Égotiste voir égoïste de première,
Pierre Loti est franchement insupportable, voire détestable. Mais quel écrivain !
Quel talent pour saisir un climat, des impressions et les fixer à jamais sur le papier. J' ai rarement rencontré une écriture aussi visuelle que celle de Loti : on VOIT ce qu'il décrit, à travers une série de tableaux (on pourrait parler d'arrêts sur images) où l'instant se fige dans le présent de narration qu'utilise ici beaucoup Loti, l'imparfait lui servant à rendre l'impermanence d'une situation, à la façon d'un orient vu par un européen. Entre documentaire et témoignage historique,
Aziyadé, sorte de Butterfly orientale, est aussi roman, conte, journal, carnet de voyage, récit épistolaire, et nous étourdit par sa virtuosité stylistique, son foisonnement de détails, la précision et la justesse de son propos.
Pourquoi aller en Turquie, puisqu'on peut lire Loti, pourrait-on presque se demander.
Marin, Loti sait aussi qu'il est un militaire, et en cela à la fois témoin et partie prenante de ce qui se passe. Et même si c'est l'écrivain que nous admirons, nous ne pouvons que regretter une époque où la mondialisation et -par réaction- la montée des intégrismes n'écrasaient pas tout sur leur passage. La Turquie semble encore résister, mais pour combien de temps ?