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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voilà un Prix Fémina très mérité pour une écrivaine qui gagne à être (re)connue et on espère vivement que Céline Leroy traduira tous ses textes.

Ces deux volets autobiographiques sont d'une puissance extraordinaire. Déborah Levy s'appuie sur ses lectures et ses réflexions d'écrivaine, de mère, de femme qui ne parle pas assez fort pour nous raconter son devenir, pour tenter de comprendre pourquoi elle écrit, et comment son travail d'écrivaine et de dramaturge la transforme, l'interroge sur son rôle défini par une société d'hommes. Les deux livres sont écrits avec un ton très différent. le premier est grave et revient sur les quelques images fortes qui ont fait d'elle ce qu'elle est comme le bonhomme de neige aux yeux creux qui a fondu après que son père ait été emporté par l'unité spéciale qui torture les prisonniers politiques. le deuxième qui correspond au passage de la cinquantaine est beaucoup plus drôle tout en étant corrosif et lucide.

Deborah Levy loue ses hésitations, elle en parle même comme d'un cheminement indispensable pour construire ce devenir qu'elle condense dans ces deux livres d'une intensité folle et d'une érudition non moins folle. Les références qu'elle cite sont nombreuses : Woolf, Duras, Zofia Zalinska, Orwell grâce à qui elle dresse l'architecture du premier volume, mais jamais l'on ne sombre dans le pédant ou la paraphrase. Et de toute façon après une réflexion profonde, on se retrouve nez à nez avec un poulet rôti qui est mort deux fois. Ici, le ton est le ton de Déborah Levy, la voix est nouvelle et c'est un vrai bonheur de découvrir cette nouvelle voix de la littérature merveilleusement bien traduite (puisque harmonieuse, puisque les images sont parlantes, puisque sa voix est maintenant mienne).

Je n'en dirai pas plus parce que je pense que toute femme trouvera un écho dans ce récit à sa propre trajectoire. Et de toute façon quand vous aurez lu l'un, vous sauterez sur l'autre ! Depuis que je les ai lus (il y a un mois), ils sont sur ma table de nuit et j'y reviens souvent, preuve que l'on a là des petits bijoux à conserver précieusement dans notre bibliothèque.

4,5/5 pour cette plume affûtée !
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« Quand ses chaussures avaient besoin d'être cirées, l'homme qui s'occupait du jardin les cirait pour lui. Edward Charles William l'appelait "boy" même si ce dernier avait quatre enfants, neuf petits-enfants et les cheveux gris. (p. 66)”

Je commence par cette phrase quelque peu lapidaire… qui exprime une grande partie de la vie de cette auteure, marquée dans sa jeunesse par l'apartheid, l'emprisonnement de son « papa », Pendant cinq longues années.. ; papa-héros, militant de l'ANC.. . Vous direz, à juste titre, il y a eu tant de livres sur le sujet… Mais là , ce qui m'a accroché, bouleversé, c'est le ton et le style de cette femme , qui par des fables, des anecdotes paraissant dérisoires ou loufoques, sur le ton de la petite fille qu'elle était… nous révèle la cruauté de ce monde coupé en deux : entre noirs et blancs. ..

Un livre autobiographique, mordant, sans aucune pleurnicherie… qui nous percute de plein fouet , qui dit magnifiquement au-delà des douleurs du racisme, vécues dans l'enfance, l'emprisonnement brutal du père…la volonté de vivre de sa fille, l'auteure… et pour cela, la nécessité de l'écriture, encore, toujours et à jamais…!!

Pour une fois, j'éviterais les longueurs… et les digressions.. pour honorer la pudeur et la forte poésie de Déborah Lévy, qui a le talent unique et insensé de dire l'insupportable avec drôlerie et ironie positive…Peu banal !!

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Deborah Levy quitte l'Angleterre pour s'envoler direction Palma de Majorque. Elle se rend dans les montagnes, ou, au coeur de la nature, loin des touristes et de la foule, se trouve un petit hôtel familial modeste dans lequel on est bien accueilli. L'endroit est calme et tranquille. On peut s'y poser pour réfléchir, se reposer et s'y ressourcer. Là, dans cette île des Baléares, l'autrice revient sur sa vie et nous raconte son histoire.

Prix Femina étranger 2020, “Ce que je ne veux pas savoir” est un livre autobiographique de Deborah Levy, écrivaine, dramaturge et poétesse britannique. Dans ce roman, premier tome d'une trilogie, elle parle de l'Angleterre, mais surtout de l'Afrique du Sud, pays où elle est née, et où elle a passé les premières années de sa vie, avant l'exil en Grande-Bretagne.

Elle parle alors de son enfance sur les terres du soleil, ses souvenirs en évoquant l'apartheid, l'arrestation de son père, membre de l'ANC, à son exil en Angleterre.

En quelques pages, on parcourt les années 1960, en Afrique, dans un pays touché par le racisme, et les années 1970, sur le continent européen, avec une adolescente qui s'interroge sur sa situation.

À travers ses mots, elle en vient à expliquer comment la littérature, puis l'écriture sont naturellement venus à elle.

