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EAN : 9782849531518
114 pages
La Boîte à Bulles (06/09/2012)
3.97/5   31 notes
Résumé :
1938, Jacques est ouvrier aux chantiers maritimes de Bordeaux Bacalan. Progressivement, avec la guerre en perspective, il voit le monde du travail se durcir et les acquis du Front Pooulaire être remis en cause...
Il continue toutefois à profiter pleinement de ses moments de liberté, avec son frère, Marceau, et ses copains des Auberges de Jeunesse.
Mais bientôt, avec la grande débâcle de juin 1940, Bordeaux va apprendre à marcher au pas de l'oie.
Que lire après Ouvrier, mémoires de l'occupation : volume 1Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
(Mémoires sous l'Occupation, vol. 1)

Je reprochais récemment au dernier album de Tardi d'après son père, cet antihéros, le mélange des genres («Moi, René Tardi»). Il n'est pas interdit, comme Louis-Ferdinand Céline, de mêler le drame personnel à la peinture d'histoire, bien au contraire. Mais le drame, Céline l'a vécu, et le péché atroce qu'il a commis, de partir à la guerre la fleur au fusil, et tout ce qui s'ensuit à quoi la légalité n'enlève rien, il s'en accuse d'abord au premier chef ; ça permet à ses meilleurs romans de ne pas verser dans la morale édifiante, voire d'atteindre l'humour humble du cocu qui sait qu'il est cocu et s'en moque autant que possible (Les soldats sont des cocus qui reviennent avec des blessures plus profondes que les blessures d'amour).

Le drame de Tardi Jr est seulement d'avoir eu un père, ancien prisonnier de guerre aigri et radoteur, s'accusant d'un péché bien différent: celui d'avoir connu la défaite.

Céline est d'ailleurs un auteur pleinement populaire, et non populiste. Il n'accuse pas seulement les élites «judéo-maçonniques» et cléricales du péché de la Grande Guerre, mais aussi les prolos et les paysans, les employés de son rang, de se laisser conduire systématiquement au néant par le joueur de flûte –de préférer le bar-PMU à l'histoire.

De populisme on ne trouve pas trace non plus, ou presque pas, dans la BD-témoignage de Bruno Loth d'après son père, et donc pas le «pathos» psychologique sur la relation père-fils. «Mon père avait entre 20 et 25 ans, c'est un témoin direct, et ses souvenirs d'homme ordinaire m'apparaissent aujourd'hui comme une véritable aventure.» C'est assez malin, plutôt que de s'inventer un drame, de tirer de celui, réel, vécu par son père, matière au récit. Mais l'auteur exagère un peu, car ce n'est pas exactement ici un récit d'aventure.

Jacques Loth, illustré par son fils, nous narre les conditions de la collaboration forcée des ouvriers des chantiers navals de Bordeaux, ô combien stratégiques en temps de guerre. La résistance? Bien peu s'y risquent. Jeunes, sans famille, jugés inconséquents par leurs parents le plus souvent. Travail et nécessité de gagner sa croûte, bien que l'Allemagne porte ces valeurs au pinacle, font loi bien au-delà des frontières de ce pays, et notamment parmi les ouvriers qui, pour ainsi dire, n'en connaissent pas d'autres. La résistance est un luxe. On s'étonne de l'ampleur des représailles, après qu'un officier allemand a été abattu. Lorsqu'un de ses potes est fusillé, Jacques est stupéfait, lui qui est si doux, au point que sa fiancée le largue en cinq sec, si gentil qu'il ne ferait pas de mal à un Allemand. Tout l'intérêt de ce témoignage réside dans la douceur du personnage, selon moi, qui promène un regard étonné parmi ses contemporains plus vifs, occupés dans tous les sens du terme, et rend donc un témoignage moins militant ou moins passionné de cet épisode d'Occupation.

Le défaut est, a contrario, d'une vision un peu idyllique du monde ouvrier, lisant des bandes-dessinées et partant jouer aux trappeurs l'été au bord de l'eau (au cours du Front populaire), tels des boy-scouts. Pour un peu on pourrait penser que, «si tous les ouvriers du monde se donnaient la main, ce serait la fête à l'humanité, etc., etc .»… suggestion qui aurait certainement fait ricaner Céline, comme les images d'Epinal stalinienne. On sent peu la dureté de la mécanique, imprimée le plus souvent sur l'ouvrier.

