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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Magnifique roman sur la puissance des convenances sociales et ses déviances, le Destin de Mr Crump, à la manière d'un roman psychologique, absorbe littéralement le lecteur tant l'intrigue est implacable et cruelle…

Début vingtième siècle, Etats-Unis, un jeune artiste terriblement idéaliste, Herbert Crump, rencontre Anne Bronson Vilas que des désirs romanesques pousseront à épouser. Une femme mariée qui a abandonné son mari pour un jeune musicien, une femme totalement accaparée par ses enfants et déçue par une vie dénuée de beauté.
Mais dés que l'illusion prend un air de réalité, Herbert éprouve très vite « quelque chose de faux et de frelaté ». Il s'épuise des chicanes et subterfuges par lesquels Anne s'anime et qui s'interprètent durant les premières années de mariage comme des débordements d'un caractère romanesque et passionné.
Seulement, ce qui apparaissait comme de simples coquetteries, de petits arrangements avec la vérité, de sempiternelles demandes de gage d'amour, des affectations absurdes se transforment très vite en arme au profit d'Anne pour maintenir Herbert sous son joug. Sous la dissimulation, la tromperie, la malveillance, sous les insistances des demandes d'affection, un caractère irascible et maladivement jaloux.
Oui c'est une femme hystérique, acrimonieuse, vulgaire, impudente, vindicative, hargneuse, pleine de fiel et d'arrogance, frivole et odieuse que l'on découvre (et je peux encore allonger la liste !), une femme qui ne s'adoucit qu'en ayant obtenu ce qu'elle veut. Une femme qui aspire toutes les énergies créatrices d'Herbert et injecte toutes les exaspérations, même à un homme aussi calme et pondéré.
Dévoré de honte, Herbert Crump mène une vie dés lors qui lui ôte toute initiative, tout courage, elle brise chez lui l'élan de la jeunesse et de la créativité.
Torturé, ruiné, bafoué dans sa virilité et sa jeunesse, Herbert se voit retenu prisonnier dans cette cage du mariage « où la stupidité des habitudes sociales permettait à Anne de le tenir enfermé ».

Tout au long de la lecture de ce roman, une réflexion revient avec entêtement : quelle histoire effroyable !
Avec un réalisme cruel, Ludwig Lewisohn parvient à décrire de manière pénétrante l'enfer de ce mariage, il n'épargne le lecteur d'aucun détail sordide. L'auteur s'évertue à démontrer que ce mariage n'aurait jamais dû être contracté tant ces deux personnages appartiennent à des mondes différents. L'épouse est un véritable acide qui ronge et dissout toutes les faiblesses, avec un univers moral proche du chaos. L'époux, un idéaliste doux, patient, profondément vertueux, généreux, bercé par une enfance jamais contrariée se révèle être même de l'aveu de l'auteur « une nature qui n'était ni dure ni portée à l'orgueil ou à la vanité, et était même peut être trop dépourvue des énergies qui s'éveillent dans l'âme d'un homme se respectant à juste titre ». Parce que trop scrupuleux et trop faible, Herbert souffre de toutes les peines, toutes les humiliations et toutes les privations du corps et de l'esprit à cause de cette femme trop préoccupée d'elle-même.
Ce contraste est saisissant et rend l'intrigue aussi haletante qu'un polar. Il fait naître un affrontement violent qui va grandissant avec une violence toute silencieuse et sournoise. Jusqu'au dénouement, on hésite sur les motivations profondes d'Anne : aveuglement stupide ou méchanceté cruelle ?
C'est aussi un affrontement habilement entretenu qui abolit la frontière entre la réalité du récit et le parti pris du narrateur qui, extérieur au couple, est cependant étrangement proche d'Herbert Crump. En s'intéressant à la biographie de l'auteur, on découvre alors que le Destin de Mr Crump a des reflets autobiographiques : Ludwig Lewisohn a été terriblement marqué par un mariage subi, un mariage obéissant aux conventions sociales de l'époque.
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Bienvenue dans l'enfer du couple !

Début du 20ème siècle, Herbert Crump est un très jeune musicien à l'avenir prometteur. Fils d'immigrés allemands, bourgeois et cultivés, il arrive à New-York dans l'espoir de se faire une place dans le monde très fermé de la musique.