En évoquant George Sand, Marguerite Duras, ou encore Virginia Woolf, elle décrit la jeune fille qui commence à rédiger quelques textes sur des serviettes en papier, avant de prendre la machine à écrire et de se lancer dans la rédaction de pièces, de nouvelles puis de fictions.

Entre les terres d'Afrique, d'Angleterre et d'Espagne, c'est tout le chemin que Deborah Levy a parcouru jusqu'à l'écriture qui nous est raconté dans un style très délicat. J'ai beaucoup aimé lire cette autrice que je découvre grâce à ce texte.

Lien : https://labibliothequedemarj..
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J'ai trouvé une copine, comme je les aime, drôle, triste, sensible, folle de littérature, vaguement borderline, une fille vivante à la larme facile et au rire joyeux. Elle s'appelle Deborah Levy, elle est née en Afrique du Sud en 1959. Son père, universitaire juif d'origine polonaise et militant anti-apartheid a été emprisonné pendant cinq ans. C'est long cinq ans, surtout quand on ne comprend rien à ce monde d'adultes plutôt étrange et cruel ! La gamine en perd la voix. Plus rien ne sort. Plus tard, bien plus tard, elle la retrouvera, en devenant écrivaine et elle racontera comment était la vie, là-bas, à Johannesburg en 1964 : ségrégation, tensions raciales, antisémitisme puis son exil en Angleterre où elle est une étrangère.
Et à chaque fois, on y EST parce qu'il y a une telle vivacité dans l'évocation de ces temps difficiles que l'on a sans cesse l'impression de voir, de sentir, de respirer à ses côtés. Elle retrouve intacte la magie de son enfance  et elle nous communique de façon incroyable cette énergie qui est la sienne, son rapport sensuel au monde, la vérité de son expérience. Elle sait trouver le détail souvent drôle et terrible à la fois qui aura une folle puissance d'évocation : ici un perroquet, un bonhomme de neige, là une prise électrique. Une mosaïque d'instantanés qui surgissent à chaque phrase et qui jalonnent les moments charnières de son existence. Ça pulse, le rythme est soutenu, c'est une vie tourbillonnante, échevelée, fougueuse qui se traduit par des majuscules, des onomatopées, des points d'exclamation en grand nombre (tiens, ça me rappelle quelqu'un!!!)
D'autres voix sont convoquées : Virginia Woolf, Simone de Beauvoir, Marguerite Duras, des voix de femmes, d'amies, de proches, des voix d'autres copines avec lesquelles on vit, au quotidien. On ne les cite pas, non, on dialogue avec elles.
Deborah Levy ne veut pas savoir, elle n'est pas du côté de la connaissance mais plutôt de l'expérience, elle veut sentir, douter, changer de chemin, commettre des erreurs et recommencer. Tant pis si elle se plante, tant pis si elle a mal, après tout, la vie c'est se prendre des coups.
Il reste les escaliers roulants pour pleurer...
C'est une femme libre qui parle, une femme qui a su très vite que la littérature lui donnerait de la voix.  « Parler haut, ce n'est pas parler plus fort, c'est se sentir autorisé à énoncer un désir. On hésite toujours quand on désire quelque chose. » écrit-elle.
Je garde ce livre, là, sous la main, en cas de besoin comme on dit. Il saura à coup sûr remplacer les vitamines de l'hiver !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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« Quand le bonheur est là on a l'impression de n'avoir rien connu avant, le bonheur est une sensation qui ne connaît que le présent de l'indicatif ».

Dans ce premier volet de sa trilogie autobiographique, Deborah Levy nous emmène à partager ses pensées et réflexions sur différents sujets, avec un style élégant plein d'esprit et d'humour.

Dans les escalators à Londres puis dans le froid de Majorque, le passé se rappelle à elle…
Des instants de vie où la personnalité se construit.

Elle revient sur son enfance en Afrique du Sud alors en plein apartheid – ses parents aimants, un père engagé dans la lutte pour les droits de l'homme et la démocratie, – quelques souvenirs d'enfance - puis son arrivée en Angleterre, son pays d'accueil, dès l'adolescence.

La féminité, la maternité, la dépression, le bonheur, ses parents.
L'apprentissage à « parler haut, à parler fort (…) », la littérature, les oiseaux en cage.

« Quand l'amour tourne mal, on se met à voir l'envers plutôt que l'endroit ».

La manière de concevoir l'écriture comme une délivrance « penser à voix haute », une évidence qui la guide. Inspirée par Marguerite Duras, Virginia Woolf, Simone de Beauvoir, on la voit comme une écrivaine en devenir.

Un roman – récit, comme une introspection.

« Ce que je ne veux pas savoir » ou ces choses refoulées au fond de soi.

C'est très bien écrit. J'ai adoré la plume.

Un récit à la fois profond, poétique et plein de finesse.
J'ai beaucoup aimé.
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Dans le premier volet de sa trilogie autobiographique, Deborah Levy s'exile à Majorque afin de réfléchir sur sa vie et faire le point. Elle revient sur son enfance en Afrique du Sud en plein Apartheid et sur l'emprisonnement de son père, activiste pour la défense des droits civiques des Noirs. Elle aborde ensuite son arrivée et son intégration en Angleterre, qui deviendra son pays d'adoption.

