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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quel drôle de type que cet Albert dit Mailman, facteur d’une petit ville américaine qui ne peut sortir du lit qu’après avoir mâchonné des grains de riz complet cru tout en gardant les yeux fermés. Une vie ritualisée. Une monotonie rassurante établie entre la maison, ses tournées de distribution du courrier et le café de Graham, dressant des remparts invisibles contre les sentiments d’irritation et d’angoisse qui assiègent régulièrement son esprit.
Car Mailman est ce personnage de cinquante-sept ans qui s’impose à nous avec ses démons d’enfants, un homme submergé par ses émotions et son imagination qui vit reclus dans une solitude qui est à la fois son refuge et sa prison, un être abîmé jusque dans ses viscères, "quelque chose pourrit en [lui]" et "risque de bientôt contaminer toute [sa] personne".
Mais il vient forcément un jour où Albert ne parvient plus à se maintenir en équilibre sur la ligne de crête qu’il a érigé, la certitude de la chute se faisant plus forte le jour où il ne distribue pas une lettre à temps. Tel un paumé magnifique, il part, prenant précipitamment une route que lui-seul pouvait décider d’emprunter, celle de la rédemption ou de la déperdition. On espère le voir accéder à une sérénité, ou simplement prendre conscience qu’il a été un fugitif à sa propre existence, un homme absent à ses amours, à sa santé, un homme absent à lui-même…


Dans ce roman éclatant et ténébreux, J. Robert Lennon façonne lentement l’histoire, laissant le temps à ce personnage retranché dans sa vie intérieure de se dessiner un périple. Il tâtonne, se perd, on observe les errances d’un homme intelligent et lucide, mais prisonnier de ses souvenirs sous l’effet d’un double mouvement dans le récit. Celui de la plume habile de l’auteur qui comprime et dilate le temps laissant les fêlures du passé s’entrechoquer et entrer en résonance les unes avec les autres.
Avec un style ferme et serein et une belle sincérité, l’auteur américain nous remet ainsi l’intimité secrète et fragile de cet homme que l’on qualifierait vraisemblablement de maniaco-dépressif. Mis à nu, ce n’est pas beau à voir mais Albert apparaît tel qu’il est : un homme vulnérable.
Roman efficace et profond, mélancolique et moqueur, le dénouement est toutefois quel que peu poussif.
Très belle lecture.
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Tout d'abord, je tiens à tirer mon chapeau aux éditions Monsieur Toussaint Louverture, qui ne cessent de m'étonner. Après l'excellent Et quelquefois j'ai comme une grande idée de Ken Kesey, mon grand coup de coeur de l'année 2013, ils en remettent une couche avec le très bon Mailman de John Robert Lennon. Ce livre est un magnifique objet et la couverture est sublime !

Albert Lippincott alias Mailman est facteur à Nestor, petite ville au nord de l'état de New York. Notre héros de 57 ans, en proie aux doutes, mène une existence monotone, sans la moindre surprise. Il ne reçoit jamais de visite, sa femme l'a quitté quelques années plus tôt et il n'est pas particulièrement proche de sa famille. Enfin, notre homme a quand même une occupation pour combler le vide dans sa vie, et pas des plus banales, il lit le courrier avant de le distribuer. Il va même plus loin, en effet, il ouvre le courrier à la vapeur, le photocopie, le lit puis l'archive avec le plus grand soin, avant de restituer les lettres comme si de rien n'était. Mais un jour, il garde une lettre plus longtemps qu'à l'accoutumée et apprend que son destinataire, Jared Sprain, s'est suicidé. Mailman est-il responsable ? Si Sprain avait eu la lettre, se serait-il suicidé ? C'est ainsi que débute pour Mailman la plus longue semaine de sa vie...

John Robert Lennon amène son lecteur au plus profond du personnage de Mailman, dans sa mémoire, dans son inconscient, au plus profond de son être. de nombreux souvenirs, et autant d'échecs refont surface : sa relation très particulière avec sa soeur, qui'il définit, comme une "tension sexuelle et masochiste latente"; ses séances chez le psy suite à la dénonciation de Kelly Viréo (qui, déjà, le soupçonne de lire son courrier), son séjour en hôpital psychiatrique où il rencontra son ex-femme, son mariage raté avec cette dernière ou encore son escapade complètement foiré au Kazakhstan.