Embauché comme directeur musical et chef de choeur, il ne tarde pas à rencontrer Anne, de 15 ans son ainée. A peine remis d'une déception amoureuse, Herbert, jeune homme romanesque, va vite succomber aux charmes de cette femme mariée, apparemment cultivée, mais qui va très vite révéler son visage machiavélique et user de toutes les armes dont elle dispose (manipulation, chantage affectif, menaces,) pour refermer son piège sur ce pauvre jeune homme. Par peur du scandale, de la honte et sous le poids des convenances sociales, le destin de Mr Crump va très vite basculer.

90 ans après son écriture, ce récit garde toute sa force. On pourra certes penser que Herbert Crump est faible et naïf vis à vis de sa « geôlière » mais il faut remettre le récit dans le contexte et les moeurs de l'époque. Et d'ailleurs, quand on repense à l'affaire Clinton/Levinski ou plus récemment à l'affaire DSK, on se dit que l'Amérique du 21ème siècle n'est peut-être pas si différente de celle que nous dépeint Ludwig Lewisohn.

Ce roman, d'une rare violence psychologique, se dévore. Je le conseille à tous !
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Si vous souhaitez lire une excellente histoire d'amour, lisez ce livre, mais changé l'amour par haine, manipulation, perversion... J'ai pensé l'auteur a-t-il pris sur une histoire vraie? Ou la sienne?
Une lecture où l'on n'en ressort pas indemne, dont on n'oubliera pas sitôt le drame.
Une oeuvre qui a été maintes fois refusée et pourtant...pourtant un si bon roman !
Il n'existe même pas en livre de poche est pratiquement inconnu du grand public, Freud, Thomas Mann, Antonin Artaud eux connaissent...
Je ne peux que le recommander et à faire connaître qui sais sortira t-il en poche ?
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Le destin de Mr Crump est une oeuvre fascinante et totalement addictive, qui m'a tout à la fois passionnée et remplie d'effroi. Lewisohn, auteur juif américain d'origine allemande, signe un livre atroce et glaçant, qui dissèque avec une froideur et une minutie presque cliniques les dérèglements quotidiens d'un mariage sans amour. L'auteur dresse un tableau ahurissant de l'enfer conjugal vécu par le malheureux Herbert Crump, lequel subit la domination d'une épouse puérile et capricieuse, prête à tout pour arriver à ses fins. Constamment rongée par la jalousie, manipulatrice à l'extrême, Anne l'exploite sans relâche, lui soutire de l'argent, se livre à moult chantages affectifs, et tente vaille que vaille de l'isoler de sa famille et de ses amis, en se montrant on ne peut plus odieuse avec ces derniers.

Herbert, bien naïf et totalement impuissant devant l'effondrement progressif de ses certitudes, est bel et bien prisonnier des convenances de son époque. Car la femme possède indéniablement l'avantage en ce début de XXème siècle : que l'homme s'avise seulement de vouloir quitter son épouse, et il se verra immédiatement traîné en justice ; son nom sera irrémédiablement souillé, et il devra à jamais payer les conséquences de son abandon. le jeune compositeur, avide de plaisirs charnels et de création musicale, n'a alors d'autre choix que de renoncer à la vie calme et paisible à laquelle il aspirait, pour subir les assauts quotidiens d'une mégère bien plus âgée que lui, qui lui impose par ailleurs la médiocrité de sa progéniture. On le plaint évidemment, et si sa passivité peut agacer dans un premier temps, on se rallie bien vite à la cause de ce jeune homme doué et dévasté par l'ampleur du désastre de son existence sacrifiée, à des années lumière de ce que ses parents cultivés et respectueux espéraient pour leur unique rejeton.

Anne est un personnage complexe et terrifiant, dont le comportement totalement excessif et manipulateur semble posséder tous les attributs d'une quelconque maladie mentale. Parfois sincère dans sa démesure, elle joue en public les épouses aimantes et dévouées, maîtrisant à merveille les codes de cette société bien-pensante et semble-t-il totalement acquise à sa cause. Herbert se retrouve malgré lui à la tête d'une famille de fous, à laquelle il consacre la totalité de sa maigre fortune. Tout est glauque et atroce. Cette étrange tribu recomposée, étouffée par les dettes, vit dans la saleté, les reproches et l'hypocrisie. le lecteur est constamment saisi d'horreur, et tourne frénétiquement les pages, dans l'attente du pire. le sentiment de malaise s'intensifie, et chaque chapitre franchit un nouveau pas vers l'ignominie. de quoi vous dégoûter à jamais du mariage !

