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3,82

sur 153 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Trois destins, trois voix, une belle émotion.

Sophie Loubière nous conte une jolie et triste histoire entre passé et présent, entre différentes manières de percevoir le monde également.

Loin des ambiances de polar de certains de ses romans, l'auteure met en scène trois personnages très différents mais qu'un fil conducteur va rassembler.

Il y a d'abord ce rapprochement d'un grand-père au crépuscule de sa vie, et de son petit-fils adolescent. Une thématique déjà développée par d'autres mais qui, sous l'oeil de Sophie Loubière, prend un caractère à la fois universel et très personnel.

Il y a aussi ce retour vers un passé douloureux. Deuxième guerre mondiale et un drame dans le drame, dont on a peu parlé.

A la mesure de nos silences est un superbe et approprié titre de roman. Entre deux personnages plutôt taiseux, adolescent revêche et papy fatigué par le poids du passé, les silences sont autant de mots qui confrontent les générations. Deux personnages qui ne parlent pas pour ne rien dire et qui communiquent avec difficulté, alors qu'ils ont tant de choses à partager.

S'en suit un voyage initiatique sur les pas d'un passé pesant et douloureux ; un passé qui s'intercale dans ce récit au fil des chapitres.

La grande force du roman de Sophie Loubière est cette sensibilité et cette réserve derrière chaque mot et chaque émotion. On est loin de l'émotion surjouée de pacotille, l'auteure pose son récit et construit les relations naissantes avec une jolie délicatesse.

Elle a eu la bonne idée de métamorphoser sa plume alternativement entre les trois personnages, nous plongeant dans la tête de chacun d'eux, avec leur propre langage et leurs propres ressentis. Cela nous donne des changements de tons franchement intéressants, entre une langue hachée et directe (comme peut être celle de la jeunesse d'aujourd'hui), une tonalité plus posée (d'un homme de 82 ans qui a beaucoup vécu) et la manière dont on pouvait s'exprimer il y a plusieurs décennies.

Une prose pleine de poésie pour un roman tendre, sincèrement touchant, poignant parfois, saisissant aussi. Une universalité qui touchera à coup sûr une part très personnelle de chacun, loin des sensations artificiellement exacerbées de pas mal de romans actuels.

Ce livre est sorti le lendemain du massacre terroriste du 07 janvier 2015. Il est aussi là pour nous rappeler toute la barbarie de notre passé, qu'il ne faut justement pas passer sous silence pour ne pas la laisser se reproduire.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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François Valent vieillit. C'est le combat contre la souche de son arbre qui le lui dit : son coeur ne supporte plus les efforts violents. En l'absence de sa femme Clémence, partie apprivoiser ses grandes douleurs à la cure thermale, il croise par hasard son ancienne bru, divorcée, pas très en forme. C'est son fils, Antoine, qui lui cause des soucis : ce dernier, adolescent dans toute sa splendeur, accro aux réseaux sociaux et à sa console de jeux, ne cesse de se disputer, aussi bien avec elle qu'avec son père quand il le voit. Il est d'ailleurs bien parti pour rater son bac, ses études, sa vie...
Pendant la seconde guerre mondiale, un narrateur décrit les évènements qui ont eu lieu dans le village de Villefranche-de-Rouergue, et qui ont conduit à un drame historique mais dont l'histoire a perdu le souvenir, et des drames bien plus personnels.
C'est vendredi soir, et François a sorti sa belle voiture de collection pour faire la sortie du lycée. Il propose un deal à Antoine, ce petit-fils qu'il ne côtoie plus : en échange d'un weekend en sa compagnie, sans communication avec l'extérieur, le jeune homme pourra choisir soit de travailler plus assidument pour obtenir son bac, soit d'être riche !

