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EAN : 9782707344700
128 pages
Editions de Minuit (18/10/2018)
4.33/5   3 notes
Résumé :
À peine issue du latin, au IXe siècle, la langue française fut écrite, dans un contexte éminent et à des fins politiques (Serments de Strasbourg, 842) ; c'est singulièrement tôt. Un petit-fils de Charlemagne, prince diplomate, guerrier latiniste, eut l'idée de son usage écrit ; Nithard est l'inventeur de la langue française. Il en fut aussi le premier écrivain : la littérature en français est née de son chagrin. L'essor du français et de ses Lettres doit donc beauco... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Nous approchons du six octobre. Tout lecteur conséquent d'Alexandre Vialatte redoute cette morne semaine, attristée par l'anniversaire de la mort de Charles le Chauve.
Mais résistons à l'apathie et plongeons nous dans le rafraîchissant petit récit philologique de Bernard Cerquiglini qui ressuscite et explicite pour nous les Serments de Strasbourg (842) et convoque l'ombre de celui qui nous les a transmis, Nithard, petit-fils de Charlemagne, guerrier, historien, prince, abbé laïc, mort les armes à la main, le crâne fendu, et considéré comme le premier écrivain français. La figure était perdue dans le temps et la littérature spécialisée, mais Nithard est revenu. Merci à Bernard Cerquiglini.

Le sujet c'est la naissance de la langue française. Apporté par un universitaire, le corpus historique et philologique a l'air tout ce qu'il y a de plus solide concernant cette époque reculée pour laquelle la documentation n'est pas pléthorique. Évidemment on pourra toujours débattre des thèses et des hypothèses avancées, c'est la règle. Mais l'ensemble est argumenté et on apprendra probablement des choses sur le haut Moyen Âge dans la variété des dimensions abordées (linguistique certes, mais aussi politique, diplomatie, guerre, etc.)

La forme est plaisante. Au début j'ai craint un récit un peu plan plan. Puis l'ouvrage gagne en altitude sans réellement peser par le poids de la science, en proposant des hypothèses et des interpolations sans donner dans la confusion racoleuse. Il y a une vraie promenade pour le lecteur ; un plaisir de l'évocation, une passion du sujet pour l'auteur. Joie communicative.
Ceci dit la quatrième de couverture proclame un road movie carolingien, et c'est peut-être un peu excessif. Mais les personnages sont là, notamment Nithard. Il y a rencontre. Et même face à face avec son squelette perdu puis retrouvé dans le grenier de l'abbaye. La langue est là aussi, dans son épaisseur historique et sa dimension collective, familière, familiale.

Alors ce soir, s'il-vous-plaît, chers compatriotes de Francine occidentale, une petite pensée pour notre aïeul Nithard et, cette semaine du 6 octobre, un temps de souvenir pour le regretté Charles le Chauve.
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critiques presse (1)
LeMonde
27 novembre 2018
Road-movie façon Gaston Paris mâtiné de Conan Doyle, L’Invention de Nithard doit à son générique époustouflant – de Jean Bodin à Pierre Encrevé, en passant par Pascal Quignard (Les Larmes, Grasset, 2016) – toute sa dimension : la physiologie d’une langue en pleine mue et la naissance d’un écrivain. Sans quoi, Nithard eût été perdu pour de bon.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
On a écrit en français, première des langues romanes à pratiquer l’écriture, dès le IXe siècle : quelques lignes, perdues dans l’immense latinité, mais des plus précieuses. Cet ouvrage entend expliquer l’émergence précoce, inattendue voire paradoxale d’un usage écrit, politique et littéraire de cet idiome qui en était encore à ses balbutiements : le protofrançais acquiert promptement ses lettres de noblesse. Cet exploit n’a pas peu contribué à l’image d’une langue française idiome d’ancienne culture écrite, instrument familier du pouvoir ; il éclaire son destin et sa vocation à rayonner. Nous proposons ici des raisons radicalement nouvelles de ce coup d’éclat inaugural. La question est austère et devrait requérir l’impassibilité de la science ; on nous pardonnera toutefois un ton parfois familier, et en préambule quelques remarques personnelles.

