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sur 3967 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un roman autobiographique dérangeant sur la misère sociale et intellectuelle d'une famille du nord de la France.
Un style précis et aiguisé.
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Il affirme que c'est bien un roman et non une biographie qu'il a écrite. Pourtant, En finir avec Eddie Bellegueule est avant tout un texte intime, qui nous fait entrer de force dans l'enfance de l'auteur – cette enfance dont il dit « je n'ai aucun souvenir heureux ». Car ce nom d'Eddie Bellegueule, ce patronyme de pauvre, invraisemblable, typiquement picard, c'est celui que l'écrivain a reçu à sa naissance dans une famille qu'il décrit comme arriérée et vulgaire. Un père pilier de bar, une mère pas très maline et des gosses, trop de gosses, des bouches à nourrir avec sept cent euros d'allocations par mois.


En finir avec Eddie Bellegueule, c'est une plongée dans une société que Zola n'aura pas reniée, où la crétinerie se transmet gaiement de père en fils, de voisin en voisin, jusqu'à submerger tout un village. Dans les petites maisons d'ouvriers d'Hallencourt, la télévision diffuse à longueur de journée des émissions débiles, on boit jusqu'à la syncope, on jure, on se méfie de la culture, on hait les « crouilles » et les pédés. Dans cette histoire, Eddie Bellegueule aka Edouard Louis est le vilain petit canard, celui qui ne rentre pas dans le moule. Avec ses « airs de folle », sa manie de rouler les hanches et de préférer au foot les poupées de sa soeur, il devient vite la tête de turc de sa famille, du village, de l'école. Un monde à la Bourdieu : dominants d'un côté, dominés de l'autre. Il subit mille brimades, les insultes, les crachats, les coups.

Rien ne lui est épargné, et au lecteur non plus : du cru, du cul, du malsain, la misère sociale et intellectuelle mise à nu sans concession et jusqu'à la nausée. On a envie de fermer ce livre d'une violence inouïe mais on continue à lire, inexorablement, jusqu'à la fin. Car En finir avec Eddie Bellegueule, finalement, c'est un livre qui parle à tous, un parcours individuel qui pourrait être la vie de chacun : au travail, en famille, en société, on est toujours le dominé de quelqu'un.
Lien : http://critiquesdelivres.ove..
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Eddy Bellegueule me faisait de l'oeil depuis un moment, j'avais très envie de découvrir ce jeune prodige dont tout le monde parlait. Nous nous sommes rencontrés cet été et je l'ai adoré !

Ce roman forcément autobiographique (?) raconte l'enfance et l'adolescence d'Eddy, ce jeune garçon aux allures de gonzesse, né de parents prolo, racistes, homophobes, élevé dans un bled du Nord. Eddy, le sensible qui préfère la danse au foot, la proximité des garçons à celle des filles, mais qui lutte contre ces mauvaises attitudes de son corps, qui essaie de marcher sans se balancer, de baisser ce petit doigt qui se relève tout le temps, de poser sa voix, de prendre des airs de brute pour ressembler à ce qu'est un homme, un vrai, un qui castagne, qui pue, qui pète, qui jure, qui gueule, qui picole, qui distribue des beignes. Mais las, rien n'y fait, alors Eddy baisse les bras, s'accepte et fuit cette misère.

Eddy a souffert ; moqueries, humiliations, tortures, mépris… Il a dû vivre l'enfer. Pourtant, il n'y a pas de colère dans ce récit, aucun reproche, juste deux mondes que tout oppose, enchaînés par le seul lien du sang. Eddy Bellegueule ne semble pas fâché, il ne blâme personne, il n'est pas tombé dans la bonne famille, c'est tout, il a essayé de coller à ce qu'on attendait de lui, n'a pas réussi, il est alors parti se construire ailleurs. Et en cela, son roman est, pour moi, une réussite car ce n'est pas le témoignage poignant, terrible et accablant d'un homosexuel incompris et rejeté, ce n'est pas non plus un livre vengeur où des horreurs sont déballées, où la rancune côtoie l'amertume. Je l'ai lu comme une fiction sans pathos, sans émotion exacerbée, soigneusement écrite.

http://levoyagedelola.wordpress.com/
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Eddy Bellegeule est né en Picardie dans une famille défavorisée. Les clichés y sont nombreux : les hommes sont machos, racistes, les enfants ne font pas d'études, les filles ont des enfants jeunes, le langage est basique, émaillé d'injures, l'alcool est quotidien.

