Qui est impliqué, avec quel objectif, quel est son rôle, avec quel pouvoir et dans quel environnement ?
Ce livre fait suite à un colloque organisé par l'
Association France Palestine Solidarité, le Collectif interuniversitaire pour la coopération avec les universités palestiniennes et l'Institut de recherches de la Fédération syndicale unitaire
En introduction, Roland Lombard et Marilyn Pacouret soulignent que « La perception des réalités et leur analyse différent selon l'historien, son appartenance à un groupe, son bagage culturel, son héritage ethnique et spirituel ». Au delà du curieux et indéfinissable « héritage ethnique », j'ajouterai quant-à moi, la qualité de ses réflexions critiques sur l'ensemble des rapports sociaux et sur la construction de l'histoire.
L'histoire et son écriture ne sauraient être neutres, surtout sur les éléments les plus récents. le plus souvent écrite par les vainqueurs ou les dominants, cette histoire est le plus souvent partielle, partiale, voir mensongère… Dois-je rappeler ici, les mythes nationaux (voir par exemple Suzanne Citron : le mythe national, L'histoire de France revisitée, Éditions de l'Atelier 2008, la glorification des gouvernements, le silence sur les femmes et plus généralement sur les dominé-e-s…
En refusant de prendre en compte les débats et les divergences d'intérêts sociaux et politiques, en focalisant sur des événements aux détriments de l'ensemble des rapports sociaux, sans oublier une construction souvent linéaire (le fantasmatique fil de l'histoire), la non évocation des contingences, des bifurcations possibles, des potentialités non réalisés, l'histoire proposée à l'étude dépolitisée est par ailleurs… dé-historicisée.
En ce qui concerne les manuels scolaires, il faut aussi souligner comme le fait Dominique Comelli pour la France, les choix relevant de la « liberté totale » du secteur privé, la sanctuarisation de l'école « à l'écart des grands débats sociaux » par les enseignant-e-s elles/eux-mêmes, la pauvreté des contenus, le partage « des représentations dominantes », le peu de travail sur les sources, « l'utilisation de documents, en particulier les photos » privilégiant « l'efficacité émotionnelle », les pressions de certaines associations, ou « la déqualification de la rue et des acteurs non-étatiques »…
Pour en revenir à l'introduction, les auteur-e-s indiquent « l'importance d'exercer une vigilance critique à l'endroit des manuels scolaires ». Elle et il parlent, entre autres, des argumentaires légitimant « le spoliateur », de l'oubli des résolutions de l'ONU, du droit international, de la confusion des mots, de la séparation du « conflit israélo-arabe » de la « colonisation »…
Les textes parlent des manuels scolaires en France, des Palestiniens dans les manuels scolaires israéliens, des manuels des élèves palestiniens en Israël et en Palestine, des manuels suédois…
Les différents textes montrent le plus souvent des choix idéologiques présentés comme objectivité, des non-dits, des imprécisions, des réalités masquées, des falsifications…
Sommaire :
Roland Lombard et Marilyn Pacouret : La représentation du conflit israélo-palestinien : une analyse critique internationale
André Rosevègue : Qu'est-ce qu'un Juif dans un manuel scolaire en France aujourd'hui ?
Sandrine Mansour-Mérien : Les manuels français et la question Palestine/Israël
Nurit Peled-Elhanan : Les Palestiniens dans les manuels israéliens
Samira Alayan : Les manuels des élèves palestiniens en Israël et en Palestine
Michaël Walls : Dans les manuels scolaires suédois
Bernard Albert : Imprécisions et réalités masquées
Dominique Comelli : La fabrique des manuels
Un petit livre pour réfléchir à la diffusion unilatérale de l'histoire écrite du point de vue sioniste, à la négation des droits des palestinien-ne-s jusque dans l'écriture des manuels scolaires…
Espérons que cette publication donnera lieu à des présentations en salle d'enseignants, à l'organisation de débats dans les collèges et les lycées et à la transformation des manuels, intégrant au moins, les recherches des historien-ne-s palestinien-ne-s et de celles et ceux qui sont nommé-e-s « nouveaux historiens israéliens ». Sans parler de la réhabilitation de la politique comme dispute démocratique…
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