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Citations sur Les idiots d'abord (13)

Le passé n'intervient que dans la mesure où on le laisse faire. Les gens le craignent parce qu'ils croient y voir une préfiguration de l'avenir. Mais cela ne se produit pas si l'on prend conscience que l'existence est sans cesse soumise au changement et qu'on se concentre sur ce qui en résulte , en le vivant.
( Le choix d'une profession)
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« Le deuil est une chose bien pénible, dit Cesare. Si les gens savaient, ils mourraient moins. »

("Mieux vaut la vie que la mort", p. 110)
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Quand je suis sorti de l’hôpital, ma mère était morte. C’était une femme extraordinaire. J’avais perdu mon père quand j’avais treize ans, et c’était elle, toute seule, qui avait maintenu la famille en vie et unie. J’ai passé les sept jours de la shiv’ah assis, à la revoir vendant des sacs de papier empilés sur sa charrette, à songer à ce qu’avait été son existence et à ce qu’elle avait essayé de m’enseigner. « Nathan, a-t-elle dit, si jamais tu oublies que tu es juif, il se trouvera toujours un goy pour te le rappeler. » « Maman, j’ai répondu, repose en paix, ne t’inquiète pas de ça. Mais si jamais je fais quelque chose qui ne te plaît pas, souviens-toi que sur terre c’est plus dur que là où tu es. »

("J’ai toujours préféré le noir", p. 36)
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Il lisait bien la poésie – dans les deux langues – et même si, dans sa bouche, Walt Whitman avait plutôt l’air d’avoir abordé le rivage de Long Island dans la peau d’un immigrant allemand, sa poésie n’en demeurait pas moins de la poésie.

« Et je sais que l’esprit de Dieu est le frère du mien,
Et que tous les hommes jamais nés sont aussi mes frères
et les femmes mes sœurs et mes amantes,
Et que la cheville ouvrière de la création est l’amour… »

Oskar lut ce passage avec une conviction profonde. Varsovie était tombée, mais ces vers, semblait-il, nous protégeaient.

("Le réfugié allemand", p. 252-253)
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« Pour l’amour du ciel, pourquoi ne te laves-tu jamais ? Pourquoi faut-il toujours que tu pues comme du poisson pourri ?
– Monsieur Cohen, avec votre permission, si quelqu’un mange de l’ail, il sentira l’ail. Or je mange du hareng trois fois par jour. Donnez-moi des fleurs à manger et je sentirai la rose.
– Rien ne nous oblige à te donner quoi que ce soit comme nourriture. (…) Et en plus de ça, même depuis ton balcon, je t’entends ronfler la nuit comme un porc. Ça m’empêche de dormir.
– Ronfler n’est pas un crime, Dieu merci, répondit Schwartz.
– Tout compte fait, tu es une sacrée calamité doublée d’un resquilleur. Bientôt tu voudras coucher dans mon lit à côté de ma femme !
– Soyez rassuré sur ce point, monsieur Cohen, un oiseau est un oiseau. »

("L’oiseau-juif", p. 129)
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Il n’avait jamais connu de femme comme elle, et il lui sembla soudain qu’il y avait quelque chose d’étrange à être ainsi, maintenant, en sa compagnie. Mais le temps présent n’était-il pas lui-même étrange ? Au présent, une personne est ce qu’elle est en train de devenir, non pas ce qu’elle a été. Elle était cette fille en robe jaune, aux jambes un peu lourdes mais bien galbées, assise à ses côtés comme si cette place lui revenait de droit. Voilà une leçon intéressante pour moi, songea Cronin. Le passé n’intervient que dans la mesure où on le laisse faire. Les gens le craignent parce qu’ils croient y voir une préfiguration de l’avenir. Mais cela ne se produit pas si l’on prend conscience que l’existence est sans cesse soumise au changement et qu’on se concentre sur ce qui en résulte, en le vivant.

("Le choix d’une profession", p. 98-99)
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Je suis ainsi : quand je pense à l’amour, je pense au mariage. C’est sans doute pour cela que je suis resté célibataire.

("J’ai toujours préféré le noir", p. 35)
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Le dimanche était un mauvais jour après la fiesta du samedi soir. Je me souviens d’avoir vu une fois le père de Buster, grand et dégingandé comme lui, coiffé de son éternel chapeau mou d’un gris crasseux, poursuivre un autre Noir dans la rue en brandissant un burin d’un centimètre et demi de large. L’autre type, qui ne devait pas mesurer beaucoup plus d’un mètre cinquante, a perdu une chaussure, et quand ils se sont empoignés et ont roulé au sol, ses vêtements étaient déjà pleins de sang, un sang rouge, épais, barbouillant le trottoir. La vue du sang m’a effrayé et j’aurais voulu le reverser dans le corps de cet homme entaillé par la lame.

("J’ai toujours préféré le noir", p. 29)
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« "Gevalt", un pogrom !
– C’est un oiseau qui parle, constata Edie avec étonnement.
– Et qui parle juif, ajouta Maurie.
– Un gros malin », bougonna Cohen. (…) « Eh bien, puisque tu sais parler, dis-nous ce qui t’amène ici. Qu’est-ce que tu veux ? (…)
– La fenêtre était ouverte… » soupira l’oiseau, qui ajouta après un silence : « Je fuis à toutes jambes. À tire-d’aile, mais aussi à toutes jambes.
– Que fuyez-vous ? demanda Edie, intriguée.
– Les antisémites.
– Les antisémites ? firent-ils en chœur.
– Exactement !
– Quelle sorte d’antisémites peuvent bien s’attaquer à un oiseau ? s’étonna Edie.
– N’importe lesquels, y compris les aigles, les vautours et les éperviers, dit l’oiseau. Sans oublier les corbeaux qui de temps à autre essayent de vous arracher les yeux.
– Mais n’êtes-vous pas vous-même un corbeau ?
– Moi ? Je suis un oiseau-juif. »

("L’oiseau-juif", p. 122-123)
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Elle lui enlaça les genoux : « Aidez-moi, mon père, pour l’amour du Christ. » (…)
Il réfléchit un instant, puis répondit :
« Vous direz cent "Notre Père" et cent "Je vous salue Marie".
– Plus, implora Annamaria, des sanglots pleins la voix. Plus, plus. Bien plus ! »
Étreignant les genoux de Fidelman au point de les faire trembler, elle enfouit sa tête dans son giron boutonné de noir. Il sentit alors avec étonnement les prémices d’une érection.
« Dans ce cas, dit-il en frissonnant légèrement, il vaut mieux vous déshabiller.
– Seulement si vous gardez vos vêtements.
– Pas la soutane, c’est trop encombrant.
– Au moins le chapeau ! »
Il y consentit.
En un clin d’œil, Annamaria se dévêtit. Son corps était extraordinairement beau et sa chair irradiait. Dans le lit, ils se serrèrent très fort l’un contre l’autre. Elle le saisit par les hanches et il enserra les siennes. Lentement, il la cloua sur sa croix.

("Nature morte", p. 72)
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