La physionomie de l’homme nous échappe dans le détail. On voit bien qu’il fut ambitieux, fourbe, cruel, adroit politique, mais comme des centaines d’autres princes de ce type dans tous les temps et tous les mondes, et cela ne le caractérise pas suffisamment. Sa psychologie intime nous reste inconnue et le restera toujours, faute de textes. L’oeuvre demeure et c’est l’essentiel. Cette oeuvre est primordiale. Nos vieux historiens appelaient Clovis « le fondateur de la monarchie française » et en un certain sens, ils n’avaient pas tort. Sans Clovis la Gaule ne fût pas devenue France ou elle aurait été une tout autre France, une petite France, une Gaule démembrée.
Ecrire une histoire détaillée, vivante et sûre à la. fois, du règne de Clovis et même de ses premiers successeurs est donc une entreprise désespérante, désespérée. Naturellement, on peut disserter à l’infini, ici comme ailleurs, sur chaque détail, vrai ou supposé, mais c’est du remplissage qui risque d’égarer le lecteur incompétent et de lui faire croire que l’on sait beaucoup de choses, alors qu’on sait fort peu.