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EAN : 9782221053195
366 pages
Robert Laffont (01/01/1984)
3.82/5   62 notes
Résumé :
A Rome, poussé par une mère aussi riche qu'ambitieuse, Nicolas d'Ausonne devient éveque à l'âge de vingt-trois ans. L'homme fort beau, c'est un esprit brillant, mais c'est aussi un débauché de la plus spectaculaire espèce. Pour avoir parié sur le mauvais cardinal lors du conclave de 1458 (surnommé le conclave des latrines... ), le jeune prélat tombe en disgrâce et se voit exilé dans un monastère oublié de la Vallée Borgne, une faille aride et dépeuplé située entre C... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
N°340– Mai 2009
LA STRATÉGIE DU BOUFFON – Serge LENTZ- Robert LAFFONT.

Cela pourrait être une histoire banale de celui qui veut réussir à tout prix, ou, à tout le moins, celle de quelqu'un qui est poussé sur ce chemin cahoteux par une mère ambitieuse et riche et qui voit dans son fils l'incarnation de ce qu'elle n'a pas pu faire elle-même. Quoi d'étonnant puisque nous sommes au Moyen-Age, que l'ascension sociale est réservée aux hommes et que pour la réaliser quand on n'est pas d'une haute noblesse, il vaut mieux en passer par l'Église! Nicolas d'Ausone, jeune fils de Marguerite, qui a aussi hérité de sa mère une ambition démesurée, va, bien entendu, marcher dans le jeu maternel, d'autant que notre homme est fort beau, fort brillant, fort débauché, ce qui n'est pas incompatible, surtout à l'époque, pour un homme d'église, et peu regardant sur la manière de parvenir à ses fins. Autant dire machiavélique! Tout cela n'est cependant pas très catholique mais cela lui réussit assez bien puisque le voilà évêque... à l'âge de 23 ans, mais « in partibus infédilium », c'est à dire sans diocèse! Il voit déjà pour lui la pourpre cardinalice et pourquoi pas le trône De Saint Pierre! Las, pour avoir voulu trop vite arriver au sommet, il commet une erreur et choisit de parier sur le mauvais cardinal lors du conclave de 1458. Cette erreur de jugement va lui valoir la réclusion dans un monastère, au milieu de nulle part, dans un coin désolé des Cévennes que sa qualité de SDF [comprenez, « sans diocèse fixe »] le désigne naturellement pour convertir le petit peuple qui en a bien besoin, mais où ni le luxe ni la luxure qu'il affectionne tant n'ont droit de cité. Pour sortir de cette disgrâce et revenir en cour, c'est à dire à Rome, il lui faudra déployer des trésors d'une « stratégie » où le mensonge, la trahison et l'hypocrisie tiennent le haut du pavé. Bouffon, il l'était déjà, à sa manière, mais pour sortir de ce mauvais pas où le destin l'a mené, il va se retrouver dans la situation du funambule de foire, en équilibre sur un fil au-dessus du vide avec le risque de tomber, c'est à dire d'être moqué, mais aussi avec l'opportunité de rebondir, c'est à dire de recommencer en remportant les acclamations de la foule.

A force d'attente, d'expérience et aussi de modération qu'impose l'âge, il finira par retourner la situation en sa faveur et parvenir enfin au but que lui avait fixé sa mère. Rome qui s'était refusée à lui vingt ans plus tôt finit par s'ouvrir à ses desseins!

Il fait, heureusement, la rencontre de deux personnages qui vont l'accompagner, Jean Muret, son serviteur, qui le suit comme son ombre, il est une sorte de témoin privilégié et attentif de ce parcours, un commentateur avisé mais qui sait également faire son chemin, et Marin, pour le moment revêtu de la robe de moine, un peu soldat, un peu médecin cependant, rablaisien assurément, ami de tous les plaisirs terrestres, généreux et charitable, doté d'une belle voix et de beaucoup de charisme qui, tout en gardant son franc-parler et sa vraie personnalité, finira par servir, un peu malgré lui, les ambitions de Nicolas. Ensemble ils pratiquent le jeu d'échecs, ce qui est révélateur de leurs relations!

