Andrei, un jeune roumain de 9 ans, habitant un immeuble misérable, à Braïla, en Roumanie, menait une petite vie tranquille, au bord du Danube, avec ses parents et sa Bunica, sa grand-mère.
L'été, Andrei, Bunica et ses parents passaient leurs vacances en bordure de la mer Noire. Cet été-là, Andrei fit la connaissance de Gilles. Les parents de Gilles étaient beaucoup plus riches que ceux d'Andrei. Les deux garçons s'entendirent à merveille, malgré leur deux vies complètement différentes. Gilles et ses parents avaient un accent. Andrei comprit très vite que ceux-ci étaient français.
La fin des vacances arriva, Andrei était heureux de revoir ses amis, mais triste de quitter Gilles. Quand vint le jour du départ, les embrassades furent émouvantes. Tous pleuraient, en se disant au revoir. La mère de Gilles lui glissa dans la poche un petit objet en souvenir. Gilles et ses parents repartaient pour Caen. Andrei avait vécu de merveilleuses vacances. Il espérait aller en France pour les revoir. Son père lui expliqua que quitter la Roumanie, même pour un court séjour était très difficile. Andrei comprit que ces vacances, si merveilleuses et pleines de riches souvenirs, ne resteraient qu'un merveilleux souvenir, son dernier souvenir de vacances avec ses parents.
Un soir de Janvier, en rentrant de l'école, Andrei vit que ses parents avaient des billets d'avion ainsi que la carte de la France. Andrei, heureux, crut qu'ils allaient partir, enfin, en France. La déception fut grande. Ses parents lui expliquèrent que le père de Gilles avait proposé à ses parents de participer à l'une de ses recherches. Ils étaient chercheurs tous les deux. Mais, ils n'avaient pas eu l'autorisation de partir à quatre. le rêve d'Andrei s'effondra.
Ses parents partirent pour un mois. Mais le temps passait et Andrei eut le pressentiment qu'il ne reverrait plus ses parents. Il s'éloigna de ses amis , car il ne voulait pas que ceux-ci sachent que ses parents étaient partis en France. La Roumanie était très stricte avec ses ressortissants. le retour de ses parents fut repoussé. Bunica commençait à être inquiète. Andrei le vit. de plus, ils avaient peur de voir, un jour, la police à leur porte.
Andrei reçut une lettre de ses parents. Ceux-ci lui apprirent qu'ils ne reviendraient jamais. Son père lui expliquait, qu'il préparait les papiers pour les faire venir en France. Bunica et Andrei étaient effondrés. Il en voulut à ses parents. Désormais, il devait s'occuper de Bunica qui vieillissait. Les mois et les saisons s'écoulaient, les lettres suivantes leur demandaient toujours d'être patients.
Bunica commençait à perdre la tête. Elle s'imaginait que les parents d'Andrei étaient revenus et agissait comme avant leur départ. Andrei avait pressenti que Bunica supporterait mal cette absence. Cela se répéta régulièrement. Il devait, désormais, s'occuper d'elle. Andrei devait avoir aussi la force d'attendre, d'attendre de partir. Il angoissait de voir partir Bunica à l'hôpital, car il savait qu'elle n'en sortirait jamais. Et lui, où irait-il ?
Un soir, en pensant à ses parents et à Gilles , il se rappela le petit objet que la mère de Gilles, lui avait glissé dans la poche. Il alla le chercher. Il le trouva dans un petit bol de porcelaine bleue. C'était dans ce petit bol que Bunica mettait les choses qu'elle trouvait dans les poches, avant la lessive. Au fond du petit bol, il découvrit une petite cigogne en plein vol, les pattes repliées sous elle. Andrei comprit que cette cigogne était le signe d'un voyage, d'un long voyage. Il comprit, aussi, que durant ce merveilleux été, ses parents savaient qu'ils allaient partir en France. Cette cigogne devait l'aider à attendre.
