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3,44

sur 67 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce livre m'a été envoyé via Babelio dans le cadre de l'opération Masse critique : je les en remercie ! Car ce livre m'a beaucoup amusée. Je voulais lire depuis un moment le roman précédent de l'auteur : Deux caravanes, et c'est finalement par celui-là que je commence. C'est une histoire de vie, avec des personnages et un univers qui m'ont souvent fait penser - à tort ou à raison - à l'héroïne des romans pour ados de Louise Rennison, à savoir Georgia Nicolson. En effet, notre personnage principal a ici un prénom semblable - Georgie -, elle est entourée de chats siphonnés, donne facilement des surnoms improbables - le hamster, les incapables - et reste finalement d'un flegme à toute épreuve compte tenu de tout ce qui lui tombe dessus en peu de temps. Comme le titre du roman l'indique, la mission de Georgie est de recoller les morceaux. Dans sa vie privée, mais aussi dans celle, plus complexe, de Mrs Shapiro. J'ai beaucoup ri, et j'ai rapidement été intriguée par Mrs Shapiro dont le passé est peu clair... Les métaphores sur la glu sont plutôt bien trouvées et ponctuent régulièrement le roman : "J'ai pensé aux bivalves, aux parois courbes et nacrées qui tapissaient l'intérieur de leurs coquilles, la lumière glauque que laissait filtrer l'eau de mer ; je ne sais pas au juste quelle colle prodigieuse leur permettait de tenir bon dans le tourbillon des tempêtes, mais c'était précisément ce dont j'avais besoin."

Le roman est bourré de vrais "personnages", tous atypiques et inoubliables...ce qui explique pourquoi ces personnages produisent eux-mêmes des situations atypiques et inoubliables... L'auteur ne manque pas d'humour et nous régale de petits phrases bien senties, comme par exemple : "En bas du réfrigérateur, j'ai trouvé trois doigts noirs ratatinés. J'ai mis un moment à comprendre que c'étaient des carottes." Marina Lewycka sait raconter une histoire, elle sait rendre ses personnages réels et évidemment, elle se débrouiller pour nous faire "adhérer" à son roman... Une découverte intéressante et amusante, qui confirme mon envie de lire Deux caravanes !
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Le moins qu'on puisse dire du roman "Des adhésifs dans le monde moderne", c'est qu'il porte un titre intrigant. Dernier opus de Marina Lewycka, paru ce mois-ci aux éditions des 2 terres dans une traduction française signée Sabine Porte, c'est un ouvrage d'une pertinence certaine qui, si l'on veut bien passer par-dessus quelques longueurs, saura littéralement scotcher son lectorat grâce à une démarche où l'originalité se trouve à tous les étages.



Exploiter, comme narratrice, une journaliste spécialisée dans les adhésifs, il fallait en effet y penser. Georgia rédige en freelance des articles sur toutes sortes d'adhésifs, papiers collants et autres céments. Il est d'ailleurs assez paradoxal de découvrir qu'une journaliste, dont on pourrait s'attendre à ce qu'elle dispose d'une certaine culture générale, se trouve aussi dépourvue qu'elle dès qu'il s'agit d'histoire ou de géographie. Est-ce le fruit du système anglais d'éducation des couches populaires, dont elle est issue? Peu crédible, on l'admettra. Heureusement, ce travers est compensé par d'autres éléments.



La colle comme métaphore des relations interpersonnelles

La colle peut évidemment être comprise au sens littéral du terme. Mais le lecteur est rapidement invité à comprendre qu'il y a autre chose, ce que suggère sans équivoque le titre original anglais, "We are all made of glue", plus parlant que sa traduction française de ce point de vue. Les adhésifs, dans ce livre, sont donc une vaste métaphore filée des relations humaines et interpersonnelles - sans compter la question qui tue: "est-ce que ça va coller avec le lecteur?". de ce point de vue, l'auteur place la barre très haut en mettant en scène, face à Georgia, la personnalité de Naomi Shapiro, vieille dame originale et puante aux moeurs de freegan, vivant avec ses sept chats immondes dans une maison déglinguée... un repoussoir? En creusant la personnalité de Naomi et en lui donnant une histoire solide et dramatique, l'auteur sait comment faire en sorte que l'adhésif finisse par fonctionner.



