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EAN : 9791090062535
214 pages
Editions iXe (12/12/2019)
4.33/5   6 notes
Résumé :
Pendant les Années Folles, Suzy Solidor osait chanter haut et fort "Ouvre tout ce qu’on peut ouvrir, dans les chauds trésors de ton ventre, j’inonderai sans me tarir l’abîme où j’entre." Belle audace. Selon les époques, l’homosexualité féminine fut frappée d’opprobre, niée, invisibilisée. Mais clandestine ou pas, à mots couverts ou crus, cette réalité vécue a trouvé pour se dire la voie de la chanson.

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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Se faire un jardin de silence au milieu de la foule

« La chanson est le mémorial de nos vies, nos amours, nos révoltes, nos âges, nos lieux et nos générations, mais les chansons ici réunies parlent surtout de « nous » à chacune d'entre nous. Leur refrain est notre langue ». Dans leur « Préface », Catherine Gonnard & Élisabeth Lebovici soulignent les recherches des autrices sur « celles dont elles restituent l'histoire et le destin de façon à la fois aiguë et attentionnée, disent en effet l'entre-femmes, les affects, les désirs, les plaisirs d'être ensemble avec la nostalgie de ces moments perdus ». Elles parlent, entre autres, « de celles que nous aimons, de celles qui passent dans nos vies mais aussi de notre histoire commune à double sens et interdits multiples », de l'opacité pour les un·es, de lecture entre les lignes, de porte-drapeau, de liberté, de culture en demi-teintes, de jeux de mots, d'androgynes, de l'arc-en-ciel du temps, de milliers réclamant dans la rue nos droits, d'un devenir où nous pourrons nous accomplir, « La chanson permet de dissoudre un discours, qui, en voulant expliquer, déclarer, chiffrer, solidifier une évidence en catégorie sociale, assujettit tout ce qui n'est pas du ressort de la norme à un régime de savoir qui est aussi une prise de pouvoir », de connivence des regards, des intonations et des accentuations, de gestuelle et de costume, de mise en scène et de lumière, des constructions genrées, des gestes qui ne collent plus à la féminité attendue, d'émotion, de décalage, de multiples autrices et interprètes…

« Par leur adresse complexe à l'émotivité, les chansons dévident les fils rouges d'une histoire tressée avec des sentiments qui ne vont pas toujours dans le même sens ».

Le livre est divisé en quatre parties :

Quand le portrait devient miroir…

Quand les amours interdites tombent les masques…

Quand le genre s'en mêle…

Quand la solitude ouvre la porte de l'indépendance…

Je souligne en premier lieu les très poétiques illustrations de Julie Feydel. Un peu plus que des illustrations, des mises en images rêveuses et ironiques, des interprétations ouvertes à l'entre-mots…

Quelques idées, quelques mots ou images, comme échappées d'une promenade personnelle…

« Il suffit parfois d'une chanson pour qu'un mot connoté négativement devienne un emblème de fierté », des pingouins et des pingouines, un monocle et un smoking noir, un éclat de rire dans le futur, des chansons de femme à femme, des interprétations et des mises en scène…

Les portes ouvertes aux subtiles métaphores, les plaisirs impolis, le corps féminin sujet performant, Ostende et sa plage sous la pluie, « On n'a pas choisi / Ce drôle d'amour / Qu'il te faut cacher / Aux portes du jour », les princes travestis, « Semble /Ressemble / Ensemble », la main gauche, « Je t'écris de la main gauche / Celle qui n'a jamais parlé / Elle hésite elle est si gauche / Que je l'ai toujours cachée », l'homosensuelle, « Sensuelle se glisse / Au fond de mon lit / Ainsi nue insiste / Pour suivre la nuit », le cran pour se dire « Libre d'aimer une femme ou un homme »…

Les nous, les toi, les mon amour, le libre cours de l'imagination, la perspective d'une autre rive, India Song, « Toi qui ne parlais d'elle / D'elle qui te chantait », une ritournelle envoutante et libre, celle qui n'a pas dit son dernier mot, la chauffeuse de taxi…

Le refus de se plier au modèle hétéro-normé, la vie comme on l'entend, la marche de la désertrice, l'humour et la parodie, la fierté et le rejet de la stigmatisation, la jupe et le front que la femme relève, « Allumée ma vie est un incendie », sur le bout de mes doigts, un(e) individu(e) osant se métamorphoser et s'inventer, « Pour séduire tu te déguises / Au carnaval des orchidées »…

Le livre se termine sur un « Lisez bonnes gens, ce soir, le chanteur est une femme », une postface d'Hélène Hazera. Celle-ci aborde, entre autres, les femmes qui écrivent, l'indépendance, le trouble « en passant du récit joyeux et charmant au coup de poing », la joie de vivre et l'humour, « Dormez bonnes gens, ce soir le veilleur c'est une femme » et « relisez bonnes gens, ce soir le chanteur est une femme qui aime les femmes »…