Le roman, envoûtant et très habilement construit, surprend également par son ton sobre et distancié, presque léger, qui contraste avec le comportement abominable d'Anne et l'enfer du quotidien vécu par Herbert. Lewisohn s'attaque avec une réjouissante immoralité à l'une des institutions les plus sacrées qui soit. Shocking ! Il n'est pas surprenant que le destin de Mr Crump, rédigé en 1926, ait été interdit pendant de nombreuses années aux Etats-Unis avant de pouvoir enfin être publié. Je l'ai personnellement trouvé passionnant d'un bout à l'autre.


Un roman politiquement incorrect, qui présente une image peu reluisante de la vie de couple. Atroce et délicieusement immoral. Une découverte saisissante !

Lien : http://leslecturesdeleo.blog..
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Par un style subtilement serein et simple Lewisohn hypnotise le lecteur pour le conduire où il veut, dans l'atroce d'une situation qui, horrible et cauchemardesque, ne semble pas être tellement exceptionnelle .Comment une dame mure, manipulatrice, calculatrice, égoïste, grossière et brutale met le grappin sur un jeune homme inexpérimenté, infantile, naïf, pusillanime et idéaliste; telle l'araignée qui tissant en un petit ballot de soie le pauvre moucheron où pire la mante religieuse qui réduisant le male à un objet utilitaire puis à un simple aliment, certaines femmes par le biais du mariage vampirise l'homme, lui suce l'âme, s'assimilent leur force vitale pour n'en laisser qu'une enveloppe vide. Magistrale est la description circonstanciée des moyens par lesquels cette femme sans scrupule attendrit, flatte, sa proie pour ensuite l'attirer par la chair; puis en l'apitoyant et en le culpabilisant le retient pour parvenir à ses fins. Tout cette malpropreté et cette crasse aussi bien morale que physique mijote bien tranquillement à l'intérieur du “cocon” familial mais en gardant, bien entendu, la respectabilité de façade obligée dans la société américaine pour maintenir une vie sociale. Pas étonnant que ce livre jugée dérangeant et scandaleux par la pudibonde et conformiste Amérique fût longtemps mise à l'index ,ou pire, trahie en étant édité largement expurgée. Les joies du mariage passées au vitriol...
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Quand j'ai lu sur "Mister G" alias Google ceci « Composé en 1926, refusé d'abord par tous les éditeurs américains qui hurlèrent d'une seule voix à la provocation et au scandale, le Destin de Mr Crump connut entre les deux guerres la même aventure qui, trente ans plus tard, sera celle de Lolita, le chef-d'oeuvre de Nabokov. Publié en anglais à Paris, puis traduit en français en 1931 (avec une préface de Thomas Mann), le livre de Lewisohn (1883-1956), qui fascina Freud, ne verra le jour aux États-Unis qu'en 1947 - et encore en version expurgée. Un livre insoutenable consacré à l'enfer du couple... Un grand roman politiquement et moralement incorrect qui, trois quarts de siècle après sa parution, n'a rien perdu de sa sournoise inconvenance. » je me suis dit que mon choix pour le thème « roman du 19ème siècle ou se déroulant au 19ème siècle » n'était peut-être pas le bon. Comme je dois diminuer ma PAL, je n'ai pas changé de cap.
Herbert Crump est un jeune homme issu de l'immigration allemande et d'un milieu cultivé, installé dans le Sud des Etats-Unis et promis à une belle et brillante carrière de musicien. le jeune homme est doué, d'une extrême sensibilité et respectueux des convenances de son milieu social.

Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes : Herbert rêve, imagine, compose, apprend, lit, rit avec ses amis, lorgne discrètement les jeunes filles en fleurs sans pouvoir de libérer de sa timidité. Ce qui, forcément, engendre une certaine frustration. Or les convenances, le respect des us et coutumes, la réputation familiale, le cadre de son éducation font que Herbert et ses amis restent policés.

Ses études achevées, il quitte ses parents pour vivre à New York, la ville où tout ce qui compte dans le monde artistique expose et se produit. C'est là que les maisons d'éditions musicales sont installées, que les salles de spectacles ouvrent, là que les mécènes vivent, c'est « the place to be » si on souhaite faire connaître son talent, percer et évoluer.