Cela faisait un an que les parents d'Andrei étaient partis. Depuis, il n'avait plus jouer avec ses amis. L'état de Bunica, s'était aggravé de jour en jour. Dans ces moments-là, il serrait très fort la petite cigogne qui ne quittait plus sa poche. Elle lui donnait du courage.
Un jour, pendant les vacances scolaires, Andrei s'affola. Bunica était partie faire des courses. Deux heures plus tard, elle n'était toujours pas rentrée.Il partit à sa recherche dans tous les magasins. Pas de Bunica. Soudain il vit un attroupement de gens vers le grand magasin. Andrei vit sa Bunica assise au milieu de tous ces gens, le sac plein de nourriture. Elle regarda Andrei sans le
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reconnaître. Un homme de l'âge de son père arriva,. Il comprit aussitôt la situation, et pour cause, il était médecin. Désemparé, Andrei se laissa emporter dans les bras de l'homme.
Andréi se retrouva chez l'homme qui l'avait emmené, Dan et Irina, sa femme. Celui-ci avait deviné la tristesse et le désespoir dans lesquels se trouvaient l'enfant et la vieille dame. Dan savait qu'Andrei s'était aperçu de la maladie de sa grand-mère. Il l'hospitalisa dans sa clinique. Andrei avait eu de la chance de tomber sur des gens très gentils. Il eut confiance en eux, et leur raconta le départ de ses parents. Dan n'en fut pas étonné. Il emmena régulièrement Andrei voir sa Bunica.
Dan appela les parents d'Andrei. Il alla, aussi, à l'administration pour faire tous les papiers, afin qu'Andrei puisse rejoindre ses parents. Andrei comprit la chance d'avoir mit Dan sur son chemin. S'il n'avait pas été là, il serait certainement à l'orphelinat. Il en voulut à ses parents de l'avoir abandonné. Dan le rassura. Sa colère était normale, Dan lui expliqua la complexité de l'administration, et la situation actuelle du pays. Si ses parents revenaient, ils auraient été mis en prison.
La première fois qu'Andrei vit sa Bunica, il fut sous le choc, sa mémoire appartenait, désormais, au passé. Puis, elle alla mieux, mais très souvent en fin de visite, sa mémoire lui faisait souvent défaut, et Andrei redevenait un inconnu pour elle. Dan lui avait expliqué que malheureusement, cette maladie ne se guérissait pas.
Un jour, Dan et Irina donnèrent à Andrei son passeport. Son voyage approchait, mais ses yeux étaient tristes, car il pensait à sa grand-mère. Puis, son billet d'avion arriva. Dan avait été le seul à tenir sa promesse. Une seule ombre planait dans les yeux d'Andrei. Et Bunica ? Dan lui expliqua que pour l'instant, elle avait besoin de soins. Elle partirait, elle aussi, quand elle irait mieux. Andrei repensa à sa petite cigogne dans le petit bol en porcelaine bleue.
Un joli petit roman, simple, tendre et sans violence, sur la séparation d'une famille en quête du bonheur, dans un pays libre. Les parents auraient pu choisir d'envoyer Andrei et Bunica à leur place, mais la situation aurait été la même. Dur choix !!!
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Je viens juste de le relire. Très belle histoire d'amour entre un petit garçon de 9 ans, Andrei, et sa grand-mère, Bunica. L'histoire se passe en Roumanie sous le régime communiste de Ceaucescu. Ses parents, pour pouvoir fuir en France, ont laissé le petit avec sa grand-mère dans l'espoir qu'il puisse un jour les rejoindre. Un véritable poème, une ode à l'amour filial. L’enfant devient adulte avant son temps dans cette misère que chacun essaie de supporter, Mais de cette misère naît une relation d’une grande vérité. C’est triste tout au long de l’histoire, mais tellement beau. C'est touchant. Je me suis attachée aux deux personnages. C'est raconté avec une grande sensibilité. Un petit bijou. Tout simple, peu de pages , mais très puissant.
