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Fanchita Gonzalez-Batlle (Traducteur)
EAN : 9782867464546
186 pages
Liana Lévi (30/08/2007)
3.86/5   367 notes
Résumé :
Iain Levison, né en Écosse, a grandi aux États-Unis et vit en Caroline du Nord. À la fin de son parcours universitaire, il a exercé toutes sortes de métiers: pêcheur de crabes en Alaska, chauffeur de poids lourds, peintre en bâtiment. Ce sont ces expériences qu'il relate dans le récit "Tribulations d'un précaire". Son premier roman, "Un petit boulot", traduit dans plusieurs pays, a été très remarqué par la presse et le public. Ce succès et celui de son second roman,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (73) Voir plus Ajouter une critique
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Jack London est de retour : il s'appelle aujourd'hui Iain Levison. "Tribulations d'un précaire" est le "Martin Eden" des années 2000.

Férocement drôle (le passage sur le travail de fournisseur de fuel est à mourir de rire), d'un réalisme implacable (la description des conserveries de pêche en Alaska), désenchanté (pour ne pas dire désespéré), ce récit-témoignage est une description sans concession de la société américaine (et donc, à quelques nuances près, de la nôtre), basée sur une précarité du travail qui est la forme actuelle de l'esclavage.
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Avant de devenir écrivain à temps complet, Iain Levison a enchainé les petits boulots. Quarante-deux, exactement, sur les 10 dernières années. le panel est large et passe aussi bien par déménageur, livreur de fuel, poissonnier, découpeur de poisson en Alaska ou encore routier. Sans oublier les petites combines (comme offrir élégamment le câble gratuit à tous ceux qui en ont marre de payer pour regarder la télé). Malgré sa licence de lettre (qui semble finalement faire tâche dans son CV et qui lui a coûté la bagatelle de 40000$), il n'a rien trouvé qui corresponde à la hauteur de son diplôme et de ses rêves, à savoir écrire le grand roman américain . de ces expériences de travailleur itinérant, il en a tiré un livre intitulé "Tribulations d'un précaire"...

En nous racontant ses anecdotes, l'auteur dénonce ici et là les conditions de travail, souvent précaires, auxquelles il a été soumis. de l'université qui coûte cher et ramasse plus d'argent qu'elle ne produit de travailleurs à l'agence d'intérim devenue aujourd'hui le plus gros employeur des États-Unis en passant par les cadences de travail ou le manque de formation, il dépeint une société bien amère, quelque fois désespérante mais non sans un certain humour parfois caustique ou cynique. L'homme est devenu un outil de travail, interchangeable et remplaçable à l'envi au nom de l'argent. Des tribulations terrifiantes, sans concession et qui sonnent justes, d'un homme engagé, voire enragé.
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Obtenir une licence de lettres avec quarante mille dollars empruntés à l'Etat avec pour ambition d'écrire de grands romans, et finir à faire n'importe quoi comme boulot juste pour survivre,c'est le coeur de ce récit autobiographique musclé et truculent.
Travailleur itinérant,Levison traverse les État-Unis, d'est en ouest,du nord au sud ,en quête d'un boulot pour "mettre une distance entre lui et les gars qui mendient dans la rue".Eh oui, pas facile du tout de survivre, garder sa dignité, ne pas céder au désespoir...En passant plusieurs réflexions justes sur des sujets toujours actuels, notamment sur l'éthique du travail- "un humain en vaut un autre.La loyauté et l'effort ne sont pas récompensés.Tout tourne autre des résultats financiers ,un terme aussi détestable pour un travailleur que "licenciement " et "retraite forcée"-.
Rare sont les moments de grâce( le travailleur mexicain qui veut partager la vue d'une baleine,ou un copain-patron qui insiste pour le payer malgré le manque de boulot), dans cette vie précaire où on vit au jour le jour.
Ce tableau malheureusement n'est pas limité aux États-Unis,l'Europe en est sevit de méme surtout avec la mondialisation et l'immigration.
J'ai aimé ce récit, écrit sans plainte,sans amertume, avec un ton détaché, un humour caustique, dur à lire mais oh combien réaliste !
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Lorsqu'il sortit de l'université avec une licence littéraire en poche, la gauche, Iain Levison n'imaginait pas le parcours chaotique qui allait être le sien dans ce monde si bienveillant et prospère qu'est la quête illusoire du premier taf digne de ce nom.

