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La Princesse Ligovskoï de Mikhaïl Lermontov (1814-1841) est un roman inachevé et c'est bien dommage !
Lermontov le commence en 1836 mais à la suite d'une dispute avec son cousin Nicolas Stolypine, il est arrêté, emprisonné, accusé d'« appel à la révolution », puis exclu de la Garde et envoyé dans un régiment de dragons dans le Caucase où il écrira entre autres le Démon. La Princesse Ligovskoï est publié pour la première fois en 1882 dans la revue littéraire le Messager russe, bien après la mort de son auteur.


le roman débute par un accident spectaculaire et emblématique. « En 1833, le 21 décembre à quatre heures de l'après-midi » dans le centre de Saint-Pétersbourg, un jeune fonctionnaire est renversé par un traineau qui appartient à un officier de cavalerie de la Garde. le trotteur bai et le plumet blanc filent sans se retourner. Pendant que le jeune fonctionnaire rumine son amertume, l'officier qui est arrivé dans son riche palais décoré d'un luxe clinquant, oublie immédiatement ce qui s'est passé. Grégoire Alexandrovitch Piétchorine, que les siens appellent Georges, à la française, a bien d'autres chats à fouetter. Il intercepte une carte de visite destinée à sa mère et y lit , imprimé en caractères gothiques : «  le prince Etienne Stiépanovitch Ligovskoï et la princesse ». Il tressaille, il pâlit et jette la carte au feu avant de s'en repentir. le soir même, au théâtre Alexandra, Piétchorine revoit une ancienne conquête et s'empresse de l'éviter. Puis il se rend au restaurant Phénix et tombe sur Krasinski le petit fonctionnaire qui exige des excuses. Piétchorine en réponse propose de régler leur différend par un duel...

Ce petit roman est épatant. On ne s'ennuie pas une seconde. D'abord les deux intrigues sont savamment entrecroisées avec digressions et clins d'yeux au lecteur. On se demande jusqu'au bout comment vont tourner l'affrontement entre le petit fonctionnaire désargenté et le riche officier, et puis les retrouvailles sentimentales entre Piétchorine et la Princesse. Ensuite la peinture de la société mondaine pétersbourgeoise est formidable, précise et ironique. On a une galerie de portraits esquissés en deux ou trois traits saisissants et cruels à la Gogol. Les descriptions des lieux sont remarquablement concrètes et précises. Les dialogues sont fameux, dans la vie quotidienne, chez les domestiques, au bal ou au dîner. Les conversations y sont vides et pompeuses, les potins, les calomnies terribles s'enchainent avec le plus grand sérieux, au point qu'une vieille dame manque de s'étouffer avec ses asperges. Les dames ne sont pas épargnées. Piétchorine est arrogant, cruel et cynique mais aussi très complexé. Il cherche constamment à savoir ce que les femmes pensent de lui. Il est jaloux de Krasinski au physique avantageux qui fait tourner les têtes. Piétchorine feint le cynisme à la mode pour épater la galerie «c'est-à-dire être connu comme une personne capable de faire le mal quand bon lui semble » et il réprime en même temps ses véritables sentiments. Il rappelle par certains aspects Eugène Onéguine, cité en exergue ("Tire ! Tire ! crie une voix"). Il cherche à être reconnu de la bonne société et la méprise tout à la fois. le personnage de Piétchorine sera amplement développé dans le chef d'oeuvre Un héros de notre temps.

Lermontov est un immense écrivain, méconnu en France. Ce petit livre permet de le découvrir.
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Les princesses ne sont plus ce qu'elles étaient… l'ascension sociale, les mariages arrangés et l'importance accordée au profil social ont transformé le visage de l'aristocratie pour donner jour à des princesses dont seule l'illégitimité semble incontestable. Afin de transmettre une image de cette situation bien connue de son quotidien, Lermontov écrit dès l'âge de vingt-deux ans l'histoire de la Princesse Ligovskoï.


A Saint-Pétersbourg, au cours de la première moitié du 19e siècle, Georges retrouve Viérotchka, une ancienne maîtresse. le désarroi de la jeune femme semble immense –elle ne le cache même pas à Georges, reconnaissant avoir compromis son avenir et sa jeunesse pour obtenir un titre qui ne lui apporte finalement aucune satisfaction. Les retrouvailles s'effectuent donc sous le signe du malheur ambitieux, recoupé par le regard cynique et moqueur –insensible !- de Georges. On reconnaît derrière ce personnage le caractère du jeune auteur : son désenchantement, ses désillusions amoureuses, son goût pour l'(auto)dérision et son ambivalence vis-à-vis des soirées mondaines se confondent pour former un autoportrait dont la sincérité ne manquera de convaincre aucun lecteur.