Ainsi naît un regard sur les relations de toutes sortes entre humains, présentés comme autant de collages. Georgia est en instance de séparation au début du roman; on a donc envie de se dire que là, l'adhésif n'était pas optimal. Il y a aussi les attraits malgré soi (avec la figure de Mark Diabello - une sorte de diable, ce que suggère son nom), et des pulsions de rejet - comme si deux matières ne pouvaient strictement pas être collées ensemble. Et naturellement les innombrables liens intergénérationnels: mère-ado, mais aussi quadra-troisième âge, etc. Seuls les jeunes enfants sont un peu tenus à distance.



Les ressorts du loufoque

Il y a une part de loufoque dans le côté audacieux du choix de cette métaphore filée. L'humour est du reste présent à tous les niveaux de ce roman, avec une préférence pour l'humour à répétition. Ainsi se retrouve-t-on à plusieurs reprises face à des noms mal compris (Bad Eel, Nightmare House), révélateurs de sens cachés qui enrichissent la manière orthodoxe de les dire et de les écrire. Il y a aussi le caca de chat récurrent, se trouvant régulièrement dans le hall d'entrée de la demeure de Naomi Shapiro. Dès lors, le lecteur se demande systématiquement si tel ou tel personnage va marcher dedans... et qui est le mystérieux crotteur. D'un goût douteux? Oui, mais le caca, à sa manière, est aussi un adhésif...



Le personnage de Georgia lui-même est source d'esprit, tant il est vrai que sa manière de s'enfiler dans des situations incongrues et ses réactions face à celles-ci rappellent une certaine Bridget Jones, facilement désemparée face aux situations inattendues du quotidien. Georgia est cependant placée face à des situations autrement complexes, par exemple la crise mystique de son fils adolescent, Ben.



L'esprit se développe aussi dans des parallélismes narratifs inattendus. Ainsi, alors que Georgia rêve de coller son mari sur la lunette des toilettes au moyen d'une super-glu au cyanoacrylate, c'est elle qui se retrouve attachée au lit par les simples velcros de rubans destinés à des pratiques sadomasochistes proposées par Mark Diabello (et acceptées de bon coeur, hé hé...).



Canaan House, une modélisation du conflit israélo-palestinien

Et puis, la maison de Naomi Shapiro, avec ses secrets et ses coins sombres, constitue un personnage à soi toute seule. Dès l'arrivée de Mr. Ali et de ses fils, tous artisans et as de la bricole et Palestiniens bon teint, on se demande ce que cela va donner avec Naomi Shapiro, Juive et mère d'un sioniste convaincu prénommé Chaïm (comme Chaïm Weitzmann, l'un des premiers chefs d'Etat d'Israël).



La cohabitation semble envisageable, et l'auteur le suggère dans quelques pages qui, de prime abord, rappellent Anna Gavalda dans leur naïveté (fin de la cinquième partie, un peu "bisounours" dans son genre); mais ici, le propos est plus sérieux, et le personnage de Chaïm le rappelle dès son entrée en scène. La suspicion s'installe, pour ne pas parler du conflit ouvert, amorcé à coups d'argumentsassenés de part et d'autre; et les disputes autour de l'eau et de la répartition des pièces au sein de la maison font assez rapidement penser à certains enjeux qui caractérisent le véritable conflit israélo-palestinien.



Le nom même de la demeure londonienne de Naomi Shapiro, Canaan House, suggère qu'il s'agit d'une terre promise (celle évoquée par la Bible) - et donc fort convoitée. A ce titre, elle constitue une métaphore, un modèle réduit d'un conflit pour lequel il est difficile de trouver un adhésif adapté. On pourrait aller jusqu'à voir là, en filigrane, une observation des forces et limites du système de coexistence des cultures au sein de la population du Royaume-Uni.



Ce roman a donc ses longueurs, on l'admettra; mais il a aussi ses richesses, que constituent des personnages finement ciselés, dotés d'une profondeur suffisante pour que le lecteur s'y attache et s'en souvienne. Chaque lecteur sera par ailleurs sensible à un certain esprit, à quelques outrances savamment calculées pour faire naître des sourires au coin de telle ou telle page. Ce qui n'empêche pas la profondeur, pour rappeler que, comme le dit le titre original de ce roman, nous sommes tous faits de colle.