New York, ville prodigue aux mille et une facettes, sera l'alpha et l'omega d'Herbert : il y sera publié, joué, il y rencontrera des personnes influentes et il croisera le chemin de celle qui fera de sa vie un absolu enfer. Anne Farrel, épouse Vilas, de vingt ans son aînée.



Le roman est celui d'un enfer conjugal au coeur duquel Herbert est un enjeu de choix pour son épouse qui derrière une apparence discrète et aimable cache un monstre au fond de son âme : celui de la possessivité et de la manipulation au point qu'elle encage, subtilement d'abord puis de plus en plus férocement, le jeune Herbert. Anne a des atouts de poids pour tisser sa toile : la peur viscérale d'Herbert d'outrepasser les convenances et de ne pas respecter le cadre de sa classe sociale ; et la nécessité pour lui de vivre en paix et au calme pour composer ses symphonies ou ses chansons.

Le crescendo est très bien construit, les multiples petites portes de sortie possibles amenées de manière à ce que Herbert les rate parce que justement s'il les emprunte il brise une harmonie sociale et ne respecte pas les principes de droiture avec lesquels il a été élevé. Anne a le talent des mégères, des viragos, de reconnaître le moment où sa victime risque de lui échapper.

Tout au long du roman, Anne n'est perçue que par le prisme de sa monstruosité car elle est monstrueuse, elle distille son poison dans chaque interstice du quotidien. C'est tellement féroce que le lecteur ne peut que s'interroger sur la santé mentale de ce personnage terrifiant et absolument horrible. Comment est-ce possible de se conduire comme Anne le fait ? Pourquoi en est-elle arrivée là ? Une personne peut être d'un naturel odieux et méchant mais bascule-t-elle dans ce genre de folie furieuse où la peur de l'abandon, l'envie viscérale d'être aimée, de posséder, la sensualité et sa gamme d'expressions se mêlent en une cacophonie hideuse ou en une maladie infectieuse que l'on ne peut pas guérir.

Anne agace très vite avant de provoquer l'apparition de la détestation puis de l'incompréhension : pourquoi cet acharnement qui ne lui apporte qu'angoisses, peines et haine ? Pourquoi insiste-t-elle alors qu'elle constate le naufrage de son mariage et la disparition de tout sentiment amoureux chez Herbert ? le lecteur est impuissant devant le carnage incessant au sein de ce couple qui n'a jamais joué la même partition. Il est impuissant mais aussi frustré : à aucun moment une explication est cherchée pour comprendre la nature castratrice d'Anne car, inévitablement, il devrait avoir une explication à sa nature plus que tourmentée. (et on comprend pourquoi ce roman a fasciné Freud)



L'enfer est une cathédrale de douleurs, de sévices, on sait en lisant le roman qu'il n'est que laideur et saleté, morale autant que physique, repoussante quand il se répand dans la vie conjugale. Là encore, Anne est dotée des pires manies au point qu'on se demande quand Herbert aura, enfin, le courage de mettre fin au massacre de sa vie.

Il ne voit la lumière et la beauté du monde que lorsqu'il quitte son domicile pour rejoindre son éditeur ou une mécène importante du monde musical. Il n'est heureux que loin de l'emprise de son épouse or cette joie est rapidement ternie par son intrusion dans son jardin secret. Anne est un chancre qui salit tout ce qu'il approche.

On la déteste, on la méprise mais surtout on la plaint car ce qu'elle porte aux tréfonds de son âme doit être intolérable pour qu'elle se transforme en furie grecque.



Et Herbert ? Il est évident qu'il porte en lui le germe de sa captivité conjugale et morale : dans son monde où l'éducation et la culture forment les esprits à apprécier tout ce qui peut faire grandir l'être humain, on ne se montre pas brutal envers les femmes, on respecte les conventions sociales de son milieu, on est poli et policé … autant dire que rien ne l'a préparé au choc de la vie au quotidien avec une femme atteinte d'une folie que personne ne veut voir ou admettre.

Au fil de ses renoncements et de ses défaites (pour avoir la paix), il sombre dans le désespoir le plus intense, il s'accroche à sa créativité et tente de voir chez Anne ses bons côtés.