Ce livre résulte d’une rencontre ; il tient à la découverte, puis à la fréquentation régulière, mêlée d’estime et d’affection, d’un homme mort il y a plus d’un millénaire. Dans une étude publiée il y a vingt-cinq ans, consacrée à l’apparition de la langue française, je reprenais la question, ancienne et jamais vraiment résolue, de la date à laquelle le latin, même très tardif, s’était transformé en protofrançais. À l’interrogation « Depuis quand parle-t-on français ? » je répondais de façon tranchée : « Depuis qu’on l’écrit. » C’est-à-dire depuis qu’on a perçu, estimé et valorisé sa divergence d’avec le latin, en lui attribuant
une fonction sociale, en le faisant accéder au prestige et à la permanence de l’écrit. Dans cette perspective, les Serments de Strasbourg, traité d’alliance bilingue (français/germanique) échangé en 842 par Charles le Chauve et Louis le Germanique, n’étaient plus seulement le premier texte rédigé en français, digne d’être salué comme tel, attestation initiale et presque aléatoire d’une langue en devenir ; ils se révélaient l’instrument d’une opération politico-linguistique impliquant la promotion des langues vernaculaires. Charles et Louis, faisant alliance contre leur frère, Lothaire, pourtant empereur proclamé, se reconnaissaient mutuellement une autorité sur les parties francophone et germanophone de l’Empire ;
délaissant le latin de l’unité impériale, les serments faisaient des langues vulgaires l’expression de l’alliance, la délimitation des territoires attribués (et officiellement partagés, quelques mois plus tard, par le traité de Verdun), presque leur identité.
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Dans une salle reposait sur une longue table un squelette incomplet : c’était Nithard. Je saluai sa dépouille, m’attardant à contempler, empreint d’émotion, saisi de pitié, le crâne ouvert de celui qui avait célébré le français. Singulière rencontre, pour un chercheur familier d’écrits sans visage et sans nom, dont les siècles ont affaibli la vigueur et l’écho, avec le reste palpable de ce qui fut une ardeur, la trace pathétique d’un élan brisé. Un destin se donnait à voir, et la vérité d’une œuvre. Ces ossements, dérobés par miracle à l’opacité des siècles, confirmaient ce que suggérait la chronique : un chagrin du monde et des hommes, qu’avaient rémunéré l’intelligence solitaire du siècle et la grandeur de l’écriture. Au laboratoire de Ribemont-sur-Ancre reposait le premier écrivain français.

Nithard avait surgi de sa tombe et d’un millénaire d’oubli, ouvrant le cortège des officiants du français, pour recueillir notre légitime gratitude, afin que j’écrivisse son Tombeau.
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La postérité, il est vrai, n’avait pas fait preuve d’un intérêt très perspicace à son [Nithard] égard. C’est quand on découvre les Serments de Strasbourg, à la Renaissance, qu’une certaine lumière est projetée sur le Carolingien : ce traité, en effet, n’est connu que par son Histoire des fils de Louis le Pieux. Dans Les Six Livres de la République, qu’il publie en 1576, chez Jacques du
Puys, Jean Bodin attire le premier l’attention sur le serment personnel de fidélité que se jurèrent Louis et Charles :

"Loüys iura le premier en langue Romande les parolles qui s’ensuiuent, que M. le President Fauchet, homme bien entendu & mesmement en nos antiquitez, m’a monstree en Guytard, historien Prince du sang." (Livre I, chapitre VIII, p. 117)

Bodin commet une double erreur, qui aura la vie dure. Sur le patronyme, tout d’abord, de l’auteur de cette Histoire : .......
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Vidéo de Bernard Cerquiglini
Bernard Cerquiglini vous présente son ouvrage "La langue anglaise n'existe pas : c'est du français mal prononcé" aux éditions Folio.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/3041266/bernard-cerquiglini-la-langue-anglaise-n-existe-pas-c-est-du-francais-mal-prononce
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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