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J'ai complété avec ce titre la lecture de tous les romans de Marina Lewycka. Ce fut un réel bonheur car j'ai l'impression d'avoir lu son roman le plus accompli tant dans le déroulement de l'histoire, son enchaînement que dans la diversité des personnages, tous plus attachants les uns que les autres. En prime, de l'humour toujours et un brin de philosophie bienveillante.
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Dans ce roman-comédie, auquel la multiplication des personnages et des intrigues parallèles – mais, au fond, quelle est l'intrigue principale ? – donne un air de soap-opera, , il y a quelques personnages ou fils conducteurs, souvent olfactifs : le premier est, sans aucun doute, Wonder Boy, un « malabar avec une tête affreuse et trois pattes noires », puant, violent, et obsédé sexuel, qui pisse à peu près partout et d'abord sur les pieds de la narratrice, ce qui ouvre l'intrigue ; il y a aussi, d'une puissance olfactive encore plus efficace, Canaan House, la maison de Mrs Shapiro, « quelque part entre le quartier de Stoke Newington et celui de Highbury », qui, en plus de loger son habitante humaine, sert d'asile de nuit comme de jour à Wonderboy sus-mentionnée, aux victimes félines de ses pulsions sexuelles et aussi quelques autres mâles congénères de même espèce, sept en tout ; comme Mrs Shapiro, en plus de collectionner les chats, ramasse tout ce qui peut se trouver dans les poubelles et dans les rayons produits périmés des supermarchés, avec un faible pour le poisson avarié, autant dire que la géniale bâtisse en ruines, avec ses « bow-windows victoriens », son « porche roman orné de colonnes torsadées soutenant de petites arches rondes », ses « exubérantes cheminées Tudor et une hallucinante tourelle digne de Dracula, dont un des côtés était agrémenté de fenêtres gothiques », en plus d'être ce que les agences immobilières appellent ‘demeure de caractère', est un concentré de puanteurs décrit avec une telle fascination et esprit d'analyse par Georgie, la narratrice, que le lecteur, tout le long de l'histoire, en a plein les narines. le souper aux poissons variés (et avariés) arrosé de vin blanc a de quoi vous dégoûter du cabillaud pendant 6 mois et est un grand morceau d'anthologie gastronomique…

L'autre fil conducteur – ou faudrait-il dire adhésif – de l'histoire sont les adhésifs, justement, toutes sortes d'adhésifs et de colles, réels ou symboliques, d'où le titre : ce qui colle et ce qui se décolle, ce qui prend et ce qui lâche, ce qui se ressoude ou non : les mariages, les liaisons extra-conjugales, les gouttières en fonte, les lavabos, les porte-brosses à dents…

Georgie Sinclair, épouse aimante de Rip Sinclair, mère de deux adolescents, Ben et Stella, un matin comme un autre, après une scène de ménage au sujet d'un porte-brosse à dents à fixer au mur de la salle-de-bain, se retrouve plaquée par son mari qui, vexé, part vivre non chez sa mère, mais chez son meilleur pote, lequel a une femme aussi, qui, bref… entre fureurs et adultères plus ou moins entrelacés, ce sont quelques mois initiatiques que l'on pourrait intituler « mes six mois de divorce en cours », entre larmes, intoxication alimentaire et dépravation sexuelle à l'aide de menottes-sparadrap (toujours les adhésifs …). Plus quelques flash back arrosés de larmes sur le début et la fin d'un mariage entre une fille de mineurs du Yorkshire laminés par l'ère thatchérienne et le fils d'une famille aussi cultivée que fortunée, et la constation rancunière et lacrymale que divorcerd'un salaud infame dont on est encore fort éprise et que l'on désire toujours, même, après 20 ans est une entreprise ardue.

L'autre intrigue est celle de Canaan House, aux relents de poisson et de pisse de chat. Mrs Shapiro, dont l'âge paraît mystérieusement osciller entre 90 et 70 ans, échappe tant qu ‘elle peut aux services sociaux et aux agences immobilières véreuses, attirées comme des requins assoiffés de sang par cette maison quasi à l'abandon et hors de prix et sans titre de propriété à opposer pour en défendre les murs … Georgie – qui, à part divorcer et taper des articles sur les polymères pour le journal Adhésifs dans le monde moderne, et se faire du souci pour son fils obsédé par l'Armageddon, n'a que ça à faire –, se lance dans une enquête de détective pour contrer les agents véreux Wolfe & Diabello (ce qui n'empêche pas certains ébats torrides avec le second), pour brouiller le flair des services sociaux concernant autant les remugles du logis de Mrs Shapiro que les zones d'ombres de son passé – qui est vraiment Mrs Shapiro ou plutôt qui est la vraie Mrs Shapiro, qui son mari Artem a-t-il aimée avant-guerre, qui a-t-il épousée à Londres et de qui est son fils, Chaim ?