Au milieu de cette misère affective, Eddy grandit avec des airs efféminés. Mais comment vivre et accepter son homosexualité dans cette famille où la pauvreté intellectuelle et l'absence de sentiments sont manifestes ? Il a, au départ, un rejet de son homosexualité. Il veut être accepté comme les autres et s'évertue à changer son comportement afin d'avoir des gestes plus masculins.

L'auteur va s'en sortir grâce aux études. Il va apprendre à se construire contre sa famille, contre ses parents. Ses descriptions sont crues quand il nous parle de la violence de son milieu social : violence du langage, de l'éducation.

De l'indicible il fait une force avec une grande sincérité.

J'ai beaucoup aimé cette lecture. Je l'ai repoussé pendant longtemps, peur des clichés, du voyeurisme, mais là j'ai été bluffée. L'auteur arrive à nous faire vivre avec lui cette vie difficile, cet endroit où il n'y a pas d'avenir, ses copains qui zonent. Il arrive à nous faire comprendre cette vie si loin de la nôtre et nous fait palper sa solitude, son rejet, sa honte et sa haine.

Un premier roman coup de poing qui ne laisse pas indifférent. Il est bourru, répugnant et plein d'espoir mais tellement sincère qu'il se lit d'une traite.

Je l'ai lu en format audio et ça a été très agréable, la voix et le ton de Philippe Calvario sont parfaites dans ce rôle.
Lien : http://lesfanasdelivres.cana..
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Ce livre est un choc! Un mélange de violence et d'immense sensibilité.
Depuis qu'il est tout petit, Eddy est efféminé. Il parle avec les mains, a la voix aiguë et devient à l'école le souffre-douleur de deux garçons qui le rouent de coups, quotidiennement. C'est que dans le village du Nord de la France ou Eddy est né il y une vingtaine d'année, la virilité, voire même la violence des hommes sont des vertus. Et qu'on n'y connaît pas la moindre ouverture à la différence. Qui pourrait en effet se targuer d'ouverture dans ce village pauvre où les hommes sont ouvriers d'usine de père en fils et les mères caissières. Où les soirs où il n'y a rien sur la table, « on mange du lait ». Où la télé est du matin au soir, omniprésente. Où en guise de loisirs, les enfants répètent les scènes vues dans les films porno. Eddy aura la chance de s'en sortir grâce à l'étude, fuyant très tôt le foyer familial pour étudier dans un lycée éloigné. Et transformant son sinistre passé en récit autobiographique. Mais combien comme lui restent coincés chez eux, sans aucune chance de s'en sortir?
En finir avec Eddy Bellegueule, Edouard Louis, Seuil
Lien : https://bcommebouquiner.com
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Du cran! Il en faut une dose pour écrire un tel livre. Car sous couvert de roman, la fiction présentée à tout l'air d'une autobiographie! Et vu le portrait que dresse l'auteur de sa famille et de son village, il risque de ne pas être le bienvenu si l'idée lui venait de rentrer au bercail. Enfin cela ne semble pas être au programme tant il a fait pour s'enfuir de cette France profonde qu'on pourrait croire d'une autre époque mais qui pourtant est si proche puisque l'auteur est né en 1992 donc pas mal des événements décrits datent dates des années 2000... à peine croyable! Une famille qui ressemble à tant d'autres mais qui n'est qui violence, maltraitance, négligence, racisme et comportement pervers. Une banalité du mal dans un univers de promiscuité et de chômage ou la TV et ses programmes pourris constitue la seule ouverture sur le monde. Quelle force de résilience il a fallu à l'auteur pour s'en extraire, lui souffre-douleur pendant des années en raison de son homosexualité un peu trop visible. C'est par le théâtre qui viendra sa libération. Ce livre donne parfois la nausée tant tout ce qui est écrit suinte de vérité mais c'est ce qui en fait aussi un grand livre!
