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Yves Pélicier (Éditeur scientifique)
EAN : 9782264009814
316 pages
10-18 (08/07/2006)
4.14/5   53 notes
Résumé :
Situées en des temps et lieux aussi divers que l'époque du quaternaire et un avenir lointain, en Amérique, à Tahiti ou au Mexique, ces huit nouvelles portent l'écho d'une seule et même plainte. Celle de l'homme écrasé par un système économique implacable.
Hommes préhistoriques déjà victimes de ce qui sera le capitalisme, chinois guillotiné par erreur et pour l'exemple, vieux boxeur en quête d'un bifteck avant un match décisif, jeune mexicain offrant la douleu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Opprimés de tous les pays, Londonisez-vous !

Qui mieux que l'inimitable Jack London peut en effet porter la parole des sans voix écrasés aux quatre coins du monde sous le joug des puissances d'argent ? On retrouve ici, parmi les multiples facettes de l'auteur, le socialiste engagé, homme fort ancré du côté des faibles, puisant comme souvent dans sa propre expérience la matière de ses nouvelles : l'usine, la boxe, le vagabondage, le vaste monde : il connait.

Ce court recueil, percutant comme un uppercut, fait mouche car il nous donne à voir l'oppression sous une variété d'angles assez riche : un angle géographique d'une part, chaque nouvelle se situant sur un continent et dans un contexte culturel différent, accentuant de ce fait le caractère universel du propos ; mais aussi, ce qui m'a particulièrement plu, le fait que London nous expose son sujet, l'oppression capitaliste, par ses deux faces : ceux qui s'y soumettent, et ceux qui y résistent.
Au coolie chinois qu'on assassine sans motif à Tahiti répond dans une autre nouvelle le gamin qui, devenu homme après dix ans d'usine, jette le gant pour prendre la route, ou encore ce professeur d'université qui, à force d'immersion dans les milieux ouvriers qu'il étudie, choisira d'y rester.

Ces contrepoids à la souffrance subie donne à l'ensemble une note d'espérance voire (effet sans doute beaucoup plus recherché par l'auteur à l'époque) titille la fibre révolutionnaire du lecteur ; la nouvelle qui m'a pourtant le plus touchée est l'histoire de Tom King, ce vieux boxer qui monte une dernière fois sur le ring pour une tranche de steack qu'il ne gagnera pas : je retrouve dans cette nouvelle tout mon London, la puissance de ses convictions sur la supériorité des dominants et l'insondable tristesse de ses désillusions.
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Parce que j'ai été troublée par Martin Eden, j'ai voulu connaître un autre volet de l'oeuvre de Jack London. Cette fois-ci des nouvelles, toutes dédiées à la lutte des faibles.

La première met en scène un groupe d'hommes préhistoriques et montre comment certains commencent à dominer leurs semblables.
Un enfant mis à l'atelier dès l'âge de sept ans s'est si bien plié au travail répétitif qu'il est devenu presque une machine et rapporte plus d'argent. Mais à la suite d'une grippe qui lui enseigne enfin le repos, il décide de ne plus rien faire. Il y a les petits frères, sa mère veut laisser son second enfant à l'école. Qu'il travaille à son tour !
Du récit du procès de “chinagos”, chinois venus travailler à Tahiti, à la suite d'un meurtre au sein de leur communauté, à celui d'un match de boxe dans lequel l'un des hommes ne gagne plus assez d'argent pour se nourrir correctement et avoir une chance de gagner, c'est l'impuissance qui est en oeuvre.
Il a y aussi la lente “contamination” d'un intellectuel qui pour ses travaux passe dans l'autre moitié de la ville, celle des prolétaires, et peu à peu développe une double personnalité qui finira par être celle qu'il choisira.
Un jeune mexicain met sa vie en jeu dans des combats de boxe uniquement pour obtenir des fonds pour la Révolution.
Un groupe “Les favoris de Midas” exerce un chantage sur les entreprises les plus riches : de l'argent ou un inconnu mourra.
Enfin une grève générale des travailleurs, sans aucun trouble, met les privilégiés face à la nécessité de survivre sans domestiques mais surtout sans nourriture.

Nouvelles qui démontrent sans ambiguïté que London était bien du côté des pauvres.