Comme souvent dans les romans humoristiques britanniques, l'histoire est heureusement agrémentée par une foule de personnages loufoques et bien campés : Mark Diabello, l'agent immobilier à la jaguar noire, « à la voix sirupeuse et aux yeux mouchetés d'éclats noirs et or », Cindy Baddiel, l'assistance sociale compatissante, experte en relaxation, rose et rebondie comme un marshmallo ; Ralph et son père, Tatie ; des personnages aussi émouvants, tous porteurs d'un morceau d'Histoire en plus de la leur : les parents de Georgie, dont la vie résume la gloire et la fin des mines du Yorkshire ; Mr. Ali, le bricoleur palestinien, flanqué de ses deux neveux, les inénarrables Incapables, qui amènent dans leur caisse à outils toute la tragédie palestinienne en deux générations, afin de réparer une maison dont l'énigme se situe autant en Biélorussie juive que dans le Danemark occupé, et finalement dans les grandes heures du sionisme et des pionniers de 1948.

Il n'y a pas beaucoup de véritables méchants – même Wonder Boy a ses quart d'heure de tendresse et d'offrande de souris mortes, comme on le voit à la fin –, dans un happy-end, certes un peu surfait, emprunté au cinéma, où tout le monde a droit à son petit quart d'heure de conclusion et à la perspective d'une vie de couple heureuse.

« Des adhésifs dans le monde moderne » est un roman avec quelques ficelles narratives un peu convenues mais éprouvées et qui ont déjà fait recette dans ce genre de littérature, efficaces, et soutenues par toute une galerie de personnages attachants et drôles. Une histoire qui se lit d'une traite (on a envie de savoir à QUI appartient cette maison, finalement) et fait passer un bon moment.

http://sohrawardi.blogspot.com/2011/06/des-adhesifs-dans-le-monde-moderne.html
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“Peut-être que si l'on réussissait à améliorer la cohésion humaine, les autres détails - les lois, les frontières, la Constitution - se règleraient d'eux-mêmes. Il suffirait de trouver l'adhésif le mieux adapté aux supports. La clémence. le pardon. Si seulement ça existait en tube”

Ce petit extrait reflète la réflexion qui flotte parmi les aventures ou mésaventures des protagonistes de ce roman parfois loufoque parfois grave.

Le titre n'est à mon sens qu'un prétexte pour filer Ariane tout au long de ce roman. Georgie étant free lance pour une revue “Les Adhésifs”, la métaphore est toute trouvée pour tenter de recoller les morceaux de sa propre existence, autant que celle de son entourage et bien au-delà par la réflexion sur ce monde qui n'en finit pas de se désagréger.

Un livre qui m'a scotchée, je dois bien l'avouer sans pour autant dire que ce fut un coup de coeur, mais j'ai passé un week-end à le lire au soleil, et ce fut un bon moment , agréable et détendu, de l'humour certes pas à pouffer de rire, mais le personnage de Naomi, m'a bien fait sourire, j'en garderai un bon souvenir. L'auteur a su me captiver, et me retenir dans son scénario fort bien mené, où elle a su susciter de l'intérêt en imbriquant des micros histoires. A l'image de la colle, une chimie qui au début n'était qu'un noyau isolé, plein de petits atomes sont venus se greffer au fil de l'histoire pour ne faire qu'un seul.

L'auteure aborde des sujets de tout à chacun mais qui peuvent nous concerner de plein fouet, mais aussi des maux de notre société, comme le cas de cette vieille dame qui aurait pu se faire rouler dans la farine, enfermée et dépouillée par des charognards. le sujet des ados a retenu mon attention, fragiles et souvent démunis, ils se réfugient dans une bulle ou dans une idéologie les menant parfois nulle part mais surtout à l'extrême d'un grand n'importe quoi. La peur des parents pour ses enfants, cruelle et tenace.

Le couple qui se brise pour un porte brosse à dent, comment recoller les morceaux d'une histoire qui est arrivée à son terme ?

