Le Pays Basque n'est pas une région géographique, avec des limites naturelles bien tranchées. Ce n'est pas non plus une province historique : il n'y a jamais eu de royaume basque, englobant les sept « provinces ». et celles-ci n'ont jamais été réunies sous une même domination, tout au moins depuis que nous possédons des textes fiables sur leur histoire.
En fait, le Pays Basque est une réalité ethnique. C'est la terre des Basques. « Eskual Herria... comme ils disent eux-mêmes, ou Euskadi, c'est-à-dire communauté basque, comme préfèrent dire actuellement les partisans de l'indépendance. Le Pays Basque s'arrête où cesse l'usage de la langue basque ; or celle-ci ignore les limites naturelles puisque, comme on le sait, elle est parlée des deux côtés des Pyrénées (il y a quatre « provinces » basques en Espagne et trois en France). La « frontière » du Pays Basque coïncide partout avec une limite communale marquant séparation administrative entre un village où on parle basque et le village voisin où on ne le parle pas. Comme la langue basque, l'euskara, a gardé des caractères très archaïques, comme sa structure est très différente de celle du français et de l'espagnol, la frontière linguistique a été longtemps plus étanchc qu'une frontière naturelle ou qu'une frontière historique. Cette étanchéité ne peut s'expliquer que par une solution de continuité qui a interrompu l'interpénétration linguistique normale entre populations voisines. Et pour cela, il faut remonter loin, à la fin de la période romaine qui avait créé dans toute la Gaule, y compris l'Aquitaine, une unité de civilisation. L'anarchie qui a suivi l'écroulement de la puissance romaine a été marquée par une série d'invasions ; les historiens parlent pour l'Aquitaine des « invasions » des Vascons, qui sont les ancêtres des Basques actuels. Sont-ils venus du Nord de l'Espagne ? Ou s'étaient-ils retranchés dans les montagnes pour échapper à la domination romaine, et sont-ils revenus en force dans le bas pays après la disparition de celle-ci ? Les avis divergent, mais ce qui est sûr c'est qu'ils avaient gardé une langue qui ne fut pas romanisée. Dès lors, la coupure linguistique était irrémédiable ; elle s'est maintenue jusqu'à nos jours, à peine estompée par le fait que dans les deux derniers siècles les Basques sont devenus bilingues, c'est-à-dire qu'ils parlent, outre leur langue, le français ou l'espagnol.