Julien est un adolescent qui pratique le rugby de manière brillante et va intégrer le club de Bordeaux dans le but de devenir professionnel. Son père, neurochirurgien reconnu, ne le soutient pas dans son projet mais ne s'y oppose pas non plus.
Premier match en vue, premier gros choc, et pendant plusieurs minutes, Julien est considéré comme mort. À son réveil, il décrit ce qu'il a vécu, ce qu'il a ressenti mais aussi qui il a rencontré. Nous sommes face à ce qui s'appelle une expérience de mort imminente (EMI). Julien est pris au sérieux par une infirmière mais cette histoire est rejetée en bloc par son cartésien de père. Surtout que Julien dit avoir parlé avec un Paul qui dit être son oncle. le père et la mère de Julien refusent de lui en parler. le père de Julien va jouer de ses relations pour que Julien oublie. Cela sera fait en pratiquant des séances d'hypnoses.
Julien va perdre ses souvenirs, du moins ceux liés à l'EMI. Si Julien n'a plus ses souvenirs, il a gardé une capacité de médium, de rencontrer des âmes en errance. Il vit avec cela.
Effectuant un stage à l'hôpital, il va retrouver l'infirmière qui l'a soigné après son accident du rugby. Elle va lui permettre de réactiver ce qu'il a vécu à ce moment.
Si j'ai effectivement entendu parler ou lu des articles relatifs aux EMI, ce n'est pas un phénomène fait partie de mes préoccupations. J'ai cependant lu cette histoire avec un grand intérêt pour plusieurs raisons.
La première est la qualité du scénario : Éric
Liberge nous livre un véritable bijou sur un sujet difficile. La seconde est la qualité exceptionnelle du graphisme proposé. Quel travail sur les gris, quel travail sur les lumières entrevues en utilisant que le noir ! Les personnages sont somptueux, tout est notion de détails, tout est question de finesse, de précision. Chaque case est travaillée, ciselée. Un travail d'orfèvre. Et que dire du visage de Julien qui ira de la fermeture et de la dureté jusqu'à l'ouverture voire la béatitude ! J'ai beaucoup aimé l'apparition des couleurs et la chaleur de celles-ci dans la dernière partie. Les détails sont toujours là mais la couleur donne plus de profondeur, peut-être plus d'humanité.
Dans cette histoire, on voit encore les ravages que peuvent faire des secrets de famille. Ils détruisent ou modifient la vie des acteurs mais peuvent aussi avoir des conséquences sur les descendants. Et les secrets de famille peuvent se retrouver dans tous les milieux. Une fois de plus, un auteur nous montre les difficultés à dialoguer entre un père et un fils, entre un père qui ne prend pas le temps de de s'occuper de son fils, de s'intéresser à ses projets, privilégiant sa carrière et passant à côté de l'essentiel : la vie, la vraie vie.
C'est une histoire dure, difficile qui forcément génère de l'émotion chez la lectrice ou le lecteur. Que l'on croit ou non aux EMI, cette lecture ne laisse pas insensible. C'est un peu une approche philosophique sur les liens entre la vie et la mort, sur nos croyances. C'est un très beau et une belle histoire.
"La mort est un vêtement que l'on quitte" est un roman graphique que l'on ne quitte pas dans le même état qu'au début de lecture.