Puis des sujets bien plus graves sont abordés, ceux des guerres sans fin entre Israël et la Palestine par exemple.

Sous un air loufoque, l'auteure a su nous peindre un tableau de notre société avec ces cratères dégoulinant de monstruosités mais aussi ces petites rivières qui chantonnent l'humanité retrouvée : savoir écouter, regarder, et prendre le temps voire donner de son temps pour autrui sans rien attendre en retour juste soulager celui qui a besoin d'un appui.

Une belle lecture qui m'a ravie dont j'ai apprécié le style qui m'a fait étrangement rappelé celui d'Anna Gavalda pour ce pouvoir de nous engloutir dans le scénario et dont on peine à quitter. Toutefois, j'ai trouvé la fin un peu “bâclée” tel un beau soufflet dont on a admiré son ascension magistrale, d'un coup, la fin retombe trop vite, comme si la précipitation d'en finir avec ce roman, l'auteure avait coupé court, et paf paf, je te fais rencontrer tous les personnages au supermarché du coin et hop en deux temps deux mouvements, tout est fini !

Un début prometteur et promesses tenues mais une fin expédiée. Dommage !

Mais n'oublions pas la présence tant aimée des chats ! Ah, tout un monde ! A vous de le découvrir…Ces petits félins, on ne s'en lasse pas.


Lien : http://lesmotsdepascale.cana..
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Georgie Sinclair est en train de jeter aux ordures les affaires de son mari qui vient de décider de la quitter. Elle se retrouve nez à nez avec une vieille femme très étrange qui fouille dans les poubelles. Mme Shapiro est en fait une vieille voisine très excentrique, une immigrée juive qui s'attache immédiatement à Georgie et l'invite à partager un dîner mémorable. Lorsque Mme Shapiro fait une chute chez elle qui l'oblige à être hospitalisée, Georgie accepte d'aller nourrir les sept chats qui partagent la vie de la vielle dame. Elle se rend alors compte que l'immense bâtisse regorge de drôles de secrets, et surtout, qu'elle intéresse de nombreuses personnes qui rôdent aux alentours.

La première chose qui m'a séduite, c'est le ton du roman: beaucoup d'ironie, un humour décapant. D'entrée de jeu, le chat le plus charismatique du roman, judicieusement baptisé Wonder Boy, marque allègrement son territoire. Je préfère vous prévenir: Wonder Boy est mon personnage préféré de cette histoire. Juste après lui vient sa déjantée propriétaire, avec son accent à couper au couteau, ses habitudes alimentaires dangereuses, son mépris total pour toute forme de propreté. Georgie elle-même se laisse porter dans une espèce de second degré permanent qui rend l'ensemble très léger. Et pourtant, ce roman ne manque pas d'épaisseur: Mme Shapiro qui semble si délurée cache pourtant un mystère qui s'épaissit vite, qui commence avec la Shoah. Les agents immobiliers, véritable fantasmes sur patte pour une Georgie en manque d'affection depuis que son mari Rip a claqué la porte, vont compliquer encore davantage les choses en mettant tout en oeuvre pour délester la vieille dame de sa demeure, en se heurtant à différents organismes sociaux qui brassent du vent plus qu'autre chose.

Je me suis beaucoup amusé en lisant ce roman, même si à la fin, la multiplication des personnages secondaires peu approfondis par l'intrigue m'a un peu perdue.
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On retrouve encore ici des personnages colorés mais attachant (je n'aurais jamais cru m'attacher à Mme Shapiro, mais oui, finalement). Belle histoire d'entraide.
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Georgie Sinclair traverse une mauvaise passe. Après une dispute ridicule avec son mari, toujours bien trop occupé à accomplir "quelque chose qui puisse contribuer au progrès de l'humanité et façonner les générations futures", celui-ci vient de quitter la maison familiale. Désemparée, elle jette la totalité de ses affaires dans une benne. C'est à cette occasion qu'elle fait la connaissance de Mrs Shapiro, une vieille dame excentrique, reine de la récupération et grande amoureuse des chats. Quelques jours plus tard, Georgie la recroise au supermarché en train de traquer la promotion. Les 2 femmes se rapprochent et la vieille dame se révèle une proche voisine. Mrs Shapiro vit dans une immense maison délabrée colonisée par les chats et une crasse sans nom. D'origine juive, elle vit seule depuis la mort de son mari, rescapé des camps de concentration. Georgie et Mrs Shapiro finissent par lier amitié. Aussi quand la vieille dame fait une chute sérieuse qui l'envoie à l'hôpital, Georgie prend la responsabilité de s'occuper de la maison et de nourrir les chats. Les choses se compliquent quand plusieurs agents immobiliers et une assistante sociale intéressée se mettent en tête de vendre la maison à leur avantage et de laisser la "vieille" dans une maison de retraite. Indignée par leurs méthodes douteuses, Georgie est prête à défendre Mrs Shapiro et à enquêter sur son passé quelque peu mystérieux.

