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EAN : 9782021372502
400 pages
Seuil (17/08/2017)
3.58/5   59 notes
Résumé :
Au milieu du xixe siècle, un homme apparaît avec ses fils dans les montagnes du Liban. Il s’appelle Khanjar Jbeili, mais on le surnommera vite l’Empereur à pied. Il est venu pour fonder un domaine et forger sa propre légende. Sa filiation ne tarde pas à devenir l’une des plus illustres de la région. Mais cette prospérité a un prix. L’empereur a, de son vivant, imposé une règle à tous ses descendants : un seul par génération sera autorisé à se marier et à avoir des e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Majdalani, dans son dernier livre, présente son protagoniste comme dans un film, à travers l'objectif d'une caméra qui le suivrait et dont le caméraman et le réalisateur ne seraient autre que son alter-ego. Un homme qui surgit de nul part entre dans le champ de vision, c'est magique,
"....cet homme qui apparaît dans le paysage, je ne sais pas quand au juste (d'après les recoupements, c'est au coeur du XIXe siècle), ni pourquoi (c'est sujet à controverse), un homme qui descend un sentier parmi des genêts en fleur (c'est donc le printemps) et des chênes verts, dans la lumière fastueuse et riche, avec la neige qui demeure sur les sommets alors que tout autour les platanes sont en feuilles."
Nous sommes au Liban, la patrie de l'auteur, ce beau pays qui a des siècles d'histoire, terre de religions et d'ethnies divers ( 18 communautés,12 de confession chrétienne et 6 de musulmane), victime de la convoitise des pays du coin de ce globe. L'homme, " l'étranger aux manières impériales" arrive avec ses trois fils à Massiaf et demande à voire le curé, "Que peut bien vouloir cet homme au curé de Massiaf ?".....il est à la recherche de terres à cultiver. Il s'appelle Khanjar Jbeili, de Chabtine. Un cheikh lui donnera des terres par mougharassa ( en métayage ), celles de Jabal Safié, en hauteur, et qui n'ont jamais été cultivées.....ainsi débute l'irrésistible ascension de Kanjhar Jbeili, dit "l'Empereur".
Ce chrétien imposant et discret va être avec ses fils la source de tous les commérages, convoitises et soupçons et entrer dans la légende, "On redoutait jusqu'à son nom, sa silhouette passant sur les chemins, le pas de son cheval et de ceux de ses fils." Je m'arrête là, car c'est une histoire passionnante à travers le Liban , mais aussi l'Italie, le Mexique, l'Iran, la Russie, la Chine, La Grèce, parcourant deux siècles, que je vous invite à découvrir. La prose s'y prêtant aussi merveilleusement bien à travers un long récit oral relayé par divers narrateurs à travers plusieurs générations, avec derrière la caméra, toujours l'alter-ego de Majdalani.
Vous découvrirez le serment de "l'Arbre Sec" qui devint une malediction et ses conséquences dont les formidables aventures d' "El Turco", Chehab, Naufal , Raëd Jbeili, les quatre cadets descendants de l'Empereur et le Liban de l'époque encore intacte d'avant et celle d'après la guerre israélo-arabe de 1967 qui débouchera sur 140000 réfugiés palestiniens basculant le fragile équilibre démographique entre chrétiens et musulmans, qui fondait la séparation des pouvoirs, et la guerre civile de 15 ans (1975-1990), qui donnera le dernier coup de massue. Aussi beaucoup de détails intéressants sur les coutumes propre à cette partie du monde, le Moyen Orient ( "une coutume qui consistait à se lancer des zajals à la gloire l'un de l'autre dès qu'ils se retrouvaient "- deux personnes accompagnés du saz -luth turc-, que joue l'un d'eux ou les deux, s'interpellant à tour de rôle en chantant, toujours pour louer l'autre).
Tous les livres de Majdalani sont de passionnants voyages au Moyen Orient, dans le temps et dans L Histoire, servis d'une trés belle prose; je n'ai jamais été déçue, et ce dernier ne déroge pas à la règle.


"Il n'y a rien de sûr dans aucune de ces histoires, ni dans aucune histoire. On bâtit nos vies et nos destins sur des socles fragiles, faits de blocs de réel maçonnés avec l'argile des légendes, retravaillés à partir d'arrangements avec la réalité."
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Grandeur et décadence d'un clan chrétien libanais.

