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EAN : 9791034901500
Liana Lévi (02/05/2019)
3.48/5   43 notes
Résumé :
Vienne, en cette année 1946, brille encore de toutes ses lumières dans les mémoires, bien que la guerre ait mis à genoux le pays, affamé la population et détruit une bonne partie des immeubles cossus. L’Opéra lui-même est complètement calciné. Pourtant, dans les grands hôtels, les femmes recommencent à danser, cette fois avec les Américains qui occupent la ville. Y retourner, après huit années d’exil new-yorkais, constitue le rêve de Felix von Geldern et de sa grand... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Revenir à Vienne vient de paraître en français, il fut publié à New York en 1945 sous le titre Die Rückkehr.

Ce livre doit comporter beaucoup d'éléments autobiographiques car le parcours du protagoniste Felix von Geldern ressemble en beaucoup de points à celui d'Ernst Lothar : la fuite en Amérique lors de la guerre, les origines juives, des études de Droit, une origine bourgeoise.

C'est un livre qui m'a beaucoup intéressé une fois que j'ai compris le message de l'auteur. C'est à dire que le début du roman m'a paru tellement trivial, léger et sans intérêt, mais le récit commence aux EEUU où la vie est si légère, dénuée de stress et tellement agréable sur le plan matériel…Alors que l'Europe et notamment l'Autriche étaient dévastées, anéanties et privées de tout…

Felix von Geldern a fui l'Autriche avec sa famille et une grosse partie de la fortune familiale, ils ont tous adopté la nationalité américaine au bout de quelques années. Alors que la famille vit assez bien, notamment la grand-mère installée à demeure dans l'Hôtel Plaza à New York avec sa servante, Felix choisit de vivre chichement chez l'habitant et travaille comme vendeur de livres dans un grand magasin. Il fera la connaissance chez son logeur d'une jeune fille américaine, délurée et directe qu'il va courtiser.

A la fin de la guerre sa famille va le commissionner, en tant que juriste, pour qu'il revienne en Europe récupérer les filiales des Banques que possédait la famille. Or l'Europe est sens-dessus-dessous et les choses ont bien changé; de plus, une ancienne fiancée qu'il croyait morte ressurgit et il se croit obligé de se rapprocher d'elle et de tenir ses engagements en souvenir d'un passé commun; il va la demander en mariage alors qu'il a déjà une fiancée en Amérique. Cette ancienne fiancée autrichienne, chanteuse lyrique renommée, a survécu grâce à la fréquentation de nazis haut gradés, elle qui n'avait jamais caché ses préférences politiques.

Ceci rend très bien le climat lourd en compromissions qui régnait en Autriche à cette époque. Et quand le moment arrive après la guerre de régler certains comptes, il y a des vérités qui sautent à la figure et sont insupportables. C'était le sentiment de Felix à ce moment là. Felix arrive en Autriche rempli de ferveur patriotique, il se rend compte que les dés sont pipés et que la pureté de son sentiment patriotique est entachée par le rôle joué par l'Autriche lors de la Deuxième Guerre Mondiale.

Felix est bouleversé après ce retour en Europe, il sent clairement qu'il se ressent viscéralement autrichien malgré tous les torts que l'on peut trouver à l'Autriche; il décide alors de renoncer à sa nationalité américaine une fois de retour aux USA, mais cela n'est pas aussi simple dans le cadre de la législation américaine.

Un livre qui pose douloureusement bien la confrontation entre une Amérique conquérante et aisée et une Europe défaite et chargée de tribulations.