L'histoire, si elle avait été racontée du point de vue de la princesse larmoyante, aurait sans doute été lourde, gonflée de colifichets, artificiellement éplorée ; racontée du point de vue de Georges, elle prend une tournure cruellement joviale, virevoltant de l'aversion la plus injustifiée (quoique toujours assumée) à l'humour le plus piquant. le ton est enlevé, léger, faisant la part belle aux divagations et aux considérations les plus extravagantes d'un personnage enflammé. Surtout, Lermontov réussit à prendre suffisamment de distance avec son sujet pour en faire ressortir les caractéristiques les plus notables –ouvrant ainsi une voie de communication directe avec le lecteur français du début du 21e siècle.


Bien que l'histoire soit inachevée, la frustration sera légère. Lit-on l'histoire de la Princesse Ligovskoï pour son dénouement ? Non. Mais pour la cruauté réjouissante de ses considérations –oui !


Lien : http://colimasson.over-blog...
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Je m'empresse de poster mon avis sur ce petit roman de 122 pages. Commencé en 1836 et inachevé, il laissera (tout comme moi), les lecteurs sur leur faim mais peut-être est-ce là le secret de son succès ? Son auteur, Michel Lermontov, né le 3 octobre 1814 à Moscou, exilé à deux reprises au Caucase. Il est tué dans un duel en juillet 1841.
A premier abord, la princesse Ligovskoi ne laisse pas indifférent. A Saint-Pétersbourg, tomber amoureux d'une femme est chose naturelle, lui faire une cour assidue rentre dans les convenances de la société Russe, éconduire une et faire souffrir une autre est une « bataille gagnée ».
Je ne peux dire laquelle des deux femmes est à plaindre le plus car sont égales dans la douleur du coeur et même leur bourreau, le beau Pietchorine n'est pas aussi vainqueur qu'il le croit.
Je vous recommande de lire ce petit bijou, juste pour découvrir une plume aussi légère et gracile qu'une valse à Saint-Pétersbourg.
La couverture est magnifique !!!
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J'ai aimé "La Princesse Ligovskoï" de Michel Lermontov. Ce roman inachevé nous offre une description de la société russe du XIXème siècle où Georges (dit Petchorine) et Vierotchka se sont aimés mais, suite à la mobilisation de Georges à la guerre, se sont perdus de vue.

Georges est devenu un officier de la Garde, cynique ainsi que cruel, et le jour où il retrouve Vierotchka, qui est, quant à elle, mariée au vieux prince Ligovskoï, lui avoue (implicitement) qu'il ne l'a jamais oubliée...

J'ai beaucoup aimé les descriptions complètes des personnages; l'auteur, qui emploie tout au long du roman, le pronom personnel "je" nous indique son point de vue et permet ainsi au lecteur de "s'introduire" dans cette fantastique vie mondaine de Pétersbourg.

J'ai vraiment "dévoré" ce livre même si la fin, étant ouverte, m'a laissée curieuse de connaître la suite de cette histoire si captivante !

Un très beau livre que je conseille à tous ! A lire.
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Les fastes et les mondanités de l'aristocratie tsariste, à Saint Petersbourg.
Derrière l'histoire sentimentale entre le jeune mondain Georges et la princesse Ligovsköi, intrigue toute en allusions discrètes (on ne sait ni le comment ni le pourquoi de leurs amours), Lermontov peint un monde qui évolue entre réceptions, snobisme, raillerie et jalousie.
Je découvre avec ce roman un auteur qui me semble un brin sexiste.. Pour preuve, le tableau très réducteur des femmes à la page 77 "mais nous autres femmes, nous nous abandonnons si facilement aux accoutumances du coeur, et nous pensons si peu, malheureusement, à la culture en général, à la gloire de l'Etat."
Frivolité, coquetterie et cupidité seraient donc les particularités les plus visibles de la gent féminine, à en juger par la description de ces dames, lors du bal évoqué page 116 : "Que d'yeux étincelants et d'étincelants brillants, que de lèvres roses et de roses rubans... merveilles de modes. ravissants petits pieds et souliers merveilleusement petits, épaules marmoréennes et fards français...phrases sonores empruntées aux romans à la mode, bijoux de location."
Les messieurs, qu'ils soient jeunes officiers, vieux barbons ou fonctionnaires laborieux ne valent guère mieux. Cette société décadente préfigure-t-elle la tourmente qui s'ensuivra ? dans ce pays que j'aime malgré tout.
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Quel dommage que Lermontov n'ait pas terminé ce roman qui porte en lui tous les germes des grands romans à venir de Dostoïevski !