De même on peut supposer que le jeune homme Céline, plutôt agité, s'il avait connu l'Occupation et non joué les héros en 14-18 précédemment, se serait lancé dans quelque coup de résistance saignant, contrairement au héros de la BD. Pourquoi ? Eh bien pour connaître l'aventure, pardi, celle que le destin dicte d'en-haut aux hommes, et contre laquelle ceux qui préfèrent cultiver leur jardin ou astiquer leur moto ne peuvent rien...
Lien : http://fanzine.hautetfort.co..
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Suite d'Apprenti. Jacques est désormais ouvrier aux chantiers navals. La guerre guette mais il est révoqué.
La drôle de guerre voit Bordeaux envahie, puis occupée. Cependant, la vie continue, bon gré mal gré. Avec son lot de joie (un peu), et de peines, parfois de grosses peines. Il fait partie de cette majorité de Français qui voit d'un mauvais oeil les troupes de la Wehrmacht dans les rues du pays, mais qui entre restrictions, tickets de rationnement et interdiction des Auberges de Jeunesse vit sous le joug sans le secouer (du moins pour le moment). Une vie ordinaire, ou presque.
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« 1938. Jacques est ouvrier aux chantiers maritimes de Bordeaux Bacalan. Progressivement, avec la guerre en perspective, il voit le monde du travail se durcir et les acquis du Front Populaire être remis en cause… Il continue toutefois à profiter pleinement de ses moments de liberté, avec son frère Marceau, et ses copains des Auberges de Jeunesse. Mais bientôt, avec la grande débâcle de juin 1940, Bordeaux va apprendre à marcher au pas de l'oie » (Quatrième de couverture).

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Initialement, il n'était pas prévu que Bruno Loth donne une suite à Apprenti. En effet, l'auteur explique dans les bonus d'album que son père ne souhaitait pas revenir sur cette période de sa vie puisqu'il y associe nombre de souvenirs douloureux. Pourtant, le travail de mémoire qu'avait réalisé Jacques Loth à l'occasion d'Apprenti semble l'avoir préparé à cette idée de partager d'autres souvenirs.

Ainsi, ce premier tome d'Ouvrier prolonge le témoignage du père de Bruno Loth. Nous l'avions laissé apprenti en 1937 sur le chantier naval de Bordeaux, nous le retrouvons ouvrier un an plus dans ce nouveau volume contenant ses Mémoires.

Le rythme de l'album prend le temps de s'installer. Ainsi, il lui faudra une trentaine de pages pour traiter la période couvrant l'année 1938 et une bonne partie de 1939 (jusqu'au 1er septembre 1939). Cette période précédant celle de l'occupation se consacre au quotidien de Jacques Loth, partagé entre le chantier naval, les moments passés en famille ou avec des amis. Ce long passage préalable à l'occupation souffre d'une narration saccadée : le fait est que le lecteur doit de nouveau s'habituer aux différents protagonistes en même temps qu'il prend connaissance de nouveaux souvenirs de l'époque (week-end en famille, congés payés employés à partir en vacances avec des amis…). On passe rarement plus de trois pages sur un même événement. Cette longue introduction pourrait se résumer à une succession d'anecdotes où l'on profite de nouveau de l'ambiance (nostalgique et joyeuse) que j'avais décrite sur Apprenti ; on pourra notamment profiter de quelques passages chantants (un chant scout, Maurice Chevalier…) auxquels Bruno Loth n'aura plus recourt par la suite.

Sitôt passée la date du 1er septembre 1940, le ton du récit devient plus grave mais la lecture gagne en fluidité. Deux raisons à cela : 1/ des temps consacré aux transitions entre les épisodes font leur apparition et 2/ le laps de temps qui s'écoule entre chaque souvenir est moins conséquent. le récit trouve ainsi sa cohérence et son unité. Il nous conduit ensuite sans difficulté jusqu'à la fin de ce premier volet consacré aux « Mémoires sous l'occupation ».

