Animal boy

Animal Boy, c'est le titre du 9e album des Ramones. Peut-être pas leur meilleur, mais quand même. 1986, on est dans le punk 80's, celui qui arrache, qui cogne, qui saigne, celui de la rue avec un petit r, hardcore façon bamprendsçadanslatronche. Et puis à présent, c'est aussi le titre du nouveau roman de Karim Madani paru en février aux éditions le Serpent à Plumes. Et celui-là, aussi, #onseleprenddanslatronche. Pas tout de suite. le temps pour l'histoire de se mettre en place et pour le lecteur de s'immerger dans l'ambiance #Trainspotting in Paris à la sauce Despentes - et puis, peut-être, aussi, de passer outre les exercices de style de l'auteur en mode Amis de la poésie bonsoir.

J'avoue, au début, j'ai eu un peu de mal. Et pourtant, les gars là-haut savent que le brut de décoffrage, c'est ma came depuis bien longtemps. N'empêche, ici, les sentiments se bousculent, vite, très vite, aussi sans doute parce que la plaie est encore ouverte : le #livre nous propulse dans le cerveau en vrille d'un #junkie en manque, qui, parce qu'il traîne dans la rue près du Bataclan ce fameux soir de novembre, décide de jouer les héros survivants de l'horreur. Les heures passent, le mensonge grandit, notre toxico s'enfonce dans sa réalité parallèle, poison dans son corps, poison dans ses paroles, souvenirs fabriqués, crachés, pupilles dilatées, et le respect qui s'impose dans les yeux d'un monde angoissé. Sauf que pour lui, passer pour un héros, pour les gens et même Libération, c'est juste l'occasion de se faire de la tune… pour au final s'injecter encore plus de mort en poudre ou en liquide dans ses veines pourtant saturées. Alors cet Alex, on le déteste, on le maudit, on a envie qu'il se fasse prendre, qu'il crève ou qu'il se rende. Mais le poison s'obstine, et l'on s'enfonce avec lui, inexorablement. Comme des sables mouvants, crades, sales, jusqu'à l'étouffement.

La #lecture devient addictive, le style se durcit, l'histoire nous happe, l'auteur nous raconte le passé de ce paumé avant d'être drogué, on imagine déjà son (absence de) futur… Et on s'attache, envers et contre nous. Animal Boy, un sacré roman, de ceux qui secouent, malgré tout.
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C'est un angle intéressant que l'auteur choisit pour aborder les attentats de novembre 2015. Alex, un personnage en marge de la société, paumé et junkie, va utiliser un mensonge répugnant pour se construire une réputation de survivant des attentats. L'auteur nous attire vers les profondeurs de la nature humaine. Entre les mensonges d'Alex et la cupidité de Lou, la nature humaine y est exposée de la manière la plus abjecte. le roman est une vraie réflexion sur le statut de survivant, sur le milieu carcéral, sur les toxicomanes le tout avec un angle original. le style est aussi percutant que la bande sonore avec des phrases courtes. Cela se lit vite, cela nous remue et on a l'impression en refermant la dernière page d'avoir reçu un coup de poing qui nous laisse groggy. C'est vraiment orignal.