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On a du mal à croire que, dans ce livre, il s'agit des années 90! En effet, qu'il est triste de voir le rejet qu'Eddy subit à cause de son homosexualité devinée. Mais il est tout aussi triste de voir la misère dans laquelle il vit. Il ne s'agit pas que de misère économique, elle est également d'ordre culturel, affectif, humain tout simplement: le chômage, l'alcoolisme, le manque d'espoir, d'horizon et d'ambition. Eddy a choisi la seule issue possible: la fuite. La fuite par le théâtre qui le conduit à un éloignement géographique, social et familial, et à la rencontre avec un monde plus ouvert et épanouissant.
Un roman touchant, certainement thérapeutique pour son auteur, dont la plume gagnera sûrement en maturité et finesse avec l'âge car Edouard Louis est encore très jeune.
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Beaucoup de choses ont été dite sur ce livre et j'étais curieuse de le lire. Un témoignage poignant où l'auteur ne fait aucune concession. Son départ pour le lycée à Amiens lui permet de sortir de cette misère sociale.
J'ai aimé le livre avec cette écriture simple et fluide mais parfois j'ai eu du mal avec certains passages sur la violence sociale.
Je pense que cette misère sociale, nous pouvons la retrouver partout en France malheureusement et encore aujourd'hui.....
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Ce livre m'a bouleversée. Cette violence ordinaire qui fait partie de sa vie, un brin fataliste il ne cherche ni à l'empêcher ni à s'en soustraire... Juste faire le moins de bruit possible, pour ne pas laisser filtrer la honte.
Ce jeune homme quelque peu à part aura vraiment eu la malchance de naître au mauvais endroit, au mauvais moment et avec une "tare".

Je vous laisse découvrir le livre pour voir de quoi il s'agit. Je regrette juste qu'il soit aussi court. Je me suis tant attachée à ce personnage que j'espérais... Une autre fin, une autre histoire...
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Un récit autobiographique émouvant, écrit par un auteur qui a beaucoup de talent pour faire transpirer ses sentiments avec sa plume. Les mots sont écorchés vifs, les émotions excessives, troublantes, mais freudiennes. Une catharsis des frustrations et des souffrances de la jeunesse de l'auteur, dont l'écrit a dû tellement l'aider à apaiser son âme et digérer ses souvenirs douloureux. Les pages se tournent avec beaucoup de plaisir pour suivre le martyre sans fin d'un garçon à la sensibilité fine, qui découvre une sexualité différente de celle de la plupart de ses camarades, mais qui entend bien la vivre, d'un être cultivé qui essaie de s'en sortir au sein d'un environnement moitié loup, moitié chacal, ou l'instinct primaire de l'animal qui sommeille en l'homme s'exprime de manière débridée au sein d'une famille pauvre et illettrée ou la misère ouvrière rôde. Ce livre nous replonge dans le monde paysan du moyen âge qu'on imagine, fruste et primaire, sauf que les ouvriers du nord ont remplacé les paysans de la France profonde, que l'alcool explose les souffrances de l'âme, et que l'enfant, doué, qui veut s'extraire du sordide de sa jeunesse par les études, est victime de brimades et de harcèlement. Il observe, encaisse stoïquement, il est le souffre-douleur d'un père tyrannique et alcoolique. Un très beau livre d'un auteur très doué pour aller chercher par l'écriture l'expression des sentiments qui se cachent au fond de lui.
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