Tout comme dans Apprenti, on est une nouvelle fois sensible à la présence d'éléments historiques connus (comme l'exode des Espagnols sous Franco, l'arrivée des troupes allemandes en juin 1940…) et sur lesquels l'auteur prend le temps de s'arrêter si besoin. Ces éléments narratifs aident le lecteur à se situer dans le temps. Enfin, l'ambiance graphique fait la part belle aux gris/blancs avec quelques touches récurrentes de couleurs pour rehausser et tonifier l'ensemble (...).
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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Bruno Loth raconte la vie de son père pendant la Seconde Guerre mondiale sous l'occupation allemande. Ouvrier des chantiers navals, Jacques va devoir survivre à cette période sombre de l'histoire…
Je ne sais pas si c'est le ton monocorde ou le style des dessins qui ne m'ont pas emballés, mais je n'ai pas été captivé par ce témoignage. le récit n'est pas inintéressant mais d'autres témoignages pendant cette même période que j'ai lu étaient plus riches sur la description de la vie à cette époque.
Je lirai tout de même le second volume car le récit reste tout de même intéressant.
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Ouvrier, est une bande dessinée de Bruno Loth, retraçant l'histoire d'un travailleur sous l'occupation nazi. Sa vie quotidienne, ses histoires de familles, ses soirées entres amis, son travail, la mort de ses amis engagé dans la résistance... Ce n'est pas un grand héro de la résistance, ce n'est pas un juste, il s'agit seulement d'un simple travailleur.

Comme d'habitude Bruno Loth nous offre, une bande dessinée de qualité, se déroulant dans un contexte historique. Les dessins, bien que particulier, avec des couleurs grises, passent facilement. Une bonne bande dessinée.
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critiques presse (2)
BulledEncre
09 novembre 2012
Un album historiquement et sociologiquement riche, de très bonne facture et qui ne s’appesantit jamais, si bien qu’il se lit très facilement.
Lire la critique sur le site : BulledEncre
ActuaBD
14 septembre 2012
Les cas de conscience, la résistance, la situation de l’industrie : autant de thèmes qui voisinent ici, dans un ensemble qui demeure saisissant.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
- Dernièrement, j'ai lu pas mal de livres sur la peinture...
- Tu as raison de lire, mais le plus important pour un artiste, c'est le regard... Observer la nature et la comprendre, c'est essentiel... L'imagination vient ensuite ! Les livres t'apprennent la technique c'es tout ! Le regard, tu l'as ou tu l'as pas au départ.
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Des fois il y a des "accidents"...L'autre jour, un Fritz a poussé sans raison un Espagnol dans la fosse, 10 mètres plus bas...Plus tard, le Schleu a reçu un coup d'épaule... et hop ! Coulé dans le béton frais ! Oeil pour oeil, dent pour dent !
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J’avais ton âge en 14, je sais ce que c’est ! Quatre années de peur !
Tu es né l’année de la paix. À peine vingt-et-un ans, et voilà à nouveau la peur…
Il faut croire que, tant qu’il y aura des hommes, il y aura la guerre…
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- Ce jeune homme a une particularité, il possède quatre tétons... Preuve irréfutable de nos origines lointaines, donnant raison à ce bon Darwin, messieurs!
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Il faut dire qu'il ne se passe pas une semaine sans qu'un appareil ne s'écrase dans la forêt, ne s'abîme dans l'océan ou le clac non loin de la base d'entraînement.

- Mon Dieu, un de plus !
- Tu veux dire : un de moins !
- Enfin ! Raoul , c'est d'un homme dont il s'agit !
- D'un boche !
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Videos de Bruno Loth (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Bruno Loth
Animée par Isabelle Touton, cette table ronde, organisée le mercredi 27 novembre 2023, aborde la question de la mémoire de l'émigration espagnole depuis la France. Y interviennent Tito (Tiburcio de la Llave - Soledad), Bruno Loth (Ermo) et Marion Duclos (Ernesto). Seul d'entre eux trois, Tito est d'origine espagnole, mais arrivé dans l'enfance en France où il a vécu la plus grande partie de son existence. Pour les trois auteurs invités, la mémoire en question est indirecte, portée par des parents plus ou moins proches, relayée par des témoins complémentaires interrogés pour les besoins des récits, puis rapportée par ces dessinateurs. Cette mémoire porte essentiellement sur la période de la guerre d'Espagne puis sur celle suivant le conflit, soit donc le début de la période de la dictature franquiste.
Prévue initialement pour une durée de 30 minutes, cette rencontre c'est allongée. Elle s'est tenue dans le cadre du 2e Symposium Tebeosfera, organisé à l'Institut Cervantes de Paris à l'occasion de l'édition espagnole de la 13e édition du SoBD. Organisation Félix Lopès.
+ Lire la suite
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