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Le titre place ces nouvelles à la fois sous un angle religieux et politique révolutionnaire.
D'abord, l''adjectif « maudit » renvoie à la malédiction divine, les hommes devenus obligés de travailler à la sueur de leur front pour se nourrir après la Chute. Il est donc beaucoup question de pain, de nourriture, mais à travers le prisme du manque : les personnages ont faim, constamment. C'est le boxeur qui pense au bifteck qu'il n'a pas mangé et qui l'empêche de se battre avec suffisamment d'énergie. C'est la mère qui se prive pour nourrir ses enfants, tandis que l'aîné de la fratrie se restreint pour nourrir ses petits frères. Ce sont les hommes préhistoriques qui inventent des techniques de pêche et d'agriculture. Il faut donc souffrir au travail pour manger, ce qui pèse sur les corps, tous maigres, rachitiques, pâles, toussant à force d'inhaler les poussières de l'usine.
Ensuite, « maudits » renvoie aussi aux « damnés ». Et là, on pense aux « damnés de la terre » de l'Internationale – qui évoque d'ailleurs dès le 2ème vers « les forçats de la faim ». J'ai eu l'impression que London voulait illustrer à différentes époques la mainmise du capitalisme sur le prolétariat, pour appeler à la révolution. A ce titre, la 1ère nouvelle est un apologue, un récit narratif à portée morale : un homme préhistorique évoque la fondation d'une société, lorsque des hommes indépendants s'unissent pour, au départ, être plus forts ensemble en formant une tribu. Mais très vite, trois maux qui agissent ensemble apparaissent pour les opprimer : le pouvoir, la religion et l'argent. le pouvoir, c'est celui qui a la force, celui qui peut frapper les autres avec arbitraire. La religion, c'est celui qui manipule les autres par de fausses promesses. Et l'argent, c'est celui qui vit, s'enrichit et s'engraisse par le travail des autres, qui, eux, dépendent de lui pour se nourrir. C'est une sorte de mythe des origines, le capitalisme vient de la naissance même de la société humaine, même s'il est très perturbant de lire des hommes préhistoriques parler au passé simple... le style d'écriture et les temps des verbes n'ont pas été adaptés au contexte, du moins dans la version traduite.
Après cet apologue, les autres nouvelles reprennent le même thème, et la même thèse, de façon très appuyée, en martelant même le message. La deuxième nouvelle pourrait d'abord être du Dickens, un enfant obligé de travailler pour nourrir sa famille dans une fabrique sombre, poussiéreuse, pour quelques centimes. C'est sombre, larmoyant, misérabiliste presque. Et elle finit en conte philosophique lumineux, baigné littéralement de soleil, lorsque le jeune adulte décide de tout quitter pour profiter de la vie. Deux nouvelles présentent des boxeurs, qui combattent non par amour de la violence, mais pour leur idéal : servir la révolution ou nourrir sa famille. Il y a une certaine beauté mélancolique dans la description du vieux boxeur face à la jeunesse, qui ne recherche plus la gloire mais juste un peu d'argent pour son loyer et ses enfants. le corps est donc, dans sa matérialité, sa corporéité, un élément du combat pour la « lutte finale ».
Mais face à la domination, la révolte ne pourra être que collective. Les prolétaires doivent s'unir. C'est ce que comprend Bill Tots qui organise des syndicats. Bill Tots est un personnage intéressant car il pourrait être l'inverse de Martin Eden : c'est la fausse identité d'un universitaire venant étudier en sociologue, les prolétaires dans leur milieu, se déguisant en travailleur pour se fondre parmi eux. Mais, progressivement, il apprécie la liberté des prolétaires : ils parlent, jouent, chantent, désirent et aiment... sans contrainte. La fausse identité devient la réelle, le sociologue bourgeois disparaît pour endosser définitivement les habits du porte-fait. Cette union des travailleurs devra mener à la grève générale, comme dans « Le rêve de Debs » qui est, de manière significative, la dernière nouvelle, ou comme dans le roman de London le Talon de fer qui approfondit la thématique. Mais ce dernier récit est plutôt drôle – en partie du moins, car il se place du point de vue des riches bourgeois : pour eux, grève générale veut dire un chauffeur qui ne les conduit plus, plus de livraison de lait frais, et plus d'olives dans les cocktails servis au club, dont les serviteurs sont eux aussi en grève d'ailleurs.
Différents récits engagés donc, dommage que certains soient un peu rapides, ce qui empêche de s'intéresser vraiment aux personnages, qui sont des types, des stéréotypes même, plus que de véritables individualités.
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La nouvelle placée en prologue de ce recueil, intitulée "la force des forts", est l'histoire de Barbe en long et de trois petits-fils à qui il raconte son histoire. Ce récit de souvenirs préhistoriques raconte les premiers pas du clan dans la vallée de la mer, mais Jack London nous offre là une histoire intemporelle qui résume toute l'histoire humaine. Un texte universel.
"le chinago" et "une tranche de bifteck" sont deux autres histoire de ce livre qui laissent sans voix. Ce recueil est peut-être un des plus forts de Jack London.
Son énorme talent fait de son écriture un outil efficace pour conter l'ironie de la condition humaine, quelque-soit le lieu où les circonstances.
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Je ne connaissais pas cette facette de Jack London. Ces courtes nouvelles sont fascinantes. Très "politiques" elles décrivent pour la plupart les rapports de classes et l'oppression de la classe ouvrière au début du XXème siècle.

