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Un livre lu en 2013dans le cadre de l'opération « On vous lit tout » organisée par Libfly et le Furet du Nord, merci à eux.

Un roman fin d'époque, de règne. La naissance aux forceps d'un nouveau Liban à travers les déboires d'une riche famille chrétienne. Comme dans tout clan familial, il y a une personne clef. Ici aucune surprise, il s'agit du Père. Patriarche dans toute sa splendeur, il impose ses volontés à sa famille, ses alliés, ses partisans etc. Mais tout va basculer. La grande Histoire est ici narrée sous la forme de la petite histoire de la famille Khattar. le roman part d'une péripétie un enlèvement de jeune fille, pendant la suite il est question d'enfant illégitime, de politiques, d'affrontements inter religieux.

Certains aspects de ce roman sont réussis, on sent la fin d'un monde, d'une époque. L'auteur nous embarque avec lui dans un Liban d'avant guerre.

Par contre je trouve dommage de ne pas avoir creusé certains personnages et je n'ai pas compris le rôle que jouait le narrateur. C'est une sorte d'observateur. Un ami des enfants, dont le père a été floué par le patriarche. J'avoue n'avoir pas compris ce que ce personnage apportait dans l'histoire. C'est un procédé courant dans la littérature (Grand Meaulnes, Grenouille de Mo Yan) mais dans ces romans les narrateurs jouent un rôle plus ou moins impliqué.

« le quartier en avait connu d'autres, bagarres entre chefs de clan, fusillades, intrusions des habitants de Basta ou meeting politiques houleux, mais rien ne marqua davantage les esprits que l'enlèvement de la fille cadette de Chakib Khattar, au matin de cette journée de mai 1964.»
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Dans le Liban du début des années 60, Simone, la fille de Chakib Khattar, un riche chrétien, est enlevée par Hamid Chahine, bras droit de ce dernier à l'usine. L'enlèvement tourne court et le projet de mariage des deux jeunes gens est avorté. Mais cet évènement cache autre chose : Chakib Khattar cherche un héritier et il voyait en Hamid un potentiel candidat. Cet homme d'une autre époque ne semble pas voir que le pays qu'il a connu est en pleine mutation et que les tensions entre les communautés chrétiennes et musulmanes sont exacerbées.
Je referme ce livre un peu déçue. Autant la quatrième de couverture m'a accroché, autant la lecture m'a ennuyé. J'avoue ne pas bien connaître l'histoire du Liban. Aussi, je suis sûrement passée à côté du récit. Mais l'histoire en elle-même - l'enlèvement, les questions d'héritage, les relations entre les communautés - rien n'y aura fait.
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Je n'avais guère apprécié, ni même achevé, la lecture de "L'empereur à pied" de Charif Majdalani auquel j'ai donné une seconde chance en lisant, jusqu'au bout cette fois, "Le dernier seigneur de Marsad". Mon opinion première sur cet auteur évolue : j'ai apprécié son habileté à décrire un déclin inclus dans un autre, celui d'une famille dans un pays en plein désarroi.
L'histoire se passe à Beyrouth et commence par l'enlèvement de la fille du personnage principal, un riche notable chrétien orthodoxe ; elle s'achève par une révélation inattendue. L'intérêt du roman réside d'une part dans le subtil entrelacement de l'histoire d'une famille avec celle du Liban au cours du XXe siècle (jusqu'à la fin des années quatre-vingt) et, d'autre part, dans ce savoir-faire tout oriental qu'a l'auteur de mêler récit et légende, faits avérés et hypothèses. On pense de nouveau à cette vérité qui nous est rendue au travers de mille morceaux d'un miroir brisé...

