Citations sur Shutter Island (276)
À votre avis, marshal, quelle accumulation de violence un individu peut-il endurer avant de s'effondrer ?
En ce moment, il m'arrive de plus en plus souvent d'égarer certaines choses, surtout mes lunettes. Ou mes clés de voiture. J'entre dans des magasins pour oublier aussitôt ce qui m'y a amené, je sors du théâtre sans le moindre souvenir du spectacle auquel j'ai assisté. Si le temps n'est réellement pour moi qu'une série de marque-pages, alors quelqu'un a dû secouer le livre pour en faire tomber tous les morceaux de papier jaunis, rabats de pochettes d'allumettes, touillettes aplaties, avant de lisser avec soin les feuillets cornés.
Ils me disent: ”oublie-la, il faut que tu l’oublies” mais dans quel but ? Profiter de cette putain de vie ? Comment pourrais-je t’oublier? Jusque là, je n’ai pas réussi, alors comment suis-je censé m’y prendre? Comment suis-je censé te laisser disparaitre?
C’est tout ce que je te demande. Je voudrais te serrer encore dans mes bras, sentir ton odeur, et oui, je voudrais aussi que tu t’en ailles doucement. Je t’en prie, oh je t’en prie, va-t’en…
Dolores était morte depuis deux ans, mais elle ressuscitait la nuit dans ses rêves.(...) C'était un cruel tour de son imagination, oui, mais Teddy avait appris depuis longtemps à en accepter la logique; le réveil, après tout, s'apparentait presque à une naissance. On venait au monde sans passé, puis on reconstituait son histoire personnelle entre deux clignements d'yeux et trois bâillements, on remettait les morceaux dans l'ordre chronologique pour trouver la force d'affronter le présent.
- Dieu nous a offert les tremblements de terre, les ouragans, les tornades. Il nous a offert toutes ces montagnes qui déversent sur nous des torrents de feu. Tous ces océans qui engloutissent les navires.Il nous a offert la nature, cette meurtrière au sourire fallacieux. Il nous a offert la maladie pour qu'au moment de notre agonie, nous pensions qu'Il nous a dotés d'orifices uniquement pour sentir la vie s'en écouler. Il nous a offert le désir, la fureur, la cupidité et un cœur souillé pour que nous puissions répandre la violence en Son honneur. Il n'existe pas d'ordre moral aussi pur que cette tempête à laquelle nous venons d'assister. D'ailleurs, l'ordre moral n'existe pas. Tout se réduit à cette seule question : ma violence est-elle capable de l'emporter sur la vôtre ?
- alors, qu'est ce que vous savez de cet endroit, chef?
Teddy haussa les épaules.
- Pas grand chose. Pas assez. Mais suffisamment pour me flanquer la frousse.
- Chouette. Si vous, vous avez la frousse, le commun des mortels est censé ressentir quoi?
Un sourire vint aux lèvres de Teddy.
-Une terreur abjecte? Suggéra-t-il.
- Ok considérez moi comme mort de trouille.
- Comment aviez-vous deviné où il irait ? Ces cinquante types à ses trousses, ils sont tous partis à Cleveland. Vous, vous êtes parti dans le Maine.
- Il avait passé un été en famille quand il était gosse. Ce truc qu'il faisait à ses victimes ? C'est ce qu'on fait aux chevaux. J'ai parlé à sa tante. Elle m'a confié que la seule fois où il avait été heureux, c'était dans un élevage de chevaux près de ce petit cottage qu'ils avaient loué dans le Maine. Alors, je suis allé là-bas.
- Et vous lui avez tiré cinq balles dans le corps.
- Je n'aurais pas hésité à lui en tirer cinq autres, mais les cinq premières ont suffi.
Si le temps n'est réellement pour moi qu'une série de marque-pages, alors quelqu'un a dû secouer le livre pour en faire tomber tous les morceaux de papier jaunis, rabats de pochettes d'allumettes, touillettes aplaties, avant de lisser avec soin les feuillets cornés.
Il était venu ici,chercher la vérité mais il ne l'avait pas trouvée.il était venu chercher leaddis mais il ne l'avait pas trouvé non plus. En cours de route il avait perdu chuck.
Nous étions censés vieillir ensemble (...) Je voulais voir les rides se graver une à une dans ta chair en sachant précisément à quel moment elles étaient apparues.