Mikhaïl Lermontov, grand écrivain de l'âge d'or de la littérature russe romantique et contemporain de Pouchkine, ne nous a laissé que les neuf premiers chapitres de ce roman déjà brillant avant de l'interrompre à peine un an après l'avoir commencé. En effet, en février 1837, il est arrêté et emprisonné pour le poème vengeur et jugé subversif qu'il a publié sur la mort tragique de Pouchkine puis est exilé sur le front du Caucase. Lermontov ne prolongera et ne terminera jamais ce roman, expliquant que "les circonstances ont changé". Bien sûr, au Caucase, c'en est fini des bals et des soirées au théâtre et c'est une vie de militaire et des combats qui l'attendent.

Avant cet exil, Lermontov a fréquenté le milieu mondain de Saint-Pétersbourg et a eu quelques expériences sentimentales plus ou moins malheureuses, qui ne lui ont pas toujours fait honneur. le romancier s'en est directement inspiré pour se livrer à une belle étude psychologique doublée d'un portrait de la vie de plaisirs et d'oisiveté que menait l'aristocratie pétersbourgeoise. le roman aborde ainsi plusieurs thématiques : l'état d'esprit superficiel de la noblesse de Saint-Pétersbourg, la lutte des classes qui oppose deux jeunes hommes, Piétchorine, oisif fortuné et détestable et Krasinski, fonctionnaire pauvre au caractère ombrageux, les amours contrariées de Piétchorine avec Vièra, les jalousies des deux anciennes conquêtes de Piétchorine...

Les figures masculines m'ont semblé être traitées avec plus de profondeur que les figures féminines. Et le personnage de Krasinski préfigure un certain type de personnage populaire dostoïevskien : un homme au coeur noble, fier et révolté, qui se bat sans moyens contre la société.

Malheureusement, la narration de la Princesse Ligovskoï s'arrête au moment même où les portraits des différents protagonistes sont bien achevés, où la haine entre les deux jeunes hommes s'est durablement installée et l'intrigue suffisamment étoffée pour nous laisser entrevoir les prémices de développements dramatiques...

Bien que le roman soit resté inachevé, Lermontov a repris son cynique héros Piétchorine pour en faire le personnage principal de son roman Un héros de notre temps, mais dans une veine plus réaliste...

Si, à l'instar de Pouchkine, Lermontov n'avait pas connu la même fin tragique lors d'un duel, quels magnifiques romans n'aurait-il pas encore écrits...

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Une lecture agréable, avec l'envie d'en savoir le dénouement, l'écriture est un plaisir. L'histoire, je l'ai acceptée, le début est plutôt drôle, curieux, puis, je me suis ennuyée, en raison des répétitions des situations. Superbement écrit, oui, mais je n'ai pas compris le fond.
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Court texte de Michel Lermontov, La Princesse Ligovskoï est un roman inachevé. Assez frustrant donc de ne pas savoir ce qu'il advient des deux héros, mais un pari que l'on prend en ouvrant ce livre. Difficile donc d'en dire beaucoup sans trop dévoiler l'intrigue.
La plume est très fluide et se lit avec aisance. Les phrases, longues, très ponctuées et souvent très imagées, invitent à la rêverie. le narrateur nous entraîne avec malice dans cette histoire.
Une plongée dans la société pétersbourgeoise des années 1830 très agréable, portée par l'étiquette et les conventions de l'époque. Une intrigue bien menée, prélude à un roman qui aurait pu être très prometteur...
Un très bon moment de lecture, très rapide...
Lien : http://bouquinbourg.canalblo..
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Un regret: roman inachevé. Alors on reste sur sa faim, alléché par un très intéressant début et un déroulement qui s'annonçait riche en rebondissements...
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Une belle découverte avec ce livre qui parle des princesses russes en l'occurrence l'histoire de la princesse Ligovskoï. Nous sommes au XIXe siècle à Saint-Pétersbourg, Georges, un jeune officier de la Garde retrouve après des années Vièrotchka, son ancien amour perdu. Cette dernière est marié avec le vieux prince Ligovskoï mais ceci ne vas pas empêcher la renaissance de leurs sentiments l'un pour l'autre.
J'ai beaucoup apprécié le style de l'auteur qui nous offre une histoire fluide et assez légère qui n'est pas sans nous rappeler les belles valses russes.
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