le destin du patriarche attaché à son nom et à son pouvoir sur les personnes et les biens est tragique : ses enfants lui échappent et ne s'impliquent pas dans la survie de son entreprise. La lutte avec un clan adverse, la demande implicite de protection de la part d'insurgés, les relations sans animosité avec les voisins sunnites, l'effondrement physique et financier du parc immobilier, les opportunités saisies par les uns aux dépens des autres en temps de guerre civile, le contraste entre les faits de guerre dans la ville où l'on ne sait pas toujours qui se bat contre qui et le calme pastoral de la grande propriété des contreforts du mont Liban sont contés sur fond de déclin de l'influence des chrétiens face aux sunnites, chiites et autres druzes.
A la manière d'un capitaine restant seul à bord lors du naufrage, le personnage principal maintient son attitude (son illusion ?) jusqu'à la mort ; cela nous le rend attachant malgré son égoïsme.
Ce roman (écrit avec une élégante maîtrise du français) raconte le destin d'un homme du passé débordé par un monde changeant trop rapidement pour qu'il puisse y avoir encore quelque prise. C'est cette inaptitude à s'adapter aux changements qui donne un caractère universel à cette fiction à la fois réaliste et subtile : l'intransigeance obstinée finit par tuer.
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Le dernier seigneur de MarsadCharif Majdalani


On est dans le Liban de la deuxième moitié du XXème siècle, la fin d'une époque, la fin du clan Khattar, ces bourgeois marchands chrétiens. C'est la fin parce que les jeunes ne tiennent plus aux mêmes valeurs, parce que l'Histoire en décide autrement, peut-être tout simplement parce qu'il faut payer pour ses fautes passées . Déliquescence familiale, anéantissent commercial, mais Chakib reste ce qu'il a toujours été, un homme exigent, froid, tyrannique, avec un sens de l'honneur qui balaie tout et tous sur son passage.

C'est donc l'histoire d'un pays à travers l'histoire d'un homme et de sa famille, sous la plume chantante de Charif Majdalani, que j'ai trouvé plus habile à dresser le portait des individus qu'à rapporter le destin d'une nation (mais sans doute manqué-je de bases historiques suffisantes sur l'histoire contemporaine du Liban).

Il en restera surtout le portrait d'un homme du passé, qui, confronté à la réalité d'un présent qui ne veut plus de lui, garde le cap, dans une solitude qu'on put trouver arrogante, mais où l'auteur sait déceler des failles.
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Je ne connaissais pas Magdalani, ce livre m'a été prêté par une copine qui connaissait mon goût pour les romans de Maalouf. Ce n'est cependant pas du tout le même type d'écriture et c'est normal, il n'y a pas un type d'écriture français, un autre libanais etc ... Ce serait bien réducteur et c'est pourquoi mon étiquette "littérature libanaise" est juste un moyen de retrouver au plus vite mes bouquins dans ma biblio Babelio.

Pour l'histoire : malgré les apparences, ce n'est pas essentiellement une histoire d'amour contrarié. Dans les années soixante, la fille d'un notable chrétien, Simone, s'enfuit au bras de l'employé modèle de son père, presque son fils spirituel puisque ni ses propres enfants, ni ses beaux-fils ne trouvent grâce à ses yeux. Amid et Simone sont pourtant séparés par ce père autoritaire et vont chacun vivre de leur côté, mais la rupture familiale est amorcée. Sur fond de chronique familiale, Magdalani raconte les vicissitudes du Liban pendant et après la guerre, la petite guéguerre entre communautés religieuses, l'engagement politique et l'évolution d'une ville, d'un quartier...