Le titre de cette note est emprunté à Barbara.
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Pour commencer cette chronique, j'aimerais tout d'abord remercier Babelio et les Editions iXe ; si j'ai pu lire ce livre, c'est grâce à une Masse critique et j'en suis absolument ravie car, si d'autres livres me tentaient, c'était Les dessous lesbiens de la chanson que je voulais absolument ; je n'avais donc demandé que celui-ci, une chance que je l'ai eu ! Si je le voulais, c'est en partie parce que je n'y connais pas grand chose en musique et, bien que concernée par la culture lesbienne, je suis vraiment une bille concernant la chanson. J'ai donc vu en ce livre l'opportunité de m'enrichir.
Concernant l'ouvrage en lui-même, il s'accompagne d'une playlist à laquelle on peut y accéder grâce à un QR code, ce qui permet de découvrir ou redécouvrir chacune des chansons dont il est question. Aussi, le livre se découpe en quatre grande parties, faisant fi d'un découpage temporel pour privilégier des thématiques. Nous avons, dans la première partie, les chansons qui brossent le portraits de personnage qui se font le reflet des interprètes ; viennent les amours interdites, les textes aux paroles troubles, tout comme le genre (qui est ce « je » chanté?), et enfin il est question de la solitude, celle, bénéfique, qui mène à l'indépendance.
Avant de découvrir la réflexion autour d'une chanson, j'ai toujours écouté celle-ci en premier, cherchant par moi-même les paroles parfois sulfureuses ou encore le sens caché entre les lignes – ce n'est pas un exercice toujours très simple. D'ailleurs, il y en a certaines que je n'aurais certainement jamais su décrypter sans Les dessous lesbiens de la chanson ! Et là, je vous fais une confession : avant de commencer le livre, je me demandais si, pour certaines chansons, la réflexion ne tournerait pas rapidement à une interprétation farfelue, du type « on y entend ce qu'on a envie d'entendre ». Si c'est le cas pour vous aussi, soyez rassuré·es : les autrices de ce livre n'ont pas travaillé seules, elles ont fait appel à une quarantaine de personnes qui ont pu leur apporter réflexions et réponses, que ce soient les artistes elles-mêmes ou encore des proches, des biographes, etc. En bref, des gens qui connaissent bien le sujet. Parmi ces personnes, il y a Brigitte Fontaine, Juliette Armanet, Carmen Maria Vega, etc. Et de fait, que ce soit par le prisme de la biographie (la sexualité et les amours de l'interprète), du contexte de l'époque (ce qui pouvait être dit ou non, savoir où se produisait l'interprète, etc.) ou encore par le message que la chanteuse souhaite faire passer, la réflexion est riche et intéressante.
Pour animer l'ouvrage, en plus de la playlist qui lui est dédiée, des illustrations, réalisées par Julie Feydel, accompagnent chaque chanson. Ainsi, nous avons pour chacune d'elles une page d'illustration et trois pages de texte. Si quelques rares illustrations m'ont laissée de marbre, je dois dire que j'ai pris un grand plaisir à découvrir la plupart d'entre elles ! Je pense notamment à celle pour les chansons du Club Dorothée (les héros deviennent héroïnes), à celles pour La chaîne de Damia et Sphinx de nuit de Colette Magny qui sont superbes, ou encore au rébus pour la chanson Les pingouins de Juliette Gréco.
Mais au fait, qui sont donc ces interprètes dont les chansons ont été passées au crible ? Eh bien l'on y trouve des chanteuses du XXe comme du XXIe siècle, allant de Damia à Chris, en passant par (en vrac) Aloïse Sauvage, Edith Piaf, Vanessa Paradis, Françoise Hardy, Soeur Sourire, Betty Mars, Hoshi, Gribouille, etc. Autant vous dire que le répertoire est très varié !
Alors, si comme moi vous n'avez pas ou peu de culture musicale, encore moins concernant celle des femmes qui aiment les femmes, ou si juste vous souhaitez redécouvrir des chansons et des artistes sous un nouveau prisme de lecture, Les dessous lesbiens de la chanson est fait pour vous. C'est typiquement le genre d'ouvrage à avoir chez soi, qui se lit, se regarde et s'écoute.

