes gestes, répétant sans se fâcher les mêmes paroles, telle Sysiphe roulant sans fin son rocher.
J'admire ce que cette maman fait pour son Petit Prince.
Le Petit Prince cannibale est un livre qui ne peut pas laisser insensible, d'autant plus qu'à un fond prenant vient s'ajouter une très belle forme.
J'avais découvert Françoise Lefèvre dans La grosse, j'y avais beaucoup aimé son écriture tout en délicatesse et poésie, j'ai retrouvé ces qualités dans le Petit Prince cannibale.
Je ne peux que féliciter les lycéens qui ont attribué leur Goncourt en 1990 à ce roman : ils prouvent une fois de plus leur bon goût. Bravo !
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Je ne connaissais pas l'écriture de Françoise Lefèvre et sans le multidéfis 2019 (item Goncourt des lycéens) je crois que je serai passée à côté du petit prince cannibale, le titre ne m'attirant pas plus que ça.
Une fois de plus, j'ai fait une belle découverte.
Très belle écriture de madame Lefèvre. Poétique et en même temps percutante, fracassante, notamment quand elle évoque le suicide de sa pensée.
Roman qui m'a un peu déstabilisée au début. Françoise Lefèvre raconte les jeunes années de son fils Jean, un enfant autiste. A l'intérieur de ce témoignage, parsemé d'ici delà, le récit d'une autre histoire, le cheminement de la pensée de Françoise Lefèvre qui est maman mais aussi écrivain.
On la suit donc dans son combat pour sortir son fils de l'autisme mais aussi dans ses tentatives pour écrire un roman. Car le petit prince cannibale grignote aussi l'écrivain. Ce roman est bouleversant mais ce qui ressort surtout c'est l'amour infini de cette mère pour son enfant.

A découvrir.
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J'apprécie cette auteure, j'ai tardé à lire ce livre car je pressentais qu'il y aurait de la douleur.
Malgré tout, ce combat de 4 années pour sortir son fils de l'autisme, fut une réussite. Se battre contre la maladie et vaincre pour son enfant, abandonner son métier, sa vie, juste pour être là à chaque instant, pour le retenir de sombrer encore plus dans son univers. Lui tenir la main, le calmer, le rassurer et lui montrer le chemin petit à petit, jour après jour, pour qu'enfin il quitte sa planète.
C'est éprouvant comme combat, et l'auteure a su nous faire part de toute cette souffrance, les difficultés.
Un très beau témoignage sur cette maladie et sur la relation d'une mère avec son enfant.
Bien sûr la plume est toujours aussi délicieuse.
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Citations et extraits (72) Voir plus Ajouter une citation
On entend très vite s’élever le choeur des réducteurs d’amour. On est à peine autorisée à prendre le nouveau-né dans ses bras. Il faut presque se cacher pour le tenir contre soi. Ils disent qu’on ne doit pas s’en occuper dès qu’il pleure, cela risque de le rendre capricieux. Il ne faut pas le caresser ni lui offrir à téter chaque fois qu’il le demande. Il ne faut pas lui donner de mauvaises habitudes. Ils disent aussi qu’il faut le laisser pleurer. L’isoler. Ne pas prêter attention à ses cris. Ils disent enfin qu’il faut l’installer dans la chambre tout au fond du couloir. Le plus loin possible et que cela lui apprendra à vivre.
Tout dans notre société est fait pour brutaliser le sentiment maternel. Le dénigrer. Tout est fait pour qu’on se retrouve dépossédée. Les mains vides. Il faut oser aimer le tout petit enfant et oser le dire.
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Quelle est cette douceur de miel où baignent mes dents et mes gencives ? Je la reconnais. C’est la tendresse. Chaude. Inondante. Seconde où les génocides s’arrêtent. Où le ventre est un globe. Et l’on marche contre les autres. Tous les autres. Car, si on ne décide pas, seule, qu’on est la Reine du Monde quand on attend un enfant, personne, jamais, ne vous le dira. Personne ne vous célébrera. Et si aucun homme ne pose son oreille sur votre ventre, il faut chercher dans cette longue nuit une sorte de baiser cosmique.
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J’avançais avec la force de ceux qui savent tirer des traîneaux, corsage ouvert sur le givre, le froid planté comme une lame dans les gencives. Rien ne m’importait que d’avancer. Le ciel était bleu. La cime de cristal des sapins le transperçait comme le cri d’un alléluia. La neige tombait sur mes épaules. En me touchant, elle me bénissait. D’ailleurs, tout me bénissait. Je me sentais bénie.
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Nous sommes à une époque d’incessants bavardages, de stériles jacasseries. Dès le jardin d’enfants, la pression est très forte. Un enfant qui parle tôt, au regard des gens et des institutions, est intelligent. Un enfant qui se tait indispose.
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Quand je tente de leur expliquer d'où tu es parti, quel a été ton cheminement, ils n'écoutent pas. J'aurai ce problème avec les instituteurs, l'entourage immédiat ou les gens qui te voient de temps à autre. Ce sera plus fatigant de devoir affronter les autres que toi-même. Entre les psychiatres dont je me suis toujours méfiée et les autres qui ne reconnaissent une maladie que si elle est sanctionnée, dramatisée par un traitement médical ou un séjour à l'hôpital, je ne me suis pas sentie découragée, au contraire j'ai trouvé stimulant de marcher contre tous, hors des sentiers battus, certaine, absolument certaine de gagner. J'ai toujours puisé mes forces dans l'adversité.
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