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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Mailmaaaaaaaaan, Bring me no more bluuuuuuuuues » chantait John Lennon.

Le Mailman de John Robert Lennon ( Le Robert est important sinon on ne s'y retrouve plus) apporte le blues mais il l'a lui aussi, le blues, et pas qu'un peu.
Albert Lippincott, alias Mailman, est un facteur pas bien heureux dans sa vie. Une vie qu'il a monotone et qu'il estime avoir complètement ratée. Alors pour se distraire, il lit le courrier qu'il doit distribuer, en fait des photocopies, les classe et les collectionne, façon de combler sa vie ennuyeuse avec celle des autres.
Sauf qu'un jour, il retient une lettre un peu trop longtemps et apprends que son destinataire s'est suicidé. Mailman est-il responsable ? Où sa curiosité va-t-elle le mener ?

Dans un premier temps, elle le mènera à faire un retour sur sa vie, sur son expérience en tant que bénévole dans une bourgade paumée du fin fonds du Kazakhstan, sur son travail, ses études, sur son mariage, son enfance, sa relation avec ses parents et sa soeur mais aussi avec ses chats. L'occasion pour John Robert Lennon de faire des va-et-vient entre le passé et le présent mais sans jamais perdre le lecteur, le tout sur un ton fluide et avec humour s'il vous plaît.

J'ai beaucoup apprécié les péripéties de notre drôle de facteur. Mailman est très particulier dans son genre et on s'attache facilement à lui. le tour de force de John Robert Lennon est de nous faire entrer dans l'intimité et la tête de Mailman, de voir à travers ses yeux le regard désabusé qu'il porte sur les personnes et la société qui l'entourent. Un regard désabusé mais acéré et fortement critique voire parfois exagéré.

« Mailman resta planté là avec son carnet de contraventions ; le PV qu'il venait de rédiger voletait sur le trottoir. Nom de dieu de bordel de merde ! où étaient passés la gratitude, le bonheur d'être né dans le pays le plus riche du monde, l'émerveillement devant les incroyables ressources du système éducatif américain ? le sale petit ingrat ! Et le terme était parfaitement choisi : pour des gamins comme celui-ci, ni les parents ni la hiérarchie n'importaient, ils n'avaient pas la moindre conscience que des gens avant eux avaient dû lutter, travailler, souffrir, se battre et même mourir pour qu'ils puissent glander dans leur chambre, à picoler des bières et à jouer à Super Mario toute la sainte journée ! Les petits enfoirés ! le genre à aller se plaindre au doyen parce que leur esclavagiste de prof nazi leur a mis à peine la moyenne ! A organiser un piquet de grève devant le bureau du président pour protester contre le règlement concernant la consommation de boissons alcoolisées sur le campus ! »

Il ne se gêne d'ailleurs pas pour exprimer bien haut ses opinions, ce qui lui vaudra quelques déboires et situations cocasses qui ne sont pas pour nous déplaire à nous, lecteurs. Mailman n'est pas toujours fier de ce qu'il est ni de ce qu'il fait et c'est ce qui le rend si attendrissant à mes yeux.

Pourtant il m'aura manqué ce petit quelque chose pour en faire un coup de coeur, le truc surprenant, la petite gifle au détour d'une page, comme pour Karoo, roman avec lequel je ne peux m'empêcher de faire un rapprochement.

Bref, Mailman, c'est tout simplement le récit de la vie d'un pauvre type banal qui n'a pas su saisir ses chances et qui le réalise trop tard. La fin, que j'ai trouvée magnifique, sonne comme un écho à sa vie, Mailman devient :

« Mr Sandman, Bring me a dream … »


Lien : http://0z.fr/7hO54
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Albert Lippincott, dit Mailman, est facteur à Nestor, petite bourgade de l'état de New York. Mais Mailman n'est pas un facteur comme les autres. C'est un facteur qui aime lire le courrier avant de le distribuer. Il photocopie les missives après les avoir ouvertes à la vapeur. Une sale manie qui va bien sûr entraîner sa perte. Il faut dire que Mailman est un excentrique doublé d'un maniaque. Il a séjourné quelques temps à l'hôpital psychiatrique, où il a rencontré une infirmière qui est devenue sa femme avant de divorcer et de refaire sa vie avec un médecin. Il entretient une relation particulièrement ambiguë avec sa grande soeur, il déteste les chats, qui le lui rendent bien, il s'est lancé un temps dans l'humanitaire au Kazakhstan (le fiasco total) et il sent depuis peu une grosseur sous son bras qui l'inquiète au plus haut point. Bref, Mailman est un drôle de loustic un peu paumé, un homme qui semble ne rien comprendre au monde et aux gens.

