Ce livre est un mélange explosif de sexe, de drogue, d'alcool et de morts. le langage de l'auteure est cru, à la limite du vulgaire parfois, et sa plume est acérée : ele ne va pas par quatre chemins pour dire les choses.
Je suis un peu sceptique en refermant ce livre, je ne sais pas trop quoi en penser. J'ai beaucoup aimé certaines phrases qui avaient un vrai rythme travaillé, un tempo, on dirait d'ailleurs que les phrases sont martelées, avec beaucoup de rimes. D'ailleurs un grand bravo au traducteur, cela n'a pas dû être évident et il semble avoir bien rendu le texte original.
C'est intéressant que le sujet des nouvelles soit généralement le quotidien des laissés-pour-compte, mais c'était trop cru à mon goût. Je n'ai pas non plus aimé le rapport qu'il y avait avec la mort, qui semble trop légère : on tue si facilement dans certains textes...
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Notre douce Aniouta n'arrive pas à trouver de travail à son goût, d'ailleurs, qui y arrive en Russie soviétique without protection, je te le demande ?
Et c'est la raison pour laquelle, toutes les trois, au petit matin blême, on se pose dans le couloir du métro place de la Révolution - qu'elle soit maudite -, vêtues de hardes qui ont l'air sorties d'une poubelle : moi je tiens une béquille, Antioutka agite son coccyx, Lanoussia son cou en dénudant tantôt son sein gauche, tantôt sa jambe droite ; on reste assises comme ça, jambes écartées devant tout le monde, débraillées, on fume la pipe, tout le monde peut voir notre mont de Vénus tout frisé dans les plis de nos jupes, et nous braillons avec nos voix de contralto éraillées : "Citoyens ! Que Dieu vous bénisse !"
Ce n'est pas une écriture bien élevée avec une cravate anglaise à la Jean d'Ormesson. C'est une écriture de délinquant slave, de casseur, de toxico, de violeur, de violé, de cassé par la vie. Il y a les chiens de race et les bâtards flamboyants. Bienvenue du côté des bâtards flamboyants. Bienvenue du côté de ceux qui refusent de savoir se tenir bien, bienvenue du côté de ceux qui savent que rien ne vaut la peine, qu'à notre mort, nous allons devenir ce que l'on était avant de naître, à savoir : rien. Une sorte de sommeil sans fond.
(extrait de la préface, Nicolas Rey)
- Ah ! Putasserie de putasserie ! Tremblote de la baise ! Que tu te fasses enc*ler par un cheval à travers trois palanches ! Qu'on te fourre un hérisson dans la chatte jusqu'aux oreilles ! Je me meurs !
Pacha accourut au bruit.
- Ses oreilles à elle ou celles du hérisson ? demanda-t-elle, se détournant pudiquement de notre petite catastrophe.
Elle recueillait des expressions folkloriques pour sa fac et s'intéressait beaucoup à nos engueulades.
(p. 22)
L'ennui suintai de chaque pli des rideaux et, pourtant, j'enviais leur vie de famille, aigre et leur amour flasque, mais, le matin, je tremblais de haine en entendant des bruits étrangers ou en apercevant une paire de mollets poilus et des chevilles osseuses dans le lit.
On dit qu'il n'est pas bon pour l'homme d'être seul.
Mais il n'est pas bon non plus de ne pas être seul.
Il me faut ma dose, les filles.
De quoi ? De cet état impossible ?
Tordre son corps jusqu'à en faire un noeud, sortir sa cervelle, l'essorer comme un linge, la suspendre à un clou et lui flanquer une raclée pour qu'elle se remettre à fonctionner normalement.
Organisation totalitaire de l'inconscient...........
"La reine des trains" (Царица поездов, 2006) est deuxième roman de Sofia Koupriachina
Lecture de la première nouvelle du recueil La Reine des Terminus
LIBRAIRIE DU GLOBE