L'écologie, un moteur de la transformation sociale radicale…
Dans le mouvement syndical, certain·es opposent la défense immédiate de l'emploi aux dimensions écologiques. Les deux ne sont pourtant pas incompatibles, pour autant que l'on ne réduise pas les emplois aux emplois aujourd'hui existants, que l'on s'interroge sur les productions inutiles ou dangereuses, que l'on pense les transformations du point de vue des salarié·es aussi comme citoyen·nes, que l'on n'oublie pas la solidarité internationale des travailleurs et des travailleuses. Se saisir des dimensions environnementales, climatiques, écologiques dans les rapports sociaux de travail est une nécessité pour ne pas rester sur la défensive face aux restructurations capitalistes. Si la dimension réduction du temps de travail est essentielle, elle devrait être articulée avec une transformation des procès de travail, des débats démocratiques sur les utilités sociales, des localisations au plus près des utilisateurs et des utilisatrices, le refus des accords dits de libre-échange et des primes à l'exportation, la souveraineté de toutes les populations…
Quelques éléments choisi subjectivement dans les différents articles proposés.
* La régularisation de travailleurs sans-papiers grévistes de Chronopost (une filiale de droit privé détenue à 100% par La Poste). La sous-traitance en cascade, les temps partiels imposés, l'auto-organisation des salariés et la solidarité. Reste cependant d'autres salarié·es à « régulariser »…
* le congrès de Tours et les premières années du PCF ne furent pas ce que l'histoire officielle de ce parti a longtemps diffusée, les animateurs syndicaux tel
Pierre Monatte ou
Alfred Rosmer furent effacés, les positionnements de syndicalistes féministes – pas seulement contre la première guerre mondiale – furent oubliés, le court moment révolutionnaire dissous dans le stalinisme et le nationalisme. Reste encore à réhabiliter historiquement toustes les militant·es qui firent de ce congrès un congrès de l'espoir…
* « Il s'agit de faire reposer le syndicalisme sur deux pieds : d'une part le travail de défense du quotidien des travailleuses et des travailleurs contre les injustices et les illégalités patronales et/ou hiérarchiques ; d'autre part, travailler à changer en profondeur la société et son organisation, pour sortir de l'aliénation et de l'exploitation : c'est à dire la transformation sociale ». Aussi bien la défense quotidienne que la transformation sociale désirable impliquent de questionner les moyens d'y parvenir et l'articulation des combats. de ce point de vue, le prisme de l'écologie est un apport nécessaire, « fin du monde, fin du mois, même combat ! »…
* Les écoféministes proposent de se projeter autrement dans le monde de l'après-covid19. « C'est une critique radicale de la structure oppressive de la société pour nous libérer tous·tes »…
* La COP15, les diversifications des modes de mobilisation, le barrage de Sivens, la répression policière, la COP21, l'urgence à agir, les mouvements de jeunes, la désobéissance civile, « La crise sociale qui s'ouvre, à la suite de la crise sanitaire due au coronavirus, met en exergue – s'il était encore besoin – l'intrication social/écologie et les enjeux à agir conjointement sur les deux sujets, pour construire le rapports de force salutaire permettant de déboulonner le capitalisme et tous les mécanismes de domination, patriarcat, discriminations raciales et de genre »…
* Des auteurs et autrices proposent des analyses sur des entreprises ou secteurs économiques, Lubrizol, le risque sanitaire et les « crimes industriels », les responsables de l'assouplissent de la réglementation, les nécessaires dispositifs de contrôle par les salarié·es, la question de l'utilité sociale de la production ; les enjeux de la production d'électricité (je regrette l'ambiguïté sur le nucléaire), la décentralisation et la planification sous contrôle citoyen, le refus du démantèlement et de la privatisation d'EDF (il me semble important de revendiquer les restitutions aux populations concernées des entreprises achetées à l'étranger et la construction d'un service public européen et/ou euro-méditerranéen de l'énergie) ; les enjeux écologiques dans les programmes scolaires, la place des industriels dans les projets d'« école numérique » – un article est consacré aux zones grises du numérique – ; le secteur aérien dont les entreprises dites à bas coûts, l'intermodalité des territoires. Comme pour l'énergie, l'alternative ne peut-être qu'un service public au moins européen, la baisse des mouvements des marchandises et des déplacements de type professionnels, la sobriété dans les éléments touristiques et le refus d'empiéter sur la souveraineté des populations des pays desservis. Si rien ne devrait se décider sans les salarié·es et les citoyen·nes, le rôle des transports dans les échanges internationaux implique aussi d'être abordé aussi sous leur place dans la marchandisation du monde. La question écologique est largement imbriquée aux dimensions socio-économiques…
Au delà des remarques précédentes, il me semble que les secteurs industriels ne peuvent être analysés sans prise en compte de leur rôle dans l'accumulation du capital, la mondialisation des chaines de valeur et la construction de cascades de sous-traitance, la mise en concurrence internationale ou régionale des salarié·es. La maitrise des décisions ne peut se limiter aux salarié·es des entreprises mères en France et des intérêts dits « nationaux »…
* J'ai notamment été intéressé par l'article de Nicolas Girod : Un plan de transition sociale et écologique de l'agriculture. L'auteur, porte-parole de la Confédération paysanne, aborde l'épuisement des ressources et la précarisation des populations, les politiques agricoles, les besoins alimentaires, la nécessité d'augmenter le nombre de paysans et de paysannes, les savoir-faire et l'autonomie, les modèles de polyculture-élevage diversifiés, les logiques de l'agro-écologie, le redéploiement de l'agriculture paysanne, la relocalisation des systèmes alimentaires, les réformes de la politique agricole commune… J'ajoute les nécessaires partenariats transfrontaliers pour assurer la souveraineté alimentaire de toustes, limiter les productions destinées à l'exportation, permettre la diminution des transports de produits alimentaires…
* Je souligne aussi les articles qui reviennent sur les années 70, les débats croisés d'
André Gorz et de
Cornelius Castoriadis, les luttes ouvrières pour l'environnement dans l'Espagne franquiste, le regard de
Christian Mahieux sur les positions et les actions de la CFDt sur l'écologie…
Un cahier de réflexion qui n'auto-limite pas les activités des syndicalistes. Une contribution à l'émancipation « collective et individuelle des travailleurs et des travailleuses ».
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