Voici donc une drôle de quête à laquelle nous convie Sophie Loubière : partir sur les trace du passé d'un grand-père, comprendre ses choix et ses échecs, pour "sauver" un petit-fils. Ça, bien sûr, c'est là où le lecteur pense être convié. Mais A la mesure de nos silences comporte suffisamment de surprises pour dévier de cette ligne que l'on croit discerner dans les premières pages.
Pour moi, ce livre parle avant tout d'une rencontre entre deux individus d'une même famille, chacun persuadé de connaitre l'autre. D'un côté, un papi has been, ancien reporter de guerre, qui a couvert de sa présence les conflits du monde entier, au détriment de sa famille. de l'autre, un adolescent, un geek qui joue à la guerre, désabusé voire fainéant, qui ne veut rien faire de sa vie, obnubilé par ses équipements connectés.
Les apparences sont souvent trompeuses, et les motivations profondes aussi : est-ce vraiment son petit-fils que François va sauver en remontant à ses origines, à son histoire, aux évènements de Villefranche-de-Rouergue ?
J'ai aimé l'évocation d'un épisode de l'histoire qui m'était totalement inconnu, la pudeur avec laquelle l'auteur approche la honte et le remord de ceux qui y ont assisté (et le fait de découvrir pourquoi une avenue de Villefranche-de-Rouergue se nomme "avenue des Croates"). J'ai beaucoup aimé le rapprochement des deux protagonistes, leurs rapprochements mais aussi leurs éloignements, la passation de l'ancienne génération vers la nouvelle de son histoire, de ses erreurs, mais aussi de l'art de déguster un vin ou du plaisir de conduire une voiture de collection bien entretenue. J'ai aimé également la finesse d'évocation des univers de chacun des narrateurs de l'histoire, le passage d'un univers "d'jeuns" avec son langage, ses codes, et ses outils (connectés) à celui de l'homme au bout du chemin qui cultive son jardin mais reste sensible, toujours et aujourd'hui encore, à la détresse humaine. J'ai enfin aimé être surprise par le drame qui survient à la fin du livre, auquel je ne m'attendais certes pas !
Je suis en revanche moins sensible au "happy end" qui clôt l'ouvrage, et qui me parait étrangement factice après cette échappée belle improbable. Oui, s'inscrire dans une histoire familiale, lui donner du sens et une direction, c'est important. Et parfois, quand cette histoire nourrit la réalité d'un individu, elle peut avoir un impact sur sa vie. Mais Sophie Loubière traite bien trop finement et intelligemment ses personnages pour se permettre de tels raccourcis !
En bref, j'ai aimé ce livre, A la mesure de nos silences, dont le titre est sacrément bien choisi, pour son histoire, sa finesse d'analyse, l'écriture fluide qui s'adapte à chaque narrateur, et si j'ai moins aimé la fin, ce livre me donne envie de découvrir d'autres livres de cet auteure.
Je remercie Babelio et les Editions Fleuves de ce beau cadeau, et suis ravie à l'idée de rencontrer Sophie Loubière lundi !

PS : j'ai lu A la mesure de nos silences à l'occasion d'un déplacement dans le sud de la France, et c'est un formidable compagnon de voyage !
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Je découvre Sophie Loubière avec son dernier roman A la mesure de nos silences.
Ce titre, énigmatique et beau, m'a incité à me procurer ce roman. Je n'ai même pas lu la 4e de couverture. Juste intrigué par ce titre et cette image de jeune homme habillé à l'ancienne, levant la tête vers le ciel, les yeux fermés...

Curieux et sans idée préconçue au départ, j'ai vite été immergé dans ce très beau roman au point de le dévorer sans m'en rendre compte. Que l'écriture est belle, que l'histoire est émouvante.. Et pourtant, que le thème est compliqué: les relations familiales, les conflits inter générationnel, les regrets d'une vie, la mort...

Le parallèle entre l'histoire passé et l'intrigue présente m'a tout d'abord dérouté puis convaincu: elle explicite parfaitement les agissements de papy envers son petit fils. de même, l'auteur dépeint parfaitement le monde actuel des "djeuns": l'impossibilité de vivre sans son smartphone (sms, facebook and co), l'inutilité de travailler à l'école (qu'il est bien plus intéressant de jouer à la console), les conflits parents/enfants, le peu d'intérêt accordé "aux vieux" que sont les grands parents.
Et surtout, la préférence d'un monde matériel, virtuel à tout le reste. Entre tout faire pour avoir son bac et toucher un chèque énorme pour faire sa vie: le choix d'un jeune est rapidement fait malheureusement.

De même, les remords de papy François qui ne peut se défaire du passé; sa volonté de mourir plus que vivre, ses silences vis à vis de sa famille (ses fils en particulier) et son périple fou avec son petit fils à qui il souhaite apprendre la vie, la vraie vie!

Etant plutôt vieux jeu, je n'ai pu qu'apprécier cette leçon de vie du grand père envers son enfant. Cette histoire vraie est enrichissante et elle m'a touché au plus profond de moi même.

Le style de l'auteur m'a aussi beaucoup plu: l'écriture est souvent poétique, recherchée, précise, musicale et très agréable à lire. Il faut néanmoins un petit temps d'adaptation au départ pour s'habituer et profiter au maximum.

