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3,7

sur 110 notes
Tout à la fois thriller, documentaire, confession, récit historique arrangé ou non, ce livre hors-norme échappe à toutes les règles et à toutes les catégories.
Nous sommes en 1869, dans un village reculé et miséreux d'Écosse. le jeune Roderick Macrae raconte d'une voix monocorde sa courte existence, et les événements qui l'ont amené à commettre un triple meurtre d'une rare violence. C'est un récit venu du fond des âges qui dépeint la vie de nos aïeux, celle de paysans laborieux pétris de religion et de superstitions. Des hommes qui vivent selon des rites immuables et dont l'horizon s'arrête au bout de leur village ou de leurs champs.
Roderick n'est pas comme les autres garçons de son âge. Beaucoup plus intelligent, émotif, réservé que ses pareils, il est un poisson qui nage à contre-courant. Il ressent avec beaucoup plus d'acuité son profond dénuement, l'insignifiance de son existence et l'extrême violence de son monde profondément injuste. Un pasteur ignoble qui ne songe qu'à l'expiation, au rachat des péchés ; un père idiot, bêtement bigot, qui ne se complait que dans la souffrance ; des nobles ou des riches – la différence de classe avait une signification à cette époque − méprisants et arrogants ; des fricoteurs enfin, d'infâmes profitards qui réussiront à anéantir sa famille. C'est tout cela que Roderick a cherché à tuer, en même temps que son impossibilité de s'extraire de cette misérable existence, comme s'il était retenu par la glèbe collante des champs.
Un récit désespéré où Roderick, dans son petit village comme face à ses juges, ne cessera jamais d'être considéré comme un sous-homme. Un récit d'une noirceur sidérale d'où émergent quelques moments de bonheur qui viendront illuminer sa vie : la démarche d'une belle fille qui « donnait l'impression qu'elle chantait une chanson », quelques pintes de bière bues dans un cabaret, cet oisillon qu'il essaiera de sauver, un homme qui l'écoute et lui fait confiance, ses petits secrets avec sa maman partie bien trop tôt, et la frangine tant aimée qui le retient par les épaules…

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Chaque année, "Vrij Nederland" (Pays-Bas libres), un mensuel d'opinion, publie son "Guide de suspense". Une publication que tous les amateurs de thrillers en Hollande et en Flandre attendent avec impatience, car c'est quasi une référence en or des nouvelles apparitions dans ce domaine spécifique : un comité d'auteurs et de critiques professionnels du genre analysent pendant tout un an tout ce qui paraît, selon des critères archi rigoureux avec un système bien précis d'étoiles (de 0 à 5) et un lauréat de l'année . Comme pour beaucoup d'autres lecteurs mordus, c'est un peu ma bible.

Ainsi, le 38ème guide annuel vient d'être diffusé : Analyses d'exactement 618 ouvrages, seulement 8 cinq étoiles et le gagnant de 2017 est l'Écossais Graeme Macrae Burnet avec : "L'Accusé du Ross-Shire". À titre de comparaison, je mentionne les lauréats des 5 années précédentes avec entre parenthèses le nombre de critiques sur Babelio : 2016, Nick Pizzolatto "Galveston" (32 ) ; 2015, Paula Hawkins "La fille du train" (922) ; 2014, Robert Harris "D., L'affaire Dreyfus révisée" (25) ; 2013, John le Carré "Une vérité si délicate" (14) et 2012, Arnaldur Indriđason "La muraille de lave" (104). Parmi les 5 étoiles de la cuvée 2017, signalons : Daniel Cole, Tony Schumacher, Anders Roslund et Börge Hellström - mort d'un cancer en février dernier - Stefan Thunberg et Sharon Bolton, connue en France pour son "Sous emprises".

Mais comment ce jury professionnel motive-t-il sa sélection ?

L'argument déterminant est la construction originale de l'ouvrage, baptisé par le jury de "thriller dossier". En effet, à la base figurent des documents historiques, des déclarations et des rapports, qui constituent ensemble un dossier relatif à une affaire criminelle de 1869. Un adolescent de 17 ans, Roderick - Roddy - Macrae reconnaît avoir commis un triple meurtre dans un bled isolé en Écosse occidentale. Dans sa commune. Roddy est considéré comme bizarre, tandis que son instituteur, en revanche, le qualifie de "le plus intelligent garçon de sa classe". En attendant son procès, en prison à Inverness, Rody note le comment et surtout le pourquoi de son geste. Cette déclaration volontaire forme un des documents-clés du dossier, ensemble avec une évaluation psychiatrique de son état mental et une compilation de coupures de presse se référant à son procès.

