Dit simplement, la Conscience est la seule réalité et elle est manifeste en tant que cet univers, qui dans sa nature est conceptuel. Il est perçu à travers des organismes sensibles, pas nécessairement humains, mais par des structures dotées de sensibilité. Sa perception est un enregistrement que nous pouvons appeler un concept, signifiant qu'il n'a pas de nature indépendante. L'univers manifesté n'a pas de structure indépendante. C'est aussi ce à quoi sont parvenus de nombreux physiciens théoriques, affirmant que ce qu'est une chose est dictée par ce qui en prend la mesure. Et l'instrument de mesure ultime est l'organisme percevant lui-même. La nature de cet organisme va dicter la nature de ce qui est manifeste. Par conséquent, il n'est pas de réalité existante indépendante de la perception dans tout l'univers manifesté. La seule "chose" réelle n'est pas une chose ; c'est cette Conscience impersonnelle, qui est tout.
L’Illumination est l’absence du mouvement entre l’expérience d’être Un et l’expérience d’être séparé. Les mystiques avancent souvent que ce qui demeure, lorsque vous mettez de côté cette expérience de l’unité et du séparé, c’est Unicité car c’est tout ce qui est et est à jamais. Cela se trouve simplement masqué par le mouvement dualiste. La tentation est d’imaginer — et elle est renforcée par des milliers d’années de description de cet état par des sages — que ceux-ci font de façon continue l’expérience de cette unité dont le chercheur fait temporairement l’expérience. Ce n’est pas le cas.
Essentiellement, ce que cherche le chercheur spirituel, c’est d’avoir une pièce à une seule face. Ce fantasme est d’avoir uniquement la face de l’expérience non duelle, unitive, sans sa contre-partie qui est l’expérience de séparation. C’est une idée très attrayante. Il est très attrayant d’imaginer avoir le bon sans le mauvais, ce qui est sain sans ce qui est corrompu, la joie sans la peine, mais jusqu’ici cela n’a pas été la nature de l’univers manifesté.
Tant que nous sommes dans cet univers manifesté, il n’est pas d’échappatoire à sa structure dualiste. Ce vers quoi pointe le sage est une Transcendance qui embrasse l’univers manifesté dualiste mais qui est elle-même sans forme ni caractéristique. Quand le sage parle du sans qualité il ne peut le décrire qu’en termes qui correspondent à l’expérience qu’a le chercheur de l’état unitif. Le chercheur se dit alors : « Ah ah, je sais ce qu’est cet état, j’y ai été, je l’ai ressenti et j’adore ça. Et en plus, je le veux pour toujours !»
Lorsque je parle d’Illumination, j’en parle de façon très, très spécifique, et c’est extrêmement simple. Chez les humains, vers l’âge de deux ans et demi, survient une profonde transformation qui, d’êtres spontanés et voguant librement au gré des flots de la vie, nous change en créatures en lesquelles tout se met à graviter autour de « Moi ! », du « à Moi ! » et de la façon d’obtenir ce que « Je » veux et ce dont « Je » pense avoir besoin. C’est l’instant où s’active ce faux sentiment d’être auteur (FSA)1. Cela arrive à quasiment tous les êtres humains. C’est le sentiment erroné que « je », en tant que cet organisme corps-mental, suis la source qui fait arriver les choses.
C’est ce sentiment erroné d’être auteur qui crée la souffrance, parce que la nouvelle perception est que « je » suis aux commandes, que j’ai un contrôle sur les choses. Cependant, il se présente continuellement l’évidence du contraire — l’évidence que « je » ne suis pas en contrôle. Une puissante tension est donc établie.