Jusqu'à présent, les romans de Charif Majdalani nous font connaître le Liban, pays protéiforme par ses multiples composantes ethniques et confessionnelles. Ce dernier livre élargit complètement le paysage en s'intéressant aux cercles concentriques des individus, pour évoquer une diaspora partie dans toutes les directions, au fil des mutations sociales et géopolitiques.

Le premier personnage, cet Empereur de rumeur populaire, qui débarque un jour à pied dans les monts du Liban encore ottoman, venant avec trois fils on ne sait d'où, est la pierre angulaire de la dynastie. Son ascension sociale au milieu du 19e siècle en fait un véritable et terrible héros de légende. Patriarche mythique pour la descendance, il est le terreau de violence et d'orgueil d'une fortune en indivis et d'une famille qui va se démultiplier en tentant de rester fidèle au serment des origines, quels que soient les moyens utilisés.

Tragédie à la libanaise encore une fois sous la plume orientale de l'auteur. Tout le charme des Contes des mille et une nuits, avec une glorification des mythes et légendes qui entourent les grands aventuriers et des conquérants de territoires.
Le lecteur se promène dans leurs pas entre le Mexique et l'Asie Centrale, assiste aux déclins conjoints du clan et d'un Pays des Cèdres désormais disparu.

Encore une réussite et un bonheur de lecture!

( Ne pas rater l'arbre généalogique, mal placé en fin de livre)

Rentrée littéraire 2017
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Précisons-le ce livre de Majdalani Chérif est un roman. Bien que l'histoire apparait à certain moment c'est une ne pure fiction écrite comme un récit d'aventures dont l'action se situe dans le croissant fertile du moyen orient au pays du cèdre.
Une épopée clanique sur cinq générations de la fin du XIX siècle à nos jours en passant par la guerre civile libanaise de 1975
L'histoire met en scène un chef de clan qui vient, avec ses trois fils, s'installer comme métayer dans les montagnes libanaises. À force de travail de défrichage et de ténacité commerciale il acquiert un patrimoine considérable.
Pour éviter que celui-ci ne se morcelle au moment de l'héritage il impose à ses fils le serment dit de « L'arbre sec » qui énonce que le patrimoine reviendra à l'ainé et celui-ci aura, seul le droit de se marier. Les cadets l'assisteront dans la gestion du domaine.
Ce diktat, énoncé comme une loi divine, aura pour conséquence de scinder la famille en deux. Les possédants et maîtres et les autres
Chérif Majdalani nous conte une fable forte voire virile comme Khanjar le personnage principal véritable patriarche, agriculteur taiseux donnant seul le travail, négociant avec âpreté ses récoltes et ses conditions de métayer, édictant des lois qui vont engager durablement et pas pour le meilleur sa descendance, les personnages des aînés tout à l'image des pères et des cadets plus remuants et quelques peu velléitaires qui n'en feront pas moins leur chemin.
Épopée mâle et guerrière, véritable bromance familiale, basée sur la force seule car Khanjar signifie « couteau tranchant » les fils appelé Seyf « épée » Aci « rebelle » et Harb « guerre » donne une idée précise de cette famille belliqueuse et défricheuse
Le partage de l'héritage se fait sous l'égide de la loi patriarcale de mise au Moyen-Orient, loi ancestrale non remise en cause par les héritiers qui ayant fait alliance avec une femme au grand dam des pères patriarches se sentiront poussés à l'expatriation d'eux-mêmes ou par la fratrie
Les cadets auront donc, pour avoir un statut social autre que le célibat , à subir, de fait, l'exil .L'intérêt ici c'est que cet exil va mener les personnages à migrer et même surtout errer dans le monde entier Pour un héritier ce sera au Mexique en passant par l'Italie et par la peinture italienne. Pour un autre L'Asie centrale ou il se trouvera mêlé plus ou moins aux combats des cosaques et de l'armée rouge et la Chine .
Ensuite pour le dernier c'est par la France et la Grèce avec l'avènement des communistes en Europe centrale et qui verra en outre la guerre civile libanaise sans trop y participer.