« Il se dit qu'il n'a ni passé ni avenir, qu'il n'y a plus de kilomètres parcourus ni de kilomètres à parcourir, qu'il n'attend plus rien, qu'il n'a plus honte de rien. » Et pourtant, il aurait de quoi avoir honte, Mailman, parce que des casseroles, il s'en trimballe un sacré paquet : la fois où sa mère lui a définitivement fait passer le goût de la masturbation, la fois où il s'est fait choper devant un site porno sur un ordi de la bibliothèque municipale, la fois où il s'est retrouvé devant une classe au Kazakhstan, et tant d'autres encore… Ce personnage pourrait être tout droit sorti d'un roman de John Kennedy Toole, même si je l'ai trouvé moins charismatique que le Ignatius Reilly de la conjuration des imbéciles. Il possède néanmoins ce coté misanthrope, ce coté gaffeur maladroit, cette dimension tragi-comique, cette image de looser permanent qui caractérise le héros de Toole. Son combat est perdu d'avance. D'ailleurs, contre qui, contre quoi se bat-il ? Uniquement contre lui-même sans doute, c'est pour cela qu'il n'a aucune chance de gagner.

Un roman drôle, très drôle même, mais pas que. Un roman tragique et au final terriblement pessimiste, mais pas que. Un roman où l'Amérique semble habitée par une population au mieux névrosée, au pire totalement cintrée. Bref, j'ai adoré. A part la fin qui, je dois l'avouer, ne m'a pas plu du tout. Et puis ce pavé aurait mérité quelques coupes franches (je parie que cela ne vous étonne pas venant de moi), certaines anecdotes n'ayant pas grand intérêt. Mais bon, ça reste la littérature US décomplexée que j'aime tant.

Encore une bonne pioche pour les éditions « Monsieur Toussaint Louverture », dont le catalogue regorge déjà de nombre de pépites. En plus, ce qui ne gâche rien, l'objet livre est vraiment magnifique. Un régal de manipuler un ouvrage façonné avec autant de soin.

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Expérience étonnante que ce livre ! Nous voilà plongés dans la vie d'Albert Lippincott, facteur américain surnommé Mailman. Un homme de condition moyenne, peu chanceux, à tendance dépressive, ce qui entraîne en de rares occasions des comportements violents. Sa vie de facteur se résume à se rendre au centre de tri, préparer le courrier de sa tournée, monter dans sa camionnette de la Poste et entamer la distribution des lettres et colis dont il est chargé. Mais Albert a aussi un passe-temps. Il subtilise des lettres qu'il ramène chez lui, ouvre à la vapeur, lit et photocopie avant de les remettre en état et enfin de les distribuer. Il ne pense pas à mal, il s'agit pour lui de se distraire, d'entrer un peu dans la vie de ses clients afin de mieux les connaître, de se faire une meilleure idée d'eux. Or Mailman va se faire démasquer ou presque, et sous la pression du risque de se faire enfermer, va tout quitter. Il monte dans sa voiture et prend la direction de la Floride, où demeurent son père et sa mère. En passant, il s'arrête chez sa soeur à New -York, mais le dialogue n'est pas facile et il repart bien vite. Son périple s'arrêtera finalement chez ses parents.
C'est au cours de ce « road movie » que nous sera dévoilée la vie d'Albert Lippincott, de son enfance et de sa relation ambigüe avec sa soeur, de son acte violent contre un professeur qui le conduira pour la première fois en psychiatrie, jusqu'aux femmes de sa vie, avec lesquelles rien ne se passera comme il l'aurait souhaité.
J'ai eu un peu de mal au début avec l'histoire et son héros, en somme la vie d'un looser sans grand intérêt. Mais peu à peu j'ai mieux compris Albert et ses blessures, ses tentatives maladroites de trouver un peu de bonheur, ses peurs et ses traumatismes. Je me suis attachée au personnage, et l'ai accompagné partout dans son voyage. C'est tragique, mais beau, et j'ai, en refermant le livre, un pincement au coeur.
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Une tragi-comédie où l'on suit Albert Lippincott, alias Mailman, un facteur un peu, non bien déjanté, qui s'ennuie grave dans sa vie banale, tellement banale, où il a tout raté.

Et comme il s'ennuie, il ouvre, lit, photocopie, classe, conserve certaines des lettres qu'il doit distribuer, jusqu'au jour où...

