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Critique de Sea


Sea
05 juillet 2021
Voilà le résultat !
Quand on donne carte blanche à un apprenti coiffeur habitant du quartier de la goutte d'or à Paris !
Au départ il n'y connaît rien, il ignore tout de ce monde de la déclamation. Il ne se laisse pas abattre. Avec malice il évolue pour et dans ce milieu extravertis. Quelques années, quelques rencontres déterminantes suffisent. Il atteint les sommets théâtreux et cinématographiques. Ce destin Luchinien est du type « non prédéterminé ». C'est ça l'épatant, c'est beau, c'est presque scandaleux ! C'est ça qu'il clame haut et fort ! Je suis présent écoutez-moi !

Fabrice Luchini ne récite pas ! Il fait vivre et vibrer le texte, il s'oublie dedans, la phrase étant « l'état à atteindre » son être en entier est voué à faire ressentir au lecteur ou au spectateur le sens des phrases composant le texte. Alors il fait passer l'émotion voulu par l'auteur, il utilise les intonations variables de sa voix, il utilise ce procédé à fond, il n'est pas dans la demie mesure Fabrice, il utilise …la stupeur … les trous de mémoires voulus ou non, et nous, nous jubilons de l'effet que cela fait !
Son cinéma, son style c'est ce qui le distingue tellement des autres … Résister ? non ! En parallèle de cette lecture, j'ai regardé Fabrice Luchini sur scène grâce à Youtube, du coup en reprenant le livre, je le vois me faire la lecture de sa vie … terrible ! Quelle truculence ! Quelle véhémence ! Quelle énergie !

Je suis éblouis parce qu'il est lui-même éblouit par l'autre, qui vient le voir, l'autre qui le lit, il joue avec mes émotions, il sait intéresser l'autre grâce à ce qu'il dégage, grâce à sa littéraire passion, il sait faire corps avec l'autre, il ira jusqu'à l'épuisement si il le faut. Son exaltation pour les mots et leur agencement dans la phrase lui coûte … et lui rapporte. C'est un enchantement de le lire, de l'écouter …
Il captive son auditoire avec la lecture de ces auteurs que je vais découvrir. Il y a Louis Ferdinand Céline, oui ça c'est prévu, Rimbaud, la poésie l'art délicat peut-être,
La Fontaine, connu comme le perspicace, Nietzche, là je ne m'y risque pas une deuxième fois …

Un passage m'a marqué c'est le moment d'un poème ou cette femme … Cette femme que je n'ai pas envie de voir disparaître …

En lisant ses mots, je le vois, lui Fabrice, il monte sur scène avec tous ses compagnons du genre littéraire ou du genre cinéma, tous ses fantômes, il me narre sa vie. A travers les auteurs qu'il admire sa vie avance, il y a avec lui François Truffaut, Eric Rohmer, Marcel Proust, Gustave Flaubert, Victor Hugo, Charles Baudelaire, Paul Valéry, Emil Cioran, Roland Barthes, Jean Genet, Samuel Beckett, Molière, Louis Jouvet, Jean Racine, Philippe Murray et j'en oublie …pardon.
Il me transmet sa passion du verbe, j'y prends un plaisir dingo, je jubile, je ris de nouveau, merci Fabrice. Il y a son côté un peu réactionnaire qui s'échappe de sa prose mais ce n'est un problème …

Voilà le résultat !
L'acteur, le comédien, se tait et donne de sa personne autrement, il écrit.
C'est très curieux, sa présence charnelle, sa diction, ses gesticulations, demeurent. Il est là à travers son texte. C'est comme un flottement, une évocation, une oraison… Luchini devient un mythe de son vivant ?

C'est une recommandation, un pur régal spirituel !
Essayez-le !
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