Ce livre expose des idées contradictoires sur Dieu, celle traditionnelle d'une divinité vengeresse, lointaine et tyrannique qu'on ne sert que dans la crainte, incarnée par la règle des moines de la vallée Borgne et la hiérarchie catholique et celle plus festive et attractive, basée sur la joie de vivre, représentée par Marin. La sainte Église ne sort pas grandie de ce livre.
Il illustre aussi cette malheureuse idée qu'ont les hommes de vouloir à toutes forces « réussir » dans cette vie, comme si cela était indispensable, et pour cela, sont capables de toutes les vilenies.

Nous connaissons tous le Moyen-Age pour avoir été le théâtre de troubles dont l'Église, quoique que catholique et porteuse de valeurs généreuses, hautement affirmées par ses soins, n'en a pas moins suscité hérésies, schismes, commerce des indulgences, affres de l'inquisition... et volonté de domination sur le peuple! Puissance plus temporelle que jamais, le Vatican suscitait des ambitions humaines qui, pour être satisfaites, entraînaient trahisons et magouilles ce qui n'est pas sans évoquer une constante de la triste condition humaine, rappeler également toutes les époques et rendre donc ce livre très actuel.


J'aime bien l'écriture quand elle est fluide et pertinente, comme c'est le cas ici. J'apprécie aussi quand le style est humoristique, voire impertinent, les personnages truculents et l'intrigue pleine de rebondissements picaresques. Tout cela tient le lecteur en haleine jusqu'à la fin!

Je ne connaissais pas Serge Lentz avant que le hasard ne me mette en contact avec ce roman. Je n'ai pas été déçu!


Hervé GAUTIER – Mai 2009.http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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J'ai accroché dès les premières pages, j'ai tout de suite aimé l'humour de Serge Lentz ! Mais j'ai eu un peu de mal à suivre la suite de la première partie avec les relations entre évêques, cardinaux et autres ainsi que l'ascension au titre de pape. Mais j'ai enfin réussi à me rattraper et à plonger avec délice dans la deuxième partie. Finalement, j'ai beaucoup aimé ces personnages truculents, cette histoire d'ouverture, de plaisir, cette façon originale de l'époque de voir la religion, ce doux rêveur de Marin, ces répliques extraordinairement pleines d'humour…