Le jury hollandais n'est pas le seul à avoir été impressionné par l'ouvrage, puisqu'il était déjà lauréat du prestigieux Prix Booker pour fiction, le prix littéraire incontestablement n° 1 au Royaume-Uni.

Les lecteurs friands d'évasion et de dépaysement seront gâtés, car l'histoire se situe à Culduie, sur la péninsule d'Applecross, dans les Highlands écossais. Je me souviens d'avoir emprunté l'unique route dangereuse menant au village d'Applecross, fermée d'ailleurs en hiver. L'approvisionnement des quelque 550 habitants se faisant alors par mer. Autre particularité de l'endroit, le hameau ne compte qu'une rue, appelée "The Street" d'où l'on voit au loin l'archipel des Îles Hébrides Intérieures.

Graeme Macrae Burnet, qui a étudié la littérature à l'université de Glasgow, a été professeur en France, en République tchèque et en Pologne. En 2013, Il a publié son premier thriller " The Disappearance of Adele Bedeau" (La disparition d'Adèle Bedeau) - situé à Saint-Louis en France - et cette année, tout récemment d'ailleurs, il en a sorti une suite sous le titre "The Accident on the A35" (L'accident sur la route A35).

Je termine cette chronique par la réponse de l'auteur à un journaliste du "Irish Times", qui lui avait demandé ce que ses livres lui avaient appris, : "Avant de publier mon premier livre, je pensais que j'étais complètement normal". Apparemment écrire des thrillers n'est pas sans danger pour son équilibre mental !
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Moi, naïve, je crois ce qu'on me dit. Alors, quand l'auteur me déclare en préface qu'il a déterré cette affaire de meurtre en faisant des recherches sur son arrière-grand-père en Ecosse, j'ai confiance...Et puis quand même, au bout de quelques pages, je comprends : c'est un fake ! C'est du reconstitué fait main !! Bon, je suis un peu déçue de comprendre que l'auteur est à la fois, le jeune homme, le psychiatre, l'avocat etc...Mais je continue, parce que c'est diablement intéressant et bien fait.
Voilà les pièces du dossier, mesdames, messieurs. Un très jeune homme, Roderick Macrae, dix-sept ans, est accusé d'un triple assassinat ...On ne sait pas encore clairement sur qui. Nous accédons dans le livre à diverses dépositions de témoins (voisins, prêtre, instituteur), et surtout au récit des événements et de ses circonstances par le ci-devant Roddy Macrae, supposément pourtant un paysan attardé et illettré. Nous avons ensuite les rapports médicaux (psychiatre) et le procès.
Grâce à cette construction très habile, Graeme Macrae Burnet fait le tour d'un système social inique, où tout est fait, bien sûr, pour écraser le faible, le travailleur. L'Ecosse du XIXème siècle fonctionne de façon médiévale. Les terres sont attribuées à des paysans, mais appartiennent au seigneur. Les paysans sont "managés" à divers niveaux, dont le plus pervers est l'élection de l'un d'entre eux pour surveiller tous les autres, les dénoncer et les punir. Evidemment, dans de telles conditions, le drame couve. Roddy Macrae est un enfant compliqué- orphelin de mère, père violent, taiseux, idiot- et qui doit se soumettre à des diktats religieux et sociaux qui insultent son intelligence. L'intelligence a par ailleurs été cultivée par l'instituteur, et constitue dans ce cas une bombe à retardement. Car on peut faire ce que l'on veut, mais 1869, ce n'est pas le Moyen-Age, et les esprits ont changé...De même que dans le livre d'Anna Hope, La Salle de Bal, nous voyons par ailleurs comment la science-la médecine-participe activement et paradoxalement à maintenir la société dans son jus le plus conservateur, cherchant à enfermer et éliminer tout élément perturbateur (les fous lobotomisés remplacent les pendus...)
Je suis loin d'avoir abordé tous les thèmes du livre, tous les personnages, toutes les attitudes scandaleuses (et fort d'actualité d'ailleurs, nihil novi sub sole) qui font le foisonnement du récit. le livre est vraiment intéressant, original, et écrit d'une manière à rendre addict n'importe quel lectrice-lecteur.
Je le recommande donc vivement, et remercie les éditions Sonatine et l'opération Masse Critique pour ce cadeau de grande qualité !
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Plongez dans les mémoires de Roderick Macrae, petit paysan de dix-sept ans qui a commis un triple crime sauvage dans le petit village d'un coin reculé des Highlands. le jeune homme aurait écrit ses confessions en prison sur les conseils de son avocat. Roderick a tué à coup de pioche le paysan qui officiait en tant que connétable de la région et qui harcelait depuis plusieurs mois sa famille.

