J'adore le titre ! Une ou plusieurs
morts ? Puis 18 mauvaises nouvelles... un jeu de mot qui montre bien l'humour des Artistes Fous, même le résumé s'y met.
Vincent « Vinze » Leclercq nous introduit l'anthologie dans un ton sérieux, nous faisant profiter d'une très bonne culture générale et nous amenant tout de même des touches d'humour. La/les mort/s n'est pas un sujet toujours facile à aborder mais ça reste un thème universel et ça amène « une variété d'histoire possibles ». Alors laissons-nous guider par Les Artistes Fous !
1.« Ne va pas par là » de Martin Lopez et illustré par Maniak
Le texte est écrit du point de vue d'un enfant, qui se retrouve seul pour la première fois dans le grand jardin de papi et mamie, avec ses endroits interdits. Il n'en faut pas plus pour un petit garçon de cinq ans pour s'aventurer, rage au ventre, dans ces endroits interdits. Beaucoup de rebondissements, un rythme adapté à l'action en cours et une fin douce qui rappelle le thème de l'anthologie, voilà ce à quoi nous devons faire face dans cette première nouvelle.
2. « Le moine copiste et la Blanche-Face » d'
Olivier Boile et illustré par Cold Mint Art
On est après la « Grande Hécatombe », tragédie qui semble se perdurer au sein du monastère. le texte est au passé, le style agréable. Ca permet de nous faire survoler les entrailles de ce lieu sacré. La fin m'a fait sourire.
3. « Le manoir aux urnes » de NokomisM et illustré par Cham
On profite de l'histoire à travers le regard d'une jeune femme, venue assister à un séminaire dans un manoir très spécial. Histoire d'urnes funéraires, d'apparitions fantasmagoriques. Beaucoup de descriptions pour nous plonger dans l'atmosphère énigmatiques des lieux et de dialogues pour nous donner un rythme. L'esprit peut jouer des tours, d'autant plus la nuit où la lumière filtre trop peu et laisse les ombres danser. Mais quand la protagoniste enfile un collier qui ne lui appartient pas, la voilà plongée dans un corps qui n'est pas le sien, une fête qui se joue chaque nuit dans sa chambre et un manoir rajeuni. Puis c'est la chute... de l'histoire !
4. « Ambre Solis » de
Gallinacé Ardent et illustré par Christophe "FloatinG" Huet
Témoin du futur venu observer les meurtres du présent, comme une personne invisible qui ne peut pas interagir. Phrases courtes, scènes tout aussi courtes et tranchantes. En fait il s'agit d'un médium qui peut plonger dans des photos et vivre la fin de l'être qui y apparaît. Mais si cette fois les
morts apparaissaient dans le monde réel ? Ou si elle avait été dans la photo de trop ? le texte est de plus en plus rapide, on est comme englouti dans la détresse de cette jeune femme.
5. « Le fils du tyran » de
Stéphane Croenne et illustré par Maniak
On commence par la mort d'un châtelain et la survivance de son fils. Phrases longues de plus en plus longues La vision de cet homme est révoltante et on voir bien l'éducation reçue par ce père qui l'idolâtre. L'auteur nous entraîne dans la folie de cet hommes. Ce n'est vraiment pas pour les âmes sensibles.
6. « Oh oui... » de
Bruno Pochesci et illustré par JohnHK
Bienvenue à Pole Emploi ! Texte satirique à souhait. Par contre, quand arrive des termes intergalactiques.... Là franchement c'est bien joué ! Je voulais être secouée, je le suis. Avec humour, le dénouement me fait face et je dois dire que j'adore cette méthode. Bravo à l'auteur !
7. « Le chemin de la vallée inondée » de Diane et illustré par Xavier Deiber
Dans un monde où les robots servent les humains, John essaie d'en créer un avec une intelligence artificielle, Martin. Thème redondant.
Mais voilà que John disparaît lors d'une mission sur Mercure. Alors sa femme, Marina, malgré la douleur suite à la mort du chien perpétrée par Martin, envoie le robot récupérer le corps de son mari.
Plusieurs années plus tard, le voilà de retour avec le corps momifié de John. Finalement Marina va le garder. Martin sera plus humain que robot tout le long de sa vie. Texte touchant autour de la famille, de l'amour, de l'amitié.