De fréquents allers-retours entre présent et passé pour nous raconter son parcours de looser patenté, mais tellement attachant, et fin observateur de ses concitoyens dans une Amérique qui ne va pas bien non plus.... Des passages que l'on aurait pu couper sans que l'ouvrage en ait souffert, d'autres impayables (sur les chats notamment !). Une écriture foisonnante, cash, d'une drôlerie sans nom par moments.

Passé les cent premières pages (oui, c'est un peu long mais bon...), j'étais complètement accro et j'ai vraiment passé un bon moment de lecture. Je vous recommande vivement ce roman qui sort vraiment de l'ordinaire, comme d'autres de la maison d'édition Monsieur Toussaint Louverture, qui, une fois encore, a fait bonne pioche !!
Lien : http://la-clef-des-mots-e.mo..
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Mailman est un facteur de près de 60 ans, habitant de Nestor, ville moyenne de la côte est des états-unis. de son vrai nom Albert Lippincott, il a la fâcheuse manie (entre autres) d'intercepter du courrier pour le lire, avant de le distribuer. On est au début de l'an 2000. Les pans de l'existence d'Albert, mi drolatiques, mi détraqués apparaissent peu à peu dans ce long roman (700 pages) qui n'est pas sans évoquer "La conjuration des imbéciles"... Les rapports d'Albert avec les femmes,puis avec sa soeur, sa mère et son père seront mis en lumière. On sent dès le début qu'on ne se dirige pas vers une fin heureuse : Mailman est malade, sans vouloir le reconnaître. Il finira par devoir rendre des comptes sur les courriers volés, s'enfuira vers New York pour voir sa soeur puis terminus la Floride où ses parents vivent. le passage le moins grave est une description apocalyptique d'un séjour au Kazakhstan qu'Albert effectue auprès d'une association genre "Peace Corp", qui tournera naturellement au fiasco. Il ne manque de souffle ce gros roman, malgré quelques longueurs vers la fin : son auteur n'a visiblement pas envie d'abandonner Mailman à son triste sort et le lecteur non plus.
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On dirait que se dessine une sorte de ligne éditoriale chez Monsieur Toussaint Louverture, dans la continuité de Karoo ou du Dernier Stade de la Soif. Chez Mailman, comme chez les autres "pauvres bougres" de ces romans, on retrouve cette folie contrôlée (la plupart du temps), cette cocotte minute en puissance évoluant dans un monde dans lequel ils auraient pu briller, mais où désormais ils naviguent tout feux éteints. Une belle tranche de vie tragi-comique, entre empathie et rejet pour notre anti-héros facteur, se concluant dans un final surprenant.
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Je me sens un peu seul sur cette lecture. Ce roman n'est pas facile, non par son écriture mais l'histoire n'est pas "a priori" passionnante. L'histoire d'un facteur américain dans une petite ville ordinaire qui ouvre le courrier (pas tout) de ses clients n'est pas censée déplacer les foules. le malaise est ailleurs, existentiel. Ce type n'est pas doué pour vivre, c'est embêtant quand vous êtes en vie. Il n'est pas un "accident", juste quelqu'un qui part au quart de tour et obéit à un cheminement intérieur, partout et tout le temps. Socialement inadapté, il cherche un sens à tout ça. Il ne rentre pas dans le moule, il a essayé: mariage, boulot, divorce. Il se justifie, se rétracte et devient coupable. Il est coupable d'exister. Un peu judéo-chrétien mais non, la religion n'a rien à voir. Il cherche chez les autres des réponses à la grande marche de l'Univers et eux sont juste préoccupés par leur quotidien. de ce décalage naissent des malentendus. Nous vivons tous des moments de déphasage mais ce sont des parenthèses sur la vacuité de nos existences, des déprimes passagères. Lui, c'est en permanence. le goût que laisse ce roman après lecture est un goût amer et un vertige vous saisit, comme ce rêve où l'on tombe dans une chute sans fin. le réveil en sueur signifie la fin de la chute, la fin du cauchemar.
Lui ne se réveille pas.
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On ne peut que saluer le tour de force qu'a réalisé J. Robert Lennon avec son roman "Mailman", qui, si l'on y réfléchit deux secondes, s'articule autour... du vide. Celui de l'existence d'Albert Lippincot, facteur de la petite ville de Nestor, dans l'état de New York.

