Ouvrage bien utile proposé aux professeurs et étudiants concernés par la lecture et l'étude d'une littérature parmi les plus anciennes au monde, la littérature akkadienne. Son prix est relativement modéré (une trentaine de dollars, dans un domaine éditorial où les livres sont hors de prix), et le texte est synthétique, rassemble tous les renseignements nécessaires, résume chaque oeuvre importante et ce qui a été écrit à son sujet. Le style est regrettablement universitaire, mais le sujet l'impose : nos connaissances sur l'Antiquité orientale et pré-classique sont conjecturales et fragiles, toujours sujettes à révision et à discussion. Et l'analyse littéraire est ouverte à tous les débats : un spécialiste, philologue, archéologue, linguiste, ne s'y aventurera qu'avec la plus extrême prudence. Ce sera un bon livre de consultation et d'usage, mais comme le plan et le propos sont énumératifs, un lecteur curieux s'ennuiera vite.
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Il faut comprendre le mot "littérature" dans le titre, en un sens élargi, comme c'est souvent le cas en assyriologie, plutôt qu'au sens de "belles-lettres" utilisé pour les langues modernes. Bien que les poèmes narratifs et les textes littéraires au sens traditionnel du terme occupent une place éminente dans les pages qui suivent, il y a aussi des satires, des proverbes, des dialogues, des prières et des hymnes. On retrouvera cette définition inclusive du mot littérature dans l'importante anthologie de Benjamin Foster "Before the Muses" (3° édition, 2005), excellent moyen de se familiariser avec les textes évoqués ici. En plus de ces textes et pour adopter une définition plus large et plus ancienne du mot littérature, on a inclus dans cette étude les inscriptions royales, les traités, les collections de lois, les séries de présages, et autres textes érudits. Ce livre évoque donc sous le nom de textes littéraires tout écrit ayant un caractère littéraire, politique, scientifique et religieux - catégories séparées de façon anachronique et artificielle par nos classifications actuelles.
pp. 6-7
Epopées mythologiques et héroïques.
Les textes examinés dans cette section se concentrent sur ces dieux et se passent le plus souvent au temps primordial - un âge d'avant le monde tel qu'il est aujourd'hui. On trouve aussi les histoires de quelques héros exceptionnels, Atram-Hasis, Etana, Adapa et Gilgamesh, demi-dieux comme Gilgamesh ou bien en relation étroite avec les dieux. Nous n'avons aucune trace historique fiable de l'existence de ces hommes. Sur la base de ressemblances globales avec l'histoire littéraire occidentale, on appelle ces textes de dieux et de héros, mythes et épopées. L'usage de ces mots est problématique, car ... "nous n'avons aucun instrument pour distinguer ces textes des autres poèmes narratifs de Mésopotamie... (Et rien ne nous autorise) à les associer à des épopées de l'âge classique, ou du Moyen-Age européen." (Vanstiphout) De plus, il est difficile de distinguer le mythe de l'épopée. Foster observe que les savants utilisent indifféremment l'un et l'autre mot. Donc le titre de cette section vaut pour sa commodité, mais ne dit rien de la nature de la tradition poétique akkadienne.
Traduit, adapté et résumé, pp. 79-80.
(Littérature orale ? Conférence-débat à Groningen sur la question)
Piotr Michalowski écrit que la littérature mésopotamienne "est une tradition écrite hautement codifiée, qui a bien pu se transmettre parfois oralement, mais ce ne fut qu'un mode particulier de communication, différent des autres littératures vernaculaires existantes [homérique, serbe, etc]. Bien sûr, on peut poser une influence mutuelle entre littératures orales et écrites, mais on ne retrouvera jamais aucun document illustrant les interactions entre ces deux traditions."
Lors de ce colloque, un participant résuma les contributions en disant qu'il faut chercher dans les textes mésopotamiens ce qui frappe l'oreille (aurality) plutôt que le folklore oral (orality).
p. 41