Comme on le voit ce serment avec l'ordre de réduire la lignée au seul ainé hypothèque l'avenir des cadets et crée des turbulences qui seront fatales aux uns et aux autres. Majdalani nous dit que ses personnages dépossédés, errants et fugitifs « sous des dehors remuants et aventuriers, (ils) étaient des rêveurs et des contemplatifs » ils vont parcourir, ainsi, le monde pendant un siècle et demi
Cette narration , curieusement , nous est contée de plusieurs points de vue. Loin de favoriser la fluidité de l'histoire ces plusieurs voix vont introduire une certaine confusion et brouiller le récit .
Tout d'abord le conteur c'est un élément naturel la nature: un animal, un arbre qui fixe l'arrivée du premier patriarche comme une photographie. Ensuite les conteurs sont multiples et humains : les cadets d'une génération à l'autre qui se souviennent et se ressouviennent, les invités des cadets de pères qui interrogent et leurs fils qui réinterrogent.
C'est un peu compliqué et plutôt malheureux pour le récit mais on peut ne pas chercher à savoir qui raconte et cela ne nuit pas à la compréhension du texte. Bien au contraire. L' aspect positif étant que certains ont des doutes sur la véracité du récit et des lettres retrouvées et des zones d'ombre se dessinent.

Cette fable généalogique doublée d'une épopée pleine de bruit et de fureur ressemble étrangement au « dernier seigneur de Marsad » autre livre de Majdalani écrit en 2013. Cependant dans ce dernier l'action se situe entièrement au Liban et pendant une période restreinte celle de la guerre civile.
Cette dernière apparait dans « l'empereur à pied » et même des personnages et familles s'y croisent mais la différence essentielle se situe dans la multiplicité des lieux fréquentés par les cadets soit le monde entier ce qui ressemble bien au véritable essaimage de la diaspora libanaise à travers tous les continents.

On peut considérer que Chakib Khattar, chef de clan du dernier Seigneur de Marsad à Beyrouth est la version urbaine de Khanjar Jbeili et celui-ci la version rurale.

Majdalani parle avec chaleur de ces libanais pétris de tradition mais il le fait aussi sur le ton dense un peu journalistique et s'attarde parfois sur des précisions superflues afin de légitimer son récit. Il désapprouve humainement, mais c'est imperceptible, la réplication à l'infini et à l'identique du patriarche dans un monde prédestiné et immuable .
Le dernier des héritiers qui veut rompre avec cette tradition ne le fais toutefois pas car il retrouve chez ses neveux les gènes des aînés: avidité financière, vénalité, cupidité, neveux qui se feraient les fossoyeurs du patrimoine , patrimoine naturel miraculeusement préservé, en le livrant aux promoteurs .
Ainsi la tradition serait le dernier rempart à l'avidité des hommes.
Un livre épique dans la tradition des conteurs comme Cendrars avec « l'or », Kessel avec « les cavaliers » et même Conrad pour lequel Majdalani Chérif a de l'estime, livre qui se laissera lire sans difficulté et apportera une petite bouffée d'exotisme mais sur lequel il ne faudra pas s'attarder non plus.
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Qu'on se le dise : avec L'empereur à pied, le romancier libanais Charif Majdalani poursuit son chemin avec grâce après les excellents le dernier seigneur de Marsad et Villa des femmes. L'histoire commence avec l'apparition, au milieu du XIXe siècle, dans les montagnes libanaises, d'un personnage dont on sent, d'après la stature, qu'il n'est pas qu'un pauvre hère à la recherche d'un travail. Il va se révéler le patriarche d'une longue dynastie à la prospérité commerciale continue, jusqu'à nos jours. Un drôle de type, tout de même, ce Khanjan Jbeili qui impose une loi d'airain à ses descendants : seuls les fils aînés pourront prendre épouse, au fil des années. A partir de ce postulat, et après un prologue qui confine à la légende, Majdalani met en place un récit qui va s'articuler autour de conversations entre un narrateur (qui change) et un interlocuteur qui a suivi de près ou de loin, souvent de manière épistolaire, les aventures des fils cadets (les femmes sont plutôt absentes) et leurs grands malheurs. L'écrivain libanais excelle dans le picaresque et, tout en nous contant les évolutions de son pays, depuis son appartenance à l'empire ottoman, nous fait voyager autour du monde, du Mexique à l'Asie Centrale, de l'Italie aux Balkans. L'intérêt ne se dément jamais dans la lecture de ce roman qui se renouvelle sans arrêt. Charif Majdalani est définitivement un narrateur oriental hors pair, cultivé et malicieux.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Un patriarche s'installe dans les montagnes libanaises et fonde une lignée de fils aînés à la règle successorale très stricte.
Les cadets n'ont plus qu'à voyager à travers le monde. le récit de leurs pérégrinations est raconté au narrateur par leurs neveux respectifs.
Même si le style ne m'a pas enchantée (longs paragraphes et phrases lourdes), j'ai trouvé le fonds intéressant historiquement (et géographiquement) parlant. J'ai appris beaucoup de choses sur l'évolution du Liban, pays de l'auteur, du début du XIXème siècle à nos jours mais pas que car j'ai voyagé dans le monde entier avec les cadets protagonistes. Cette histoire n'est pas non plus dénuée de violence, âpre comme cette région du monde.
Et j'ai trouvé la fin et la réflexion qu'elle induit très belles.
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critiques presse (1)
LeFigaro
16 novembre 2017
Un roman plein de souffle sur une dynastie libanaise du XIXe siècle à nos jours.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Ses garçons, eux, vont souvent à Ghazir, pour la pesée, pour les contrats, ou pour acheter des outils et on les regarde comme on regarde la portée d'un loup ou les fils d'un futur roi, ils ont de l'allure, ils sont blond pour l'un, châtain pour le deuxième , brun pour le troisième, ils ont un air de famille, par moments c'est si flagrant qu'ils donnent l'impression d'être des triplés. On parle de sorcellerie, on touche une croix qu'on porte en sautoir, on murmure des prières de conjuration, et on se demande si ce sont vraiment des fils de chrétiens, si la blondeur de l'aîné n'est pas celle des chiites, et évidemment, on évoque ceux qui sont venus avec l'empereur, qui vivent au pied du ouadi, dans un coude que fait le torrent, un hameau de cinq maisons que les locaux regardent avec hostilité. Mais ils sont comme des zélotes, ils travaillent là haut, au service de Khanjar, ils arrosent, bêchent, défrichent, et leurs femmes en bas lavent le linge, font la cuisine, elles ont des poules et des salades, des tomates et des oignons, elles font leur pain comme tout le monde. Les hommes cultivent le blé pour l'empereur et le leur, et avec lui ils vont à la chasse et évidemment, on se demande si ce ne sont pas là les familles réelles des trois fils et si les cheiks chiites n'ont pas envoyé une cour au service de ces trois garçons mystérieux qui à travers la montagne commencent à hanter les rêves des jeunes filles et des femmes mariées.

