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sur 67 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
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Roman de Marina Lewycka. À paraître le 6 avril 2011, titre original We are all made of glue.

Georgie Sinclair est légèrement désemparée quand elle aperçoit la vieille Mrs Naomi Shapiro, fouiller la benne à ordures dans laquelle elle a jeté toutes les affaires de son époux. Quelques jours plus tard, c'est dans la cohue des promotions de fin de journée d'un supermarché londonien que Mrs Shapiro s'impose dans le quotidien morne de Georgie. Quand la vieille dame entre à l'hôpital, Georgie se retrouve avec sept chats et une baraque croulante et malodorante sur les bras. À cela s'ajoutent une paire d'agents immobiliers aux méthodes plus que douteuses, des agents des affaires sociales à la probité incertaine et trois artisans palestiniens qui ne jurent que par le PVC.

"Le durcissement de l'adhésif est le passage de l'état liquide à l'état solide. Quelquefois, la science du collage est d'une évidence accablante." (p. 278) Moins évident que sa quatrième ne le laisse supposer, ce roman n'est pas une simple farce sur les relations humaines. Les aléas sociaux font ici se rencontrer des êtres singuliers et a priori sans point commun. Comme dans beaucoup de romans, me direz-vous. Oui, mais si on y croise des pots de colle, des sangsues, des grappins et du velcro, on ne dit pas que tout ce petit monde vivra en bonne intelligence. "Peut-être que si l'on réussissait à améliorer la cohésion humaine, les autres détails - les lois, les frontières, la Constitution - se régleraient d'eux-mêmes. Il suffirait de trouver l'adhésif le mieux adapté aux supports. La clémence. le pardon. Si seulement ça existait en tube." (p. 436) Seulement voilà, ça n'existe pas en tube et le mieux est encore de s'accrocher comme on peut les uns aux autres. Parce que vivre seul n'est pas possible. Affronter le temps, le Jugement dernier, les fissures dans le salon et les crottes de chat dans l'entrée, ça demande un peu d'aide. Et c'est avec brio que l'auteure balance de grands seaux d'humour décapant qui ne laissent aucune place aux sentiments sirupeux. Ici ne valent que les affections franches et nourries d'indépendance. Vivre à la colle, oui ! S'encroûter, non !

Georgie, que chatouille le désir d'écrire mais qui ne produit que de minables bluettes aux asphyxiantes odeurs de rose, travaille pour la revue Adhésifs dans le monde moderne. On en douterait, mais la colle et ses déclinaisons ont leurs aficionados. Loin d'être un catalogue ou un précis de chimie, le roman souligne que la méphitique colle de poisson ou la super glu répondent à un même besoin : faites que ça tienne ! Pour se rassurer devant l'échec de la cohésion sociale, on peut toujours sourire devant un carreau qui tient sur le mur.

L'arrière-plan historique évoque sans s'embourber les grèves de mineurs, les déportations nazies et le rêve sioniste. le conflit israélo-palestinien s'incarne dans quelques personnages, mais il ne s'agit pas de réécrire l'histoire, ni de croire béatement aux lendemains qui chantent. Marina Lewycka ne décrit que des destins particuliers et des aspirations minuscules. Pour commencer une chaîne, il ne faut que deux maillons et chacun est appelé à être polymère dans un monde en construction, à la condition expresse de ranger l'optimisme niais au placard. On peut tendre la main à la vieille folle du bas de la rue sans verser dans le lacrymo-social.

Ici, la famille éclatée voire atomisée et on se demande quel est le ciment qui en redressera les murs. L'époux et le père se dissimulent derrière des façades éclatantes mais branlantes. Les enfants, chacun à leur manière, sont des étoiles filantes que rien ne retient mais qui laissent des traînées persistantes. Les femmes, notamment Georgie en mère paumée et épouse larguée, sont impuissantes devant la ruine du foyer familial. Mais la conclusion est optimiste : plutôt que d'acheter du neuf, il vaut mieux réparer ce que l'on a déjà. Recoller les morceaux, comme on dit.

Des adhésifs dans le monde moderne se lit avec fascination. Marina Lewycka louvoie à merveille dans les eaux troubles du romantique et du bien-pensant. le roman emprunte à la comédie de moeurs, à la satire et au vaudeville. Sans être inutilement truculent, le langage est drôle et précis et c'est sans ambages qu'on appelle un chat... un chat !