Aucun doute de sa culpabilité, reste à comprendre pourquoi un jeune homme sans histoire en vient à commettre l'irréparable. Dans sa cellule le condamné reçoit la visite du médecin de la prison, d'un aliéniste, spécialisé dans l'étude des meurtriers et de son avocat un homme progressiste qui veut plaider la folie pour ainsi lui éviter la potence.

Lors du procès, tous les témoins du drame annoncé se succèdent et c'est le tableau d'une grande et misérable détresse qui se dessine.

Des familles de paysans en servage total, à la merci d'un connétable omniprésent, lui-même à la merci d'un régisseur qui ordonne l'immense domaine d'un Lord.

La révolution industrielle à déjà commencée et pourtant, dans des coins reculés d'Europe, des familles vivent encore des craintes moyenâgeuses. L'ordre et la morale règnent et gare à celui qui ose remettre en cause l'ordre établi.

L'écriture fluide de Macrae Burnet est d'une redoutable efficacité, il offre au lecteur une habile et précise description de la vie dans les Highlands écossaises au milieu du XIX e siècle.

Empathique et humaniste, « L'accusé du Ross-Shire » est assurément un formidable roman historique.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un livre glaçant de bout en bout, où le cynisme rejoint le sordide, où les mots comme la parole sont confisqués au profit des puissants.
Les paroles se dérobent , tous les acteurs, et tous les fermiers obéissent à une terrible omerta, le silence du vieux, trop lisible, ne laisse filtrer aucune lueur, Roderick Macrae lui même se retranchera parfois dans le silence.


Si un livre peut changer votre vie, celui-ci est de ceux, capable de vous désespérer de l'humanité, de la religion, de la justice et de votre père. Alors autant le lire d'une traite (avec un seul r).
Comme un bernicle sur son rocher, ce roman policier, plus proche du thriller, à l'intrigue diabolique et inventive, au suspense omniprésent ne vous lâchera plus.


Ce coup de maître d'entrée, est à saluer, l'auteur vous invite à lire, un récit écrit par un détenu qui raconte les meurtres qu'il a commis. Un récit écrit en 1869 et retrouvé dans les archive d'Inverness !
C'est parti il nous tient en laisse comme un épagneul un peu fou. de dépositions, en comptes-rendus d'audience Graeme Macrae Burnet tisse sa toile.
Pris dans la nasse, au plus prêt des acteurs, frustres mais si crédibles, cette longue lecture éveillera en vous de douloureux questionnements. La honte s'insinue dans la famille Macrae, quand l'arrogance s'affiche dans le clan Mackensie.


La religion représentée par M Galbraith est une injure au bon sens et au simple devoir de compassion. le révérend est un cynique douteux, incapable du moindre signe de sympathie, il affirme au contraire, que si votre femme est morte c'est de votre faute ; ce qui donne en langage sacerdotal, et onctueux, ; "Je lui ai rappelé que les tribulations de cette existence, nous échoyait en juste rétribution de nos péchés et qu'il devait les accepter comme telles", ainsi s'exprimait page 267, le révérend au décès de la maman du prévenu, Roderick et de son père John.


Mais qui est le père, de l'enfant né ce jour où sa maman meurt en couche ?
La maman est qualifiée de frivole et d'hypocrite, par le révérend Galbraith.


Quant à la féodalité, qui règne alors en Écosse, celle-ci est omniprésente. Propriétaire de territoires très étendus, jusqu'aux plages, son pouvoir s'exerce par son représentant, le Constable, Lachlan le Large, le clan Mackensie, qui conjugue cynisme et humiliation., le régisseur, rappelait, au cours de l'entrevue demandée par John Macrae, page 127 que " par bonté le bail est encore prolongé" !

Dans ce village isolé des Highlands, les meurtres perpétrés chez le constable Lachlan le Large, déclenche un procès hors norme, où chacun est là pour défendre une thèse propre à son camp.
L'église avec le révérend Galbraith, les propriétaires terriens représentés par les victimes, les fermiers soumis au labeur et à une loi, où chacun doit rester à sa place, ces clans vont s'affronter au cours des enquêtes menées par les avocats.