Mailman -puisque c'est ainsi qu'il est nommé tout au long du récit- arbore a priori les caractéristiques du quidam banal et anonyme... A priori seulement, car plus nous faisons sa connaissance, et plus nous détectons chez lui des comportements et des réactions dont l'irrationalité font suspecter quelque brèche dans cette apparente normalité. Son habitude de lire le courrier de certains de ses administrés pourrait passer pour la moindre de ses lubies, si elle ne s'accompagnait d'une méticulosité suspecte quant à l'organisation de ces lectures interdites.

Le suicide de l'un des bénéficiaires de sa tournée et l'apparition d'une grosseur sous son bras va amplifier les manifestations de sa psychose. Dans un bouillonnement mental, exhaussé par l'angoisse, Mailman revient sur les épisodes de son passé qui illustrent la permanence de ses échecs dans tout ce qu'il entreprend.
Son bref mariage avec une des infirmières de l'établissement psychiatrique où il fut interné suite à une crise de démence s'est soldé par un divorce.
Ses relations avec ses parents sont entachées d'une incompréhension qui anéantit tout espoir de communication véritable, et celles qu'il entretient avec sa soeur sont trop troubles pour lui procurer un réel équilibre.
A 50 ans passés, Mailman n'a pas d'amis ni de vie sociale. Il ne se sent d'ailleurs pas intégré dans cette société qu'il ne comprend pas, lui qui est toujours à côté de la plaque. Aucun projet n'égaie sa triste existence, et les souvenirs qu'il ressasse sont amers et anxiogènes.

Et pourtant, J. Robert Lennon parvient à construire, à partir du néant que représente la vie de Mailman, un roman d'une grande richesse. Et c'est la névrose dont il l'accable qui donne à son héros, pitoyable loser, une dimension finalement extraordinaire, à la fois terriblement humaine et ... épique. Car c'est bien une épopée que nous vivons, plongés dans l'esprit malade d'Albert Lippincot, en quête d'une réponse à cette question bassement triviale et néanmoins existentielle : "qu'est-ce qui a bien pu merder ?"

C'est aussi un roman très drôle, l'auteur malmenant l'ensemble de ses personnages avec un humour grinçant, mêlant tragique et cocasse, parce que, finalement, Mailman n'est pas le seul fou, dans cette histoire... Son entourage, et même les anonymes qui croisent son chemin, semblent tous affligés d'angoisses ou d'obsessions qui donnent au lecteur le sentiment d'évoluer dans un monde -le nôtre ?- de déjantés !
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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J ai trouvé ce livre par hasard ... une page de pub dans telerama.. je décide de l acheter et il m attendait seul sur un comptoir de la fnac.. un anti héros attachant .. des états d âmes qui nous ramène à notre propre réalité.. une vie compliquée pour ce facteur qui casse les codes .. un roman qui ne laisse pas indifférent.. si l auteur voulait déranger et bousculer le lecteur .. pour moi c est gagné..
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Un roman à la fois percutant et déstabilisant sur la société américaine du début du siècle.

Le livre s'ouvre sur le 1er janvier 2000 et les pensées d'un homme- Mailman- que nous allons suivre au fil des pages. Un facteur qui a une vie simple mais avec ses secrets tel que celui de l'ouverture des lettres qu'il est sensé distribuer. de ce vice, nous avons, semble-t-il, un élément déclencheur. le suicide d'un jeune homme dont la lettre n'a pas été remise. de cet acte, de ce moment, la vie de Mailman chavire. Mais est ce vraiment cet instant qui amène au changement ? On ne saurait le dire. Cela reste un questionnement tout au long du roman. Est cet élément qui déclenche tout ces événements ? Tout ces retournements ? Tout ces questionnements ?
Car oui, nous suivons Mailman et voyons la société à travers le prisme de cet américain de 57 ans, né dans la classe moyenne et qui poursuit une vie tranquille de premiers abords. Cependant, peu après la découverte du suicide du jeune homme, Albert (prénom de Mailman) trébuche contre la poignée d'une porte et se fait mal au niveau des côtes. de cette chute advient un hématome qu va rapidement se transformer e' excroissance. Un excroissance qu'on minimise au départ, jusqu'à ce demander, au fil de la lecture, si elle est vraiment là où si ce n'est qu'une divagation d'esprit... Toutefois, c'est bien elle qui donne ce fil conducteur. C'est quand Mailman divague (avec l'aide de la tumeur ?) qu'il se souvient, qu'il se questionne, qu'il vit différemment. C'est dans ces moments là, que le roman prend tout son sens, l'analyse du développement du monde.

Une lecture percutante en somme. On comprend bien le succès du roman quand on le ferme, même si l'on en sort un tant soi peu perturbé.
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