En conclusion, je ressors convaincu par Sophie Loubière et conquis par ce roman poignant où finalement la tendresse triomphe de l'indifférence...
La dernière page résume a elle toute seule mon sentiment de lecteur en refermant celle-ci:
"À celui qui résiste et frappe sous mes pieds, enseveli sous les pierres, celui dont je croyais devoir porter la croix, je voudrais tendre la main et, enfin délivré, désapprendre le destin, m'enhardir de ce passé, comme la bête domptée s'abreuve à mes doigts.
Puisse ce printemps durer éternellement.

À mes enfants et mes petits-enfants,
Chelles, juillet 2013.

François Valent"

Ne jamais oublier L Histoire... Lisez ce beau roman je ne peux que vous y inciter.

4/5
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Ce que j'aime, dans un roman, c'est que d'un postulat de départ usé jusqu'à la trame du string, l'auteur arrive sortir des sentiers battus et à m'entrainer là où je ne m'y attend pas.

Ce qui est vieux comme le monde c'est le fait qu'un grand-père vieillissant décide de faire un voyage avec son petit-fils en décrochage scolaire, sauf si les questions du Bac portent sur les jeux vidéos et l'addiction aux réseaux sociaux.

François Valent est un ancien journaliste qui a roulé sa bosse dans tous les pays en conflits et Antoine, le petit-fils qui vit par procuration (mais qui ne met pas du vieux pain sur son balcon, je vous rassure de suite) et qui passe son temps à tuer des gens de manière virtuelle.

Alors que l'on pourrait s'attendre à un récit plan-plan de papy sermonnant le gamin durant un voyage jusque Villefranche-de-Rouergue (dans l'Aveyron), et bien, on a droit à bien plus que ça !

Un autre récit en provenance du passé vient se greffer dans le présent et on se demande où tout cela va nous mener, alors, on dévore le tout avec voracité et on serre les dents et les fesses parce que c'est un drame oublié dans un drame encore plus grand : la Seconde Guerre Mondiale.

Petit à petit nous en apprenons plus, l'auteur dosant le suspense, mais en écrivant avec beaucoup de pudeur, sans ajouter de l'horreur dans ce qui est déjà innommable.

Le récit se fait à trois voix : le papy, le gamin et les protagonistes de cet épisode méconnu de la Seconde et qui, je trouve, mériterait que l'on en parle à plus grande échelle.

Il y a de la sensibilité dans le récit, de l'émotion brute, mais aussi de la retenue afin d'éviter de sombrer bêtement dans le voyeurisme.

La manière d'écrire est adaptée selon le personnage qui parle et cela rend les choses plus authentiques. La plume de l'auteur était un plaisir à lire.

Il y a aussi derrière tout cela, une perte de l'innocence des enfants et des blessures profondes. L'amitié, comme l'amour, peuvent se perdre, mais le glas de l'amitié est encore celui qui est le plus dur.

À la mesure de nos silences… si des gens avaient parlé au lieu de se retrancher dans leurs souvenirs douloureux marqué au fer rouge, cela eut été bien mieux pour tout le monde…