Le recueil s'ouvre sur "la force des forts" sorte de conte préhistorique retraçant l'évolution de nos sociétés condensée sur la durée d'une génération. Bien qu'intéressant je trouve que le côté trop démonstratif et évident en limite un peu la portée. L'histoire vise à montrer l'absurdité et les dérives de l'accaparement des richesses et des moyens de production par divers stratagèmes.

"Au sud de la fente" m'a particulièrement impressionné; elle décrit un étrange dédoublement de personnalité d'un professeur de sociologie de San Francisco qui s'immerge dans les quartiers populaire de la ville, "au sud de la fente".

D'autres comme "Chinago" ou "Une tranche de bifteck" sont poignantes et mettent en scène l'absurdité de la condition humaine aux prises avec des systèmes qui la dépasse. Dans certaines Jack London utilise sa passion pour la boxe et la met en scène magistralement ("Une tranche de bifteck", "Pour la révolution mexicaine").
Il met également en scéne différentes formes de luttes; les grèves générales dans "Le reve de debs", la révolution dans "Pour la revolution mexicaine", la lutte armée violente de type terroriste dans "Les favoris de Midas". Difficile d'ailleurs de savoir ce que l'auteur en pense vraiment.

On sent transparaitre dans toutes ces nouvelles la révolte de Jack London contre l'organisation du capitalisme au début du XXème siècle. Et on ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec notre époque et de constater que sous bien des aspects les choses n'ont malheureusement pas beaucoup changés…
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Certains apprentis flânaient, perdaient du temps et usaient la mécanique en ne remplissant pas tout de suite les bobines vides. Un contremaître était chargé d'y veiller. Il surprit en faute le voisin de Jeannot et lui calotta les oreilles.
- Regarde ton voisin Jeannot… Pourquoi ne fais-tu pas comme lui ? demanda-t-il avec colère ?
Les bobines de Jeannot tournaient à toute vitesse, mais cet éloge indirect ne l'enthousiasma pas le moins du monde… Jadis, mais il y avait si longtemps ! Il conserva son visage apathique en s'entendant citer en exemple. Il était le parfait travailleur, et il le savait : on le lui avait répété maintes fois. C'était une banalité qui ne signifiait plus grand chose pour lui. De parfait travailleur, il devenait parfaite machine. Quand son travail allait de travers pour lui comme pour la machine, il fallait s'en prendre à un matériel défectueux. Il lui était impossible de se tromper, autant qu'à un parfait moule à clous de produire des clous imparfaits.
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Le vieux Barbe-en-long fit une pause dans son récit, lécha ses doigts pleins de graisse et les essuya sur ses flancs laissés à découvert par le fragment usé de peau d'ours qui constituait son unique vêtement.
Accroupis sur leurs jarrets l'entouraient trois jeunes gens, ses petits-fils, Courre-daim, Poil-de-carotte et Froussard-de-nuit. Ils se ressemblaient beaucoup, chichement vêtus de peaux de bêtes, maigres et mal bâtis, hanches étroites et jambes torses, mais avec de vastes poitrines, des bras musclés et des mains énormes...
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À force de réflexions pareilles, Tom King en arriva, chose bizarre, à entrevoir une vision de la Jeunesse, se dressant magnifique, triomphante, invincible avec ses muscles souples et sa peau soyeuse, avec son cœur et ses poumons jamais fatigués ni déchirés, et se riant des limites de l’effort. Oui, la Jeunesse prenait forme de Némésis. Elle démolissait les vieux sans songer qu’en agissant ainsi elle se détruisait elle-même. L’effort lui élargissait les artères et lui brisait les jointures, et son tour venait d’être annihilé par la jeunesse. Car la jeunesse est toujours jeune, et il n’y a que l’âge qui vieillisse.
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Cette semaine, je n'ai pas bougé du tout. Voici des heures et des heures que je ne fais pas un seul geste. Et je trouve magnifique de rester assis là à ne rien faire pendant des heures et des heures.Jamais auparavant je n'avais goûté le bonheur: je n'en avais pas le loisir. J'ai remué tout le temps: ce n'est pas le moyen d'être heureux, et je ne remuerai plus. Désormais je m'immobilise, je m’asseois, je me délasse, je me repose encore, et je recommence à me reposer!
[Le Renégat]
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Il entendit un commandement bref du maréchal des logis. Ah-Cho ferma vivement les yeux. Il sentit le couperet, pendant l'infini d'un bref instant.
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Videos de Jack London (42) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jack London
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