8. « Demain sera un autre jour » de Crazy et illustré par Milia Plavre
Dans cette nouvelle, les personnages évoluent dans un monde de mutants et d'humains. Joshua, le père, est capable de se régénérer, ce qui lui confère ce grand malheur d'enterrer ses enfants. On vit toute cette histoire à travers ses pensées et de rares dialogues pour agrémenter.
9. « Mammam-IA » de
Tesha Garisaki et illustré par Xavier Deiber
Nathan enterre sa mère et fait un discours très explicite à son sujet : ce n'était pas le grand amour filial. En rentrant dans sa « nouvelle » maison, il entend la voix de sa mère... Elle a fait en sorte de devenir une intelligence artificielle via le Cloud ! Histoire amusante sur le fonctionnement numérique et l'évolution des technologies qui pourront aider des
morts à reprendre vie sur le net. C'est une idée effrayante ! L'auteur le fait avec beaucoup d'humour et de sarcasme. C'est très agréable.
10. « Venus Requiem » d'
Emilie Querbalec et illustré par Arzh et Tessa
Najjar
On suit l'histoire à travers le regard de Vénus. On est dans un univers de science-fiction où la protagoniste utilise la mort pour nourrir ses « téléspectateurs ». Mais ce type d'images s'essouffle jusqu'à qu'un chasseur de têtes ne ramène une Delphinienne capable de voir la mort des gens. Cet oracle pourrait bien changer la donne.
Le rythme est bon, le style agréable et la fin est rafraîchissante.
11. « Le temps des moissons » de
Southeast Jones et illustré par Sebastian "Stab" Bertoa
Première personne, temps au présent, l'auteur nous plonge directement dans le vif du sujet. Il s'agit d'un enregistrement concernant une maladie qui exterminerait les êtres vivants : le Syndrome de Résurrection Latente. de manière scientifique, il est expliqué ce que sont les « trépassés ».
On suit le docteur Archibald Galen dans son nouveau poste au Letmo (Laboratoire d'Etude des Trépassés en Milieu Optimisé). Recherches sur les «
morts-vivants » qui au bout de 11 ans commencent à avoir des racines qui poussent à certaines extrémités, même la flore en est modifiée. Mais voilà que le docteur a 10 jours de congé... Et la révélation est là ! Très bon rythme de lecture, rebondissements et scènes pas toujours plaisantes mais dans le thème. Encore une nouvelle intéressante.
12. « Robô » de
Xavier Portebois et illustré par Stef-W
L'histoire commence au coeur d'une décharge à Rio. Adão découvre le corps d'un homme de type européen. Il est rejoint alors par Pio et Eva. L'homme se montre, dans une supplique, aux enfants. Il s'agit d'un zombie... ou plutôt d'une « IA d'assistance personnelle à la survie » dont le propriétaire, mercenaire contre un gang brésilien, est mort. Nous voici donc avec un « zombie-cyborg » et trois adolescents. Malgré la ressource qu'il pourrait être pour les jeunes, Robô doit finir d'accomplir la mission de feu son propriétaire. A son retour, le drame se produit...
Triste histoire pour ses gamins et cet ami éphémère. Toutefois, elle est bien racontée, dans des termes justes.
13. « Die Nachzehrermethode » de
Quentin Foureau et illustré par Cham
Description du Docteur Gustav Adam Wolf puis de son travail, voire même de ses découvertes sur la toile de Schwabe, « La Mort et le fossoyeur ». On est plongé dans ses recherches, je dirais même dans son obsession.
Dans une écriture poétique, l'auteur nous immerge dans la manière de créer une créature dont seul le Docteur a le secret. Mais non il ne s'agit pas de Frankenstein.
14. « Le mécanisme de la mort du langage » de Mort Niak
La famille Tennant a reçu un paquet étrange : une boîte noire avec un bouton unique. de quoi s'agit-il? Sans réponse, on découvre qu'elle modifie le langage et que le mot « mort » remplace beaucoup de mots. Pas toujours facile de comprendre le texte quand nous-mêmes ne sommes pas soumis à cette boîte. J'en suis morte de rire !
15. « Délivre-nous du mal » de Ria Laune et illustré par Venom
A travers les yeux de Maude, on voit la déchéance de sa mère. Alzheimer ? Elle cherche Agathe, la petite soeur, mais sa fille aînée ne répond pas aux questions. On apprend que la petite est morte, tuée des mains de sa mère, devenue folle, « irresponsable de ses actes ».