Mais nous aurions manqué ce magnifique voyage entre une petit-fils et un grand-père qui voulait se confesser.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Partir sur les routes pendant deux jours avec son petit fils, c'est la décision de François, reporter de guerre à la retraite, lorsque ce dernier apprend que le jeune homme perd pied, ne voulant plus passer son bac. Lors de cette chevauchée fantastique au volant d'une vieille voiture, les deux hommes vont échanger sur leurs vies, François essayant d'influencer le présent de son petit-fils en lui parlant de son passé.
Sophie Loubière, avec ce roman, aborde un événement peu connu de notre histoire, qui s'est déroulé lors de la Seconde Guerre Mondiale. C'est son personnage François qui lui permet d'en parler, de faire la lumière sur cette période.
On découvre alors les faits, au détour des conversations entre nos deux protagonistes. L'histoire est parfois cruelle, difficile, émouvante mais l'auteure réussit à mettre de la poésie dans son récit. le rythme de lecture est agréable, on se cale sur la vitesse de la voiture, on monte à bord de cette antiquité montée sur quatre roues, aux côtés de François, et on profite du voyage, du récit, avec la sensation de partager un moment unique, comme il en arrive si peu... Une très jolie lecture.
Sophie Loubière m'a intrigué avec l'Enfant aux cailloux, elle m'a captivé avec Black Coffee, et avec A la mesure de nos silences elle m'a ému, à chaque fois de nouvelles sensation lors de ma lecture, alors forcément, j'ai hâte de lire son prochain roman.
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François, ancien grand journaliste de terrain, est seul chez lui alors que sa femme Clémence est en cure pour soigner son arthrose. Un jour qu'il croise son ex-belle-fille au supermarché, cette dernière lui fait part des difficultés qu'elle connaît avec son fils, Antoine, sur le point d'échouer au bac. Un échange qui va remuer le vieil homme. Alors à la sortie du lycée et sans vraiment préméditer son geste, le grand-père emmène le petit-fils, malgré lui, pour un voyage de deux jours. Une traversée de la France qui sera l'occasion de plonger dans l'histoire du grand-père et d'exorciser le passé.
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Sous la plume délicate de Sophie Loubière, les personnages de ce récit prennent vie avec une justesse bouleversante. Deux protagonistes que deux générations séparent, le grand-père François, et le petit-fils Antoine.
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J'ai d'abord été très émue par François, cet être un peu taiseux, qui se réfugie volontiers dans la solitude, laissant libre cours à ses pensées. On le sent sur le point de fléchir, à la fois physiquement, et psychologiquement. Il dégage une forme de mélancolie, à moins que cela ne soit de la lassitude, qui m'a immédiatement intriguée.
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Antoine, quant à lui, vit au jour le jour sa jeunesse 2.0. Aucune perspective d'avenir ne semble le travailler et c'est à peine s'il compte passer son bac. Dans sa chambre, il s'adonne aux jeux vidéo tandis que son téléphone ne cesse de vibrer, signe extérieur d'une vie sociale bien remplie. Antoine est un adolescent comme tant d'autres, avec une famille recomposée, un peu dysfonctionnelle, qui cherche sa place dans l'existence. Malgré son côté taciturne et son apparente nonchalance, il a su me toucher, et j'ai ressenti sans peine son mal-être, sa colère aussi, reflet d'une grande sensibilité.
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Deux êtres qui se connaissent peu, mais qui vont apprendre à se découvrir lors de ce voyage qui sonne alors comme une résilience, pour l'un comme pour l'autre. Une relation qui va évoluer au fil des chapitres, à mesure que les mots - maux se libèrent. Pour l'Ancien, il devient essentiel de rompre le silence et de transmettre à cette nouvelle génération une partie de sa mémoire. Une partie restée figée en ce mois de septembre 1943, à l'origine de ses choix de vie et de la manière dont il s'est construit. J'ai été troublée par ce pan de la Seconde Guerre que je ne connaissais absolument pas, par ce drame qui aura marqué tout un village, celui de Villefranche en Aveyron. Il aura fallu que je lise une fiction pour combler ce manque.
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Je me suis pleinement laissé porter par le récit, confiante, mais je ne m'attendais pas à ce que ce roman me touche de cette façon. En réalité, mes yeux se sont embués quelques fois et cela tient beaucoup à la profondeur psychologique des personnages. La romancière n'a pas son pareil pour exprimer les sentiments, à tel point que j'étais en parfaite symbiose avec les protagonistes et leur histoire. Un roman fort et émouvant que je vous invite à découvrir.
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Ma chronique est sur le blog.
Caroline - le murmure des âmes livres
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J'ai découvert Sophie Loubière avec "L'enfant aux cailloux", un thriller qui m'avait beaucoup plu.Donc, quand CarnetParisien a organisé un concours sur son blog, pour gagner "À la mesure de nos silences", dédicacé, j'ai sauté sur l'occasion, je voulais découvrir une nouvelle facette de l'auteure. Ce bouquin était sur ma liste de livres acquérir en ce début d'année.
Le tirage au sort du gagnant a lieu... Perdu... Tant pis, j'ai déjà gagné 2 autres bouquins cette semaine là... 3 sur 3, faudrait pas abuser quand même ! Mais quelques jours plus tard, le gagnant ne s'étant pas manifesté, un nouveau tirage au sort me désigne ! Je n'en crois pas mes yeux ! Bon, bref, cette petite aparté pour remercier encore CarnetParisien pour son concours (et sa gentillesse)et Sophie Loubière pour sa dédicace.
Je me suis empressée de dévorer ce magnifique bouquin.Ce grand-père et ce petit fils m'ont embarqué dans cette belle leçon de vie. J'étais là, dans la voiture avec eux. Chacun apprend de l'autre et c'est ça qui est beau ! Pas très friande, d'habitude, avec tout ce qui se rapporte à L Histoire, pourtant !
Un livre à mettre entre toutes les mains.
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François Valent se sent vieux, en fin de vie. Il a subi une opération à coeur ouvert et n'a plus la force , plus l'envie de continuer à vivre. Ancien reporter de guerre, il est hanté par les images des conflits qu'il a couverts. Il s'occupe de son jardin, cherchant à se tuer à la tâche pendant que sa femme est en cure. Un jour il reçoit un appel de son ex-belle fille, qui n'arrive plus à rien avec Antoine, le petit fils de François.