Le personnage de Mailman est attachant, au fil du récit on se prend d'affection pour cet homme qui estime avoir raté sa vie. Ce livre est comique et tragique à la fois, il est bourré d'humour (les passages avec les chats et à la bibliothèque figurent parmi mes préférés), et Mailman ne se gène pas pour clamer bien haut ce qu'il pense. Ce "Monsieur tout le monde" est un homme malmené par la vie et qui tente de trouver le paix. Quant à la dernière partie du livre, en Floride dans ce paradis pour retraités où vivent ses parents, elle est assez surprenante. J'ai passé de bonnes heures (un bon pavé de 670 pages quand même) en compagnie de ce gentil looser qu'est Albert Lippincott.
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Une grande découverte !
Il est habituel chez certains français de critiquer les USA , surtout sur le plan culturel .
On à envie de répondre à ces esprits chagris , qu'entre Karoo , Price et cet opus on à trois bijoux de la littérature contemporaine , venant des USA , et qu'on en redemande .
Cette histoire c'est l'exemple même de la tragi comédie de très haut niveau !
L'intrigue est trés bien tissée , alternant avec brio les moments d'une drôlerie irrésistible et les passages beaucoup plus tristes , avec une qualité d'écriture constante .
Les personnages sont singuliers , avec une profondeur psychologique rare .
Il n'y a aucun temps mort , et l'on se retrouve désireux de continuer la lecture une fois la dernière page tournée .
Un tel plaisir de lecture ne peut se refuser !
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Nom : Albert Lippincott alias Mailman
Profession : Facteur
Caractéristique : Célibataire acrimonieux.

Enfin ça, c'est juste pour planter le décor parce que vu comme ça, à part deux ou trois mésaventures sans importance, on peut se demander quel est l'intérêt d'un livre de plus de 650 pages avec pour personnage central un acariâtre facteur cinquantenaire vivant - à sa décharge - dans une petite ville tranquille où il ne passe jamais grand chose.
Eh bien, J. Robert Lennon coupe l'herbe sous le pied de cette interrogation tendancieuse et nous offre une oeuvre dense, riche en introspections de fonctionnaire lessivé et en aventures aussi humaines (souvent) que farfelues (souvent aussi).

Parce qu'il en a marre Albert ! Marre d'être seul, marre de son boulot, marre de son patron, marre de ses chats... Son seul plaisir, il le puise dans les millions de lettres volées au fil des ans qu'il a méticuleusement photocopié, trié, classé et rangé. Plus aucun particulier de sa tournée n'a de secret pour lui.
Mais tout ça, ça ne suffit pas, ça ne suffit plus à lui rendre la vie plus douce alors il va chercher à la changer. Changer de boulot, changer de condition, changer de ville, changer de pays même... Autant d'échecs cuisants à l'horizon, mais c'est paradoxalement ce qui va nous le faire aimer et de sale type aigri, il passe doucement au statut de loser magnifique (ça, c'est de la promotion sociale !) et on s'attache, on s'attache, on s'attache d'ailleurs tellement qu'arrivé à la fin du livre, on aurait voulu que ça se termine autrement, ou plutôt non, on aurait bien voulu que ça ne se termine pas.

Vais regarder mon facteur d'un autre oeil maintenant...
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Mailman

« La couverture est du kraftpack de 308 gr, imprimé en offset, puis durement cogné. Comme s'il n'avait pas déjà assez souffert » lit-on sur l'ultime et 672eme page de ce livre ainsi que des renseignements utiles sur la nature du papier intérieur, son poids, sa main (très douce), sur les polices utilisées (un peu petites à mon gout) et la taille du bouquin (140mm x195mm).

On ne peut mieux marquer le côté maniaque de Mailman, facteur américain de 57 ans né en 1943 qui lit un peu le courrier des autres et se débat comme le Hoffman des contes entre des amours impossibles humaines ou animales.

Peut-on épouser son infirmière ou sa soeur ? Peut-on vivre avec des chats, ces sales bêtes qui ont toujours peur de vous après dix ans de partage ?

Peut-on survivre à une tumeur qui se développe insidieusement au creux de votre aine et dont le lecteur finit par ressentir lui-même la tension croissante ?

C'est à tout cela et à bien d'autres questions que Mailman, naïf et émouvant, et drôle malgré lui, doit répondre.

L'absurdité des codes sociaux, la vanité des hiérarchies, l'indifférence des proches le rendent fou et l'entraînent dans des aventures absurdes, comme celle qui le conduit au Kazakhstan pour enseigner l'anglais en bénévole complètement paumé.

La vie n'est cependant pas aussi atroce que Mailman se la représente dans la mesure où il vit des moments simples et heureux. Il faudrait qu'il se lise lui-même pour trouver autant d'occasions de rire et de se moquer de ses manies.

Mais la fin est inéluctable pour nous tous et dans le cas de Mailman, dérisoire et pompeuse et qu'il vit comme un rêve.

Personnage central et omniprésent Mailman, curieux compulsif, est un bon et brave compagnon.

Traduction exceptionnellement claire et adaptée.
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Mailman est, comme son nom l'indique, facteur. C'est un type banal et névrosé, comme tout à chacun. Il comble le vide de son existence en lisant le courrier avant de le distribuer. Mailman est aussi un collectionneur : une fois photocopiées, les lettres sont classées et archivées. On se plait à suivre les péripéties de ce paumé magnifique, ses crises de paranoïa, ses accès de colère, de folie et plus largement son inadaptation au monde.

Lorsqu'une lettre retenue trop longtemps semble directement responsable du suicide de son destinataire, la vie de Mailman bascule. C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase même si l'image du barrage qui cède brutalement semble plus appropriée. Cet incident dérisoire en apparence fait exploser une tension longtemps retenue, en atteste les flashbacks qui jalonnent le texte et rendent le passé omniprésent, comme si Mailman avait une vie à l'image de sa tournée quotidienne : circulaire. Impossible d'avancer, de se prendre en main et, a fortiori, de se projeter dans le futur. Trop de culpabilité, de regrets et d'incompréhension envers sa famille (absence du père, tension incestueuse avec sa soeur, etc.), la direction de la poste, le monde en général et surtout lui même.