J'arrête là mais la liste peut être encore très longue. Je lirai bien ses autres romans, celui-ci m'a convaincue !
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Quelle déception! Autant j'avais adoré "Vladimir Roubaiev" autant la dernière production de Serge Lentz m'a ennuyé. Certes, le style est toujours présent, plein d'images surprenantes et de portraits dessinés à la sanguine, mais le reste à savoir l'attractivité de l'histoire et sa finalité est absent. le récit débite les vieux clichés sur le catholicisme , tourne en dérision des institutions sans apporter une réflexion approfondie. On se perd dans des aventures invraisemblables, c'est trop long, confus et au final ennuyeux. Comme l'auteur le dit lui même en fin de parcours dans la page 366!
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Ce livre est mon dernier coup de coeur. Vraiment, pas un instant d'ennui, de l'humour, bien écrit. Pour moi, qui ne connaissais pas cet auteur, c'est une révélation. Aussi, je me suis empressée d'acheter un autre de ses livres "Vladimir Roubaïev", un bon gros pavé (prix Inter-Allié 1985) qui attend sagement son heure sur ma PAL.
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Ce roman est une pure merveille.
Une intrique écrite toute en finesse et en dentelle et tout cela avec un humour fou.
A la base c'est un roman "historique" qui se déroule de manière désopilante dans un style truculent. Je le recommande absolument par exemple aux amateurs de Ken Follet, Michel Folco, Ildefonso Faconnes ou Garcia Marques. Ils devraient apprécier.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Ce livre (La Stratégie du bouffon )découvert á sa sortie il y a donc plus de vingt ans m'avait subjugué, transporté, ébloui par sa verve, son intelligence, sa verdeur et sa drôlerie, toutes insolentes et pertinentes à la fois.
Je viens de le relire avec le même bonheur et la même admiration pour son immense et coloré vocabulaire qui nous fait voyager comme on ne le fera plus jamais et tant pis pour nous. Les mots à la mode sont ceux de Houellebecq ou de Despentes dont je ne conteste pas le talent mais qui n'atteignent jamais la gaité d'âme de Lentz. Et la plus mauvaise nouvelle est celle entendue ce matin quand j'ai tenté de trouver les " années sandwich " et que mon libraire m'a annoncé que S.L. n'était plus édité pour cet ouvrage. Monsieur Laffont c'est un affront à l'intelligence encore souhaitée par beaucoup d'entre nous que de supprimer un tel auteur quand on lit les platitudes des auteurs à succès et la banalité de leur prose. Messieurs et mesdames responsables d'édition ne tombez pas dans le piège (déjà tendu aux galeristes qui préfèrent la facilité d'une vue raccourcie pour les nouvelles stars mondiales de l'installation et du ready-made convenu ) et osez le petit tirage d'excellence aux flux asséchants des succès d'un jour gris sans lendemain.
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Aujourd'hui, dans le calme de mon abbaye, lorsque je me trouve libéré pour un temps des ordres abominables de sa Grâce,je pose sur ces intrigues un regard fatigué du voyageur vieillissant.
A quoi menaient ces tortueuses combinaisons? Où étaient les grands projets, les hautes aspirations de l'Eglise? D'où sortirait la main secourable tendue vers ces fidèles qui étouffaient dans l'ombre d'une foi mlaltraitée de toutes parts. A voir grouiller cette foule en robe qui ne parlait que succession, prébendes et basses cuisines, il me venait parfois un profond dégoût de l'appareil et de ses pompes. Le monde n'était-il qu'une foire dont Rome serait le bordel? Et, dans ces désordres cyniques et nerveux, où donc était Dieu?
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La ville était en grand émoi car on allait y pendre un marmiteux coupable d'avoir massacré son épouse. En questionnant les bourgeois, Marin apprit que la femme tourmentait son époux avec tant d'insistance et lui faisait une vie à ce point infernale que le crime
n'était point dénué de fondement. Le pauvre homme avait beau la battre avec conscience, elle ne cessait de lui chercher noise à tout propos....
....l'homme avait tué, il serait pendu, mais non sans avoir été auparavant confessé et pardonné. Certes on regrettait un peu que le sire de Peyrin se soit prononcé contre l'application préalable des pinces et des fers rougis, mais il restait la pendaison et, si le bourreau venu de Villefort ne hâtait pas sa besogne, le spectacle garderait tout son intérêt.
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On ne saurait dire si c’était par hasard ou par malchance, mais, depuis longtemps déjà, les comtes de Lambron mouraient presque tous de manière absurde. Ils tombaient de leurs créneaux, se noyaient dans les douves, s’étouffaient sur des os de volaille ou rencontraient une fin plus brutale encore, comme ce fut le cas pour Pierre Ghislain, décervelé en plein sommeil par la chute inopinée d’un lourd christ espagnol accroché au-dessus de son lit.
A soixante deux ans, Rainaud IV ne fit pas exception à cette malheureuse fatalité.
Un matin, alors qu’un besoin pressant le poussait hors de sa couche, il trébucha contre un chien, se prit les pieds dans les pattes d’un autre et partit la tête en avant sur la cornière d’un gros bahut qui lui fendit le crâne.
Il laissait derrière lui un pays en bien triste état. La peste, les famines et cette interminable guerre contre les Anglais avaient déjà ruiné la terre. Les grandes compagnies venues d’Espagne finissaient de la ravager. On était en 1427, des villages entiers disparaissaient, avalés par les ronces et l’oubli, l’homme devenait rare et le soleil brûlait de vastes campagnes abandonnées. Le vieux comte mourait en ne laissant que des filles et sa couronne vint donc coiffer la tête déjà chenue de son frère Alodet.
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Aucune bonne action ne demeure jamais impunie.

Chesterton
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