Au fur et à mesure que l'intrigue avance, la vie et le passé de Mrs Shapiro se découvrent à travers le récit qu'elle en fait à Georgie mais aussi par l'enquête quelque peu cachée que la jeune femme initie. Ses découvertes montrent des incohérences et laissent planer des doutes qui se verront bien évidemment éclairés à la fin de l'histoire.
On y découvre une histoire d'amitié improbable entre des femmes de 2 générations différentes.
Georgie est une femme moderne qui se débat avec un job de rédactrice à domicile pour un journal nommé "des adhésifs dans le monde moderne" qui traite des colles et des adhésifs divers et variés de ce bas monde. Elle voit à peine sa fille aînée qui vit sa vie en toute indépendance et doit gérer un fils adolescent à moitié mutique qui préfère passer sa vie devant son ordinateur (" je suis un cyber-ado, m'man. J'ai grandi avec l'hypertexte") et s'inquiéter de thèses apocalyptiques plutôt que d'échanger avec sa mère. Ses envies d'écriture ne donnent pas grand chose et Georgie transpose laborieusement ses soucis et ses fantasmes personnels dans un roman à l'eau de rose qu'elle essaie de composer. Fantasmes qui ne demandent qu'à s'épanouir au contact des quelques hommes farouchement sexy croisés depuis son célibat.
Mrs Shapiro, elle, reste assez mystérieuse sur son passé. Elle se donne des âges différents et rechigne à parler d'elle-même pour mieux conter l'histoire chaotique de son mari. Elle se préoccupe bien plus du bien-être de ses chats accariâtres et joyeux pisseurs ainsi que de l'avenir amoureux de "Georgine", comme elle l'appelle, et n'hésite pas à lui prodiguer des conseils bien à elle.
Les autres personnages sont tout aussi savoureux et attachants : l'artisan palestinien serviable qui a vu sa famille massacrée, ses neveux incapables mais prêts à tout pour se trouver un toit, un agent immobilier qui souffle sur la braise de la sensualité endormie de Georgie, un invité israélien de dernière minute, un mari qui ne s'avoue pas vaincu, etc...
Bref des personnages en tout genre, bien loin de pouvoir s'accorder tous ensemble. Et pourtant. Tout ce petit monde réussira à se mêler ! Georgie sait qu'il existe une colle pour chaque chose en ce monde et, tel les adhésifs qui font son quotidien, sera le ciment qui donnera sa cohésion au groupe.

" Peut-être que si l'on réussissait à améliorer la cohésion humaine, les autres détails - les lois, les frontières, la Constitution - se régleraient d'eux-mêmes. Il suffirait de trouver l'adhésif le mieux adapté aux supports. La clémence. le pardon. Si seulement ça existait en tube."

Premier roman de Lewycka que je lis et une très bonne surprise ! Voilà un roman que l'on dévore sans interruption et qui, sous des dehors de roman léger, évoque des sujets plus graves.
Le lecteur s'amusera des différents portraits qui lui sont offerts et du savoureux mélange donné par cette galerie de personnages. L'humour est omniprésent et de nombreux dialogues réjouissants parsèment le texte.
Des histoires d'amitié et d'amour compliquées qui n'oublient pourtant pas les grandes questions : problème du 3ème âge, escroqueries immobilières, adolescence difficile, conflit israélo-palestinien, diaspora juive, ... Evoqués sans la gravité habituelle des journaux télévisés, ces multiples thématiques donnent de la profondeur à une histoire pleine de rebondissements épiques.

"Des adhésifs dans le monde moderne" se révèle un roman facile à lire, à l'écriture simple et accessible à tous mais loin d'être une vulgaire bluette sans intérêt, il offre au lecteur une véritable comédie où amour et humour sont au rendez-vous !
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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