Snowe prit le dossier et examina la photo de Denny. Il avait l'air intelligent. Violent. Comme quelqu'un d'indifférent aux autres. Mais bon, ces photos-là se ressemblent toutes. On vous demande de n'avoir aucune expression, pour faire peur aux gens si on la diffusait. Vous seriez tout aussi reconnaissable souriant.
"Ce type, Denny, il est...comme moi ?
- Il faut être télépathe pour attraper un télépathe."
Elle lui pressa la main...
Il n'y croyait pas. C'était vrai ? Il avait échappé au couloir de la mort ? C'était aussi facile que ça ? Il s'essuya le front, jeta un œil à ses chaussures. Un lacet s'était défait. En ce pendant pour le nouer, il remarqua le renflement autour de sa cheville. Bon dieu, le bracelet...
Snowe recula et soupira en regardant le dos du gamin. Autrefois il avait dû être en pleine forme, peut-être même athlète au lycée. L'héroïne l'avait détruit, il n'avait plus que la peau sur les os, mais le désespoir donne de la force. Il ne voulait pas renoncer à la drogue en prison et il criait de peur. Snowe l'entendait. "Non,non non non."
Snowe se retourna en souriant presque et resta pétrifié. "Putain de merde". Son sang se glaça.
Denny était debout près du téléphone, une serviette nouée autour de la taille, et en voyant l'expression de Snowe il resta pétrifié à son tour. Il entendit ce que pensait Snowe et regarda son tatouage sur l'épaule gauche, le serpent avec le bout de la queue en rouge.
Une chose inquiétante de plus. Snowe et Denny avaient exactement le même.
Si on lui avait demandé quand exactement tout avait commencé, Snowe aurait dit que c'était au moment où il avait frappé le toxico devant la pharmacie DaVinci. Depuis environ une semaine il se sentait... réceptif. Comme s'il pouvait ressentir les émotions des autres.
Les gens croient que la confiance se mérite, mais en réalité croire ce qu’on vous dit est, chez les humains, une configuration par défaut. C’est la méfiance qui se mérite.
Moins énergique que je le pensais un suis donc un peu déçu. Cela dit ça reste un bon livre.
Les pires moments quand on répond à un appel et qu’on arrive sur les lieux, ce sont les premières secondes avant de pouvoir repérer les gentils et les méchants.
C’était un savoir-faire, comme tout le reste. Ça n’arrivait pas par hasard, comme on aurait pu le croire. Ça prenait du temps.
Comme c’était bon d’avoir une vie normale. Il ne l’avait pas appréciée à sa juste valeur, et maintenant il était trop tard.