J'ai bien aimé l'acharnement du père pour transmettre sa passion, son nom, son empire, à des héritiers pour le moins désinvoltes et la chronique du Liban qui s'agence autour de cette fresque privée comme un vent contraire.
Par contre, je n'ai pas retrouvé la poésie de l'écriture que j'aime tant chez Maalouf. Normal me direz-vous il s'agit d'un roman de Magdalani pas de Maalouf. Mon défaut littéraire a encore frappé ! Par exemple, quand j'ai lu Zola, il y a longtemps, je cherchais Hugo ce qui est une bêtise immense (Bon, j'avais 15 ans, c'est plus excusable qu'aujourd'hui) ! Au fond, je suis comme Khattar, je n'apprends pas bcp de mes erreurs, mais, à ma décharge, mieux vaut rester une lectrice bornée 20 ans durant, qu'un père intransigeant toute une vie.
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Beyrouth, mai 1964. Simone, la fille cadette de Chakib Khattar, notable chrétien du quartier Marsad, fuit la demeure familiale avec Hamid Chahine, bras droit de son pére....les jeunes gens se connaissent depuis l'enfance et malgré l'estime que Chakib Khattar porte à Hamid, il lui a refusé la main de sa fille. Pourquoi ce refus? ...Cet enlèvement ravive d'anciens conflits et de vieilles rancoeurs .Le chef de famille retrouve sa fille, empêche le mariage et renvoie Hamid.. Simone s'éloigne des relations familiales, part avec un diplomate anglais qu'elle épouse sans en informer sa famille, au cours d'un voyage en Iran....de son côté, Hamid part travailler en Arabie oú il développe un commerce prospère d'eau de lavande...Viennent les années soixante - dix et les troubles qui déstabilisent le Liban. La demeure de Chakib Khattar, située dans la partie ouest de Beyrouth à majorité musulmane se retrouve en premiére ligne..En réalité " le dernier seigneur de Marsad" est une grand saga familiale au souffle puissant, sans temps mort : un pére autoritaire à la tête d'une florissante usine, implacable, hautain et craint, un homme de clan, désireux de transmettre son pouvoir et qu'aucun de ses cinq enfants ne se montrera digne ou capable d'exercer....qui occupe une position dominante, aussi bien politique, économique que sociale, un amour impossible et un secret de famille qui provoque l'implosion de la cellule familiale.... C'est surtout un document puissant, passionnant , foisonnant sur la société Libanaise de la seconde moitié du XX° siécle. le lecteur découvre , à travers l'histoire de la famille Khattar et du quartier Marsad, les relations entre les membres de la communauté chrétienne, à l'origine majoritaire dans cette partie ouest de Beyrouth, le jeu des alliances entre les différents clans et les compromis avec la communauté musulmane...
Le puissant Chahib Khattar s'emploie à maintenir, le plus longtemps possible, l'équilibre fragile,ô combien, sur lequel repose son univers, mais les grandes familles chrétiennes partent progressivement vers les quartiers est.... Il se heurte alors à des éléments exterieurs, ignorants de l'histoire de Marsad et engagés jusqu'au bout dans une logique de violences, perquisitions , menaces , enlèvements, manifestations, combines,.radicalisation....
L'écriture de Charif Majdalani est imagée, à la fois simple et prenante , limpide...ce récit captivant nous transporte des grandes demeures de Marsad aux villages écrasés de chaleur de la plaine de la Bekaa.
L'histoire de la famille Khattar se lit intensément, comme un conte oriental sur la vanité du pouvoir, de la richesse et ses illusions semblables..... à la fin d'un certain monde, met une lumiére crue sur le Liban des années 60 et 80! Une tragédie sur fond politique et religieux.....
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Un simple calcul partant de la naissance de Charif Madjalani en 1960 nous informe que l'auteur s'est substitué à son père qui avait 16 ans en 1941, pour faire ce récit pseudo autobiographique.

Simone fille de Chahib Khatarr, un notable chrétien est enlevée par Hamid Chahid bras droit de son père à l'usine. (4èmè de couv').

Le père de Charif Madjalani a un compte à régler avec la famille de Chahib Khatarr,et de son potentat qui imposa pendant quarante ans une poigne solipsiste sur le quartier de Marsad, qui « comme chacun sait » (sic) est au Sud de Beyrouth.

Chahib est un despote sans culture et sans conscience, ce qui lui permet de traverser quarante ans de conflits mondiaux et locaux sans se soucier plus que ça de ce qu'il pourrait advenir. Il règne sur son tas d'or et se contente finalement de flatteries et de conversations avec des voisins moins fortunés, qu'il méprise et qu'il moque.

C'est assez plaisant de constater qu'au Liban qui fut pour nous tous une terre de combats sanglants et de luttes fratricides et religieuses, on peut s'affranchir de l'histoire et ne garder, sans doute par aveuglement, que la vérité d'une filiation entre un maître et son régisseur.

Charif Madjalani, professeur de lettres françaises au lycée Saint Joseph de Beyrouth, franchit la ligne jaune sans émotion et dans un excellent français.
Allégeance filiale peut-être, mais un faux nez ne fait pas un vrai auteur.

