Primordial est une uchronie sous fond de guerre froide et de conquête spatiale. Novembre 1957, Leïka est envoyée dans l'espace, mais quelque entitée indéfinie, extraterrestre ou dimension parallèle, intervient. le chien est toujours en vie, mais disparait totalement. Deux ans plus tard, c'est au tour des américains de voir leurs singes disparaître de la même façon. La conquête spatiale s'arrêtera là.
Le graphisme oscille entre les images sombres réalistes, comme traitées d'après photos, avec beaucoup de noirs, et un style plus chirurgical, au trait fin, très lumineux, froid et psychédélique à la fois, à la géométrie fractale et aux couleurs électriques. L'ensemble donne un ton hors du temps, l'intrigue d'espionnage est contrebalancée par l'aspect éthéré du côté science-fiction.
La communication entre les espèces est au coeur du mystère, mais elle nous laisse dans notre ignorance, comme si l'humain, et donc le lecteur n'était pas apte à recevoir les messages de l'au-delà.
Le récit reste énigmatique et pourtant, il se dégage une forte impression, grâce aux images éclatées, à l'univers destructuré.
Primordial est une lecture troublante, comme
Jeff Lemire sait faire, la fin reste ouverte, mais l'ensemble reste peut-être un peu trop énigmatique, donnant l'impression d'un simple exercice de style, réussi mais ne permettant pas au lecteur de s'immerger totalement.
Cette lecture vaut certainement le coup d'oeil, mais elle garde un peu trop ses distances avec le lecteur.