Maude est décédée aussi, trois mois après. Mais voilà qu'elle revit continuellement cette journée. Elle hante sa mère, qui peut la voir. Maude a besoin de comprendre le comportement de cette femme, si elle n'avait succombé à la mort avant. Pourtant, les mêmes mots se répétent derrière elle...
16. « Les âmes de la foire » de Vincent T. et illustré par Lenté Chris
Ça commence par une tournage dans une église. On est dans la peau d'un metteur en scène tombé sous le charme de l'organiste, alors qu'il est encore marié. Mary hante ses pensées, au point d'apparaître plusieurs fois sur la route du retour. Et après une embardée, Harold se réveille sans voir les membres de son équipe, et répond à l'appel de la musique venue d'un bâtiment au loin. Je ne sait pas trop dans quoi je suis plongée : rêves, hallucinations ou réalité... Mais ce qui est sûr est que même si finalement je me doutais du sort de Mary, je suis stupéfaite de la vidéo réalisée par Harold.
L'auteur a ajouté des notes à la fin de sa nouvelle nous relatant un résumé de la biographie de Harold « Herk » après cette histoire.
17. « Tri Nox Samoni » de
Jérôme Nédélec et illustré par Simon "Kinglizard" Back et Fred "DreamProphet" Wullsch
Le style et le vocabulaire sont adaptés à l'intrigue. Dans une guerre de clans, Volcorix se bat contre Turcorix, le chef en place et imbu de pouvoirs et perd. Il est fait prisonnier avec son fils Alarcos, apprend que ses ennemis ont tué sa femme et ses filles sans ménagement. Désormais c'est à leur tour, père et fils seront sacrifiés dans la tradition de ces peuples, leur permettant d'accéder à l'Autre-Monde. Mais c'était sans compter sur la fourberie de Turcorix qui a demandé au Vate de les découper et empêcher leur corps d'être avalé par le marais. Finalement, le père arrive à se libérer de ses liens, tue trois des ennemis présents pour leur sacrifice et fait une ultime requête aux Dieux. Alors qu'il est censé être mort, Volcorix va rétablir l'équilibre.
Beau récit de combat, j'aurais pu me croire dans « Braveheart » ou autre biopic, récit de guerre.
18. « La dette du psychopompe » de Guillaume G. Lemaître et illustré par Lenté Chris
Le thème est annoncé dès la première phrase : nécrophilie. Âmes sensibles s'abstenir. le texte n'est pas écrit de manière choquante, même si le sujet l'est. le psychopompe est en continuelle recherche de partenaires qui pourraient lui apporter toute satisfaction. Il finit par avoir sa propre entreprise de pompes funèbres. Toutefois son réel plaisir ne s'exprime qu'avec des suicidés, des personnes ayant choisi la mort. Alors dans une macabre machination, il va amener des gens au geste fatal. Jusqu'à être découvert par le fils d'une de ses « victimes ». le croque-
mort se contenta donc des suicidés amenés à son entreprise. Mais voilà qu'une jeune femme de 19 ans, revient à la vie lors de leurs rapports sexuels ! Après plusieurs tentatives pour la tuer, rien n'y fait.
Trente ans plus tard, Valérie et Georges organisaient des suicides collectifs à spectacle. Non pas pour satisfaire les besoins nécrophiles du croque-mort mais pour soulager l'obsession de la jeune femme toujours attirée par la mort, qui se refuse à elle.
Finalement, on retrouve Valérie en déesse se délectant des orgies avec ses fidèles où se pratiquent aussi la nécrophilie.
Texte à rebondissement, bien écrit, il est facile de lire cette histoire. le sujet est particulier mais au-delà de l'horreur de ce genre de pratique, il faut reconnaître la force de l'intrigue.
Conclusion :
La mort prend plusieurs visages et cette anthologie vous en propose quelques-uns : la Faucheuse, l'intelligence artificielle ou l'immortalité, tout était bon pour coller au thème et nous faire apprécier la vie. J'ai beaucoup aimé cette anthologie. Si votre âme n'est pas trop sensible, jetez-vous à l'eau et nager dans les eaux troubles de "
Mort(s)".
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