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En 1946, après huit ans d'exil forcé aux Etats-Unis, Felix von Geldern, le narrateur, revient dans sa ville natale Vienne, la capitale autrichienne.
La guerre, Hitler, les nazis sont passés par là. Il retrouve une ville en ruine, un pays occupé, une population dans la misère. Il retrouve d'anciennes connaissances, d'anciens amis, une amoureuse. Et la terrible question se pose : qu'ont-ils fait pendant toutes ces années. La réponse sera douloureuse.
Écartelé entre son pays natal, dont le comportement fut pour le moins douteux, et les Etats-Unis, le pays qui lui a ouvert les bras, que va-t-il faire ?
Voilà un superbe sujet. Le style n'est pas à la hauteur, et c'est dommage.
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Très beau roman sur la difficulté à revenir dans un pays dont on a été chassé. Comment vivre après le nazisme?
La traduction est d'une agréable fluidité et rend très bien la beauté de l'oeuvre.
Peut-être un peu moins bien que Mélodie de Vienne, mais Ernst Lothar apparaît vraiment comme un auteur autrichien incontournable.
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L'auteur avec son personnage Félix nous fait toucher du doigt les difficultés d un retour d'exil new-yorkais vers l'Autriche dans les années d'après guerre.
Cette lecture se veut enrichissante de part les différences de perceptions qui existent entre ceux qui sont partis et ceux qui sont restés. Il y ait question d'indulgence néanmoins les incompréhensions subsistent de part et d'autre.
Au final, point de gagnant..que des blessés
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Agrippé des deux mains à la balustrade du petit pont supérieur, l'émigré de retour voyait resurgir la côte d'ù il était partie dans l'incertain, huit ans auparavant. Il se souvenait de tout.
De douces collines. Des maisons. Lui avait-on dit que Le Havre n'était plus ? Il était là. Le Havre avait toujours été le lieu où commençaient et finissaient les voyages dans l'inconnu.
Le "Brésil" avait réellement ralenti. Ce n'étaient plus de vagues contours qu'on voyait maintenant mais la réalité. Elle lui sauta à nouveau à la figure, brutalement cette fois. Et il vit les premières traces de la destruction. Jusque-là, il les avait vues dans des films ou en photos, à présent elles étaient sous ses yeux. Le Havre n'existait plus. Le plus terrible est qu'il semblait tout de même encore là. Sa silhouette y était. Elle se dessinait dans des ruines de murs et de fenêtres calcinées derrière lesquelles béait le néant intégral. On avait vu ces images au cinéma ; les reporters avaient écrit un tas d'articles, on avait reçu des lettres qui tentaient de les dépeindre, mais tout cela restait bien en deçà de cette réalité indescriptible. Apercevoir des gens devant les ruines proprement dégagées et une voiture rouler là où il n'y avait pas de route rendait le tout encore plus sinistrement irréel.

page 74
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Seuls les Juifs s'en souvenaient, mais on le savait, il n'y en avait plus beaucoup à Vienne. En ce moment, l'antisémitisme rentrait encore ses griffes et se drapait dans une équité de façade en distribuant ici et là quelques postes à des non-Aryens ; mais les Juifs ne décrochaient pas les postes-clés. Lui-même avait eu une conversation éclairante avec un fonctionnaire, un chef de section nommé Pauspertl, un de ces messieurs se souvenait peut-être de lui ? On ne l'avouait pas officiellement, mais on n'avait pas la moindre envie de voir resurgir les émigrés, encore moins des noms réputés. On voulait rester entre soi et ménager sa plus ou moins mauvaise conscience.
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Un jour il lui demanderait, et cela se dresserait ensuite toujours entre eux : Qu'as-tu fait le 14 mars 1938, quand ils ont traîné dehors madame Polatschek, ta voisine de soixante-quatorze ans, pour lui faire effacer neuf heures d'affilée les croix potencées du trottoir ? Tu étais à ta fenêtre et tu regardais. Tu t'es même dit : « C'est bien fait pour cette vieille pimbêche ! » Qu'as-tu fait, quand le vieux Dr Emil Geyer, l'ancien directeur du théâtre in der Josefstadt, a couvert son étoile jaune de sa main en te croisant, gêné, dans la Singerstrasse, et qu'un voyou lui a ôté sa main et son chapeau ? Il t'a crié comme pour t'appeler à l'aide : « Bonjour, mademoiselle Wagner ! », et tu as fait comme si tu ne le voyais pas (…). Qu'as-tu fait, quand Feldmann, l'oto-rhino qui t'avait sauvé la vie quand tu avais onze ans, t'a implorée de cacher sa sœur chez toi une quinzaine de jours ? Tu lui as donné asile deux jours, puis tu es partie chanter à Cologne. Et ils l'ont trouvée et ils l'ont gazée.
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Avec la haine, on raccourcit tout, même la vie.

Arthur Schnitzler
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L'état du pays se voyait, il se sentait. Aux vêtements des gens. Qui échangeaient leurs livres contre de la farine. À leur fierté amère. Aux grappes de passagers qui s'accrochaient aux marchepieds des tramways. À ces camions non bâchés que les gens attendaient des heures comme le messie dans la poussière des routes et sous la pluie avec leurs valises, dans l'espoir que l'un d'eux les prendrait à son bord, c'était l'unique possibilité de voyager et peut-être pourraient-ils s'y tasser, serrés comme des sardines ; pour y monter ils apportaient des caisses que les vieillards escaladaient au risque de se rompre le cou. À ces innombrables cas de décès par asphyxie au gaz, qu'on oubliait de fermer parce qu'on en avait chaque jour à une heure différente. Aux immeubles sinistres portant les inscriptions LSR, Lufschutzraum : abris antiaériens. Aux flèches blanches indiquant les endroits où l'on pouvait déterrer des personnes éventuellement enfouies sous les décombres. Aux fleurs jaunâtres qui poussaient sur les gravats. Le mot " espoir" ne faisait plus partie du vocabulaire.
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