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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Opprimés de tous les pays, Londonisez-vous !

Qui mieux que l'inimitable Jack London peut en effet porter la parole des sans voix écrasés aux quatre coins du monde sous le joug des puissances d'argent ? On retrouve ici, parmi les multiples facettes de l'auteur, le socialiste engagé, homme fort ancré du côté des faibles, puisant comme souvent dans sa propre expérience la matière de ses nouvelles : l'usine, la boxe, le vagabondage, le vaste monde : il connait.

Ce court recueil, percutant comme un uppercut, fait mouche car il nous donne à voir l'oppression sous une variété d'angles assez riche : un angle géographique d'une part, chaque nouvelle se situant sur un continent et dans un contexte culturel différent, accentuant de ce fait le caractère universel du propos ; mais aussi, ce qui m'a particulièrement plu, le fait que London nous expose son sujet, l'oppression capitaliste, par ses deux faces : ceux qui s'y soumettent, et ceux qui y résistent.
Au coolie chinois qu'on assassine sans motif à Tahiti répond dans une autre nouvelle le gamin qui, devenu homme après dix ans d'usine, jette le gant pour prendre la route, ou encore ce professeur d'université qui, à force d'immersion dans les milieux ouvriers qu'il étudie, choisira d'y rester.

Ces contrepoids à la souffrance subie donne à l'ensemble une note d'espérance voire (effet sans doute beaucoup plus recherché par l'auteur à l'époque) titille la fibre révolutionnaire du lecteur ; la nouvelle qui m'a pourtant le plus touchée est l'histoire de Tom King, ce vieux boxer qui monte une dernière fois sur le ring pour une tranche de steack qu'il ne gagnera pas : je retrouve dans cette nouvelle tout mon London, la puissance de ses convictions sur la supériorité des dominants et l'insondable tristesse de ses désillusions.
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Sorties de ma pile à lire, ces nouvelles de Jack London. On connaît l'auteur de romans ayant pour cadre les grands espaces et les forêts, mais il a aussi décrit les bas-quartiers de Londres dans le peuple d'en bas, et s'est insurgé contre la pauvreté des travailleurs et les ravages du capitalisme, notamment dans ces nouvelles. Ces textes qui, de par leur thématique commune, ne sont pas sans rappeler Les temps modernes de Chaplin, le burlesque en moins, explorent le travail en usine, le monde de la boxe, les aléas de la justice. Ces nouvelles sont pleines d'empathies pour les personnages, et si elles ne sont pas optimistes, elles montrent que depuis qu'elles ont été écrites, les faits qu'elles dénoncent restent toujours d'actualité dans certaines parties du monde, et même près de chez nous.
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Le titre place ces nouvelles à la fois sous un angle religieux et politique révolutionnaire.
D'abord, l''adjectif « maudit » renvoie à la malédiction divine, les hommes devenus obligés de travailler à la sueur de leur front pour se nourrir après la Chute. Il est donc beaucoup question de pain, de nourriture, mais à travers le prisme du manque : les personnages ont faim, constamment. C'est le boxeur qui pense au bifteck qu'il n'a pas mangé et qui l'empêche de se battre avec suffisamment d'énergie. C'est la mère qui se prive pour nourrir ses enfants, tandis que l'aîné de la fratrie se restreint pour nourrir ses petits frères. Ce sont les hommes préhistoriques qui inventent des techniques de pêche et d'agriculture. Il faut donc souffrir au travail pour manger, ce qui pèse sur les corps, tous maigres, rachitiques, pâles, toussant à force d'inhaler les poussières de l'usine.
Ensuite, « maudits » renvoie aussi aux « damnés ». Et là, on pense aux « damnés de la terre » de l'Internationale – qui évoque d'ailleurs dès le 2ème vers « les forçats de la faim ». J'ai eu l'impression que London voulait illustrer à différentes époques la mainmise du capitalisme sur le prolétariat, pour appeler à la révolution. A ce titre, la 1ère nouvelle est un apologue, un récit narratif à portée morale : un homme préhistorique évoque la fondation d'une société, lorsque des hommes indépendants s'unissent pour, au départ, être plus forts ensemble en formant une tribu. Mais très vite, trois maux qui agissent ensemble apparaissent pour les opprimer : le pouvoir, la religion et l'argent. le pouvoir, c'est celui qui a la force, celui qui peut frapper les autres avec arbitraire. La religion, c'est celui qui manipule les autres par de fausses promesses. Et l'argent, c'est celui qui vit, s'enrichit et s'engraisse par le travail des autres, qui, eux, dépendent de lui pour se nourrir. C'est une sorte de mythe des origines, le capitalisme vient de la naissance même de la société humaine, même s'il est très perturbant de lire des hommes préhistoriques parler au passé simple... le style d'écriture et les temps des verbes n'ont pas été adaptés au contexte, du moins dans la version traduite.
Après cet apologue, les autres nouvelles reprennent le même thème, et la même thèse, de façon très appuyée, en martelant même le message. La deuxième nouvelle pourrait d'abord être du Dickens, un enfant obligé de travailler pour nourrir sa famille dans une fabrique sombre, poussiéreuse, pour quelques centimes. C'est sombre, larmoyant, misérabiliste presque. Et elle finit en conte philosophique lumineux, baigné littéralement de soleil, lorsque le jeune adulte décide de tout quitter pour profiter de la vie. Deux nouvelles présentent des boxeurs, qui combattent non par amour de la violence, mais pour leur idéal : servir la révolution ou nourrir sa famille. Il y a une certaine beauté mélancolique dans la description du vieux boxeur face à la jeunesse, qui ne recherche plus la gloire mais juste un peu d'argent pour son loyer et ses enfants. le corps est donc, dans sa matérialité, sa corporéité, un élément du combat pour la « lutte finale ».
Mais face à la domination, la révolte ne pourra être que collective. Les prolétaires doivent s'unir. C'est ce que comprend Bill Tots qui organise des syndicats. Bill Tots est un personnage intéressant car il pourrait être l'inverse de Martin Eden : c'est la fausse identité d'un universitaire venant étudier en sociologue, les prolétaires dans leur milieu, se déguisant en travailleur pour se fondre parmi eux. Mais, progressivement, il apprécie la liberté des prolétaires : ils parlent, jouent, chantent, désirent et aiment... sans contrainte. La fausse identité devient la réelle, le sociologue bourgeois disparaît pour endosser définitivement les habits du porte-fait. Cette union des travailleurs devra mener à la grève générale, comme dans « Le rêve de Debs » qui est, de manière significative, la dernière nouvelle, ou comme dans le roman de London le Talon de fer qui approfondit la thématique. Mais ce dernier récit est plutôt drôle – en partie du moins, car il se place du point de vue des riches bourgeois : pour eux, grève générale veut dire un chauffeur qui ne les conduit plus, plus de livraison de lait frais, et plus d'olives dans les cocktails servis au club, dont les serviteurs sont eux aussi en grève d'ailleurs.
Différents récits engagés donc, dommage que certains soient un peu rapides, ce qui empêche de s'intéresser vraiment aux personnages, qui sont des types, des stéréotypes même, plus que de véritables individualités.
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Jack London sera à l'honneur cet automne avec son entrée dans la fameuse collection La Pléiade dans une nouvelle traduction. C'était donc l'occasion de dépoussiérer un vieux livre de ma bibliothèque (édition de 1973, imprimé en 1974) pour prendre réellement connaissance avec l'oeuvre du célèbre auteur de Croc-Blanc et L'Appel de la forêt.
Les Temps Maudits regroupe huit nouvelles, écrites entre 1901 et 1911. Malgré leur diversité apparente: fable préhistorique, politique fiction ou réquisitoire contre la peine de mort sous le soleil polynésien, ces récits ont tous pour objectif commun de dénoncer la rapacité humaine et de témoigner du terrible sort réservé aux perdants d'un système implacable.
Le Renégat est peut-être celle qui m'a le plus touché. A la manière de Charles Chaplin, Jack London y montre l'absurdité d'un système basé sur l'exploitation par le travail.
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Je ne connaissais pas cette facette de Jack London. Ces courtes nouvelles sont fascinantes. Très "politiques" elles décrivent pour la plupart les rapports de classes et l'oppression de la classe ouvrière au début du XXème siècle.