Le lecteur est là, tout près, avec l'envie irrépressible de lui murmurer d'en finir avec cette femme castratrice, de l'abandonner sans se poser de question et de tourner, enfin, la page. Las, la chape des convenances et des principes de droiture fait qu'il ignorera les rares moments où la porte de cage sera ouverte. Dans ces moments, Herbert est le personnage le plus exaspérant qui soit et on se prend à penser qu'il mérite ce qui lui tombe sur la tête car il n'agit pas en homme laissant libre cours à sa virilité. Sauf qu'avec Anne, il est préférable de marcher sur des oeufs : son talent est tel qu'elle peut transformer le moindre geste en pure tragédie.



Quand l'horreur s'arrêtera-t-elle ? Elle cessera, amenée avec art par l'auteur, au grand soulagement du lecteur... quoique....les questions demeurent et le laissent forger son propre jugement.



« le destin de Mr Crump » est un roman d'une rare férocité envers une image de la femme, férocité qui peut heurter et être mal interprété. Je suis certaine que le portrait dressé d'Anne pour unique qu'il soit peut se retrouver, de manière parcellaire, en littérature classique, on pense à « Vipère au poing » de Bazin ou encore au « Noeud de vipère » de Mauriac.

C'est aussi un roman qui dénonce, de manière jubilatoire, l'hypocrisie des conventions sociales (les amis d'Herbert le plaignent et détestent sa virago d'épouse mais ne l'aident en rien), le puritanisme américain et son matérialisme conformiste (Anne est une virtuose de la dépense-punition après les scènes violentes avec Herbert). J'ai beaucoup aimé la description de l'intérieur d'Anne : une accumulation d'objets, un manque manifeste de gestion ménagère, un laissez-aller extraordinaire qu'elle fait oublier en un tour de main quand cela devient vital. Les jolis rideaux de soie dorée ne dissimuleront jamais entièrement la laideur d'un goût douteux. Une métaphore de ce matérialisme conformiste américain associé au puritanisme : c'est beau et lisse en façade, sordide et laid de l'autre côté du mur.
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Une fois de plus j'ai eu la main heureuse. C'est en papillonnant dans les étagères des éditions Libretto que j'ai fait la découverte du destin de Mr Crump.
Je ne connaissais pas Ludwig Lewisohn avant la lecture de cet ouvrage. J'ai été totalement conquise par l'écriture. Alors oui, vous me direz comment être séduite par l'écriture alors qu'il s'agit d'un roman traduit, et bien je reste persuadée que le travail d'un traducteur est de traduire au plus juste l'auteur.
J'ai reconnu des touches de Zweig, Tolstoï... près de 500 pages d'émotion qui ne sombre pas dans le pathos.
Cet ouvrage c'est le calvaire d'un homme : Herber Crump, jeune musicien doué. Herbert peu aguerri en matière d'amour va faire la rencontre de Anne, de vingt ans son aînée. Leur histoire commence, l'enfer aussi. Anne est une femme perverse, manipulatrice, jalouse, ne supportant pas de veillir. Elle le fera vivre dans la honte, une honte qui le déracinera, le coupera de tous et surtout de ses proches. Elle soufflera le froid, le chaud sur ce pauvre Herbert qui n'arrivera pas à se délester de son bourreau. Les valeurs de Herbert seront profondément perturbées, il frappera Anne quand elle va trop loin, il mentira. Dans ce roman jamais de syndrôme de Stockholm une guerre psychologique, jusqu'à l'issue fatale.
Publié en France en 1931, le destin de Mr Crump ne sera publié aux Etats Unis qu'en 1947 et dans une version "épurée"... les maisons d'éditions américaines criant à cette époque au scandale et à la provocation.
Le tort de Lewisohn aura été certainement de pousser la porte de la chambre un peu trop tôt. Ce livre nous rappelle que les violences conjugales ne touchent pas exclusivement le genre féminin, et que les violences psychologiques et physiques sont toutes deux destructrices.
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Cette lecture a été pour moi la plus dérangeante depuis bien longtemps. Rien de plus normal, lorsque l'on s'attarde sur la 4ème de couverture, qui nous explique comment ce roman a été refusé d'abord par les éditeurs américains (trop provoc!!), pour être publié en 1926 en anglais à Paris (cocoricco) – mais à un tirage très limité, bien-sûr – puis en français en 1931. Il ne sera édité aux Etats-Unis, berceau de l'auteur, qu'en 1947 !! Je ne me suis donc pas sentie trop anormale en étant quelque peu ébranlée par ce livre, qui a été, à l'époque, déjà l'objet d'un énorme scandale car moralement très incorrect (il attaque directement les conventions sociales de l'époque, ainsi que l'institution et l'équilibre du mariage)…