Un mot me revient, que l'on trouve prononcé par le révérend, « tribulations », que cache t-il réellement ? Alors que Jetta la soeur adorée de Roderick, est bien enceinte, son père John déclarera plus tard qu'il ne la connaît pas.

Lui Roderick connaît le père, de l'enfant, il l'a surpris ; Au lieu de quoi "celui-ci m'attrapa par la nuque, colla son visage contre le mien" et me dit : "quand tu seras grand tu comprendras qu'un homme doit satisfaire ses besoins quelques part". P 83
"Surtout maintenant que ta chère mère n'est plus parmi nous". Lâcha le constable Lachlan.
Il laissa alors échapper un rire sonore et partit.

Dans son cahier, après la mort de sa mère il écrira page 41 : "Je méditais le sermon de Monsieur Galbraith et résolus à cet instant, avec la terre grise sous mes pas, que lorsque l'occasion se présenterait, je deviendrais le rédempteur de mon père".  et plus loin "je crois que Monsieur Galbraith était très satisfait de la mort de ma mère, car elle corroborait la doctrine professée".


L'étroite relation qui relie le lord Middleton, et le révérend ne doit pas être rompue. Aucune requête n'est acceptable si elle s'oppose au constable, aucun délit de Laclan le Large du clan Mackensie, ne peux lui être imputé, les tribulations des femmes, portent la honte, quand elles tombent enceintes.

Quelle magnifique fresque de l' Écosse du XIXe siècle, si mal connue, on est bousculé interloqué, par les interventions de la défense, par les dépositions des uns et des autres. Quelle signification doit-on donner à ces meurtres, sont-ils une vengeance, l'oeuvre d'un illuminé ?

La clé de l'énigme n'est pas donnée me semble-t-il, il faut la forger,reprendre le récit de chacun, reprendre la chronologie des faits, nul doute que cette lettre envoyée la veille du meurtre, est le déclencheur du désastre, lettre à laquelle le révérend ne répond que par une pirouette insipide et insultante « prions ».

Merci aux éditions Sonatine de cet ouvrage si remarquable, merci Masse Critique de ce choix si judicieux.
On retrouve des points communs, entre cet ouvrage de Graeme Macrae Burnet, et L'île du Serment de Peter May.


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Un triple meurtre dans les Highlands au XIXeme siècle. le roman s'ouvre sur la confession de Roderick Macrae (un soit-disant héritage qu'aurait léger le personnage au narrateur/auteur).
Puis viennent les avis des scientifiques, docteurs en psychologie criminelle et autres experts. Et enfin les trois jours de procès puis le verdict.

Avant de donner mon avis, une conclusion s'impose : bien joué !
Gramae Macrae Burnet à vraiment bien joué avec ce roman, que ce soit avec ses personnages ou ses lecteurs !
Tout d'abord il y a cette ouverture assez lente qui, si on s'y laisse prendre, s'inscrit assez bien dans la tradition du 'storytelling' gaélique. La seconde partie est plus intellectuelle, plus structurée. Et c'est là que je me suis demandé.... "Mais de qui se moque-t-il?!!" S'il est vrai que l'intrigue peut perdre le lecteur par sa vraisemblance, lorsqu'on s'est déjà confronté au post-modernisme avec Paul Auster notamment, difficile de ne pas apprécier ce jeu de piste !

Pour apprécier ce roman, il faut accepter l'idée de se laisser porter par lui et ne pas trop en attendre d'emblée car il résiste à toute tentative de définition ou à tout type d'étiquette. Ce n'est ni un thriller, ni un roman policier, ni un roman historique, ni une biographie, ni un pamphlet ou un étendard pour un Gaelic revival.

Bien sûr, au-delà de ce jeu narratif, certains motifs semblent ressortir malgré l'auteur. Par exemple le sentiment de malaise de l'adolescent différent - à la Holden Caufield de J.D.Salinger. Ou encore la dérision dont l'auteur fait preuve face à toutes ces sciences et spécialistes en tout genre. Chacun d'eux est sans cesse dépassé par un nouveau, et au final : personne n'a la réponse !