Iain, outre des études brillamment certifiées, possède deux énormes qualités, la volonté de bien faire et une capacité d'adaptation à toute épreuve , quelque soit le boulot décroché.
Mauvaise nouvelle, y a pas de boulot.

Le ton est léger, ironique lorsqu'il n'est pas désabusé.
C'est empreint d'un recul taille XXL que l'auteur revient sur ses premiers pas flageolants de travailleur précaire à la solde de moult patrons qui font rien que l'entuber.
La faute à pas de chance, me direz-vous, ou à un contexte économique pas forcément enclin à vous rétribuer à hauteur de vos capacités, c'est selon.

Les expériences s'enchaînent, toutes vouées à un échec qui lui colle aux basques à l'image du chewing-gum du capitaine Haddock.
De loser patenté à celui de poissard de compétition, il n'y a qu'un pas que franchit allègrement Iain Levison d'une plume à la fois sarcastique et amère.

Très bon moment...
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C'est du travail manuel précaire non qualifié, donc pas du bullshit job au sens de David Graeber. Un monde dans lequel l'uberisation n'a pas de sens car uber ne saurait pas faire pire. En commun avec les jobs du secteur tertiaire de Graeber : le sens s'est échappé. Levison raconte ce qu'aurait pu être la vie professionnelle d'Estragon (ou de Vladimir ?) en pénible. On le descend par le plafond dans une pièce close, il y a un trou dans un coin, une pelle en caoutchouc, une barre entre deux murs au-dessus de sa tête. le plafond se referme, sans explication. Et puis plus rien. Soudain le plafond s'ouvre, quelqu'un gueule « plaque toi au mur » et le contenu d'un chalut entier lui est déversé sur la tête, des milliers de poissons vivants gigotants et luisants dans lesquels il est enseveli jusqu'au cou. A lui de les faire passer dans le trou avec la pelle. Il comprend à quoi sert la barre au dessus de sa tête : s'il y avait davantage de poissons ou s'il mesurait 20 cm de moins... Se suspendre la prochaine fois que ça s'ouvre, donc. Et la prochaine fois…. C'est une autre variété de poissons, dont les nageoires sont hérissées de piquants… les boulots, tous plus horribles et absurdes, s'enchaînent et on vibre et on rit de la tragédie du travail, on se délecte de la subjectivité railleuse du narrateur. le meilleur moment du travail, c'est pas la paye, c'est la démission. La liberté est toujours à sa portée ; elle lui est enlevée avec son dernier dollar. Comme dans la métaphore du poisson frit de Graeber (-je suis ébéniste, -allez donc faire frire le poisson), il est toujours engagé dans un job pour lequel il n'est pas qualifié, et c'est même ce que les recruteurs préfèrent chez lui, son incompétence, la clef de son succès dans les entretiens. A la différence d'Hilsenrath il n'écrit pas un roman, il n'écrit pas de poèmes comme le regretté Joseph Ponthus, il n'apprend pas à écrire comme Martin Eden, il ne joue pas aux courses comme Bukowski, et c'est là qu'il est moderne : il ne fait rien d'autre que des boulots de merde. Un chef d'oeuvre.
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Citations et extraits (68) Voir plus Ajouter une citation
Le plus compliqué, c'est de savoir où se trouve la cuve de fuel de chaque maison.[...]
À une adresse, le schéma est remplacé par une note qui dit simplement « Remplissage sous le nez de l'âne ». Je m'arrête dans l'allée et je vois une immense statue d'âne devant la maison, je m'approche et j'examine son museau. Je décide que l'âne doit être le réservoir de fuel. Ses narines de ciment sont assez grandes pour recevoir mon tuyau, même si je ne vois pas de filetage dans lequel visser l'embout. Je l'enfonce aussi loin que possible dans la narine et j'ouvre l'arrivée à fond.
La tête de l'âne explose et je suis inondé par une pluie de fuel et de ciment. Aveuglé, je cherche à tâtons mon tuyau qui a des convulsions d'anaconda épileptique et lance du fuel dans tout ce joli paysage. Après avoir pris au moins trois fois dans la gueule une giclée de trois cents litres à la minute, je réussis à plaquer le tuyau au sol et à le fermer, non sans avoir bu la tasse. J'étouffe, je suis trempé, je retourne tant bien que mal au camion et j'appelle le bureau par radio.
« Je suis au 1105 Chester Springs. Leur cuve vient de péter.
- Comment ça, elle vient de péter ? » Charlie, qui coordonne les livraisons, a été lui-même livreur pendant quinze ans. Il connaît par cœur chaque adresse.
« Elle vient de m’exploser dessus.
- C'est celle à côté de l'âne, c'est ça ? »
À côté de l'âne ? Qu'est-ce qu'il veut dire ? « Oui », je réponds avec prudence.
« J'envoie quelqu'un. »
Je cours vers l'âne sans tête et inondé de fuel. Je gratte comme un fou le sol sous le nez de l'âne et ma main heurte du métal sous la neige. Je repousse la neige et là, qui se marre, le bouchon de la cuve.

