Gauche ou droite, le monopole du cœur n'aura jamais été d'un côté ou de l'autre, et l'immigration semble être très tôt devenue un argument politique pour s'attirer les voix des électeurs en jouant sur la peur de l'étranger. N'en blâmer que le Front national serait une grande erreur; (p.87-88 / Seuil, coll. points, 2013)
Qui donc a dit qu'il fallait désacraliser ceux qui nous ont montré le chemin ?(p.155)
L'Afrique n'est plus seulement en Afrique. En se dispersant à travers le monde, les Africains créent d'autres Afriques, tentent d'autres aventures peut-être salutaires pour la valorisation des cultures du continent noir. (...)
Nous avons besoin d'une confrontation, d'un face à face des cultures. Peu importe le lieu. (p.160)
Etre francophone, cela empêcherait-il d'être écrivain ? L'ombre de la France serait-elle si pesante qu'elle nous empêche d'écrire en toute liberté ? N'avons-nous pas encore compris qu'il y a longtemps que la langue française est devenue une langue détachée de la France, et que sa vitalité est également assurée par des créateurs venus des cinq continents ? (p.137)
-La carte d'identité-
Lorsqu'on me demande si l'émigration influe sur mon écriture, il m'est impossible de donner une réponse précise et définitive. Sans doute parce que suis de plus en plus persuadé que le déplacement, le franchissement des frontières, nourrit mes angoisses, contribue à façonner un pays imaginaire qui, finalement ressemble à ma terre d'origine. Il y va de ma propre quête intérieure, de ma façon de concevoir l'univers. J'ai choisi de ne pas m'enfermer, de prêter l'oreille au bruit et à la fureur du monde, de ne jamais considérer les choses de manière figée. (p.131)
Chaque enfant du continent noir dessine au fond de lui cette terre lointaine où tombe la neige. Une terre d'abondance, de bonheur. Et ce rêve est sans doute la source de la fascination aveugle qui possède les migrants africains aux aventures les plus tragiques. Le chemin d'Europe devient alors un chemin de croix.
Je suis né au Congo-Brazzaville ,j 'ai étudié en France , j 'enseigne désormais en Californie . Je suis noir ,muni d 'un passe-français et d 'une carte verte . Qui suis-je ? J 'aurai bien du mal à le dire .Mais je refuse de me définir par les larmes et le ressentiment .
Vingt ans me séparent de ce livre écrit dans la fièvre et la jubilation: ses thèmes ne m 'ont jamais quitté , ils continuent à travailler en moi comme une interrogation jamais close . Au plaisir de démolir une mythologie régnante s 'est ajouté celui
d'explorer des univers illimités .
Il n 'est pas exagéré , écrit-il , d 'affirmer que c 'est le blanc
qui a inventé le Noir , en imposant sa civilisation soi-disant
éclairée à un peuple supposé barbare .
Où et quand ai-je été innocent ?
Saint -Augustin