Cette errance est de plus en plus bouleversante à mesure que la tragédie s'annonce, implacable comme un diagnostique médical. le monde n'est pas parfait, ni même correct, nous dit Mailman à la fin de son voyage (rendez-vous compte : personne n'a encore inventé un tapis anti-dérapant dédié aux photocopieuses !). Looser magnifique, Mailman est passé à côté de sa vie, il n'a pas forcément fait les bons choix, ne s'est pas posé les bonnes questions, et ça le rend tellement humain et terriblement attachant. A lire d'urgence !
Lien : http://lecoutecoeur.wordpres..
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Merde, j'ai adoré ce livre ! Putain, dans mon top 3, Seigneur !
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Un héros aussi barré qu'attachant, une écriture bien sentie et précise, il n'en faut pas plus pour se laisser emporter par ce facteur un peu (beaucoup) dingue qui nous trimbale dans des méandres d'un esprit pas toujours très sain mais ô combien intriguant.
Une fois le livre en main, impossible de s'en défaire sans un pincement au coeur. Sans oublier l'excellente qualité d'impression et un quatrième de couverture savoureux qui donne le ton!

Merci Mailman, ce voyage à vos côtés a été un grand moment.
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De prime abord, quand on commence le livre, on peut se demander à quoi tout cela va nous mener... le quotidien d'un homme assez banal qui est facteur et qui vit dans une petite ville de l'état de New York, un ville un peu perdue mais dans laquelle se trouve une université plutôt renommée... bof. Mais en fait, ce livre est plein de surprises. Albert Lippincott - appelé Mailman tout au long du roman - un est un personnage qui pourrait être vieux garçon, mais ce n'est pas le cas, il a connut quelques aventures, il est un peu "beauf" et a les airs d'un sale type. Il se montre très critique envers ses compatriotes et le monde qui l'entoure et ne se gènes pas pour faire des remarques plutôt grinçantes. Il est solitaire, il n'a pas vraiment d'ami et ne voit les membres de sa famille que très rarement. le pauvre n'a pas été très gâté par la vie. Maladroit et plutôt gaffeur, il est souvent victime d'incidents pas très heureux mais qui vous feront très souvent rire. C'est un facteur pas très heureux qui estime avoir raté sa vie, il mène une existence monotone, les jours se suivent et se ressemblent, sans grande et bonne surprise.

Entre moments présents et anecdotes du passées, l'auteur nous conduit dans l'enfance de Mailman, il nous fait découvrir sa vie d'étudiant, son séjour en hôpital psychiatrique, son bénévolat au Kazakhstan, son mariage et ses autres aventures amoureuses, son quotidien de facteur... un facteur qui se permet d'emprunter le courrier de ses concitoyens, de l'ouvrir, de photocopier ce qu'il l'intéresse et de classer minutieusement tout cela pour ensuite finalement distribuer le courrier aux destinataires. Mais voilà, un jour, il garde une lettre plus longtemps que prévue et son destinataire se suicide, sa vie va alors basculer et les incidents de parcours se multiplier...

Je ne veux pas trop en dire plus pour ne pas gâcher le plaisir de ceux qui se lanceront dans cette lecture. Comme je l'ai déjà dit, j'ai adoré cette comédie noire. C'est un ouvrage à la fois drôle et tragique. C'est pour moi une petite pépite de la littérature américaine, on ne sait pas trop où tout cela va nous conduire quand on commence, mais c'est un livre très prenant qu'il est dur de laisser sur sa table de chevet. le personnage principal est parfait, impeccablement tranchant. Bref, c'est un réel coup de coeur pour moi. En plus, comme tous les livres publiés par Monsieur Toussaint Louverture, l'objet est superbe (je n'arrête pas de passer ma main sur les reliefs, j'adore) et la couverture est très réussie.
Lien : http://desflaneriesetdesmots..
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MAILMAN de J. ROBERT LENNON
Un bijou, une des grandes découvertes récentes pour moi. Mailman, c'est Albert, 57 ans, postier de profession, qui lit les courriers de ses clients et les photocopie avant de les distribuer. Un grain de sable va perturber cet ordonnancement et transformer la vie d' Albert.
C'est un homme perturbé, qui a une relation ambiguë avec sa soeur et a du mal à s'intégrer dans la vie quotidienne. Il est vraisemblablement bi polaire ou, à tout le moins, fortement perturbé dans ses humeurs. Totalement immature on va le suivre dans ses aventures un peu forcées avec un détour par le Kazakhstan qui ne manque pas de saveur.
Le style de Lennon m'a envoûté, il tisse les phrases et les mots tel un magicien qui nous insère dans la tête d' Albert. 600 pages qui se dévorent, je ne peux que vous conseiller de suivre Albert le Mailman dans ses aventures tragi comiques.
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