P55 – Boulot de livreur de fuel
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Il y a de nombreuses façons de voir la chose. Ça ne va pas si mal. Je vis dans le pays le plus riche du monde ; même être fauché ici vaut mieux que d'appartenir à la classe moyenne du Pérou ou de l'Angola. Je pourrais être un paysan sénégalais. [...]
Ce n'est pas une question d'argent. Le véritable problème c'est que nous sommes tous considérés comme quantité négligeable. Un humain en vaut un autre. La loyauté et l'effort ne sont pas récompensés. Tout tourne autour des résultats financiers, un terme aussi détestable pour tout travailleur que 'licenciement' ou 'retraite forcée'. D'accord, nous avons fait des progrès depuis l'édification du barrage Hoover ou depuis que les ouvriers mouraient en construisant les voies ferrées, mais l'attitude des entreprises vis-à-vis de ceux qui accomplissent le travail est restée la même.
(p. 187)
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Il me dit qu'il a une personnalité de type A, un drogué du travail qui ne peut s'arrêter. Il me le dit les mains dans les poches en me surveillant, il regarde à peine les caisses de polystyrène pleines de glaces et de poisson dont il est censé vérifier la qualité. Il s'intéresse davantage au temps qu'il fait, à ses souvenirs et aux femmes moulées dans leurs vêtements que nous voyons franchir l'entrée principale du magasin. Ce n'est que ma première journée avec lui, mais il semble s'être accomodé de son obsession du travail.
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L’autre grande caractéristique des riches c’est que leurs enfants sont toujours des chieurs. Pas le genre de gentil chieur qui travaille à la station d’essence, qui prétend pouvoir réparer votre voiture et finit par la bousiller. Non, les gamins riches sont sournois. Du genre à mettre au point une formidable opération illégale, rien que pour prouver une ou deux choses à leur papa ; et quand vous vous faites tous prendre, ils le supplient de leur fournir un grand avocat et ne vous reparlent plus jamais. Ils sont nés dans l’argent et ils savent que l’argent veillera sur eux. Cette assurance entraîne un système de valeurs totalement différent, un système que le reste du monde ne saisit jamais tout à fait.
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Sans m'en rendre compte, je suis devenu un travailleur itinérant, une version moderne du Tom Joad des Raisins de la colère. À deux différences près. Si vous demandiez à Tom Joad de quoi il vivait, il vous répondait : 'Je suis ouvrier agricole." Moi, je n'en sais rien. L'autre différence, c'est que Tom Joad n'avait pas fichu quarante mille dollars en l'air pour obtenir une licence de lettres.


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Videos de Iain Levison (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Iain Levison
A l'occasion du Quai du Polar 2021, Iain Levison vous présente son ouvrage "Un voisin trop discret" aux éditions Liana Levi.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2502913/iain-levison-un-voisin-trop-discret
Note de musique : © mollat
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