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Je n'avais guère apprécié, ni même achevé, la lecture de "L'empereur à pied" de Charif Majdalani auquel j'ai donné une seconde chance en lisant, jusqu'au bout cette fois, "Le dernier seigneur de Marsad". Mon opinion première sur cet auteur évolue : j'ai apprécié son habileté à décrire un déclin inclus dans un autre, celui d'une famille dans un pays en plein désarroi.
L'histoire se passe à Beyrouth et commence par l'enlèvement de la fille du personnage principal, un riche notable chrétien orthodoxe ; elle s'achève par une révélation inattendue. L'intérêt du roman réside d'une part dans le subtil entrelacement de l'histoire d'une famille avec celle du Liban au cours du XXe siècle (jusqu'à la fin des années quatre-vingt) et, d'autre part, dans ce savoir-faire tout oriental qu'a l'auteur de mêler récit et légende, faits avérés et hypothèses. On pense de nouveau à cette vérité qui nous est rendue au travers de mille morceaux d'un miroir brisé...

le destin du patriarche attaché à son nom et à son pouvoir sur les personnes et les biens est tragique : ses enfants lui échappent et ne s'impliquent pas dans la survie de son entreprise. La lutte avec un clan adverse, la demande implicite de protection de la part d'insurgés, les relations sans animosité avec les voisins sunnites, l'effondrement physique et financier du parc immobilier, les opportunités saisies par les uns aux dépens des autres en temps de guerre civile, le contraste entre les faits de guerre dans la ville où l'on ne sait pas toujours qui se bat contre qui et le calme pastoral de la grande propriété des contreforts du mont Liban sont contés sur fond de déclin de l'influence des chrétiens face aux sunnites, chiites et autres druzes.
A la manière d'un capitaine restant seul à bord lors du naufrage, le personnage principal maintient son attitude (son illusion ?) jusqu'à la mort ; cela nous le rend attachant malgré son égoïsme.
Ce roman (écrit avec une élégante maîtrise du français) raconte le destin d'un homme du passé débordé par un monde changeant trop rapidement pour qu'il puisse y avoir encore quelque prise. C'est cette inaptitude à s'adapter aux changements qui donne un caractère universel à cette fiction à la fois réaliste et subtile : l'intransigeance obstinée finit par tuer.
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Nous sommes en mai 64. La fille de Chakib Khattar a disparu. Elle a été "enlevée" par son amoureux, employé de son père, Hamid. Son père va tout faire pour tenter de la récupérer. Mais il sera obligé de lâcher du lest, face à cette fille qui lui ressemble énormément.
Nous sommes en plein coeur du Liban avec des retours dans le passé pour bien comprendre comment la situation a évolué. Sous fond de guerre, c'est l'histoire d'un homme, le Dernier seigneur de Marsad. Car les hommes riches, vivant dans les quartiers chrétiens de Beyrouth, sont considérés comme des personnes à qui on doit respect, honneur et allégeance.
Dans le cadre du prix littéraire Fnac, c'est le deuxième roman que j'ai décidé de lire. Il est en librairie ce jour, soit le 22 août 2013.
Ce roman ou biographie pourrait-on dire narre la vie d'une famille à Beyrouth, et en particulier du père.
Tout commence avec l'enlèvement de sa fille adorée par son employé. Enlèvement, un bien grand mot pour décrire deux jeunes gens amoureux qui veulent se marier. Tout se finit avec un des protagonistes de l'histoire, Hamid, qui nous éclaire enfin sur ce qui s'est réellement passé entre sa mère et Chakib Khattar.
L'auteur est un ami de la famille. Il narre ce qu'il a vu, entendu. Y a-t-il du romancé dans cette biographie ? Peut-être. de la haine ? Je ne trouve pas. Car on apprend qu'ami des enfants de Chakib, il a éprouvé des sentiments proches de la haine pour celui qui a détruit la fortune de son père.
