Ce livre intelligemment conçu propose des ateliers ou des rituels pour changer notre regard sur le monde. Les autrices témoignent d'une longue expérience et le livre est foisonnant de conseils pratiques en tous genre.
J'ai particulièrement apprécié l'atelier à partir du discours du chef indien, le conseil où on prend la parole au nom des animaux ou des écosystèmes, les ateliers avec les générations passées et futures.
Une très belle source d'outils de sensibilisation pour tous les âges.
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Les rigueurs économiques générées par la Société de croissance industrielle mettent en pièces le tissu social et engendrent la violence. La jeunesse sans emploi exprime son désespoir, excitée par la cupidité et la brutalité constamment mises en avant par les médias et aigrie par le cynisme qu'étalent les tenants du pouvoir. Nous avons peur de nos banlieues, nous nous barricadons derrière des portes closes, nous nous réfugions dans des enclaves protégées. Politiciens et démagogues dirigent nos frustrations contre les autres, surtout contre les plus victimisés par la mondialisation de l'économie. Les échecs du capitalisme nous conduisent à chercher des bouc émissaires.
Nombre de réformateurs et de militants dénoncent l'apathie du public. Pour nous réveiller, ils nous débitent des informations encore plus alarmistes, comme si nous n'en savions pas assez sur le mauvais état de la planète. Ils nous sermonnent , prêchent à propos de nos devoirs moraux, comme si nous ne nous en préoccupions pas. Leurs tentatives pour nous inquiéter nous inhibent encore davantage et durcissent nos résistances face à ce qui nous semble un raz-de-marée trop complexe, trop incontrôlable.
Nous arrivons au moment de convergence de trois courants : anxiété pour notre planète, découvertes scientifiques et enseignements ancestraux. C'est à ce confluent que nous nous abreuvons. Nous nous réveillons à ce que nous savions jadis : nous sommes des êtres vivants sur une Terre vivante, source de tout ce que nous sommes et que nous pouvons accomplir. En dépit de notre conditionnement issu de deux siècles de société industrielle, nous voulons retrouver l'aspect sacré du monde.
On ne se libère pas du déni et du refoulement en serrant les dents ou en tentant de se comporter en citoyens plus courageux. On ne recouvre pas sa passion pour la vie, sa créativité innée et sauvage, en s'autoflagellant ou en s'endurcissant. Ce modèle de comportement héroïque appartient à la vision du monde qui a abouti à la Société de croissance industrielle.
Cette évolution de notre sens identitaire sera rédemptrice face aux traumatisme sociopolitiques qui nous attendent. Toutes les prévisions honnêtes annoncent du mauvais temps à venir. Et parce que la Société de croissance industrielle dépend de la consommation accélérée des ressources, elle n'est pas viable. Elle ne peut durer, pour la simple raison qu'elle s'autodétruit de façon inexorable et exponentielle. En termes systémiques, c'est "une fuite en avant". Alors que les ressources et les marchés distants s'appauvrissent et que les institutions financières intriquées s'effondrent, plusieurs ondes de chocs nous submergent et nous précipitent dans la peur du chaos.