Avant de conclure ce billet, je tiens à saluer le superbe travail de traduction de Julie Sidony qui a su rendre le récit parfaitement fluide. D'autant que le langage et l'élocution des personnages à une grande importance dans ce roman.
Les traducteurs sont souvent fustigés à tort : le fameux traduire c'est trahir. Facile à dire, mais il y a aussi des traducteurs qui sont de véritables passeurs, des passionnés qui savent, sans qu'on s'en rende compte s'effacer derrière le récit pour se mettre à son service. Un grand bravo et merci à elle pour avoir fait parvenir ce texte au public français.

Et pour finir, je remercie bien sûr très chaleureusement Babelio et les éditions Sonatine pour leur confiance, pour cette lecture et l'organisation de cette fabuleuse rencontre qui fut si riche.
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Je tiens tout d'abord à remercier Babelio et les Editions Sonatine pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une Masse critique privilégiée.

Malheureusement, je n'ai vraiment pas passé un bon moment de lecture. The Time (en 4ème de couverture) qualifie ce livre de « Passionnant, et aussi divertissant qu'intelligent. » C'est le mot « divertissant » qui m'interpelle. Je n'ai pas trouvé l'histoire divertissante mais plutôt consternante. Quelle tragédie familiale! Quand j'ai refermé le livre je pleurais comme une madeleine. Je dois être trop sensible pour lire ce genre de livre qui est, cela étant dit, très bien écrit.

Au fur et à mesure que j'avançais dans le récit, j'en attrapais mal au ventre Il y a une scène qui m'a profondément choquée Non... rien de divertissant dans cette histoire.

Ce livre m'a laissée toute tourneboulée...

Challenge multi-défis 2017 (13)
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Il faut toujours regarder au-delà des apparences. En voici un parfait exemple. L'accusé du Ross-shire est une duperie aussi intelligente que divertissante.

1869, dans un village perdu au fin fond des Highlands, en Écosse. Un triple meurtre, et un jeune accusé qui ne nie pas sa culpabilité. Mais, entre gens « simples » et terriens, rien n'est pourtant plus compliqué que la responsabilité des actes.

C'est à l'image de ce livre, qui n'est pas ce qu'il paraît être. Une préface qui augure d'une histoire vraie sur un ancêtre de l'auteur, un éditeur qui estampille le roman comme thriller. Que croire ?

Il est effectivement question de meurtres. Et de l'histoire d'un jeune homme vu à travers sa propre confession écrite, conjuguée à d'autres documents (témoignages, articles de journaux, rapport de légiste…).

Réalité ? Fiction ? Je vous laisse le découvrir. En tout cas, ce roman est bien davantage une chronique du 19ème siècle qu'un thriller.

Une chronique de la condition de vie paysanne à cette époque, mais aussi du système judiciaire, d'une vision de la psychiatrie à ses débuts et des « techniques » à l'aune du profilage criminel. Tant de thèmes qui rendent cette lecture aussi enrichissante que prenante.

Graeme Macrae Burnet est un auteur étonnant. Son travail de documentation est impressionnant pour donner corps à l'existence dans les Highlands de l'époque. L'accusé du Ross-shire se rapproche du roman social et historique, même si l'imagination du lecteur est titillée par l'originalité de la construction narrative.

N'attendez pas un rythme soutenu, mais plutôt de plonger dans le quotidien, les croyances, les règles paysannes et sociétales de l'époque. le tout est vraiment captivant, à l'image de la dernière partie qui retranscrit toute l'atmosphère d'un procès « spectacle » pour une population sevrée de distractions.

L'accusé du Ross-shire est un roman aussi original que Graeme Macrae Burnet est talentueux. Une lecture à part, assez inclassable, et qui mérite qu'on se laisse porter par la narration. Poussez la porte du temps, croyez-moi, on s'y croirait.

Chapeau bas, au passage, à la traduction de Julie Sibony, qui rend un bel hommage à cette volonté de retranscrire une époque.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Chronique d'une mort annoncée… Dès le départ, nous savons qui est mort et qui l'a tué. Ce que nous ne savons pas, c'est le modus operandi et le mobile.

Retour donc en arrière, quand tout ceci a commencé, grâce à la confession que Roderick Macrae a écrite en prison et dans laquelle il explique toutes les petites choses mesquines, ce harcèlement dont a fait preuve l'homme qu'il a assassiné.