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On a du mal à souscrire au fait que les parents quittent le pays en laissant leur fils derrière eux.
Le contexte est difficile, ce que vit le jeune garçon aussi. c'est bien raconté, assez touchant.
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Pendant neuf ans, j'ai habité appartement 36, bloc 3, strada Justitsiei, à Braïla, en Roumanie. Je n'ai jamais oublié cette adresse. Mon immeuble était comme les autres, jeté sur un grand terrain vague où les papiers sales voletaient sur une herbe rase, boueuse dès octobre, grise de poussière aux beaux jours. Certains immeubles étaient restés en chantier : les fenêtres sans vitres, les portes donnant sur le vide et sans doute les histoires de brigands cachés dans les caves me faisaient peur. Il y avait souvent des carreaux cassés. En hiver, la petite ampoule éclairait à peine les paliers. Lorsque je rentrais et qu'il faisait déjà sombre, je grimpais en courant les cinq étages.
Quand j'arrivais, la clef tournait déjà dans la serrure de la porte de l'appartement avant que je n'aie eu le temps de toucher la clenche. Bunica était là, elle guettait mon retour. Je montrais mon étonnement, rien que pour voir ce petit sourire apparaître sur sa bouche, accompagné d'un léger haussement d'épaules qui voulait dire : «Mais non, il n'y a rien d'étonnant, je suis ta Bunica...»
Elle était seule en fin d'après-midi et me faisait asseoir en s'empressant de me servir un goûter. Rien à voir avec les goûters d'ici... C'était du pain, du thé brûlant, de la dulceatsa, cette confiture de cerises tellement sucrée et douce qu'il fallait boire entre chaque cuillerée. Bunica me regardait, assise sur un coin de chaise. Elle était toute menue - j'étais sûr d'être vite plus grand qu'elle -, mais elle se tenait très droite, ses cheveux gris argenté bien maintenus par des peignes qu'elle réajustait sans cesse.
Mes parents rentraient plus tard. Ils travaillaient tous les deux dans une sorte d'usine autour d'un puits de pétrole, un «combinat». Leur travail me paraissait compliqué, lointain. Ils parlaient toujours du laboratoire. Par moments, ils semblaient contents, enthousiastes, d'autres fois, ils rentraient abattus pour des raisons qui restaient pour moi totalement mystérieuses. Ma mère, toujo
Combien de fois m'avait-il repris, parfois durement, alors que j'employais, sans m'en rendre compte, des formules toutes faites, entendues à la télévision ou à l'école :
- Qu'est-ce que tu dis ? Tu n'es donc capable que de recracher ce qu'on te déverse sur la tête ? N'emploie pas des mots qui ne t'appartiennent pas. Les mots, tes mots à toi, peuvent peser plus lourd sur la terre qu'une montagne entière. (p.68-69)
- Le monde est monde, et que sommes-nous, dragutsi, dans ce monde, pour affirmer, savoir ou exiger ? Le monde est monde, dragutsi, nous ne sommes que de petites créatures posées là, par chance ou bien peut-être par hasard ? Malheurs, bonheurs peuvent nous être donnés, repris, qu'y pouvons-nous vraiment ? Que savons-nous de tout cela ? (p.79)
Les gens ont peur, ils inventent n'importe quoi pour nourrir leur peur et essayer de la calmer en même temps. Elle est comme une hyène, elle rôde, cherche sa pitance, son rire glace du plus loin qu'on croit l'entendre, mais on préfère encore l'entendre ce rire, pour savoir où elle se trouve et qui va être dévoré. (p.62)
Les pas résonnèrent derrière la porte, et continuèrent sans s'arrêter. Que s'était-il passé ? Peut-être rien qui ait de quoi nous inquiéter, mais la frayeur de Bunica et la mienne me semblaient d'autant plus insupportables qu'elles n'avaient pas de cause raisonnable. (p.59)