Ce texte court est très pertinent et s'appuie sur ses lectures personnelles et son expérience pour nous donner sa version du féminisme. Nous suivons son cheminement psychologique et ses anecdotes et souvenirs, petites pépites du passé, s'inscrivent dans l'histoire et revêtent plus de profondeur qu'il n'y paraît.

Elle aborde finalement des thèmes universels tels que la place des femmes, la maternité, la dépression et la création littéraire.

Un texte touchant, humble et tout en pudeur que j'ai lu avec beaucoup de plaisir. Sans réel scénario, on reste malgré tout suspendu.es aux mots de Deborah Levy, qui nous parle avec son coeur et vise le nôtre. Je pense que chaque femme pourra s'y retrouver et y piocher de-ci de-là quelques pistes de réflexion.

Une belle découverte, j'ai hâte de me procurer la suite et de m'y plonger !
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« Elle m'avait dit d'exprimer mes pensées à voix haute, mais j'avais préféré les mettre par écrit. ». « J'ai trouvé un stylo et j'ai essayé de mettre des mots sur mes pensées. En gros, ce qui a jailli sur la page en sortant du stylo rassemblait tout ce que je ne voulais pas savoir. »

Deborah est née en Afrique du Sud en 1959, en plein Apartheid. Elle a quatre ans quand son père est arrêté car membre de l'African National Congress, un parti politique qui luttait pour l'égalité des droits, désormais interdit par le gouvernement.

Mais ce premier volume de son autobiographie s'ouvre bien plus tard, par des pleurs sur des escalators. Deborah Levy retourne à Majorque pour faire le point, dans un petit hôtel où elle a déjà séjourné à plusieurs reprises. Elle revient sur son enfance en Afrique du Sud où très jeune elle prend conscience de l'Apartheid, puis son adolescence en Angleterre, la terre d'exil de sa famille où ses parents se séparent quand elle a quinze ans.

J'ai adoré le ton de ce livre. Deborah Levy questionne ce qui l'a amené à écrire, ce que c'est d'être une femme, elle nous plonge dans quelques moments clefs de sa vie telle une exploratrice de soi. On perçoit l'éveil d'une conscience, la construction d'une personnalité, l'envol d'un esprit libre. L'exclusion, l'exil, la maternité sont autant de thèmes abordés avec pertinence et une grande acuité dans ce livre. Ce que je ne veux pas savoir a été vraiment une excellente découverte, je sais déjà que je le relirai, et je ne tarderai pas à lire le suivant, Combien ça coûte.

« Comment les gens deviennent-ils cruels et pervertis ? So on torture quelqu'un, est-on fou ou normal ? Si un homme blanc lance son chien sur un enfant noir et que tout le monde dit que c'est acceptable, si les voisins, la police, les juges et les enseignants disent : « moi ça me va », la vie vaut-elle d'être vécue ? Et qu'en est-il des gens qui pensent que ce n'est pas acceptable ? Sont-ils assez nombreux dans le monde ? »
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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Son enfance s'est passée en Afrique du sud, elle a connu l'apartheid et la prison pour son père, militant de l'ANC. La famille s'exile en Angleterre. Peu à peu Deborah devient écrivaine; à Majorque, elle fait le point sur sa vie.
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Je découvre enfin Déborah Lévy avec ce premier volet de son autobiographie. On y rencontre d'abord une femme perdue, dans tous les sens du terme, pleine de questionnements et en forme d'exil volontaire vers Majorque, seule avec de quoi écrire, mais surtout de quoi s'interroger sur le pourquoi écrire.

Après ces commencements beaucoup trop vagues et introspectifs pour mon goût propre, elle revient sur son enfance en Amérique du sud : racisme, répression, on est assez loin du roman d'émancipation, qui elle viendra tard, bien plus tard, dans une Angleterre à laquelle elle désire appartenir et qui semble pourtant ne pas répondre à ses attentes.

Tout est vivant, malgré la chape de plomb qui pèse sur cette enfance, entre arrestation du père, accueil chez une "marraine" à la main leste et pension chez les nonnes. Les personnages sont souvent hauts en couleur, avec une mention spéciale pour Mélissa, quintessence de l'adolescence, coquette, pétillante, mais aussi effrontée et en rébellion face à la famille et au dogme de l'apartheid. Déborah Lévy met une pincée d'humour sur les temps les plus dramatiques, sur les personnages les plus détestables, et arrive à dire les choses sans pathos, avec grâce et sensualité. Et si elle mentionne Virginia Woolf et Marguerite Duras, on pense aussi à Giolarda Sapienza ou à Doris Lessing.
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Il se peut que ce livre soit un long poème en prose. C'est l'impression que j'avais à la sortie. Pourtant, tout est fait pour qu'on croit que c'est une autobiographie.

Je l'ai lu deux fois en une semaine tellement j'étais soufflée.

C'est assez difficile de qualifier le livre autrement et je crois que chacun·e doit le découvrir pour se faire une idée.
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