Désormais, il ne me reste plus qu'à me replonger avec délice dans la playlist et à attendre la potentielle parution d'un nouveau volume pour, encore une fois, découvrir des références, actuelles ou non, de la culture lesbienne.
Lien : https://malecturotheque.word..
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Qu'elles soient ouvertement des hymnes saphiques" comme "Ouvre" de Suzy Solidor (chanson dont les deux derniers couplets ont été censurés par sa maison de disques ), qu'elles avancent masquées (évoquant des thèmes qui parlent seulement aux initiées, la couleur mauve par exemple) ou laissent libre court à l'interprétation de l'ambiguïté d'un pronom ou d'une situation, les chansons  véhiculent la réalité parfois cachée, parfois opprimée de l'homosexualité féminine.
Classés en quatre grandes parties, ces textes sont analysés tour à tour dans leur individualité, faisant aussi la part belle à la personnalité de leurs interprètes ou de leurs auteurs ou autrices.
C'est ainsi que l'on croise sans surprise Marie-Paule Belle ou Hoshi, mais aussi Anne Sylvestre, Isabelle Mayereau ou Vanessa Paradis dont le fameux Joe le Taxi était en fait une femme liée au monde la nuit lesbienne. Plus surprenant encore, j'ai appris que "Comme un Ouragan " de Stéphanie de Monaco avait été annexé comme "hymne lesbien".
Mais cet ouvrage présente également le grand mérite de mettre en avant de grandes figures du passé, des éclaireuses, des frondeuses qui ont chanté aussi bien la naissance de l'amour que le coule lesbien âgé, comme Pauline Julien avec "Les deux vieilles" (paroles de Clémence Desrochers).
Les dessins, tout en délicatesse et en finesse de Julie Feydel accompagnent ce panorama exhaustif et diablement intéressant dont la bande son est accessible via un QR code. Une magnifique découverte !
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La musique fait partie de notre quotidien, les chansons que l'on écoute sont depuis toujours influencées par le contexte social dans lequel elles sont créées, et elles peuvent avoir un impact considérable sur nos vies. Avez-vous déjà fait attention à ce que vous fredonnez ? Prêtez-vous attention au genre des pronoms et adjectifs dans ces textes ? Saviez-vous que "Joe le taxi" était en fait une femme, lesbienne de surcroît ?

J'ai adoré la sélection de chansons de Léa Lootgieter & Pauline Paris pour leur ouvrage "composé à quatre mains", "Les dessous lesbiens de la chanson". Elle est pleine de risques et brosse un portrait sapphique de la chanson des années 20 à nos jours. La palette de chansons analysées et remises dans leur contexte est très large.

On y trouve des chansons qui revendiquent clairement une identité lesbienne. Des chansons non genrées chantées par des interprètes lesbiennes. Des chansons d'artistes hétérosexuelles qui ont été reappropriées par la culture lesbienne du fait de leur ambiguïté. Des chansons très populaires, des chansons oubliées. Des chansons sur les amours lesbiennes qui finissent enfin bien. Des chansons où des femmes parlent comme un homme du désir pour une femme, afin que celui-ci soit accepté.

Les illustrations de Julie Feydel apportent un plus énorme au livre. J'étais à chaque fois triste de quitter une chanson mais ravie de découvrir sa manière d'illustrer la prochaine.

J'ai eu un coup de coeur pour l'artiste Nicole Louvier, née en 1933 et décédée en 2003, qui se présentait seule sur scène avec son répertoire personnel et assumait ouvertement son orientation sexuelle. Son roman "Qui qu'en grogne" est aujourd'hui introuvable, à mon plus grand désespoir, et j'ai été d'autant plus touchée par cet extrait de sa chanson "Enfants des temps futurs" : "Enfants des temps nouveaux / Moi qui suis née trop tôt / Je vous en supplie / Ne m'oubliez pas / Enfants de demain / Réveillez-moi". Certaines femmes citées dans ce livre n'ont pas eu la reconnaissance qu'elles méritaient.

C'est finalement pour tout cet ouvrage que j'ai un énorme coup de coeur. Je vous le recommande !
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La couverture, avantage non négligeable, est de celles qui font envie : les dessins, les couleurs et même la matière. La présentation rend justice à l'ouvrage puisque chaque chanson est illustrée et accompagnée d'un très court extrait des paroles. On voyage aussi bien visuellement, que poétiquement, que musicalement.

J'ai pris le temps d'écouter chaque chanson, et je dois dire que le livre m'a donné envie d'en écouter bien davantage. Ne parlons même pas des sources citées à la fin dans lesquelles je compte bien fouiller. Merci pour les nombreuses découvertes et pour le voyage temporel.

La richesse de cet ouvrage tient à la fois dans la concision (chaque chanson est évoquée en à peine quelques pages) et la multiplicité des voix qui s'y expriment, le tout dans un ensemble cohérent.
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critiques presse (1)
Culturebox
27 décembre 2019
"Les dessous lesbiens de la chanson" : un livre dévoile la face homosexuelle de 40 titres du siècle. Qu'elles soient des tubes ou passées aux oubliettes, ces quarante chansons ont en commun de cacher des sous-entendus lesbiens.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
La chanson est le mémorial de nos vies, nos amours, nos révoltes, nos âges, nos lieux et nos générations, mais les chansons ici réunies parlent surtout de « nous » à chacune d’entre nous. Leur refrain est notre langue
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celles dont elles restituent l’histoire et le destin de façon à la fois aiguë et attentionnée, disent en effet l’entre-femmes, les affects, les désirs, les plaisirs d’être ensemble avec la nostalgie de ces moments perdus
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La chanson permet de dissoudre un discours, qui, en voulant expliquer, déclarer, chiffrer, solidifier une évidence en catégorie sociale, assujettit tout ce qui n’est pas du ressort de la norme à un régime de savoir qui est aussi une prise de pouvoir
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Je t’écris de la main gauche / Celle qui n’a jamais parlé / Elle hésite elle est si gauche / Que je l’ai toujours cachée
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Par leur adresse complexe à l’émotivité, les chansons dévident les fils rouges d’une histoire tressée avec des sentiments qui ne vont pas toujours dans le même sens
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