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Il m'a été difficile "d'entrer" dans le roman. Ses longues phrases, ses adjectifs rejetés, son vocabulaire local. Et puis, petit à petit, l'entrée dans le récit a pu se faire, j'ai su me laisser porter par le rythme si particulier de la narration.

Tout est un peu alambiqué dans ce roman : les phrases, le décor, l'histoire.

L'auteur prend plaisir à camper les différents personnages et leurs histoires avant que l'intrigue ne commence vraiment.

Mais au final, on est triste du sort du dernier seigneur de Marsad, qui n'a pas su avancer avec son époque ni comprendre ses enfants.

Les paysages libanais donnent envie de partir lire ce roman sur les contreforts de l'Anti-Liban, à l'ombre des orangers, avec quelques pâtisseries locales et du thé à la menthe.

Un vrai dépaysement.

L'image que je retiendrai :

La dernière, celle d'une campagne loin de la guerre, éternelle.
Lien : http://motamots.canalblog.co..
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Le Dernier seigneur de Marsad raconte la chronique familiale des Khattar, clan grec-orthodoxe originaire de Marsad, faubourg de Beyrouth, des années 1870 aux années 1980. Ascension sociale de cette famille de menuisiers qui sut profiter de la Première Guerre mondiale pour spéculer, des alliances avec des notables chrétiens, de l'acquisition de terres et d'un domaine dans la montagne. Chakib, le dernier seigneur, règne sur son quartier, son usine de marbre, le village de Kfar Issa avec une autorité quasi-féodale. Il distribue ses largesses à ses vassaux campagnards, est entouré d'une véritable cours en ville, fait et défait des élections et veille à maintenir son influence jusque dans les soubresauts de la guerre civile, quand Marsad se vide des chrétiens qui rejoignent Beyrouth-Est et que les musulmans réfugiés investissent les demeures restées vides.

C'est en seigneur que Chakib règne. Son souci est la transmission de son patrimoine, son usine, son domaine, son prestige. Son fils aîné, dépensier, volage et superficiel n'est pas capable de lui succéder. Il a bien des gendres, mais ils ne valent pas mieux. le plus jeune fils Elias, serait brillant. Intellectuel, il épouse la cause des Palestiniens et des communistes et ne saurait prendre la direction de l'usine...

En lisant cette saga, on assiste aux mutations du Liban pendant un siècle, on découvre les rivalités, les subtilités des équilibres de pouvoir entre les clans, les communautés, les alliances parfois contre nature. La guerre s'installe à Marsad, respectant d'abord l'autorité du notable puis s'enfonçant dans la destruction, le chaos, et la spéculation foncière.
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Il existe une époque où le Liban était un paradis...pour certains.

Qui se souvient encore de ce pays magnifique dans la prospérité économique et la paix des années 60, avant les grands bouleversements politiques ?

Pour les grandes familles patriciennes chrétiennes du Liban, le milieu du 20ème siècle a été une période faste, où les relations entre communautés catholiques ou orthodoxes se faisaient par le commerce, les affaires, la politique, et un voisinage de bon aloi, entre soumission et dépendance, domination et paternalisme.
Chacun connaissait sa place et savait y rester.

Quelles raisons poussent le seigneur Chakib à s'opposer au mariage de sa fille Simone avec Hamid, qui a toute sa confiance professionnelle en étant son bras droit? Question de notabilité, de religion, d'orgueil? Et comment ne pas s'inquiéter avec le chef de famille, de la décrépitude sociale où l'entraine sa descendance?
Il flotte sur le quartier de Marsad un sentiment de décadence, prélude du déclin de la présence chrétienne au Liban, en miroir d'un pays en sursis.

Sur fond de destin familial, Charif Majdalani, tel un conteur oriental, nous entraine dans un pays et une société exotiques par ses codes et traditions, ses personnages picaresques, au fonctionnement proche du tragi-comique.

J'ai retrouvé le même plaisir de lecture que celui ressenti avec "Histoire de la grande maison" paru en 2005.
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