Tandis que le chacal est essentiellement un charognard, le loup est un animal de proie : son sentiment de dépendance repose sur la solidarité de la meute dans l'attaque des gros animaux, qui sont la seule nourriture pendant la saison froide. ( …) D'un côté chez le chacal, le maître est un substitut des parents. De l'autre chez le loup, il apparaît à l'image du chef de meute. L'attitude est forcément tout autre. A la soumission enfantine du chacal, le loup oppose une loyauté « d'homme à homme » : guère de dépendance, et encore moins d'obéissance. En revanche l'allégeance du chien-loup à son maître est infiniment plus forte que celle du chien-chacal.
La sujétion d'un chien à son maître a deux sources tout à fait distinctes Pour une large part elle est due à la survivance tout au long de la vie du chien, de ce lien qui unit le jeune chiot sauvage à sa mère, et qui, chez le chien domestique, entraîne parallèlement la conservation, toute sa vie durant, de caractères « juvéniles ». L'autre racine de la fidélité procède de la loyauté de clan, du lien qui unit le chien sauvage au chef de meute, et aussi de l'affection qui existe entre les membres de la meute, individuellement. Cette racine là est beaucoup plus profonde chez les chiens où l'hérédité loup l'emporte sur l'hérédité chacal, pour la raison évidente que la protection et la survie de la meute jouent un plus grand rôle chez les loups.
Les anciens Égyptiens, ayant sagement apprécié l'importance du chat, le mirent sous la protection des lois, et c'est un fait historique que la mise à mort d'un chat faisait encourir la peine capitale. Il était alors inévitable que les chats consacrés perdissent en quelques générations toute trace de peur vis-à-vis de l'homme. En fait, ils devinrent d'une familiarité aussi encombrante que les vaches sacrées en Inde de nos jours.