Carcassonne.
Une des plus belles cités médiévales fortifiées d'Europe.
Bâtie sur une butte à l'époque romaine, Carcassonne domine toute la vallée de l'Aude et porte un regard bienveillant sur les vignes alentour, le massif des Corbières et la Montagne Noire.
Quel étonnant chef d'oeuvre que cette citadelle médiévale, pourvue de deux lignes de remparts crénelés, hérissés de grandes tours circulaires et carrées et s'étendant sur près de dix hectares.
Haut lieu touristique et pour cause ! Carcassonne est un véritable enchantement pour tous ceux qui se passionnent d'histoire et de vieilles pierres.
Pour ma part, dorénavant, je ne pourrais plus penser à Carcassonne sans y associer le valeureux Raimon-Roger de Trencavel.
Même si certains épisodes de la vie du vicomte de Trencavel sont sujets à controverse, présentant l'homme sous un plus ou moins meilleur jour, chacun s'accorde à voir en lui le plus farouche adversaire de la croisade albigeoise.
Guillaume de Tudèle, poète occitan, commence à écrire en 1210 la chanson de la croisade. Il y évoque le courage de Raimon-Roger de Trencavel :
« Ni de jour ni de nuit le vicomte ne cesse
Sa terre de munir car c'est un noble coeur
Il n'est dessous le ciel un meilleur chevalier
Plus courageux, plus courtois, ni plus élégant... »
Dans la Malédiction des Trencavel,
Bernard Mahoux choisit son camp. Il fait de Raimon-Roger un vaillant combattant au coeur généreux et à l'esprit de sacrifice. Fier et orgueilleux, au caractère entier et obstiné, mais aussi intègre et dévoué à son peuple.
L'ultime opus de cette grande fresque historique commence avec l'assassinat du légat du pape Pierre de Castelnau, par un des écuyers du comte de Toulouse. le Saint-Siège crie au crime de lèse-majesté, appelle à la croisade trop longtemps retenue selon lui et obtient du roi Philippe-Auguste qu'il envoie des armées pour chasser les hérétiques. Dès lors, Raimon-Roger organise la défense de ses vicomtés et continue à refuser toute soumission qui l'obligerait à trahir les siens.
Et bientôt, au début de l'été, les croisés sont là étalant à perte de vue « une mer de pavillons multicolores, de tentes ornées d'écus aux couleurs des pèlerins,[ ], de bivouacs hérissés de piques et de toiles que gonfle la brise marine. »
Le 22 juillet a lieu le sac de Béziers.
Bernard Mahoux choisit de ne pas s'étaler sur épisode sanglant et impitoyable de la croisade. Par pudeur et respect envers cette population qui n'avait rien demandé. Les lecteurs peuvent lui être gré de ne pas avoir fait étalage de cette violence.
Quelques jours plus tard, les croisés sont aux portes de Carcassonne où Raimon-Roger tient bastion avec ses vassaux. La citadelle grouille de monde...Je cite : « Sa cité regorgeait désormais de tous les bannis de la terre : juifs, cathares, meurtriers, mécréants. Il ne manquait personne. »
Je n'en dévoilerai pas plus sur l'histoire...mais sachez que sa lecture fut prenante et haletante.
Bernard Mahoux a magnifiquement déployé sous nos yeux ce terrible affrontement, y mêlant actes épiques de bravoure, dialogues facétieux, faits d'armes truculents, et instants de grâce... Il a également mis en scène des personnages hauts en couleur : Frézoulet, ce fidèle complice de Raimon-Roger, qui par sa force et sa bonhomie me font beaucoup penser à Obélix. Agnès, jeune et charmante épouse de Raimon-Roger, si amoureuse de son intrépide mari et qui restera à ses côtés le plus longtemps possible. le curé de Coustaussa membre de l'église cathare et qui se revendique comme étant le dernier héritier de la couronne mérovingienne. Gui le Guerrejat, impitoyable guerrier forcené. Et tant d'autres...
Même si c'était déjà le cas avant ma lecture de la Malédiction des Trencaval,
Bernard Mahoux a su me rallier de manière irréversible à la cause cathare et évidemment à une cause plus universelle qui est celle de la tolérance et du respect des autres quelles que soient leurs origines et leurs croyances, contrairement à ce qu'a démontré l'église catholique romaine à cette époque-là.
Et je l'en remercie.
Une page de l'histoire se tourne. Mes yeux, encore un peu humides, embrassent une dernière fois Carcassonne assiégée et s'envolent vers le dernier refuge cathare :
Montségur...