César nous dit, il est vrai, que les Belges, établis entre la Seine et la Marne au Rhin, différaient des Celtes proprement par la langue, et que la plupart se disaient issus des Germains. Il se trompe très certainement et a mal compris les renseignements qu’on lui fournissait : les Belges venaient de Germanie. Ils avaient passé le Rhin vers le IVe siècle. La toponymie, l’onomastique, enfin le physique de leurs descendants, les Wallons de Belgique, les Picards, les Champenois, les Lorrains, les gens de l’Ile-de-France (à droite de la Seine) ne laissent aucun doute sur leur celticité. Ils constituaient seulement, avec les Helvètes un peu plus tard, le dernier ban celtique évacuant l’Allemagne, sous la poussée des Germains devenue irrésistible.
Cette constatation est primordiale. Les ancêtres des Français, dans une énorme majorité, constituaient en Gaule une unité ethnique.
Les écrivains qui ont traité de l’histoire de France n’ont eu longtemps aucune idée de l’origine du pays dont ils avaient la prétention de retracer la destinée. Ils la faisaient naïvement commencer avec un petit chef franc nommé Clovis. Ils se croyaient eux-mêmes des Francs, des « François », comme ils disaient. Les problèmes de géographie, d’ethnographie, de langue, d’institutions, de mœurs, d’économie, qui s’imposent à nous au début de toute entreprise historique, leur échappaient entièrement.
L’histoire de France se déroule dans un cadre géographique qui nous est familier. Les Romains appelaient Gallia le pays compris entre les Pyrénées, la Méditerranée, l’Océan, les Alpes et le Rhin. Il leur paraissait aussi bien déterminé par la nature que l’Italie ou l’Espagne.