Le recueil s'ouvre sur "la force des forts" sorte de conte préhistorique retraçant l'évolution de nos sociétés condensée sur la durée d'une génération. Bien qu'intéressant je trouve que le côté trop démonstratif et évident en limite un peu la portée. L'histoire vise à montrer l'absurdité et les dérives de l'accaparement des richesses et des moyens de production par divers stratagèmes.

"Au sud de la fente" m'a particulièrement impressionné; elle décrit un étrange dédoublement de personnalité d'un professeur de sociologie de San Francisco qui s'immerge dans les quartiers populaire de la ville, "au sud de la fente".

D'autres comme "Chinago" ou "Une tranche de bifteck" sont poignantes et mettent en scène l'absurdité de la condition humaine aux prises avec des systèmes qui la dépasse. Dans certaines Jack London utilise sa passion pour la boxe et la met en scène magistralement ("Une tranche de bifteck", "Pour la révolution mexicaine").
Il met également en scéne différentes formes de luttes; les grèves générales dans "Le reve de debs", la révolution dans "Pour la revolution mexicaine", la lutte armée violente de type terroriste dans "Les favoris de Midas". Difficile d'ailleurs de savoir ce que l'auteur en pense vraiment.

On sent transparaitre dans toutes ces nouvelles la révolte de Jack London contre l'organisation du capitalisme au début du XXème siècle. Et on ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec notre époque et de constater que sous bien des aspects les choses n'ont malheureusement pas beaucoup changés…
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