Dans ce roman, nous retrouvons l'histoire de Beyrouth pendant des décennies. Lorsque certains quartiers de la ville étaient "aux mains" des familles chrétiennes orthodoxes, avant de basculer vers l'islam et se nombreuses guerres pour les prises de pouvoir. Chakib est un homme riche. Il doit sa fortune à son père mais il a su la faire fructifier. Il est comme un pacha dans son quartier. On l'écoute, on vient le voir, on veut avoir son aval. Il a également de nombreuses accointances politiques pour continuer à rester celui qui il est. Mais il cache un profond malaise. Il n'est pas assez cultivé et cela lui pèse même s'il tente de ne pas le montrer.
Comme tout père d'une nombreuse famille, Chakib ne veut pas que sa fille, en se mariant, descende d'un rang. Mais au fur et à mesure, on se rend compte qu'il existe un secret. Et ce secret, qui sera plus ou moins révélé, hantera le père toute sa vie. D'ailleurs, il ne connaîtra jamais la vérité. Chakib a plusieurs enfants. Et celui qui doit hériter ne le comble pas. le plus jeune s'engage dans la révolution, ce qui ne plait pas à son père et les filles, n'en parlons pas. Ces enfants profitent de la fortune familiale. Un seul aurait pu s'en sortir, Hamid, ce garçon à qui il a permis de venir vivre chez lui, de faire des études, et de trouver sa place dans l'entreprise familiale. L'éducation est rigide, très stricte.
Les auteurs étrangers me permettent de découvrir une culture, une vie différentes. Mais cela se rapproche de la notre, tout de même, de ce qui a pu se vivre dans les campagnes, lorsqu'un père fait la pluie et le beau temps, que sa femme n'ose pas parler, qu'elle acquiesce à tout, qu'il ne peut rien faire contre ses enfants, ses héritiers et qui tente d'être le seigneur dans son village. Mais il y a également ces croyances, cette religion, beaucoup d'histoires, mais aussi des légendes.
Mais il y a cette dimension historique qui est hautement appréciable. Car on vit vraiment de l'intérieur ce qui a pu se passer, même si ce n'est pas détaillé comme dans les livres d'histoire. Il n'y a aucun parti pris de l'auteur. Il narre, il raconte, les colères, ceux qui ont tenté de prendre le pouvoir, les changements de régimes pas si faciles que ça, le déplacement des populations qui s'installent dans les maisons vacantes, ceux qui ont fui en laissant tous leurs biens. le Liban change avec les forces de gauche et les Palestiniens qui sont de plus en plus forts. Chakib, jusqu'au bout, restera le pacha de son quartier. Il ne cédera rien malgré les menaces.
Il y a également ces histoires de rivalité entre quartiers, entre seigneurs de quartiers. Ils se détestent, se font la guerre mais ont tout de même un profond respect l'un envers l'autre.
Pour tout vous dire, je lui ai attribué une très bonne note. Un 9/10, ce qui en soi est vraiment très bien. J'ai vraiment adoré. le roman est très bien construit, il n'y a pas de temps mort. Au départ, je pensais que l'histoire ne tournerait qu'autour d'Hamid et de Simone, donc je ne comprenais pas trop le titre. Mais ce dernier prend toute sa signification tout le long du roman jusqu'à la fin. L'auteur nous fait traverser les années, avec des retours dans le passé, pour nous expliquer les caractères des uns et des autres, le déroulé de l'histoire, du passé. Mais tout est bien mené. Les faits se déroulent mais il faut tout de même les comprendre
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Il m'a été difficile "d'entrer" dans le roman. Ses longues phrases, ses adjectifs rejetés, son vocabulaire local. Et puis, petit à petit, l'entrée dans le récit a pu se faire, j'ai su me laisser porter par le rythme si particulier de la narration.

Tout est un peu alambiqué dans ce roman : les phrases, le décor, l'histoire.

L'auteur prend plaisir à camper les différents personnages et leurs histoires avant que l'intrigue ne commence vraiment.

Mais au final, on est triste du sort du dernier seigneur de Marsad, qui n'a pas su avancer avec son époque ni comprendre ses enfants.

Les paysages libanais donnent envie de partir lire ce roman sur les contreforts de l'Anti-Liban, à l'ombre des orangers, avec quelques pâtisseries locales et du thé à la menthe.

Un vrai dépaysement.

L'image que je retiendrai :

La dernière, celle d'une campagne loin de la guerre, éternelle.
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