Ce roman est inclassable : il oscille entre le témoignage d'un assassin (ou un innocent ?), un documentaire sur les conditions de vie des années 1860 dans les Highlands, un roman noir (condition sociale), un thriller, une enquête, une fiction ou un véritable carnet de confession d'un condamné…

Cet inclassable aurait pu aussi se nommer « la condition humaine » tant celle-ci est présente tout au long de ses pages de confession. Comme toujours, nous avons les riches propriétaires (laird) et les pauvres qui travaillent les terres du laird. Non, l'esclavage n'est pas mort, il porte juste un autre nom et est d'un modèle différent.

La vie est difficile, la Nature ne fait jamais de cadeau et bon an, mal an, nos paysans essayent de s'en sortir avec le peu qu'ils avaient.

Quand le nouveau constable commence à harceler une famille, à lui chercher misère, juste par plaisir sadique, alors, le fragile équilibre ne tient plus, il bascule et la subsistance même de la famille commence à vaciller aussi. Déjà que tout ne tenait qu'à un fil.

Qu'aurions-nous fait à sa place ? Qu'aurions-nous fait à la place de Roderick, jeune garçon ayant perdu sa mère, vivant avec un père bigot, sans couilles devant le constable, qui ne se complait que dans sa souffrance, est mutique et renfermé ?

Qu'aurions-nous fait face au droit de cuissage quand il n'existe pas de #BalanceTonGrosCochonPervers ? Qu'aurions-nous fait lorsque personne ne peut vous aider parce qu'il a la trouille ou tout simplement parce que le constable est un rusé saligaud et qu'on ne peut l'accuser de rien ? Parce que de toute façon, on n'est rien…

Oui, "paf le constable", je ne voyais pas d'autre solution non plus…

Roderick s'est révolté contre cette société, à sa manière, en silence, sans hurler, sans haranguer les foules, sans rébellion aucune. Un jour, il a pris un louchet (bêche à lame étroite) et un hoyau (petite houe à lame courbe taillée en biseau) et s'en est allé faire du jardinage à sa manière pour dire halte à la tyrannie, à ces règles non écrites que tout le monde doit suivre et que le Seigneur (ou constable) peut adapter à sa guise, à ces rites immuables qui perdurent, à ce statut de paysan qui ne peut changer.

Le récit de Roderick est écrit sans passion, sans émotions, il relate juste les faits, ce dont il se souvient, ce qui s'est passé. Notre jeune homme n'est pas un imbécile, il travaillait bien à l'école, il aurait pu faire autre chose que travailler la terre, mais non, sa place était aux côtés de son père, à retourner des lopins de terre.

C'est un témoignage fort noir, les conditions de vie de ces paysans sont atroces, la subsistance difficile et que l'on soit malade ou en bonne santé, faut bosser et dur, s'il vous plait. Pourtant, il y avait quelques éclats de lumière dans ce thriller témoignage sur la vie dure et difficile des paysans des Highlands…

Un récit bouleversant d'un jeune garçon qui a dû prendre une décision forte pour arrêter le cercle vicieux des brimades mesquines, du harcèlement qui les conduisaient tout droit dans la tombe et qui, grâce à sa condition de paysan, sera toujours considéré comme un sous-homme par les autres, les magistrats, médecins, nobles, seigneurs…

Un récit brillant qui touche en plein coeur, malgré le fait que Roderick utilise un ton neutre pour nous raconter son histoire.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Que ce roman intelligent et si bien écrit ,avec une traduction excellente,ait été finaliste du Booker Prize ne me surprend pas.
Il est construit sur un mémoire attribué à Rodrerick Macrae,accusé de plusieurs homicides.Nous sommes en 1869,il a 17 ans et vit à Culduie,petit village des Highlands.L'auteur s'emploie à faire revivre les habitants de cet endroit dans le cadre de l'époque et c'est une réussite.Chacune des personnalités va présenter le jeune homme avec un ressenti très différent(ange ou démon?).Au fur et à mesure de la lecture on ne peut que penser que le drame était inéluctable,sans lui enlever son caractère monstrueux.
De nombreux thèmes sont abordés:l'exercice du pouvoir,la persécution aboutissant à la destruction d'une famille,la justice très injuste,le mépris des nantis vis à vis des pauvres,la "folie"vue du point de vue de la médecine.....
Ce roman puzzle(entre journal,rapports médicaux,compte rendu du procès) m'a enthousiasmée.Simplement je ne comprends pas bien sa classification de thriller,mais est-il si important de lui mettre une étiquette?Je le trouve hors norme et j'ai hâte que cet auteur soit à nouveau traduit en français pour lire ses autres publications.
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