Antoine est un jeune homme connecté en permanence. Il a une addiction pour les réseaux sociaux, les jeux en ligne. Ils ne se sent vivant que dans le virtuel. C'est là qu'il se réfugie. Il ne fait rien au lycée et il doit passer son bac en fin d'année. Il est en conflit permanent avec ses parents divorcés.


François décide de prendre les choses en main avant de mourir. Il ne s'est pas occupé de ses enfants, il peut bien recadrer son petit fils avant de tirer sa révérence. Il l'attend un jour à la sortie du lycée et le "kidnappe" pour une escapade en voiture de quarante huit heures. Une escapade dans le temps, dans le passé de François. Un passé si présent, pour l'ancien reporter, des événements qui ont conditionné toute sa vie d'adulte.


Les chapitres relatant l'épopée du grand-père et de son petit-fils alternent avec ceux présentant un fait historique peu connu de la deuxième guerre mondial . C'est le récit de ces événements qui ont eu lieu à Villefranche de Rouergue et qui ont marqué l'enfance de François que nous vivons. C'est donc vers son passé que le grand-père emmène son petit fils, mais ce pèlerinage les rapprochera-t-il? Réussiront-ils à s'apprivoiser. Qui soignera les maux de l'autre? Là est toute la question.


"Témoigner du passé pour préserver l'avenir du petit-fils, recomposer sa propre existence en arrachant les peurs bleues de leur socle, balayer les jours sombres s'avérait plus difficile qu'il ne l'envisageait hier. Il craignait encore une marée de larmes et l'embarras qu'elles causeraient à Antoine. le journaliste revenu de tout, témoin des cruautés que l'homme imaginait pour les femmes et les enfants pleurait maintenant comme une madeleine. Il suffisait de gratouiller son coeur pour que jaillisse une fontaine chagrine."


Ce roman passionnant nous touche car il est universel, il décrit la complexité des relations familiales, le conflit des générations entre enfants, parents, grands-parents, le tout traité avec sensibilité et finesse. Il nous montre les ravages des traumatismes du passé restés tus . Ce roman est poignant, émouvant, violent, plein de tendresse. L'autre intérêt de ce roman est de témoigner d'un fait de guerre dont on parle très peu dans les livres d'histoire et dont je ne dirai pas plus pour ne pas gâcher l'intérêt de l'histoire. Un roman porté par un style précis, fin, très poétique et des dialogues souvent percutants. Un roman que je recommande donc tout particulièrement.

"Le malheur, c'est comme une brassée de fleurs qui te tombe dessus. Tu peux choisir d'en faire une couronne mortuaire ou bien un bouquet qui fleurira la table d'un banquet pour le mariage de tes petits-enfants."
Lien : http://leslecturesduhibou.bl..
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Émouvant est le premier mot qui me vient à l'esprit après avoir refermé « A la mesure de nos silences » . A la différence de ces deux précédents ouvrages ce dernier roman de Sophie Loubière n'est pas un polar mais il se lit aussi facilement . Difficile en effet de lâcher ce livre à la sensibilité à fleur de peau où se confrontent deux générations : celle qui a connu la guerre et celle qui y joue virtuellement . Un grand père et son petit fils que tout oppose mais que le mal de vivre réunit : François qui a fuit les souvenirs du passé en risquant sa vie lors de chaque reportage journalistique l'ayant mené sur tous les théâtres des conflits mondiaux . Antoine qui cherche à cacher son mal être en passant son temps sur sa console de jeu et les réseaux dit « sociaux » tout en se coupant des réalités , d'une véritable communication avec ses parents et en mettant en péril sa scolarité .Véritable road movie initiatique de 48 heures entre un petit fils et son papi , il alterne entre prėsent et cette période de la deuxième guerre mondiale pendant laquelle un authentique épisode tragique est survenu au sein de l'armée allemande à Villefranche de Rouergue . Deux destins croisés qui fait de l'ouverture aux autres un antidote efficace contre les remords du passé et les incertitudes de l'avenir .
Merci aux éditions Fleuve Noir et à Babelio pour cet envoi .
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beaucoup d'émotions dans ce livre
le choc des générations , la vieillesse, la mort , la vacuité de la jeunesse, les souvenirs, les silences , les secrets , la vie campagnarde.....
je pensais à mes grands parents paternels....que j'adorais....ils me manquent....
tout ce que l'on ne s'est pas dit.....la joie que la présence de ma soeur et moi apportait dans leur vie....
mon enfance en Dordogne............j'y pense avec nostalgie
chacun va se retrouver dans ce récit
chacun à un grand père ou grand mère avec lequel il a tissé des liens très forts
un beau récit
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