Il relate ni plus ni moins que l'enfer d'un couple. Herbert Crump, issu d'une famille immigrée autrichienne, grandit dans un univers calme, respectueux, et a un certain talent pour la musique. Jeune, il quitte la famille pour se faire connaître à New-York et composer. Il a un brillant avenir devant lui, mais la rencontre avec Anne Villas va totalement bouleverser sa vie. Femme d'une vingtaine d'année de plus que lui, qui sait parfaitement ce qu'elle veut – quitter son mari avec ses enfants sous le bras et mettre le grapin sur un jeune à l'avenir prometteur qui l'entretiendra…. le pauvre Herbert, inexpérimenté, va se laisser totalement piéger par cette femme machiavélique, et aussi par les convenances, qu'elle sait parfaitement tourner à son avantage.

Il s'agit d'un livre extrêmement bien construit ; on redoute de tourner la page suivante, tant le lecteur imagine le pire … qui arrive inexorablement. On ne peut que compatir au sort du pauvre Herbert Crump, lequel a pourtant participé à sa propre destinée… Et bien que l'on ne puisse apprécier Anne, celle qui calcule si bien sa trajectoire, et pourrit la vie de Herbert, on ne peut s'empêcher de se demander si, parfois, elle n'est pas sincère dans sa démarche et/ou respecter sa forme d'intelligence sournoise…

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Des accouplés

Encore un trésor exhumé par l'excellente collection Libretto que ce roman de Ludwig Lewisohn.

Et pourtant, quel récit atroce.
Herbert Crump, jeune homme de 25 ans, peu au fait de la vie, musicien à l'âme romantique, rencontre Anne (le chapitre s'intitule "catastrophe" !), une femme mariée et de 20 ans son aînée. Il se persuade de l'aimer et se jette dans le mariage, tout en ayant conscience de commettre une erreur.
De fait, leur vie commune sera un enfer domestique.

Cette autopsie d'un couple est fascinante et effrayante. Lewisohn décrit dans le détail cette relation dégradante où Herbert, personnage faible et velléitaire, se trouve sous la coupe d'une Anne perverse et retorse, maître-chanteuse aux sentiments, mais aussi pathétique et perdue.

L'écriture est rigoureuse et n'omet aucun détail, sans que l'ensemble paraisse le moins du monde aride. On tourne les pages, accablé et révolté, tandis que les descriptions cruelles qui naissent sous le microscope de Lewisohn, nous forcent à contempler la déchéance : "Les pattes d'oie creusaient leurs sillons aux coins des yeux. La peau s'affaissait ; le cou se ridait comme celui des vieilles femmes. de larges pores s'étalaient sur la paroi bulbeuse du nez ; on devinait que le menton têtu devait être rugueux au toucher".
Mais le plus terrible dans ce roman est qu'il traite des scènes de la vie ordinaire et que cette banalité que chacun a sans doute rencontrée un jour, nous le rend encore plus dérangeant.

Ce roman écrit en 1926, longtemps interdit puis diffusé en version expurgée est une expérience de lecture et ses 400 pages, toutes indispensables.

A noter : une préface un peu trop explicite de Thomas Mann qu'il vaudra mieux lire après coup.
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Cette lecture a été pour moi la plus dérangeante depuis bien longtemps. Rien de plus normal, lorsque l'on s'attarde sur la 4ème de couverture, qui nous explique comment ce roman a été refusé d'abord par les éditeurs américains (trop provoc!!), pour être publié en 1926 en anglais à Paris (cocoricco) – mais à un tirage très limité, bien-sûr – puis en français en 1931. Il ne sera édité aux Etats-Unis, berceau de l'auteur, qu'en 1947 !! Je ne me suis donc pas sentie trop anormale en étant quelque peu ébranlée par ce livre, qui a été, à l'époque, déjà l'objet d'un énorme scandale car moralement très incorrect (il attaque directement les conventions sociales de l'époque, ainsi que l'institution et l'équilibre du mariage)…

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