Cet album est unique ; j'ajouterai qu'on pourrait très aisément le placer dans une bibliothèque adulte. C'est une histoire dingue et incroyable. Lord Mamaduke Lovingstone (quel nom !), issu d'une bonne société britannique, qu'on imagine boire le thé le petit doigt bien levé et les lèvres pincées, est un explorateur plus ou moins auto-proclamé, pétri de fougue, d'optimisme, d'illusions aussi. On suit via des lettres qu'il rédige tout au long de son périple, toutes ses aventures et on comprend très vite entre ses lignes, que ce qu'il vit, arrivé aux fameuses ïles Girafines, n'est pas une sinécure, même si souvent ce qu'il dépeint se veut optimiste. Il faut dire que c'est un grand naïf. Et de lettres en lettres, de l'explorateur clownesque plus ou moins inadapté, qu'il est au début et qui provoque notre rire, il devient un personnage qui force notre empathie mais qui aussi nous fait rire de plus en plus jaune ; les dents grincent.
Ainsi on sort de la lecture avec un magma d'émotions nourri du loufoque du personnage et de ses aventures improbables mais aussi de l'amertume et de révolte quant aux comportements extrêmes de certains colonisateurs et/ou colons. Les jeunes (pas les plus jeunes, ils ne s'y retrouveront pas) devraient rire de ce personnage mais les plus âgés - du moins, je le pense- ressentiront sûrement au sortir de l'album de la colère, de la révolte et y réfléchiront à deux fois quand il sera questions des soi-disants vertus civilisatrices de la colonisation.
Pour l'anecdote, j'ai prêté ce livre à une diplômée en ethnologie et anthropologie, elle dit que cela devrait normalement faire penser ses étudiants.
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Marmaduke Lovingstone découvre le Girafawaland, une contrée exotique où tout est dédié ... aux girafes. Il envoie des lettres à une amie restée à Londres et lui raconte ses péripéties. On découvre alors un pays imaginaire très particulier où le héros va évoluer d'une manière singulière : il veut imposer sa vision, ses règles, son patrimoine à ce tout nouveau pays.
Ce livre est une critique féroce du colonialisme puisque tout est exagéré de façon à en montrer l'absurdité. Par exemple, Marmaduke décide de profaner un cimetière de girafes sacrées afin de récupérer des cadavres et de les empailler pour son musée. Il n'a aucun respect pour les traditions de ce pays qu'il trouve moche, et ses habitants idiots. Il a un caractère détestable et se soucie peu de la mort de 32 de ses hommes mais par contre, déplore la perte de son fidèle rocking chair...
Des légendes sont reprises comme celle du monstre du Loch Ness ou encore les célèbres Moaï de l'île de Pâques, et adaptées aux îles Girafines.
J'ai beaucoup apprécié cette lecture car on voit bien la profonde inutilité du colonialisme et tout est traité d'une façon plutôt humoristique (très humour noir quand même). Les dessins qui accompagnent le texte sont très beaux, véritables croquis scientifiques qui nous permettent de mieux nous imaginer ce pays extraordinaire.
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Un bel album vraiment original, présenté comme un recueil de lettres, photos, cartes postales, écrites par l'explorateur Marmaduke Lovingstone, dans lesquelles il décrit le mode de vie des Girafawaras, qui vivent sur leurs iles en totale symbiose avec les girafes. Malheureusement l'expédition, de nature coloniale, va provoquer la disparition progressive des girafes, et par ricochet, des girafawas. Un album-ovni... Illustrations superbes.
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Le clou du musée est la "Salle des têtes" où nous avons réussit à amener une grande tête dressée ainsi que deux immenses girafes empaillées, déterrées dans ce qui semble être une nécropole plus ou moins sacrée.