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Georgie fait la rencontre qui va changer sa vie en jetant les affaires de son mari qui vient de la quitter dans une grande benne. Mrs Shapiro, une charmante vieille dame, qui passait par là, se propose de récupérer certaines affaires. A partir de là, une belle et étrange amitié va unir ses deux femmes que pourtant tout sépare. L'une est une anglaise typique, longtemps coincée dans un mariage qui a perdu toute sa saveur. Et l'autre est une dame âgée très atypique et pleine de fougue.
A cela va s'ajouter une assistante sociale pas très honnête, des agents immobiliers quelques peu véreux, des artisans incapables et un ado très perturbé. Tous n'ont qu'une idée en tête faire main basse sur la maison de la vieille dame, qui pourrait valoir une petite fortune, en la plaçant dans une maison de retraite. Mais elle ne se laissera pas faire et épauler par son amie Georgine, elle va leur en faire voir de toutes les couleurs.

Ce joyeux mélange donne vie à un roman plein d'humour et de justesse. Parce que ce roman ne parle pas seulement de l'amitié entre deux femmes que tout oppose mais il va beaucoup plus loin en rassemblant sous le même toit des peuples que tout opposent.

Marina Lewycka découpe finement son roman en le parsemant de détails sur la vie des personnages et notamment sur le passé bien mystérieux de Mrs Shapiro. A cela, elle ajouter des passages du roman que Georgie écrit, très fortement inspiré par sa vie, et par des allusions aux propriétés de la colle qui collent justement très bien aux différentes situations présentées.

Tout comme dans ses deux précédents romans, Marina Lewycka donne vie à des personnages hors du commun. Une fois encore, on retrouve une petite mention du charmant grand-père d'Une brève histoire du tracteur en Ukraine.

Une fois encore, je me suis régalée à tel point qu'arrivée au milieu du roman j'ai ralentit le rythme afin de faire durer le plaisir et de rester encore un peu dans cet univers quasi magique.

Même si elle a quitté le thème ukrainien Marina Lewycka maitrise toujours son texte de par en part.

Merci à Babelio pour l'envoi de ce livre.

Lien : http://mespetiteslectures.bl..
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Une vieille femme - une maison délabrée - 7 chats - un secret - des parents séparés - un ado perturbé - des agents immobiliers - des artisans et .... des odeurs à profusion.

J'ai beaucoup aimé cette histoire un peu décalée, un peu humoristique, un peu historique.

Mrs Shapiro la vieille dame à un parler tout à fait charmant, mais j'admire Georgie d'avoir pu la soutenir et s'occuper de sa maison pendant son séjour à l'hôpital, les odeurs que celle-ci renferme ont l'air absolument abominables et même pire que ça.

Les personnages de cette histoire sont variés et pittoresques, le rythme est assez soutenu et je ne me suis pas ennuyée du tout.

Je ne connaissais pas cet auteur et je suis ravie de cette découverte.


Lien : http://pages.de.lecture.de.s..
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Alors que chez d'autres auteurs, nous aurions eu une histoire pleine de bons sentiments, ici nous lisons davantage une satire de la société moderne.
Les personnages, complètement largués (au sens propre ou au figuré), feront alors passer au lecteur des heures savoureuses.
Là une vieille femme qui fouille dans la poubelle mais habite une maison hors de prix (délabrée, mais tout de même), là une femme fraîchement larguée par son mari et qui tente de retrouver dans les bras de bads boys une nouvelle identité, là un fils complètement ahuri qui pense que la fin du monde est proche, là un agent immobilier véreux, et là des chats qui feraient mieux de ne pas mettre plus le bronx dans la maison, voire même de faire profil bas.
Wonder Boy, c'est à toi que je m'adresse.
Ils nous font tous sourire, et ce, même dans les situations les plus désespérées. Et là est le talent du narrateur : derrière cette gentille histoire se glisse subrepticement une jolie critique sociale, mais sans jamais être moralisatrice. Même lorsque l'histoire se fait plus sérieuse lors de l'évocation du conflit israélo-palestinien.

Encore une fois avec Marina Lewycka, les situations rocambolesques foisonnent pour le plus grand plaisir du lecteur. C'est fin et très drôle !
Quant aux adhésifs de l'histoire, il serait dommage de ne pas tenter de se frotter à ces personnages qui n'ont rien du pot de colle dont on souhaite se débarasser.
Lien : http://www.bricabook.com/arc..
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