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Critique de migdal


migdal
10 septembre 2022
Passionné de littérature, Simon Leys fit connaitre la culture chinoise à l'occident et fut aussi un navigateur entre le monde francophone et l'anglophone, comme l'illustre ce recueil de chroniques, de préfaces et de traductions publiées entre 1990 et 1997.

Deux articles ont particulièrement retenu mon attention, « Lawrence d'Australie » et « Evelyn Waugh, ou la terreur de Babel » parmi les neuf, tous instructifs.

Paru à l'automne 1993, dans la revue Commentaire, « L'Australie de D.H. Lawrence », révèle que « Kangourou » n'est pas une fiction mais une enquête sur un projet de coup d'état initié, entre les deux guerres, par des anciens combattants australiens redoutant une victoire électorale des travaillistes. Reportage qui suscita une menace d'attentat contre l'écrivain qui n'est donc pas seulement le sulfureux auteur de « L'Amant de lady Chatterley ».

Paru en mars 1993 dans « The Independant Monthly » « Terror of Babel », assène «Si l'on voulait se débarrasser de Waugh, il faudrait d'abord pouvoir se débarrasser de la langue anglaise elle-même» et précise que la première leçon qui se dégage de cette oeuvre c'est la souveraine importance du style, « chaque mot est juste et occupe sa juste place ». Simon Leys compare au style d'un Graham Greene ou d'un Simenon, beaucoup moins littéraire, et donc mille fois plus simple à traduire. « La littérature n'est rien autre qu'une façon adéquate d'user du langage » résumait Evelyn Waugh s'inscrivant ainsi dans un héritage poétique.

Caustique et facétieux, le critique décape les portraits De Balzac et Malraux, puis le traducteur décrypte la théorie et la pratique de son art en rappelant qu'il vaut mieux maitriser la langue d'arrivée que la langue de départ (comme l'a démontré Marcel Proust en traduisant John Ruskin) et nous livre la lettre ouverte que Robert Louis Stevenson adressa au révérend Dr Hyde pour défendre la mémoire du père Damien, l'apôtre des lépreux.

Un ouvrage qui nourrit la réflexion grâce à des articles d'une vingtaine de pages, format que je préfère à la concision des articles retenus pour «  le bonheur des petits poissons : Lettres des Antipodes », qui placent ce titre au même niveau que « Protée et autre essais » et font de Simon Leys un critique humaniste incontournable.

PS : Simon Leys : Navigateur entre les mondes
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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