Citations sur Le Prince (suivi de) Extraits des Oeuvres politiques .. (34)
Celui qui pense que chez les grands personnages, les nouveaux bienfaits font oublier les vieilles injures, il s'abuse.
Et comme il y a des cerveaux de trois espèces, les uns qui entendent les choses d'eux-mêmes, les autres quand elles leur sont enseignées, les troisièmes qui ni par eux-mêmes ni par enseignement d'autrui ne comprennent rien à rien, et comme la première espèce est excellente, la seconde excellente, le troisième inutile…Et comme il y a des cerveaux de trois espèces, les uns qui entendent les choses d'eux-mêmes, les autres quand elles leur sont enseignées, les troisièmes qui ni par eux-mêmes ni par enseignement d'autrui ne comprennent rien à rien, et comme la première espèce est excellente, la seconde excellente, le troisième inutile…
On ne peut pas davantage qualifier de désordonnée une république où l'on voit briller autant de vertus : c'est la bonne éducation qui les fait éclore, et celle-ci n'est due qu'à de bonnes lois ; les bonnes lois, à leur tour, sont le fruit de ces agitations que la plupart condamnent si inconsidérément.
Le prince doit se faire obéir,c'est-à-dire qu'il doit se faire craindre[...]. Car le vrai contraire de la crainte et la haine [...]. On craint les Nazis, mais on hait les communistes: nuance.
(Paul Veyne, préface)
Mais il y a si loin de la sorte qu'on vit à celle selon laquelle on devrait vivre, que celui qui laissera ce qui se fait pour cela qui se devrait faire, il apprend plutôt à se perdre qu'à se conserver ; car qui veut faire entièrement profession d'homme de bien, il ne peut éviter sa perte parmi tant d'autres qui ne sont pas bons. Aussi est-il nécessaire au Prince qui se veut conserver, qu'il apprenne à pouvoir n'être pas bon, et d'en user ou n'user pas selon la nécessité.
[...] Jules César a dit que les Français, au prime abord, étaient plus que des hommes, mais pour finir, moins que des femmes.
Rapport sur les choses de la France
Pendant que Camille assiégeait avec son armée la ville des Falisques, un certain magister chargé d'instruire les enfants des principaux citoyens de Falère, désireux de gagner la faveur de Camille et du peuple romain, sortit de la ville avec ses élèves, sous prétexte de leur faire prendre de l'exercice; il les conduisit dans le camp des Romains et les présenta à Camille en lui disant "qu'il remettait entre ses mains des otages avec lesquels il forcerait facilement la ville à se rendre". Non seulement Camille n'accepta point son offre, mais il fit encore dépouiller ce traître de ses vêtements,lui fit lier les mains derrière le dos, fit distribuer des verges à chacun de ces enfants, et leur fit reconduire à Falère, flagellé copieusement. Quant les Falisques surent ce qui venait de se passer, ils furent si touchés de l'humanité et de la loyauté de Camille que sans se défendre davantage, ils lui ouvrirent les portes de la cité.
Discours sur la première décade de Tite-Liv
Tous les écrivains qui se sont occupés de politique (et l'histoire est remplie d'exemples qui les appuient) s'accordent à dire que quiconque veut fonder un Etat et lui donner des lois doit supposer d'avance les hommes méchants, et toujours prêts à montrer leur méchanceté toutes les fois qu'ils en trouveront l'occasion. Si ce penchant demeure caché pour un temps, il faut l'attribuer à quelque raison qu'on ne connaît point, et croire qu'il n'a pas eu l'occasion de se montrer ; mais le temps qui, comme on dit est le père de toute vérité, le met ensuite au grand jour.
Je me demande qui de nous sera le plus en droit de se plaindre, moi de vous qui m’avez forcé à écrire chose que sans vous je n’aurais jamais écrite de moi-même, ou vous de moi, si mon écrit ne vous satisfait pas. in "Discours sur la première décade de Tite-Live"
Les hommes ne font le bien que forcément; mais dès qu'ils ont le choix et la liberté de commettre le mal avec impunité, ils ne manquent de porter partout la turbulence et le désordre.