Page 38
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Tout cela me fait souvent penser à Nauru, vous savez, cette toute petite île du Pacifique, jolie et verdoyante, mais dans les sous-sols de laquelle on a un jour découvert du phosphate. L’exploitation des réserves de ce minerai a considérablement enrichi les citoyens, mais a ruiné l’île, qui n’est plus qu’un trou énorme, entouré d’une mince bande de côte à peine habitable. Pour payer les dettes que leur manière de vivre trop richement les a obligés à finir par contracter, et une fois le phosphate épuisé, les habitants ont loué leur île à l’Australie, qui y dépose ses millions de tonnes de déchets.
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Il dormait mal, ou pas du tout, se levait dans l’obscurité et allait marcher sur la terrasse, ou s’asseyait dans un fauteuil en osier, se demandant, devant le spectacle du brasillement tranquille des étoiles et face aux bruits de la nuit, le bois des arbres qui craque et les loups au loin, comment le monde pouvait continuer à tourner aussi naturellement alors que tant d’horreurs étaient commises chaque jour qui auraient dû finir par en empêcher la marche.
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Mon père.......tentait de pénétrer ce qui dans ma vie n’allait pas pour que je sois si féroce envers ce que j’appelais devant lui les “bourgeois”, avec une moue de dédain. Je lui racontais des bobards sur l’empathie et la solidarité, cela le faisait rire, j’entrais alors en fureur, et j’étais souvent confus aussi parce que, à la vérité, je n’avais pas d’arguments réels, à part que j’avais envie d’aventures, comme ça, pour la folie de bousculer l’Histoire et de vivre des choses comme dans les livres.
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J’ai toujours aimé les années trente à Beyrouth, l’ambiance légère des costumes blancs et des chemises en lin, la ville bucolique, les maisons vénitiennes aux murs plongeant non dans l’eau sale des canaux mais dans la verdure de leurs jardins. J’ai toujours envié ceux qui y vécurent,.....
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